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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Prédication du dimanche 1er septembre 2019

2 Septembre 2019, 07:49am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

 

Genèse 1, 31

1 Timothée 4, 4 - 5

Romains 8, 19 - 23      

 

UN TEMPS POUR LA CREATION

Fil rouge : « et Dieu constata que cela était bon »

 

Introduction : Un temps pour la création… nous essaierons de l’ouvrir, ce matin, en symbiose avec le rassemblement œcuménique de Sibieu, la Conférence des Eglises Européennes et le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe qui ont proposé de l’instituer chaque mois de septembre.   

Les textes que j’ai choisis nous conduiront d’abord à méditer sur la vision enchanteresse d’un prodige astral que d’aucuns surnomment « la planète bleue », puis évidemment, nous parlerons de ses habitants, je veux dire que nous allons parler de nous, et enfin, nous nous pencherons sur les liens qui unissent la terre et les humains.

 

1) la terre : une merveille : « Dieu regarda tout ce qu’il avait fait et il constata que c’était très bon» (Genèse 1, 31). Je cite ce verset non point pour ouvrir une disputatio sur l’origine de la terre, le tsim-tsoum, le bing-bang et autres notions difficultueuses et amphigouriques, comptées en milliards d’années, mais simplement à cause de cette expression « il constata que c’était très bon ». Je souhaiterais, ce matin, que nous aussi, nous regardions le « bon » de ce prodigieux chef d’œuvre qu’est notre planète. L’inimaginable enchevêtrement des vies qui l’habitent, la beauté de ses sites, mais aussi de la faune, de la flore, etc. et tout ce que nous ne voyons pas, tous les invisibles (pour nos yeux) micros et nanos organismes. Chacun soumis à des lois si nombreuses, complexes et interdépendantes qu’il y a longtemps que j’ai renoncé à être une scientifique ! Mes cellules grises ont parfois failli exploser en cours de sciences pratiques et je ne vous parle pas de la chimie et de la physique… quant aux mathématiques !!! Igor, Grichka… si vous m’entendez… et j’avais toutes mes capacités intellectuelles (enfin, je crois) à l’époque de mes 15 ans ! Alors, aujourd'hui…

Aujourd'hui, tout simplement, je m’assoie, je contemple et je m’émerveille. Quel privilège de voir grandir ce qui semble être tout bêtement une plante verte, mais… pas si verte godiche quand même quand, tout à coup, elle me sort une fleur ! Quel étonnement à regarder, dans l’émission « Planète bleue », ces poissons se décarcasser avec méthode pour trouver un nichoir protecteur pour les œufs qu’ils vont pondre ! Le coup au cœur, quand, au détour de la route vers Perpignan, le Canigou se dessine dans un ciel d’un bleu profond ! visionner dans un documentaire, les traces d’une grosse bête du type ours par exemple, se frayer un chemin nourricier et gourmand dans une forêt encore intacte… rester là, à sourire, à la vue de ce chat, qui, dans une position inimitable et désopilante, offre son ventre aux reflets bienfaisants de notre soleil méditerranéen… des millions de millions de petits événements, à chaque seconde de notre vie, disent la beauté, la somptuosité, la magnificence, la générosité de notre habitat de terrien. Tant et tant que les savants, la plupart du temps, se spécialisent dans un seul domaine pour arriver à discerner et comprendre une infinitésimale partie de cette luxuriante, foisonnante, époustouflante nature dont nous sommes les locataires.

 

2) respect de la vie : Locataires ? Si nous en parlions ?

Je vous propose de parler d’un locataire particulier qui pourrait être, comment dire, le représentant de tous les locataires de la terre, ceux qui portent sur elle, comme lui, le même regard que le Seigneur ; vous vous souvenez : « Dieu regarda tout ce qu’il avait fait et il constata que c’était très bon», ce regard-là, avec, pour conséquence, un engagement pour le respect de la vie. Vous l’avez peut-être deviné ; nous allons faire un bout de chemin avec Albert Schweitzer, tel que nous le raconte le professeur André Gounelle. Je cite : « Schweitzer affirme : « je suis vie qui veut vivre, parmi la vie qui veut vivre. Ma vie et ma volonté de vivre s’imposent à moi comme un fait premier, fondamental, élémentaire, que je ne peux ni justifier ni disqualifier logiquement, mais qui me permet de saisir à partir de mon expérience, quelque chose du monde ; par analogie avec ce que je suis, j’y discerne derrière et dans tous les phénomènes, des volontés de vivre semblables à la mienne ». (fin de citation). Il en appelle à un vouloir vivre devenu conscient, responsable et intelligent.

