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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Dimanche 9 avril 2023 : Pâques Jean 20, 1 - 9 "il est vraiment ressuscité !"

8 Avril 2023, 17:43pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 NARBONNE 9 AVRIL 2023

Jean 20, 1 - 9

 « Il est vraiment ressuscité !»

Introduction : un tombeau vide ! un tombeau vide pour dire ce qui est le moteur de nos vies depuis plus de 2000 ans maintenant : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Un tombeau vide qui annonce que la mort a été vaincue. Un tombeau vide qui, pourtant, dans notre récit, est posé en plein dans une ambiance de mort, de tristesse, de questionnements, de désespérance. Comment, de ce récit morbide et mortifère en est on venus à la joie de Pâques ?

En suivant trois disciples qui ont fait l’expérience de la découverte éprouvante de ce tombeau vide, nous parlerons du contexte et des trois personnages qui interviennent dans notre récit, pour en arriver à l’universalité de cet évènement, devenu pour nous l’éclatante réalité avérée des promesses annoncées.

 

1 ) contexte : Commençons par le contexte. Après trois années de pérégrinations dans le pays, en Galilée, en Samarie, en Judée, Jésus, guérisseur, prédicateur, faiseur de miracles, avait réuni autour de lui des disciples, hommes et femmes, qui reconnaissaient en lui, comme Pierre le confessa : « le Christ, le fils du Dieu vivant [1]». Mais parmi ceux qui le suivaient, il y avait aussi ses détracteurs, religieux engoncés dans la rigueur de la Loi, qui avaient fini par souhaiter la mort de cet aventurier dont on ne savait d’où il sortait et qui osait leur tenir tête, Torah en main, si on peut le dire ainsi, allant même jusqu’à les traiter de sépulcres blanchis[2] et d’enfants du diable[3]. Ils ont finalement eu le dernier mot, et trois jours plus tôt, Jésus fut cloué sur une croix. Il est mort, il est bien mort… Marie de Magdala en est sûre, elle y était avec Marie la mère de Jésus et une autre Marie, la femme de Clopas. Joseph d’Arimathée, un notable juif, obtint l’autorisation d’enlever le corps pour le déposer dans un tombeau qui n’avait jamais servi. Nicodème, un autre notable, membre du Sanhédrin, le conseil suprême juif, offrit 33 kilos d’aromates pour embaumer le corps, un corps sanguinolent, déchiqueté par les tortures subies. On le recouvrit de bandelettes comme c’était la coutume puis on le déposa dans le tombeau devant lequel une pierre fut roulée pour calfeutrer l’entrée (il faut dire qu’à l’époque les hyènes faisaient leurs délices des corps des morts).  Et les chefs religieux exigèrent même que des gardes romains soient postés devant, au cas où les disciples de cet imposteur pas aux normes, auraient eu dans l’idée d’enlever le corps et de faire croire qu’il était toujours vivant.

Les disciples, eux,  se sont dispersés dans les alentours, désemparés devant l’insupportable deuil qui leur est infligé, des questions plein la tête et une peur qui frise la terreur dans tout leur être. Les Écritures nous racontent comment ils se sont calfeutrés dans une chambre haute par crainte des juifs[4].

 

3 ) Marie, Pierre et  le disciple que Jésus aimait :  Nous sommes donc au premier jour de la semaine, c'est-à-dire le lendemain du sabbat. Marie de Magdala, un petit village proche de Jérusalem, avance dans la pénombre, à potron-minet, sur le chemin qui mène au tombeau. Jésus l’a libérée de sept démons[5] ! Depuis elle ne l’a plus quitté. Elle était même là, au pied de la croix[6], confrontée à la monstrueuse et abjecte vision du maitre, mort, sous ses yeux. L’évangéliste est très discret sur ce qu’elle ressent. Il décrit juste un parcours qui se termine devant la pierre roulée du tombeau, pas de gardes romains à l’horizon. Quel choc ! Pas un instant, elle ne se remémore les paroles de Jésus qui avait annoncé sa mort et sa résurrection[7] à plusieurs reprises. Stupéfaite devant ce spectacle plutôt terrifiant, qui plus est, dans les ténèbres de l’aurore, elle prend ses jambes à son cou et se précipite vers ses frères pour leur annoncer : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis ». Cette phrase dit, en quelques mots, le profond désarroi de Marie qui, après l’arrestation, les tortures et la mise en croix qui doivent encore faire écho en elle, ne peut imaginer qu’un seul motif à ces faits : on continue à faire du mal à son Seigneur. Une remarque : un « nous » étonnant vient ponctuer son affirmation. Et si « nous » en étions » ? Devant une scène radicalement incompréhensible, que ferions-nous ? Comment aurions nous réagi ? J’aime qu’elle ait eu la réaction de rejoindre ses frères. Dans le questionnement, irions nous, nous aussi, vers eux ?

Pierre et le disciple que Jésus aimait se précipitent au tombeau. Le constat est posé : le tombeau est bien vide. Pierre et le disciple que Jésus aimait sont restés très pragmatiques : « ils ne prennent pas la fuite devant la réalité à laquelle ils sont confrontés, ils en scrutent le moindre détail. Le linge mortuaire, les bandelettes et le suaire indiquent clairement qu’il y a eu un mort enterré ici. Mais le mort où est-il ? » Courir n’est pas mon fort. Et si j’avais entendu le témoignage de Marie, je ne suis pas que j’aurais fait un cent mètres d’exception. Par contre, je pourrais dire que je ressemble à ces disciples qui prennent le temps d’examiner toute chose excepté l’essentiel : l’enseignement que leur maitre a dispensé. Du coup, Pierre est dans une impasse, pourrions nous dire. Et nous, quand une question nous dérange, prenons nous quand même le temps de nous y pencher pour en résoudre l’énigme ? Quand nous trouvons dans les Écritures des textes qui sont étrangers à notre vision de la foi, quand nous discutons avec des personnes d’une autre tendance théologique, restons nous là, campés sur notre position, calfeutrés dans la chambre haute de notre certitude, ou sortons nous vérifier, au risque d’être sérieusement interpellés, dérangés dans  notre infaillibilité auto-proclamée pour nous laisser déplacer, renouvelés et toujours réformés selon la formule consacrée ?

