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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Conférence-débat : samedi 15 octobre avec Patrick Royannais, prêtre et théologien

11 Octobre 2022, 14:33pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

CONFERENCE-DEBAT

 

par Patrick ROYANNAIS

prêtre, docteur en théologie et en anthropologie religieuse/ histoire des religions...

temple de Narbonne  6 Bd Condorcet

 

Samedi 15 octobre à 18h00

-----------------

Salle de l’Odéum  64 rue Antoine Marty

Carcassonne

Vendredi 14 octobre à 18h15

 

 

« Un christianisme non religieux »

 

réfléchir avec

Dietrich Bonhoeffer, théologien allemand résistant au nazisme

 

 

Entrée libre

 

 

organisé par l'Eglise protestante unie.

Pour tous renseignements : 06 01 82 29 67

 


Les sociétés occidentales connaissent à la fois un fort recul des religions instituées et un recours jamais démenti à l’ésotérisme, aux nouvelles religiosités. Le religieux reflue autant qu’il afflue.

C’est dans ce contexte que se pose la question du rapport entre Evangile et religion, rapport hérité de la tradition protestante.

Dietrich Bonhoeffer, à la toute fin de son existence, confronté à la trahison quasi générale des Eglises dans leur soutien au régime nazi, s’interroge sur la fidélité à l’Evangile et sur l’indifférence religieuse de nombre de ses codétenus et concitoyens.

Que pouvons-nous comprendre des rapports entre Evangile et religion ? Qu’est-ce que le « religieux » ? N’est-ce pas le paganisme qui est par définition religieux ?

L’Evangile ne commande-t-il pas en conséquence de s’en défaire ? Est-ce possible ? Pourrait-on se satisfaire d’une conversion toujours à recommencer de la religion par et en vue de l’Evangile ?
Cela signifierait un renversement de la conception de Dieu. Et c’est bien ce vers quoi s’achemine les dernières lettres de Bonhoeffer. « Devant et avec Dieu, nous vivons sans Dieu. »


 

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DIMANCHE 9 OCTOBRE 2022 Luc 17-11-19 "Au détour du chemin : l'inattendu..."

8 Octobre 2022, 09:10am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Carcassonne / Narbonne

DIMANCHE 13 OCTOBRE 2013 / 9 OCTOBRE 2022

               LUC 17, 11 – 19

               " Au détour du chemin : l'inattendu..."

 

               (D’après Lire et Dire n° 40)

 

Introduction :

Je me suis demandée par quel bout j’allais prendre cette péricope, courte mais tellement riche. Comment dérouler le fil de cette histoire qui présente tant de déplacements qu’on ne sait par lequel commencer et toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête...

Il y a ce flou géographico-religieux de la frontière Galilée-Samarie… il y le flou théologique de la leçon d’un récit biblique où  le seul qui obéit à l’injonction d’un rabbi juif et même en rajoute, c’est un samaritain…  et le flou scripturaire d’un vocabulaire tout en deuxième degré et double sens.  Quant au flou du succès très mitigé de Jésus : un sur dix seulement revient en glorifiant Dieu… « 10 % de résultat » nous dit le magazine « lire et dire »… c’est bien peu !

Et si nous rajoutions à mes questions les vôtres, demain nous serions encore en train d’en débattre. Alors, aujourd’hui, je vous rassure tout de suite, nous ferons simplement de ce texte une invitation à méditer l’inattendu de l’Evangile. Je vous propose donc, dans un premier temps, d’examiner le contexte général et immédiat de notre péricope et aussi le vocabulaire, puis dans un deuxième temps, de nous pencher sur ces lépreux et sur leur réaction à la guérison ; en cheminant ainsi, peut-être d’autres questions trouveront-elles leur réponse ? 

 

  1. Contexte et vocabulaire: Commençons par  le contexte, en nous souvenant que Luc a l’habitude de juxtaposer des textes qui font sens les uns avec les autres comme une espèce de charade à tiroirs : en ouvrir un c’est être amené à en ouvrir un autre, puis un autre et encore un… tiroir géographique qui ouvre celui du théologique, tiroir du statique qui conduit à celui du mouvement, tiroir du dire jusqu’à celui du voir, et même du faire notre péricope nous installe dans une espèce de permanence de l’inattendu…

- les quelques versets qui précèdent abordent le sujet d’une foi qui décoiffe, une foi qui pose question, un peu folle, déraisonnable ; elle est l’objet d’une supposition étonnante : avec elle, on pourrait déraciner un arbre et le planter dans la mer, pourquoi faire, je vous le demande ! Une réponse possible : la foi des disciples est un subtil mélange d’acceptation et d’incompréhension en osmose instable qui les tire plus vers le bas que vers le haut et Jésus veut faire de cet assemblage anesthésiant une solution énergisante.

 

Notre péricope, pourrait donc être un élément catalyseur, accélérateur pour la foi des disciples. La foi, à nouveau, ici, n’est pas celle à laquelle les disciples s’attendent, et pas davantage celle d’un des leurs.

 

Et en aval, le thème eschatologique se poursuit par la question des signes de la venue du Royaume. Là encore, une foi bousculée dans une attente d’un devenir à la fois certain mais qui ouvre toutes les portes de l’inconnu, ou plutôt du méconnu.

- Le contexte géographique, lui, est plus que flou : Jésus passe entre la Samarie et la Galilée… une région non juive et une région juive mais douteuse… entre la Samarie non-juive et la Galilée, considérée par les juifs pieux comme une zone juive de seconde catégorie, voilà une position dans un espace religieux incertain où Jésus fait une rencontre pour le moins problématique.  

- le contexte humain est, en effet, peu conventionnel : Jésus y est interpellé par des personnes hors normes, venues là comme dans un no man’s land, réfugiés à cheval sur les deux régions, comme s’ils étaient hors d’un territoire officiel, des hommes dont personne ne veut, des lépreux. La loi les cantonne dans un isolement qui ressemble à un isolement funéraire. Ils sont 10, et connaissant Luc, ce n’est pas par hasard. Dans le système religieux juif, 10 hommes forment le mynian : le minimum obligatoire et nécessaire pour une rencontre liturgique… eux, ils sont bien 10 mais forment un groupe coupé du tissu social et interdit de célébration. Mais en cas de guérison un rituel liturgique les rétablit dans la communauté. Et justement les voilà guéris, se dirigeant vers le temple, mais là, ils ne seront que 9 à l’arrivée. Pas de mynian, où alors, peut-être, ailleurs ?...

 – le contexte littéraire offre la panoplie habituelle du vocabulaire lucanien. Des mots à double sens : corporel et liturgique. Par exemple : « être guéri » peut aussi signifier « être purifié » ; « revenir sur ses pas » peut décrire non seulement un revirement sur un chemin, mais aussi une conversion ; « lève-toi » est-il un appel à se tenir debout ou à ressusciter ?