 

Ce principe du respect de la vie nous lie à l’ensemble de l’univers. Il nous fait découvrir que ces prochains que nous devons aimer comme nous-mêmes ne sont pas seulement nos semblables, mais aussi tous les êtres qui peuplent notre planète. Schweitzer propose une éthique à la fois personnelle, sociale et écologique qui nous ouvre et nous appelle à une responsabilité qui s’étend à toutes les créatures[1].

 

C’est ce que Paul affirme dans l’épitre aux Romains[2] : il y a une solidarité de destins. « Du coup la nature prend un tout autre visage. Nous découvrons qu'elle nous ressemble étonnamment. Elle forme un organisme biologique à la fois uni et diversifié. Il faut voir en elle une créature plutôt qu'une création. Il faut voir en elle un être vivant plutôt qu'un objet »[3].

 

Mais « le malheur de l’homme moderne, c’est d’oublier de prendre le temps de la  halte et du repos, de la contemplation et de l’émerveillement devant l’amour, devant la régularité du mouvement des astres, la force des vagues de la mer, le secret de la germination de la semence enfouie en terre, et le mystère de l’intériorité humaine » commente le pasteur Alicki[4]. Les locataires sont hélas insouciants. Sommes-nous ces locataires là ?

 

3) un en Christ : Nous, nous sommes à la croisée des chemins, c’est peu de le dire, si nous pensons aux informations dont nous sommes bombardés depuis quelques semaines. Oui, là, nous pouvons choisir la route que nous allons suivre. Je ne parle pas ici des actions dans lesquelles s’engagent nombre d’entre nous ; elles sont la conséquence logique de notre réaction humaine aux événements dont nous sommes les objets, mais aussi les sujets : action dans un mouvement écologiste, investissement dans des associations d’entraide, participation à des manifestations, signatures à tire larigot de pétitions etc.

 

Non, je souhaite simplement ici, poser une remarque en forme de question : Nous, les habitants d’aujourd'hui et, nous l’espérons, de demain, dans la crainte d’un avenir terrestre peu glorieux, glisserons-nous dans une morale écologique large ou étroite, engagée ou personnelle qui flirte quelque peu avec les vieilles mythologies de la déesse Terre-Mère ? Ou marcherons nous sur les traces de Celui qui nous a précédés pour vivre à sa suite, la largueur, la hauteur, la longueur, la profondeur, d’un amour insondable et pourtant accueilli jour après jour dans nos vécus car, comme le déclare Paul dans la deuxième épitre aux Corinthiens[5], je cite : « Nous tous qui…réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, toujours plus glorieuse…. ». C’est cette affirmation qui me conduit à souhaiter aller au-delà de l’engagement horizontal, certes nécessaire, mais partie d’un tout beaucoup plus vaste, illimitable, immensurable, et insondable : ce que Jésus appelle « être un avec lui comme il est un avec son Père[6] ».

 

Et c’est à cause de cela, et pour cette raison que nous voilà, aujourd'hui, abordant ce thème du temps pour la Création, non à la mesure humaine mais à l’aune de Celui qui « regarda tout ce qu’il avait fait et constata que c’était très bon».

 

 

Conclusion : Serons-nous un avec lui ? Dans cette communion d’amour qu’Il a désiré au point de mourir sur une croix, poserons-nous et vivrons-nous Son regard sur notre terre et le vivant qui l’habite ? Je ne doute pas de votre réponse. Et alors, nous pourrons ensemble, nous joindre à Martin Luther Luther King dans la déclaration qu’il prononça à l’occasion de sa réception du prix Nobel. Ecoutez :

« Aujourd'hui, dans la nuit du monde et dans l’espérance de la bonne nouvelle, j’affirme avec audace ma foi en l’avenir de l’humanité.

Je refuse de croire que l’être humain ne soit qu’un fétu de paille ballotté par le courant de la vie, sans avoir la possibilité d’influencer en quoi que ce soi le cours des événements.

Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent que l’homme est à ce point captif de la nuit sans étoiles du racisme et de la guerre, que l’aurore radieuse de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité.

(…)

Je crois que la vérité et l’amour sans condition auront le dernier mot effectivement. La vie, même vaincue provisoirement, demeure toujours plus forte que la mort.

(…)

J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la terre pourront recevoir trois repas par jour pour la vie de leur corps, l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit, l’égalité et la liberté pour la vie de leur cœur.

Je crois également qu’un jour toute l’humanité reconnaitra en Dieu la source de son amour. Je crois que la bonté salvatrice deviendra un jour la loi. Le loup et l’agneau pourront reposer ensemble, chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne, et personne n’aura plus de raison d’avoir peur.

Je crois fermement que nous l’emporterons. »

Car « Dieu constata que cela était très bon ».

Amen.

 

Joëlle Alméras

 

 

 

[2] Romains 8, 19 - 23

[3] Culte des récoltes 2010 11 oct. 2010 Par Robin Sautter

[5] 2 Corinthiens 3, 18

[6] Jean 17, 21

 

 

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