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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Luc 21, 5-19 Prédication du dimanche 13 novembre 2016

14 Novembre 2016, 17:38pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

Texte biblique : Luc 21 : 5-19

 

Chers frères et sœurs,

Quand nous lisons l’Evangile, nous aimons bien entendre une bonne nouvelle car c’est bien ce que cela signifie le mot « évangile ».

Mais les paroles de l'Évangile que nous venons d'entendre sont loin d’être une bonne nouvelle.

C’est un texte peu réjouissant en première lecture qui nous parle de catastrophes, de persécutions et de fin du monde. Ces paroles de Jésus rapportées par Luc ne sont pas pour nous rassurer : tremblements de terre, épidémies, faits terrifiants ... « On portera la main sur vous ..., on vous jettera en prison ... Vous serez livrés même par vos parents  ... Vous serez détestés de tous .. ».

La scène de l’évangile de ce dimanche apparaît à un moment tardif du ministère de Jésus.

Les disciples se tenaient avec lui sur le lieu le plus sacré de Jérusalem et fixaient le majestueux temple de Jérusalem, le cœur de la religion et de la foi juives, le chef-d’œuvre d’Hérode pour apaiser les Juifs.

Ce qui avait commencé comme une admiration devant la beauté architecturale est devenu une vision prophétique de ce qu’il en coûterait d’être disciples en Son Nom.

Jésus annonce d’abord la ruine du Temple : « Des jours vont venir où il n’en restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit. » D’où la question des disciples, qui porte, elle aussi, sur ce désastre du Temple : « Maître, quand donc cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela doit avoir lieu ? » Et Jésus de répondre, non pas en dévoilant un signe précis, mais en donnant une consigne valable en tout temps d’épreuve : « Prenez garde de ne pas vous laisser abuser » (par de faux messies) qui diront : « le moment est arrivé ». Puis Luc, presque sans transition, ouvre jusque au fond, la perspective en reprenant une parole de Jésus qui concerne la fin des temps : « Il y aura de grands tremblements de terre et des faits terrifiants venant du ciel, et de grands signes ».

Jésus parle des catastrophes à venir, dont la persécution, le rejet et la trahison des disciples.

Il parle aussi de ceux et celles qui viendraient en son nom pour offrir des solutions éphémères aux grands dilemmes de son époque et de la nôtre. Jésus n’est certainement pas étranger aux forces horribles qui demeurent à l’œuvre de nos jours.

 

Nous sommes tous à la recherche d’une assurance qui sans cesse nous manque. Tous les jours, et sans attendre la fin des temps, nous entendons parler de guerres et de soulèvements et nous sommes effrayés.

On voit les nations les unes contre les autres, groupes contre groupes (religieux, sociaux, ethniques..). Il y a toujours un coin du monde où les hommes sont victimes de grands tremblements de terre, d’épidémies et de famines.

 

La vie sur cette terre est profondément marquée par l’insécurité qui fait naître la peur ; mais cette peur est une bien mauvaise conseillère : elle engendre des réflexes de méfiance et trop souvent provoque tensions, violences ou guerres.

Devant cette fragilité de notre condition humaine nous éprouvons le besoin de trouver une stabilité, une assise solide.

Tous les faux prophètes (ceux que nous pouvons appeler des populistes dans notre langage d’aujourd’hui) utilisent cette soif de sécurité propre à l’humanité pour s’imposer : « C’est moi, disent-ils, qui vais vous fournir l’assurance dont vous manquez. ». Ces faux prophètes attirent des foules autour d’eux : ils prétendent apporter la paix alors que pour la plupart d’eux, c’est pour asseoir leur propre pouvoir. Tous les vendeurs de rêves (religieux, civils ou politiques) agissent ainsi. « Ne marchez pas derrière eux » dit Jésus à ses disciples.

Ceux qui clament que le temps (kairos, le moment opportun) est proche, ne comprennent pas que le calcul du temps (chronos, le temps du calendrier) ne nous permet pas de connaître l’accomplissement du temps de Dieu (kairos). Les faux prophètes peuvent aussi en venir à dire : « Le moment est tout proche ».Ils savent fort bien manier l’argument de l’imminence de la fin du monde.

 

Pourtant, frères et sœurs, c’est bien de la peur et de l’angoisse que Jésus veut délivrer les hommes et les femmes dans ce discours qui annonce la fin des temps. « Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord mais ce ne sera pas tout de suite la fin » dit Jésus.

Jésus veut apprendre à ses disciples à dépasser la peur dans ce monde marqué par les conflits et les guerres. Il veut leur donner cette assurance que cherche l’humanité entière. « Il faut passer par bien des épreuves, dit Jésus, il vous faudra de la patience…ce ne sera pas tout de suite la fin. ».

 

Jésus est le contraire d’un faux prophète : il ne donne pas de faux espoirs, au contraire il prévient que ce temps de guerres et de soulèvements dont on a tellement hâte de sortir risque d’être plus long qu’on ne le pensait. Jésus invite donc ses disciples à la patience, bien plus à la persévérance.