Les trois disciples ont vu mais, un seul a cru dit Jean. Crut quoi ? crut en quoi ? Le pasteur Heller écrit, je cite : « Marie et Pierre subissent la fatalité de la mort et des forces du mal. Ils s’y soumettent. Il est si naturel de penser que le néant de la mort et du mal a le dernier mot sur toutes choses. Il est si naturel de plier devant les forces mortifères et maléfiques. [mais l’autre disciple, celui qui Jésus aimait] vit et crut. Pas de preuves irréfutables, par d’argumentations objectives. Un simple regard ! De simples signes qui, (…), perçus de manière particulière conduisent à la foi. (…) Tous les signes semés par Jésus au vent de la Palestine : paroles, paraboles, pardon, guérisons, rencontres, accueil, sont vus, perçus… Autant de signes qui tracent tous, un message de vie, qui manifestent tous une puissance de vie. La pierre roulée est un signe qui se rajoute à tous les autres, déjà nombreux. [Jésus] est le vivant, le souffleur de vie[8] ». (fin de citation).

 

2 ) la résurrection aujourd'hui   : Mais ils sont lents à la détente les disciples, enveloppés dans la sombreur de l’aurore naissante, plongés dans la vision d’un vide inconcevable et énigmatique, mus par une peur incontrôlée suscitée par les récents évènements, une peur qui plombe davantage encore leur capacité à réfléchir, à se souvenir… seul, le disciple que Jésus aimait croit. Quoique… le verset 9 nous dit « que les disciples n’avaient pas encore compris l’Écriture selon laquelle Jésus devait ressusciter d’entre les morts ». La lecture œcuménique de ce jour nous laisse sur notre faim avec ce verset que je viens de citer.

Cependant, n’oublions pas que l’Évangile de Jean fut rédigée des décades après l’évènement, dans un temps où la résurrection ne faisait plus aucun doute pour eux, qui en témoignaient, malgré les persécutions et les mises à mort dont ils étaient les victimes : « ils n’étaient pas nombreux, ils n’avaient pas fait Polytechnique, ils sentaient le poisson, mais ils ont mis le feu à toute la terre, parce que, ce matin-là, il s’est passé quelque chose. Quelque chose qui vient jusqu’à nous aujourd'hui. Ce matin là, Jésus devint le Christ et acquiert un nouveau titre : il est le premier né d’entre les morts.  (…)

La tombe inoccupée est la promesse qu’il n’est aucune pierre aussi lourde et encombrante qu’elle soit qui ne puisse être roulée. Ces pierres qui obstruent et enferment la vie de tant de gens dans le crépuscule de l’outre-tombe, Pâques nous fait un devoir, une obligation de les rouler ensemble. Mission impossible pensez vous ? peut-être si nous comptons sur nos seules forces, nos seules compétences, notre seule volonté. Mais peut-être pas, si nous laissons ressusciter dans nos vies celui que Dieu a relevé d’entre les morts, et qui seul, peut nous inspirer, nous fortifier, nous enthousiasmer, nous attirer vers le haut, nous tirer vers l’avant et permettre ainsi aux énergies de résurrection de nous transformer en profondeur. (…) Car l’irreprésentable de la résurrection et le vide du tombeau ouvrent non pas sur le néant mais sur un avenir béant d’espérance[9]».

 

Conclusion : En conclusion, voici ce que la pasteure Leila Hamrat écrivait, je cite : « Que fêtez vous en ce jour de Pâques ? Jour de tombeau vide. Selon l’étymologie grecque, le tombeau est le lieu symbolique du souvenir. Le mémorial. Un tombeau, c’est littéralement un monument commémoratif.

Lorsque nous célébrons Pâques juste comme un anniversaire, une commémoration, lorsque Jésus occupe la place d’un mort dans notre vie, lorsqu’il est totalement absent de nos décisions, de notre joie de vivre comme de nos tourments, nous le faisons mourir une deuxième fois.

D’une mort spirituelle cette fois-ci.

Et Pâques n’est plus le jour du tombeau vide mais du tombeau rempli.

La foi de Pâques que les disciples ont fini par proclamer avec conviction, joie et détermination, nous la vivons pleinement chaque fois que nous faisons ressusciter dans nos vies celui que Dieu a relevé d’entre les morts.

Chaque fois que nous passons de l’absence constatée à travers le tombeau vide à la présence expérimentée et célébrée dans le quotidien de nos vies. » (fin de citation).

Oui, il est vivant, il est là. « il nous invite, il t’invite, toi, ma sœur, toi, mon frère, à imaginer avec d’autres, des chemins nouveaux de paix, de justice, et de vie. Soyons donc avec lui, en lui et par lui des semeurs de vies, des souffleurs de vie[10] ». Car Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, alléluia !

 

 

 

[1] Matthieu 16, 16

[2] Matthieu 23, 27

[3] Jean 8, 44

[4] Jean 20, 19

[5] Luc 8, 2

[6] Jean 19, 25

[7] Jean 2, 19 – 21 ; Matthieu 12, 40 ; Marc 9, 31 ; Marc 10, 33 - 34

[8] France Culture 2009 04 12 Denis Heller pasteur

[9] France Cujlture Leila hamrat 210 04 04

[10] France culture pasteur Denis Heller 2009 04 12

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