Des verbes de mouvement prennent une place importante dans le récit : ainsi la guérison devient une mise en marche… en marche pour faire quoi ? marche en avant ou retour en arrière ? marche pour aller où ? Une invitation à l’adresse d’hommes enfermés et prisonniers d’une situation apparemment sans issue qui va cependant les mettre en marche vers la guérison et le retour à la vie parmi leurs coreligionnaires. Encore un contexte qui déplace…

 

2) les  lépreux : Approchons maintenant ces lépreux de plus près. Nous l’avons vu, ils sont 10 et en appellent à Jésus. Des lépreux : marginaux dans tous  les sens du terme, des exclus, des morts-vivants, interdits de tout et surtout de s’approcher d’un rabbi, quel qu’il soit. Mais voilà, ce rabbi-là, aller à la marge géographique, sociale, humaine, religieuse, c’est sa vie, son engagement. Alors, il entend l’appel et leur parle. Contrairement à d’autres récits de guérison, il ne touche pas : il les voit et il leur dit… et la guérison survient hors de sa présence. Les lépreux, eux, sagement, suivent sans rien y rajouter, les instructions de Jésus : ils vont au temple, lieu incontournable de la foi juive, et ils feront constater leur guérison selon les normes de cette foi. Le samaritain serait-il le seul à avoir une foi grosse comme un grain de moutarde ? Il est le seul à revenir. Et Jésus s’emporte : « ne s’est-il trouvé que cet étranger pour venir donner gloire à Dieu ? » Pourtant les 9 autres n’ont fait que ce qu’il leur avait demandé. Pourquoi donc cette question ? La seule personne valorisée est celle qui n’a pas fait ce qu’il avait demandé. C’est à n’y rien comprendre ! Le samaritain était, qui plus est, la personne la plus improbable qu’un rabbi juif puisse guérir.

 

  1. que faire de ces informations multiples ? : Alors, de ces informations et de ces questions en vrac, qu’en faire ? Je vous propose 2 pistes. Vous en suivrez d’autres peut-être…

 

- première piste : celle d’un Jésus qui n’est pas là où on l’attend ; il est dans un lieu non localisable, inhospitalier, à la frontière de la marginalité, près de personnes considérées comme des parasites, des inutiles, voire des « dangereux » pour la communauté. Bob Ekblad[1], pasteur américain et membre de la fraternité des Veilleurs nous rappelle dans son livre « Lire la Bible avec  les exclus » que c’est en traversant les frontières élevées, d’une part, par nos communautés craintives et d’autre part, par les exclus eux-mêmes, qui se protègent comme ils peuvent face à nos propres barrières, parfois dans l’illégalité et la violence, que nous pouvons, nous aussi, trouver Jésus et en appeler à lui. Depuis des lieux qui nous semblent loin de notre confort habituel, de notre maison ou notre paroisse, des lieux qui paraissent désertiques pour notre vie ou notre foi, nous pouvons, comme les lépreux, obtenir une guérison inattendue qui nous ouvrira aux dons de Dieu, et à autrui. Encore faut-il se reconnaitre malade et demander la guérison !

 

- deuxième piste[2] : Le lépreux samaritain, en chemin pour aller « se faire voir » s’est regardé, il a vu, en lui, plus que la guérison du corps. Elle a été l’occasion d’une réflexion introspective qui l’a conduit à faire demi-tour pour dire à Jésus sa reconnaissance et rendre gloire à Dieu. Anne-Laure Swilling, docteur en sciences religieuses écrit : « les dix lépreux étaient tous semblables : même maladie, même salle d’attente, même espoir, même guérisseur, même traitement, même guérison.(…) tous malades, tous guéris, mais pour l’un d’eux, il se passe quelque chose de particulier, non pas un mérite spécial, mais ce qui le différencie des autres, c’est qu’il se voit guéri. (…) guérir le conduit à retourner et à nommer. La guérison est devenue la possibilité de faire jouer quelque chose en soi et par rapport à Dieu. (…) Le Samaritain n’est pas croyant mais c’est un « voyant ». Croire, c’est d’abord voir. Non pas attendre que quelque chose se donne à voir, mais chercher à voir ce qui est advenu, y trouver la possibilité de changer quelque chose en soi et par rapport à Dieu »[3]

 

Conclusion :

Aller à la rencontre de ceux qui vivent dans tous les no’mans land de notre société, avec l’ardent désir d’y rencontrer Celui qui y a planté sa tente et avec eux, nous y trouver aussi, comme eux, malades et suppliant : « Jésus, maître, aie compassion de nous ». Voilà le cheminement auquel nous invite notre péricope.

 

Ecoutez, en conclusion, cette exhortation : « dans le Talmud, Rabi Josué ben Lévi demande à  Elie où se trouve le Messie. Ce dernier répond qu’il est aux portes de Rome. A quoi le reconnaitrai-je, interroge le sage. Il se tient au milieu des miséreux atteints de toutes sortes de plaies, répond le prophète.

Rabbi Josué va donc à Rome pour rencontrer le Messie et l’interroger : quand viendras-tu ? Le Messie répond : Aujourd'hui. Rabbi Josué rentre chez lui et dit à Elie que le Messie lui a menti puisqu’il a affirmé qu’il viendrait le jour même et qu’il n’est pas venu. Elie répond : il a voulu dire : « aujourd'hui, si vous écoutez ma voix »… Le Messie vient chaque fois qu’un homme écoute la Torah et l’accueille comme une parole qui lui est intimement adressée. »[4] Amen.

 

[1] Bob Ekbkad Lire ka Bible avec les exclus edition Olivétan

[2] Voir Lire et Dire n° 40

[3] Lire et dire n° 40 page 36

[4] Antoine Nouis « L’aujourd'hui de l’Evangile » page 400

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Dimanche 2 octobre 2022 : Habaquq 1,2-3; 2, 1-4

2 Octobre 2022, 13:36pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Narbonne 2 octobre 2022

Habacuc 1, 2-3 et 2, 1-4

Pasteur Philippe Perrenoud

 

Tout passage biblique a une actualité, nous parle pour aujourd'hui. Cela est plus ou moins évident d’un texte à l'autre. Celui d’aujourd'hui est marquant, tant nous pouvons facilement penser à certains événements de l'actualité (chacun peut y penser en lui-même ; pas besoin de donner beaucoup d'exemples...)

Mais il faut aussi toujours se garder de faire des rapprochements trop rapides… pour ne pas faire parler la Bible à notre place ; ou y trouver des réponses rapides, trop rapides, à nos questions... même légitimes... comme celles d'Habaquq ici, ou ailleurs dans la Bible, dans la Bible en particulier...

De quoi s’agit-il dans ce passage ??

Nous ne savons pas bien qui est Habaquq. Par contre, nous connaissons un peu le contexte dans lequel il se trouvait : un jeu de grandes puissances et de cruautés des hommes. Bref... comme nous pouvons le penser et/ou l'entendre : « rien de nouveau sous le soleil » ou « Voilà que tout recommence » ?

Comme nous le vivons dans notre vie d’Église, je crois, je pense, et comme la Bible l’est elle-même : ce passage est un dialogue : le prophète dit au Seigneur ce qu'il a sur le cœur. Il lui dit d’abord sa révolte devant les événements qui l'entourent. C'est peut-être (sans doute) en cela qu'on peut se sentir si proche de ce passage… pour le meilleur (parce que ça ns aide à l'exprimer) et pour le pire (parce que ça peut finir par être décourageant… Nous pouvons aussi entendre « ça ne finira jamais...», etc.)

On peut en effet toujours se plaindre du monde ; et il y a de quoi s'en plaindre… C'est d'ailleurs souvent en période de malheurs que des gens se tournent vers ''Dieu''… et même que les Églises se remplissent.