Jésus annonce à ses disciples qu’ils auront à subir une persécution terrible : « On vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs…vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis…. Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. »

 

Jésus annonce que l’avenir sera rude. Il ne rassure pas faussement. Mais il donne l’assurance que cette épreuve est normale.

 

Frères et sœurs, cette assurance est indispensable pour ne pas sombrer ; car lorsqu’on demeure totalement seul, empêtré dans toutes sortes de difficultés, entouré d’ennemis qui s’entendent contre vous, on croit réellement devenir fou. « Ne vous affolez pas », dit Jésus qui prévient, amortit ainsi le coup.

 

Dans cet atmosphère délétère, où l’horizon semble obscur, on a du mal à trouver une note d’espérance. On peut même se demander comment le monde peut être sauvé, et en quoi Jésus a joué ou joue un rôle pour que les choses changent.

Chers frères et sœurs, quand nous n’arrivons pas à trouver les bonnes réponses par nos propres raisonnements, nous savons que nous sommes sur la bonne voie.

Il nous faut chercher dans les Évangiles eux-mêmes les réponses qu’ils donnent à notre propre recherche. Écoutez alors cette voix qui nous vient de Jésus lui-même quand il nous rappelle qu’il a fait toute chose nouvelle. Il nous rappelle que le monde n’est pas destiné à être aspiré dans un tourbillon qui tenterait de le ramener dans le chaos primitif. Au contraire, le monde est traversé par une idée force selon laquelle il est possible à l’être humain d’inverser le cours destructeur de l’histoire. C’est cette force qui habitait Jésus et qu’il a mise en évidence.

Elle l’a habité toute sa vie. Elle lui venait de Dieu et a orienté tous ses choix. Elle a été suffisamment forte pour lui permettre aux heures les plus sombres de son aventure de croire que les pulsions de vie étaient capables de l’emporter sur les instincts de mort les plus violents. Même sur la croix, et après une longue agonie, la vie a triomphé pour ouvrir devant lui une perspective d’éternité.

 

Frères et sœurs, dans les moments les plus dramatiques de notre histoire, ce n’est pas notre désir de survie qui doit être la force qui nous anime, mais la vision selon laquelle le monde est entraîné par Dieu dans un mouvement où la vie est destinée à prendre le dessus, si nous savons être persévérants. L’Esprit de Dieu qui repose sur nous, nous maintient toujours dans la perspective selon laquelle l’avenir est habité par la certitude de la présence de Dieu dans l’évolution du monde. Nous, nous avons le temps du jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace de notre cœur pour y accueillir la parole de Jésus, et l’espace du monde à prendre dans la prière, avec tous les témoins porteurs de son message de paix.

 

Trop souvent nous avons tendance à ne retenir de ce texte que ses passages apocalyptiques…

Alors, frères et sœurs,  si vous le voulez bien, allons un peu plus loin.

A partir du verset 14 de notre passage, Jésus dit ceci : «Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous donnerai  un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction »

Ah oui ! « MOI-MÊME »…dit Jésus. … Jésus sera à nos côtés…« Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. »

 

Alors ca veut dire qu’en fait on n’a pas grand-chose à craindre.« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »

 

Ce texte nous appelle maintenant à la persévérance dans la foi. Sans trop nous laisser abattre par ce qui pourra arriver à notre monde demain, Jésus nous invite à poursuivre notre chemin quotidien dans la foi. Le message d’amour du Christ nous invite à témoigner chaque jour d’avantage de notre foi en Dieu.

C’est cette persévérance qui nous permettra de rester confiants et d’aborder le futur avec sérénité…

C’est encore cette persévérance qui fera de nous les témoins de Dieu dont nos frères et sœurs, séduits par tous les vendeurs de catastrophes et d’apocalypse, ont tant besoin dans leurs vies.

 

Alors, sachons, avancer pas à pas, frères et sœurs, avec persévérance, à la suite du Christ. Chaque jour, laissons le Christ, nous « inspirer ce langage de sagesse » qui nous permettra d’être pour nos frères et sœurs, de vrais témoins de son amour, qui nous permettra à tous et toutes de voir l’avenir au-delà de l’apocalypse.

La terreur, qu’elle soit cosmique ou personnelle, est maîtrisée par l’assurance que Jésus connaît les siens, même chacun des cheveux sur leurs têtes. Il s’est rendu à la croix pour que cette assurance soit digne de foi.

Je ne parle pas d’une persévérance aveugle ou stoïque mais bien la confiance en sa promesse que la grâce, sa grâce suffira, une grâce qui œuvre en tout pour la libération de chacun et de chacune.

Quand tout semble sur le point de disparaître, l’Evangile nous apprend que la vie doit prendre toujours le dessus car en Dieu, au-delà de la vie il y a encore la vie.

Telle est l’espérance en Jésus le Christ et cela personne ne peut nous l’arracher. Amen !

 

Charles KLAGBA

 

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G
Magnifique!!!
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L
Je partage cette magnifique Homélie.Je pense aussi à ce passage;<br /> Oui car de suivre Jésus, sa Parole, la prier, l'appliquer c'est se transformer ,conquérir cette foi immense qui nous donne force et courage mais c'est marcher à contre-courant et notre monde n'aime pas cela; mais aussi et surtout AIMER
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