Alors justement, comment fonctionne ce petit dialogue ? Comment fonctionne ici notre foi ? Comment pouvons-ns fonctionner avec tout cela ??

Il faut alors bien remarquer la façon dont Habaquq s'adresse au Seigneur : un cri de révolte, d'incompréhension ; y compris face au Seigneur lui-même … trouver cela dans la Bible elle-même peut paraître étonnant. Il est pourtant normal de lui crier notre indignation, notre mécontentement, nos révoltes. Nous avons le droit de chercher ; et même d'exprimer notre colère, même tous nos reproches ; c'est souvent une surprise de la part des gens de concevoir cela dans notre foi. Ici, Habaquq commence même ainsi ; et il ne dit même pas « si tu existes, fais quelque chose »...

C’est parce que notre Seigneur n’est pas un Potentat, ou autre, que nous pouvons lui dire notre amertume ; parce que nous ne sommes pas non plus dans une religiosité, une magie coupée du monde. Nous pouvons, et devons même dire cela.

Nous pouvons aussi souvent entendre « si Dieu existait, il n’y aurait pas tout cela »... On lui impute alors toutes sortes de choses…

 

Il est alors particulièrement important de chercher, et de trouver une issue : cela passe, dans ce texte comme dans tant d'autres, par une interpellation de Dieu lui-même !...

Dans ce dialogue, il répond de différentes façons. Il donne une 1ère réponse (sans se justifier pour autant). Est-ce vraiment une Bonne Nouvelle ?… Il semble en effet dire : « tu as raison de prier, de crier même, continue ; cela ne va pas s'arrêter ». S’il n'y avait que cette réponse, nous ne serions guère avancés... Si une prédication (qui est annonce de la Bonne Nouvelle) se mettait à annoncer de nouvelles catastrophes, qu'en penserions-nous ? Loin de tout rejeter d'emblée (ce qui peut aussi être une solution de facilité), Habaquq commence par prier !

 

Dans un 2ème épisode du dialogue, il interpelle de nouveau le Seigneur ; mais pas seulement en l'air, en général : il l'interpelle sur ce qu'il est, sur ce qu'il a fait ; et donc ce qu'il pourrait/devrait continuer : il dit par exemple au Seigneur, qui avait libéré son peuple, pourquoi acceptes-tu le spectacle de l'oppression. Il le prend en quelque sorte au mot. Il ne l’appelle pas comme un « bouche-trou », mais selon un projet ! C'est bien différent ! Cela change tout !

 

Nous arrivons alors à la 2ème partie de notre lecture : il y a cette confiance retrouvée ; mais pour cela il a d'abord fallu crier et prier.

Il reçoit alors une Promesse. Non pas comme quelque chose pour faire patienter, pendant que rien ne change... C'est à la fois une promesse, et la persévérance qui va avec : une perspective...

Au début de notre passage, la violence semble sans fin ; maintenant, il perçoit qu'elle n'est, comme toute ''œuvre'' humaine, jamais éternelle.

Cette promesse change déjà celui qui la reçoit : là est sans doute le plus important : Habaquq, de révolté, pour ne pas dire : de râleur, évolue dans son dialogue.

Rien de bien magique : s'il le fait, c'est parce qu'il sait :

  • que le Mal qui l'entoure, même s'il semble être aujourd'hui le plus fort, n'aura pas toujours le dernier mot ;
  • que la force n'est pas toujours la plus forte !! Qu'elle n'est pas la solution à tout ; que si l'un est plein d'orgueil et ignore la droiture, un juste vit par sa fidélité.

Il répond, en employant une comparaison : comme un veilleur il tiendra bon à son poste de garde ; qu'il restera debout, qu'il répondra lui aussi à son rappel à l’ordre. C'est-à-dire qu'il prendra un rôle actif : il n'est plus celui qui dit que « ça devrait être comme ceci ou comme cela, ou yaka, yfodrai, yzonka, etc…» Il prend aussi sa part. Il n'attend pas des solutions toutes cuites ; il a les pieds sur terre. Il met en œuvre une présence de Dieu auprès de chacun d'entre nous !

Habaquq devient un homme debout ; il n'est pas seulement un râleur : après avoir (légitimement !) crié sa révolte, il se nourrit de la confiance et la justice que ce dialogue lui a donné.

 

La fidélité de notre Seigneur, c'est aussi de nous vouloir debout…

Amen !

 

 

 

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dimanche 25 septembre 2022 textes liturgiques

24 Septembre 2022, 20:11pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

DIMANCHE 25 septembre 2022 NARBONNE

 

Prédicatrice : Joëlle Alméras

 

Luc 16, 1 – 13

 

«mais c’est le monde à l’envers !!! »

 

PROCLAMATION DE LA GRACE DE DIEU ET ACCUEIL

 

La grâce et la paix vous sont donnés de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Sauveur.

Le Premier et le Nouveau Testament

Ne nous exhortent pas seulement

À accueillir des étrangers qui deviennent

De précieux cadeaux pour leurs hôtes.

Lorsqu’Abraham accueille trois hommes de passage

Aux chênes de MAmré

Et leur offre de l’eau, du pain et un repas,

Ces étrangers se transforment en anges du Seigneur

Qui annoncent que Sara, sa femme, va donner naissance à un fils.

Lorsque la veuve de Sarepta offre un repas

Et un abri à Elie au jour de la famine,

Celui-ci se révèle être un homme de Dieu

Qui multiplie l’huile et la farine

Et qui relève son fils d’entre les morts.

Lorsque les deux pèlerins d’Emmaüs invitent l’étranger,

Qui les a rejoints sur leur route,

À rester avec eux pour la nuit,

Il se laisse reconnaitre comme Seigneur et Sauveur

Dans la fraction du pain.

Dans chacun de ces exemples

La distinction entre hôte et invité est bouleversée.

C’est l’invité qui offre, c’est l’hôte qui reçoit.

 

Je vous invite à la prière :

Comme Abraham, la veuve ou les pèlerins

Nous accueillons ta présence.

A Mamré, tu as été ange,

Tu as annoncé la naissance là où il n’y avait plus d’espérance.

A Sarepta, tu as été vie,

Tu as multiplié l’huile et la faine là où sévissait la famine.

A Emmaüs, tu étais le ressuscité,

Tu as rendu la vue quand la foi avait disparu.

Aujourd'hui, dans ce temple, qui vas-tu être ?

Seras-tu parole de vie ?

Seras-tu parole de grâce ?

Seras-tu parole de pardon ?

Seras-tu parole d’espérance ?

Nous t’attendons, Seigneur,

Nous t’accueillons.

Viens ![1] Amen.

 

1 / arc 214 « Seigneur, nous arrivons » les 3 strophes

 

LOUANGE

 

Louons Dieu.

Le jour s’est levé…

Seigneur,

Magnifiques Tes œuvres sur toute la Terre,

Magnifique Ton nom dans tous les temps,

Magnifique Ta grâce en tout lieu…

Bénis sois-Tu !

Vivante Ta lumière, signe de Ta résurrection,

Vivante Ta parole, répétition de Ton amour,

Vivante Ton alliance, élan d’espérance…

Bénis sois-Tu !

Généreuse Ta manne, nourriture quotidienne,

Généreux Ton pardon, signe de Ta fidélité,

Généreuse ta paix, secours dans nos drames…

Béni sois-Tu ![2].

 

2 ) arc 247 « célébrons le Seigneur » les 3 strophes

 

VOLONTE DE DIEU

 

Écoutons le projet que Dieu a fait et qu’Il nous invite à partager :

Avec l’aide de l’Esprit qui donne aux mots leur vie,

Avec l’aide de l’Esprit qui libère de la lettre,

Avec l’aide de l’Esprit qui fait passer de l’exhortation aux actes,

Avec l’aide de l’Esprit qui transcende nos gestes en paraboles vivantes.

SERVIR !

Nos prochains en les rencontrant,

Celles et ceux que Dieu place sur notre route,

En leur tendant la main,

En leur accordant notre écoute,

En partageant notre vie avec leur vie,

En osant la parole et le geste de soutien…

SERVIR !

Et reconnaitre là l’humble mission confiée,

Et assumer là le témoignage nécessaire,

Et discerner là les signes du Royaume…

SERVIR !

En chantant la louange du Seigneur,

En proclamant Son nom

Du levant au couchant,

Et voir ce qui est faiblesse debout,

Et voir ce qui est pauvreté se relever,

Et voir ce qui est stérile entouré de vie,

SERVIR !

Servez le Seigneur vous Ses fidèles,

Chantez Sa louange,

Dès maintenant et pour toujours ![3]

 

3 ) Spontané formule 3 arc 318 « toi qui es lumière »

 

 

 

 

PRIERE DE REPENTANCE

 

Nous nous présentons devant Dieu,

Pécheurs à la recherche de son pardon et de sa grâce.

 

Père,

Tu es mon espérance, mon espoir dans la vie.

Quand je regarde en arrière,

Quand je fais le compte de mes jours,

Je mesure à quel point

Tu es important pour moi.

Tu as toujours été là,

Dans les moments difficiles

Comme dans les moments de joie.

Père,

Quand je fais le compte de mes jours,

Je réalise à quel point

Je suis tenté de chercher ailleurs qu’en toi

Le source de mon espoir.

Il est si tentant de se fier dans les projets de ce monde,

Dans les rêves de réussite,

Dans l’affection de mes proches.

Père, je sais que dans l’avenir

Je traverserai encore de nombreuses épreuves.

Je te supplie alors

D’être le Seigneur en qui j’espère.

Même si je suis tenté de lâcher ta main ;

Je t’en prie ne lâche pas la mienne.[4]

 

3 ) Spontané formule 3 arc 526 « Jésus  est au milieu de nous »

 

 

 

 

DECLARATION DU PARDON

 

Dans la reconnaissance et la paix de notre cœur, écoutons les paroles de grâce et de pardon de la part du Seigneur :

 

Aujourd'hui Dieu entend ta prière,

Il connait ton désir,

Il voit ta repentance.

 

Aujourd'hui Dieu n’est pas avare de sa miséricorde,

Il la donne à tous ceux qui se tournent vers lui.

 

Aujourd'hui, Dieu fait grâce,

Il te renouvelle son amitié,

Il prend ta main dans la sienne,

Il t’offre son pardon.[5]

 

5 ) Spontané formule 3 arc 405 « toi qui m’appelles »

 

PRIERE D’INVOCATION

 

Freud raconte une histoire :

« Un enfant a peur du noir.

Il s’adresse à sa tante qui est dans la pièce d’à-côté :

-Parle-moi, car j’ai peur.

La tante répond :

A quoi cela te servirait-il, puisque tu ne me vois pas ?

Alors l’enfant dit :

Il fait plus clair lorsque quelqu’un parle ».

 

Je vous invite à la prière :

 

Seigneur, notre monde est dans la nuit.

La nuit de la violence, de la guerre, de l’injustice.

La nuit de la faim et du froid.

La nuit de la peur et de la solitude.

Notre monde ressemble trop souvent

À une nuit glaciale et silencieuse.

Parle Seigneur, pour que brille ta lumière.

Que ta Parole habite nos silences !

Que ta lumière éclaire nos ténèbres !

Que ta paix triomphe de nos errances !

Que ta justice renouvelle notre terre !

Amen ![6]

 

Lectures :

 

Luc 16, 1 – 13

 

« mais c’est le monde à l’envers ! »

pas de chant entre lecture et prédication

 

PREDICATION

 

[1] Antoine Nouis La galette et la cruche t. 1 p. 23 – 25

[2] Olivier Filhol

[3] Olivier Filhol

[4]Pierre Yves Zwahlen prières pour les jours d’hiver p.20

[5] Antoine Nouis La galette et la cruche tome 2 p. 82

[6] Antoine Nouis La galette et la cruche tome 2 p. 138

APRES LA PREDICATION

 

 

Pause musicale : Faure Requiem « in paradisum »

 

7 ) arc 534 « Seigneur fais de nous » les strophes 1, 2, 5 et 6

 

 

CONFESSION DE FOI

 

Nous confessons notre foi :

 

Dieu est amour.

Par amour Dieu, notre Père, a créé le monde.

Son fils, Jésus Christ, est mort, est ressuscité

Pour que l’amour naisse au cœur de tous les hommes.

Son esprit nous rend responsables et libres pour vivre de cet Amour.

Nous croyons que Dieu nous appelle aujourd'hui comme chaque jour

À répondre à son amour :

Dans l'Église, comme artisans de vérité et de pardon ;

Parmi nos contemporains,

Comme artisans de justice et de paix ;

Dans son Royaume qui vient, où l’Amour éclaire toute chose.

Dieu est amour.

C’est ce que nous croyons.

Amen.[1]

 

8 ) Spontané formule 3 arc 822 « louange à Dieu »

 

ANNONCES / OFFRANDE

 

 

 

 

 

 

 

 

PRIERE D’INTERCESSION

 

Unissons-nous dans la prière d’intercession avec l’ACAT :

 

Seigneur, toi qui es notre Dieu et notre Père,

          en Jésus-Christ tu es venu habiter notre terre.

 

Dans l’Evangile, nous lisons que

tu as guéri le paralysé qui était porté par quatre amis ;

          nous te prions pour ceux qui sont malades et alités,

          ceux qui ont peur de l’avenir, dont l’espérance est blessée.

 

Tu as touché le lépreux qui criait son exclusion ;

          nous te prions pour ceux qui se sentent abandonnés,

          qui ont le sentiment qu’il n’y a pas de place pour eux

                  dans notre société.

 

Tu es allée à la rencontre de Marthe et de Marie dans leur deuil :

          nous te prions pour ceux qui ont perdu un être aimé,

          qui se battent contre le vertige du silence et de l’absence.

 

Tu as parlé à la veuve de Naïn qui avait perdu son fils unique ;

          nous te prions pour ceux qui sont seuls,

          qui n’ont personne avec qui partager leurs joies, leurs peines,

                  leurs rires et leurs questions.

 

Tu as été adopté par Joseph,

tu as donné du souci à tes parents,

tu as confié Marie à ton disciple ;

          nous te prions pour les familles,

          qu’elles soient des espaces de parole et de vie,

          des refuges où chacun se découvre inconditionnellement aimé.

 

Tu as lavé les pieds des disciples rassemblés pour ton dernier repas ;

          nous te prions pour ceux qui se mettent au service des autres,

          qui ont le courage de s’agenouiller devant le prochain.

 

Tu as multiplié les pains pour la foule venue t’écouter ;

          nous te prions pour ceux qui luttent contre la faim,

          qui réparent, qui soignent et qui tendent la main.

 

Tu as pardonné aux soldats qui te crucifiaient ;

          nous te prions pour ceux qui œuvrent pour la réconciliation ;

          qui lancent des passerelles et qui osent le pardon.

 

Tu as dit à tes apôtres que c’est à l’amour

qu’ils auront les uns pour les autres

qu’ils seront reconnus comme disciples ;

          nous te prions pour ton Eglise

          et pour tous ceux qui te suivent,

          que l’amour soit la motivation de toutes nos actions.[2]

 

Nous te prions maintenant comme ton Fils nous l’a enseigné ;

Notre Père qui es aux cieux,

Que ton nom soit sanctifié,

Que ton règne vienne,

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous, aujourd’hui, notre pain de ce jour ;

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,

Ne nous laisse pas entrer en tentation,

Mais délivre-nous du mal,

Car c’est à toi qu’appartiennent

Le règne, la puissance et la gloire

Pour les siècles des siècles. Amen.

 

-ENVOI

 

Notre cheminement est toujours porté par une promesse :

La rencontre avec Dieu, qui donne sens à nos vies.

 

Cette rencontre se fait

Dans le tissage de paroles humaines

Qui disent un peu qui est Dieu ;

Dans tous les visages d’hommes et de femmes

En qui nous reconnaissons un frère et une sœur en Christ ;

Dans tous les mots de la Bible

Qui disent l’amour de Dieu pour notre monde.

 

Allons, remettons-nous en route sur les chemins de nos vies.

 

BENEDICTION

 

Au Moyen-âge, un prêtre nommé Patrick a arpenté l’Irlande

Pour évangéliser ses habitants. Il affirmait : 

« 

J’avance sur ma route avec la force de Dieu pour appui,

La puissance de Dieu pour me protéger,

La sagesse de Dieu pour me guider »

 

Qu’aujourd'hui et demain l’Evangile soit votre bâton de pèlerin,

Que l’amour de Dieu soit le manteau qui vous réchauffe.

Que sa Parole soit l’étoile qui vous guide.

Que l’amour du prochain soit la force qui vous meut.

Et que la grâce de Dieu vous garde sur votre chemin »[3]

 

9) ne rentrez pas chez vous comme avant

 

 

[1] Liturgie bleue p. 296

[2] Liturgie bleue p.391

[3] Nicolas Baud « au commencement » page 92

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dimanche 25 septembre 2022 : Luc 16,1-13 "mais c'est le monde à l'envers !!!"

24 Septembre 2022, 20:08pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

NARBONNE 25 SEPTEMBRE 2022

 

LUC  16, 1 – 13

 

 «mais c’est le monde à l’envers !!!»

 

Introduction : « faites vous des amis avec des richesses injustes »… en voilà un conseil curieux, je dirais même déconcertant. Jésus raconte qu’un homme avait la sulfureuse réputation d’être un voleur invétéré, et quand il est démasqué et mis au pied du mur, il se la joue grand Seigneur en faisant des prodigalités avec les biens de son patron. Et Jésus le donne en exemple ! C’est le monde à l’envers !

C’est oublier pourquoi Jésus parle en paraboles. Le professeur Elian Cuvillier fait ce commentaire, je cite : « En partant d’un univers commun et connu de tous, elles ont la capacité d’ouvrir à une nouvelle compréhension possible de la réalité, laquelle suppose un nouveau regard sur soi même rendu possible par l’irruption d’une parole extérieure à la logique de ce monde. (…) Cette nouvelle compréhension résonne à la fois comme remise en question de la réalité sociale des auditeurs mais aussi comme une ouverture possible dans un monde verrouillé »[1]. (fin de citation)[2]

Nous commencerons par une remarque de vocabulaire. Puis poserons l’histoire dans son contexte historique pour l’aborder confortablement. Et nous tenterons, pour terminer, de dérouler le fil de cette pelote bizarrement ficelée pour profiter, nous aussi, de son enseignement.

 

) vocabulaire et contexte :

- il est d’abord utile, me semble-til, de nous pencher sur un même mot traduit de façons quasiment diamétralement opposées dans nos diverses traductions : c’est le mot grec : « phronimos », l’adjectif associé au mot « gérant » (ou intendant). Parfois traduit par : « infidèle », ce qui, évidemment semble une vérité de La Palisse dans cette histoire de malversation. Cependant, dans la mesure où nous le retrouvons dans la péricope sur l’homme qui construit sa maison sur le roc et qui est « phronimos », il me semble qu’il serait plus proche du grec de traduire par « avisé », « sage », « prévoyant »…

Seulement que faire de cet escroc que son maitre, parfaitement au courant des habitudes véreuses de son employé, qualifie de «phronimos »? Comment pourrait-il être sage ou avisé ?

 

2 ) le monde où vivait Jésus  : dans le monde où vivait Jésus[3] (mais nous pourrions dire que c’est dans tous les mondes, et même dans le nôtre), faire des affaires c’était gagner le plus d’argent ou de biens possibles avec une mise de départ minimum. La classe riche avait à sa botte une légion d’administrateurs qui géraient au mieux les biens de leurs maitres et, au passage, par le biais de grassouillets prélèvements, complémentaires au prix fixé par le maitre, s’enrichissaient aussi. Il faut dire qu’ils n’étaient pas salariés et se rémunéraient en fonction de leurs propres critères sur le dos des partenaires de leur patron. La pratique était courante dans de nombreux autres domaines que le commerce : la mauvaise réputation des percepteurs d’impôt, de Zachée par exemple, prenait sa source dans les suppléments à l’impôt fixé par les romains, suppléments qu’il s’octroyait copieusement.

Le gérant de notre parabole n’est donc pas une exception, loin de là, sauf qu’il ne se contentait pas de siffler des bakchich aux partenaires de son maitre, il piochait aussi sans complexe dans la caisse si l’on peut l’exprimer ainsi. Il se gavait des deux côtés sans aucun scrupule.

Mais le voilà pris la main dans le sac du patron et ce dernier décide de le renvoyer, en lui laissant, c’est assez étonnant, une espèce de préavis dont le gérant «phronimos », je veux dire, avisé, va profiter avec habileté : il rogne sur les dus des débiteurs : « 100 tonneaux d’huile fondent pour devenir 50, 100 sacs de grains deviennent 80… » « Ouf, ouf » doivent penser intérieurement les débiteurs. Ils n’y comprennent rien mais c’est bon à prendre, alors… et puis, si un jour s’ils peuvent lui c’est faire un retour d’ascenseur… (je sais, y en avait pas à l’époque, mais l’idée c’est une espèce d’effet boomerang de cette générosité prodigue et inattendue. Et voilà que le maitre, apprenant ce qu’il fait, le félicite !  Peu importe que le gérant ait rogné sur ses propres marges ou agrandit le trou dans la caisse du patron. C’est quoi ce binz ?

L’essentiel, pour moi, c’est que cette histoire se trouve dans la bouche de Jésus et que c’est à ses disciples, exclusivement, qu’il la raconte. Quelle leçon veut-il donc leur apprendre ?

 

3 ) c’est quoi ce binz ?: Certes l’argent, dans notre monde, obéit à des lois économiques, telle que la loi de l’offre et de la demande, les lois du sacro-saint Marché qui sont autant d’obligations incontournables si l’on veut gagner gros, thésauriser, économiser, rentrer dans nos fonds avec un beau bénéfice, bref, s’ en mettre plein les poches.

Mais l’Évangile est tout sauf raisonnable : « il nous rappelle que l’Argent devient vite un dieu si on se laisse envahir en lui donnant trop d’importance, si l’on croit qu’il faut vivre uniquement en fonction du réalisme qu’il impose.

Jésus enseigne que l’argent devient vite un maitre impitoyable [qui peut entrainer notre perte. C’est la pente sur laquelle a glissé de plus en plus loin le gérant.] Jésus, lui, nous invite à utiliser l’argent non comme une idole mais comme un outil, un moyen par lequel nous pouvons nous faire des amis. Ce n’est pas conforme à la loi de Mammon, qui exige la rentabilité à outrance et le profit maximum, qui exalte l’égoïsme et l’intérêt personnel.

Lui nous encourage à faire un usage subversif de l’argent (…) où la solidarité, la réduction des dettes, le pardon sont pratiqués comme des actes libérateurs et vécus en fonction de la grâce. Ce type de relations subversives [aux yeux de nos contemporains], nous introduit dans un monde riche d’avenir où nous sommes accueillis dans des demeures éternelles[4]. »

Là, nous sommes en plein déplacement dans notre accueil des paroles de Jésus. Nous allons parler de richesses différentes pour lesquelles l’enseignement de Jésus est tout aussi applicable. Les richesses injustes, deviennent alors celles que le Seigneur, notre Maitre, nous confie : sa grâce, son pardon, son amour, richesses dont nous bénéficions sans avoir rien fait pour les recevoir. Nous pourrions les garder pour nous, même nous en gaver, en faire des provisions personnelles, thésauriser pour le dire avec un vocabulaire mammonique… Leur mauvais usage, ce serait d’en profiter un max : « puisque nous sommes pardonnés, de toute façon, profitons, profitons… » sans rien en distribuer. Dieu nous a aimés le premier et alors que nous étions encore pécheur, Christ est mort pour nous. Richesses non méritées, non gagnées, et souvent même pas demandées. Dans cette perspective, les « richesses injustes » pourraient être les grâces que nous ne méritons pas.

Un pasteur écrit : « Chacun peut dire les chances qu’il a dans sa vie et que tous n’ont pas. Qu’en faire ? Uniquement en profiter est un peu juste, plus intelligemment, on peut se faire des amis c'est-à-dire convertir ces chances en qualité de relations, en amour. (…) Le serviteur était un gredin, mais il a eu la qualité de comprendre que la seule vraie richesse qui dure, et qui peut nous soutenir dans les difficultés, c’est l’amitié, la relation[5]. »

Et dire que Jésus porte sur nous le même regard que sur ce gredin de gérant. Il « cherche ce qu’il y a de positif dans l’attitude du gérant, aussi honteuse soit elle. « Cela ne transforme pas une injustice en quelque chose à imiter, mais cela donne la capacité de regarder la vie, toute la vie en face, avec une juste compréhension entre le pire et le meilleur et du lien qu’il y a entre les deux. Car le pire et le meilleur, le Bien et le Mal sont reliés entre eux point par point, et ils sont appelés à se rencontrer et le bien est appelé à remplacer le mal [6]».

 

Conclusion : En conclusion, après avoir entendu comment l’argent peut devenir un partenaire efficace qui nous ouvre à autrui et cesser d’être une idole qui nous enferme sur notre propre égo, comment aussi les richesses injuste, telles que la grâce et le pardon, dont nous sommes les bénéficiaires peuvent élargir notre humanité, écoutons l’histoire que raconte Antoine Nouis.

« Dans le sermon sur la montagne, Jésus disait : ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les vers et la rouille détruisent et où les voleurs fracturent pour voler. Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, là où ni vers ni rouilles ne détruisent et où les voleurs ne fracturent ni ne volent ».

L’histoire suivant est un commentaire de cet aphorisme.

Un roi avait pris comme ministre des finances un juif. Comme celui-ci connaissait une grande réussite dans le travail, il était jalousé et des propos antisémites circulaient à son sujet. Des conseillers sont allés voir le roi pour lui raconter que le ministre s’enrichissait avec l’argent du Royaume.

Le roi a demandé à son ministre de lui faire le compte de sa fortune personnelle. Trois jours plus tard, le ministre se présente devant le roi et lui indique une somme pas très élevée.

Le roi lui dit : « Tu te moques de moi, ta maison à elle seule vaut plus que l’argent que tu annonces, et je sais que tu as d’autres biens. » Le ministre répond : « La somme que je t’ai indiquée représente tout ce que j’ai donné aux œuvres, pour la charité et la justice, depuis que je suis ministre, car cela seul m’appartient. Tous mes autres biens, tu peux me les confisquer demain et je ne les aurai plus, mais personne ne peut me prendre ce que j’ai déjà donné. Ce sont là mes seules vraies richesses ».

Amen !

 

 

 

 

[1] Elian Cuvillier Les fausses évidences des paraboles de Jésus

[2] Par ailleurs, nous pourrions invoquer pour justifier la place de la parabole dans l’Évangile  de Luc, ce que les théologiens appellent : l’argument d’embaras » :

lorsqu’un passage est maintenu alors qu’il pose problème, à cause d’un risque d’interprétation préjudiciable, c’est un critère favorable à une authenticité ancienne, même si la parabole d’origine, en supposant qu’elle ait été racontée par Jésus, ait pu se trouver modifiée.[2]

 

[3] Collectif Le monde où vivait Jésus » éditions du Cerf

[4] Lire et dire

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dimanche 11 septembre : exode 32, 7 - 14

15 Septembre 2022, 08:58am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Narbonne 11 septembre 22

Exode 32, 7-14

 

Pasteur Philippe Perrenoud

 

 

        Cette histoire de Moïse peut paraître lointaine, et pourtant si proche…

        L’histoire d’un groupe de gens dans des contrées lointaines il y a si longtemps, en route pour un projet de libération, et de liberté ; mais vite remplis de peurs et dans l’oubli de ce qui les mis en route, parce que des solutions de facilités viennent vite remplir le vide apparent, rassurer à bon compte…

        De cette peur et de cet oubli d’un côté (le peuple), naissent alors de l’autre côté (chez le Seigneur, puis Moïse) : le désespoir, et la colère, des sentiments épidermiques qui amènent à la tentation de la violence… comment y résister ? Et comment résister aussi à ce qui n’est pas acceptable, ne pas tout accepter par fausse bonté ?

        Difficiles questions, auxquelles il n’existe pas de réponses toutes faites. Comme dans toute relation, une solution toute faite est justement si souvent une fausse solution…

 

C’est justement ce qui se passe dans ce récit : les gens ne voient plus Moïse, ils ne sont donc pas rassurés ; et par peur du vide, juste avant les versets que ns venons d'écouter, ils créent quelque chose de palpable qui les guiderait… le fameux veau d'or.

 

        Cela pourrait sembler bien… guidé par Aaron le peuple suit, travaille ensemble ; ils semblent tous d’accord… avec des chants et des cris de joies, pour un projet, avec un travail artistique, des sacrifices de paix (nous dit le texte lui-même), des réjouissances (religieuses de surcroît) du peuple… Quoi de plus beau ?... Je vous conseillerais le détour…

        Que les apparences peuvent être trompeuses… Puisque pendant ce temps Moïse dialogue avec le Seigneur.

        Premier constat, donc : sous de belles apparences peuvent se cacher des choses bien trompeuses… Si nous devions choisir entre l’austérité de la rencontre au sommet : un seul homme, qu’on ne voit pas, et la réjouissance populaire, où irions-nous, que serions-nous tenté de rejoindre ? Et pourtant : des situations injustes, vecteurs de nouvelle servitudes peuvent se cacher ainsi ; et donc des germes de réactions violentes…

        Ainsi, après une libération, acquise après tant de difficultés, voir le peuple se laisser prendre par un nouveau totalitarisme, idolâtre : il y a de quoi avoir un coup de sang…

        Car dès que Moïse s’absente trop longtemps, le peuple comme pris de panique réclame de nouveaux dieux… A peine libéré, il veut célébrer le présent avec des dieux du passé, et faire comme les autres. Il s’est fait un veau d’or, comme les taureaux de l’ancienne Égypte, symbole de force et de fécondité.

        Ne sommes pas ainsi, aussi… parfois… ? Notre monde actuel ne se berce-t-il pas trop souvent d’illusions (dangereuses) en cherchant des solutions de confort ou de sécurité à court terme, rassurantes, mais au prix de la Justice et de la liberté, seules conditions d’une paix véritable, et donc d’une vie durable…

        Le peuple d’Israël, en route vers la terre promise, pourtant bientôt entouré de réels dangers extérieurs laisse donc le plus grand danger venir : la perte des valeurs qu’il a reçu et qui lui ont permis de venir jusque là. Il cherche une sécurité illusoire dans les idoles du passé, dont les valeurs rassurantes sont l’or et la puissance.

Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob assiste au spectacle. Monte alors en lui la colère ; et il s’adresse à son serviteur Moïse. Tant de chemin aurait été parcouru pour en arriver là ?

        Moïse semble bien seul ; doublement seul : à la fois en tant que « porte-parole » de la justice de Dieu, et que simple humain, membre malgré tout de ce peuple… Il est alors un trait d’union entre 2 mondes, médiateur : un vrai « religieux », comme une origine du mot religion : « relier » !

        Pris par sa colère, le Seigneur dit à Moïse : ton peuple … Un peu comme quand, dans une dispute, un des parents dit à l’autre « tu as vu ton enfant !»… alors que c’est aussi… le sien… Il semble oublier que c’est aussi le sien…

        Ce détail ne semble pas échapper à Moïse. Mais il ne réagit pas comme nous le ferions facilement, en renvoyant simplement la balle ; par exemple « mais c’est aussi le tien ! C’est toi qui… etc… ». Bref répondre à un reproche par un autre reproche : c’est le début du cycle de la violence… avec un de ses ressorts principaux : on se met/on croit se mettre en dehors du coup.

        Ici, Moïse ne se met pas en dehors du coup ; bien plus : il se solidarise avec le peuple… Chapeau Moïse ! Tu es un vrai prophète : c'est-à-dire, comme le signifie ce mot : « mettre devant ». Bien plus, il est même ici un prophète pour le Seigneur lui-même !... Non seulement médiateur, mais il se permet même de mettre le Seigneur devant ce qu’il est… Il fait miroir.

        Le problème n’est pas seulement à cause de l’autre, dans ce cas et comme si souvent ailleurs… ça peut être aussi mes propres valeurs : ce que j’oublie, ce qui me constitue et que je ne mets pas en œuvre… La menace la plus sournoise n’est pas toujours l’autre, mais souvent en soi-même… dans nos valeurs, nos relations, notre foi… ce qui fait notre foi… et dont j'oublie la vrai force...

        Ce n’est pas parce que les hommes cèdent déjà/vite à la tentation de la facilité, à la tentation du pouvoir, à la facilité du pouvoir, que Dieu devrait faire de même… Moïse lui répond sur le terrain de la Justice, seule solution durable. A la tentation de la violence pour se soulager, Moïse propose (au nom de la promesse du Seigneur lui-même…) une autre solution !

        Pas besoin de revenir longtemps sur l’actualité : il y a suffisamment de situations auxquelles nous pouvons penser… en particulier en ce 11 septembre, et ses suites...

        Aucune violence aveugle ne peut se réclamer de Dieu ; aucune vengeance ni rejets non plus...

        Vient alors, plutôt que des réactions primaires (primaires, mais que nous avons tous…), vient alors le regard sur soi-même, la réflexion, la prise de recul. Ouf !

        Moïse ouvre en effet, à nouveau, un chemin. Il parle, dialogue, plaide la cause de son peuple. Il ne justifie en rien la faute : il en appelle simplement à la vie. Il ne s’appuie pas sur les mérites qui pourraient rester dans ce peuple. Moïse s’appuie uniquement sur le Seigneur lui-même, sur sa fidélité, sur ce qu’il est lui-même.

        Et il faut croire que c’est possible, puisque du haut de sa montagne, le Seigneur change d’avis : il renonce à la violence.

        Formidable présentation de Dieu : il est aussi celui qui sait changer d’avis ; il n’est vraiment pas une statue… encore moins une règle… mais un Sauveur !

        Dans le dialogue, il apporte l’essentiel : l’accomplissement de l’Alliance.

        Il est toujours surprenant (et agréable !) de découvrir ce Dieu qui sait changer ! Il est déjà ici plus … humain. Mais vraiment étrange, non ?

        Comme il le sera jusqu’au bout, en Jésus-Christ, vraiment Dieu et vraiment homme !

        Même lorsque nous trouvons autour de nous guère de raisons d’espérer (n’entendons-nous pas si souvent : tout va mal, tous des pourris), même si c’était vrai, si tranché, il y a des raisons d’espérer qui nous dépassent… que nous ne pouvons peut-être pas toujours percevoir, mais qui peuvent jalonner nos routes de façons fidèles.

 

        Moïse, lui, va pourtant ensuite céder à la colère ! Juste à la suite de cela, il va même briser les tables de la Loi. Il dit à son petit groupe, en descendant : Ainsi parle le Seigneur, que chacun de vous prenne son épée (…) et tuez vos frères, vos amis, vos voisins !

Où pouvons-nous lire que Dieu ait dit cela ?

Non, bien au contraire !

Il va faire ce qu’il avait obtenu que Dieu ne fasse pas !...

        Ce qui peut aussi dire que le Mal dans ce monde est si souvent à cause des hommes eux-mêmes ; y compris quand ils se réclament de Dieu ; ce Mal n’est pas voulu par ce Seigneur qui y a renoncé. Formidable espérance donc : le Mal est en nous (pour reprendre le refrain d’un film), pas au dessus de nous…

        Moïse va, lui aussi, subir les conséquences de cet acte ; il n’entrera pas non plus en terre promise. Il ne rejette pas la faute… pour se croiser les bras… Il continue de travailler à une issue.

Et nous le pouvons aussi !

Car même, et surtout, dans ces errances la Grâce nous accompagne

 

Amen !

 

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Dimanche 9 septembre 2022 : Philémon, 9- 17 ; Luc 14, 25-33

5 Septembre 2022, 14:31pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Culte à Narbonne le 4 septembre 2022.

 

Prédicateur : André Bonnery

Lectures : Philémon, 9- 17 ;  Luc 14, 25-33

Chants : F 1 -  247, Célébrons Dieu ; 427 Tu me veux ; 616 Confie à Dieu.

Prédication

L’Evangile  de Luc est construit de manière synthétique en trois grandes étapes qui pourraient se dérouler en une année : la prédication en Galilée ;  la montée vers Jérusalem ; la réalisation du salut à Jérusalem.

Le passage de Luc que nous venons de lire est  extrait du long récit de la marche de Jésus vers Jérusalem qui le conduit à la Passion. Il ne faut pas oublier ce contexte pour comprendre les versets que nous commentons.

« De grandes foules faisaient routes avec Jésus ; il se retourna et leur dit » Cette seule phrase qui introduit le récit nous indique qu’on n’est pas dans une narration historique mais dans une sorte de mise en scène d’un enseignement de Maître à ses disciples. Des foules suivent, comme le troupeau suit le berger. Tout à coup celui-ci se retourne et délivre son message. Rien de réaliste dans cette marche, l’important c’est le message délivré et peu importe si ce n’est pas dans le contexte décrit, mais il faut avouer que la mise en scène est efficace. Jésus s’adresse à ceux qui le suivent ou voudront  le suivre : dans le temps présent, ses disciples et ses apôtres ; dans les siècles à venir, tous ceux qui ont été, sont ou seront attirés par l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’enseignement délivré aujourd’hui se décompose en trois temps.

1-Suivre Jésus exige un amour inconditionnel.

2-Le suivre est un engagement difficile.

3-C’est aussi un engagement personnel qui nécessite réflexion.

 

1-Suivre Jésus exige un amour inconditionnel

Ils se trompent ceux qui voient dans l’Evangile  un livre destiné aux gens doux et résignés avec des conseils prônant l’amour universel et  la non violence, donnés par un Jésus pacifique et toujours bienveillant. Cette image rose bonbon vient-elle de la manière dont on nous a présenté Noël ?

« A qu’il est doux qu’il est charmant, que ses grâces sont parfaites. »

C’est oublier que naître dans une étable, pendant un voyage, parce qu’on ne trouve pas à se loger ailleurs, c’est une situation d’une grande violence. Et que dire de la fin ? La torture et la mort, cloué sur une croix, l’instrument de supplice le plus barbare du monde antique, réservé aux esclaves et aux grands bandits !

L’amour universel prêché par Jésus, sans conditions et sans frontières, ce n’est pas un bon sentiment facile et tranquille. C’est une révolution.

C’est pourquoi, lorsque Jésus conseille ceux qui veulent le suivre, le conseil qu’il donne est sans concession : Il exige un renoncement total à ses liens affectifs et un attachement sans limites à sa personne. « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » Et encore, la traduction française « sans me préférer », édulcore le verbe employé par Jésus en araméen et qui n’est d’ailleurs pas édulcoré par le grec, il signifie littéralement détester « misei ». Il faudrait traduire ainsi : « celui qui vient à moi sans détester son père, sa mère, sa femme, ses enfants…et même sa propre vie. » Le terme  est violent, choquant. Il nous fait penser à d’autres paroles radicales : « si ta main te scandalise, coupe-la et si ton œil te scandalise, arrache-le » ; ou « il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille. » Et au jeune homme riche :  « Vends tout ce que tu as et suis-moi

Il est évident que Jésus n’a jamais voulu dire qu’il faut négliger l’amour et le respect pour ses parents, pour sa femme ou ses enfants et même l’amour universel. Il connaissait parfaitement le cinquième des dix commandements « Honore ton père et ta mère (Ex. 20, 12) et Le Lévitique 19, 18 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Il connaissait la Loi, il a rappelé qu’il n’était pas venu pour l’abolir au contraire il a toujours cherché à l’accomplir. Il a même insisté sur cette exigence fondamentale de l’amour de Dieu et du prochain.

 Si Jésus prononce parfois des paroles radicales, c’est pour rappeler que Dieu est le tout autre, il est le Bien absolu, à rechercher impérativement. « Là où est votre trésor, là aussi est votre cœur » (Luc 12, 34). Par conséquent, si l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour fraternel sont « sacrés », l’amour de Dieu qui les traverse tous, les éclaire et les surpasse tous. Si, d’aventure les liens familiaux les plus vitaux s’y opposaient, ils doivent céder. Dans cette même optique, lorsque Jésus demande de « haïr sa propre vie », cela signifie qu’il faut accepter de réviser ses choix, ses propres valeurs à la lumière de ce que Dieu attend de nous.

Mais, à y regarder de plus près, avec ces conseils radicaux Jésus nous invite à reconnaître que nous sommes incapables de le suivre totalement, tout comme nous sommes incapables d’aimer totalement, de supporter parfaitement et tout le temps les autres, fussent-ils nos parents, notre conjoint, nos enfants, sans parler du voisin, d’un ami et d’un inconnu. De là à l’aimer, Lui, plus que tout… ! Jésus nous invite à reconnaître notre faiblesse, à remettra en question notre prétention à aimer parfaitement. Il n’empêche que l’exigence demeure, comme un appel à un dépassement,  et l’on ne peut se dépasser que si on reconnait ses limites. Rien de pire que de se croire parfait.

 

2- Suivre Jésus est un engagement difficile.

« Celui qui ne porte pas sa croix et ne s’engage pas à ma suite, ne peut pas être mon disciple. » Encore une déclaration sans concession ! Naturellement, il ne s’agit pas d’une invitation à subir la crucifixion, pas plus que coupe ta main ou je ne sais quoi n’est une invitation à se mutiler. Certains, rares heureusement, ont pris l’invitation au pied de la lettre ; naturellement ils se sont trompés sur la signification véritable de ces mots.

Il s’agit uniquement d’un avertissement : suivre Jésus, cela a un prix, on ne s’engage pas à la légère, il faut accepter d’en subir les conséquences. L’image de la crucifixion prenait tout son sens lorsque Jésus parlait. Il n’était pas rare, à l’époque, de voir des condamnés à  ce supplice horrible de la croix. D’ailleurs Jésus prononce ces mots alors qu’il s’avance vers Jérusalem où sa carrière de prédicateur va finir sur le Golgotha. Il avait certainement alors la préscience que plusieurs de ses disciples qui le suivraient subiraient eux aussi le martyre à cause de son nom et il les mettait en garde. L’heure n’était pas à discuter pour savoir qui serait le premier dans son royaume mais de savoir jusqu’où irait la fidélité au Maître.

Il y a peu de chances que nous soyons confrontés à un tel choix aujourd’hui, encore que le seul fait d’être chrétien dans certains pays peut conduire à la mort, dans une église par exemple, si l’on est copte, en assistait au culte. Il peut aussi conduire à l’emprisonnement si l’on a un peu plus de « chance » comme Asia Bibi,  ou à de pénibles  vexations qui vont de l’insulte à la perte de son travail et jusqu’à  la discrimination sociale. Il  y a encore de vrais martyrs chrétiens, dans certains pays et le plus fort c’est que ce sont ceux qui donnent la mort que l’on appelle « martyrs » dans ces mêmes pays. Quelle perversion !

Si ces formes extrêmes de menaces ne nous concerneront sans doute jamais, il n’en reste pas moins que le fait de suivre Jésus peut nous pousser à des choix douloureux ou à des renoncements, si l’on veut être fidèle à son message. Pourtant Jésus nous invite à le suivre de bon cœur, sans rechigner, sans geindre ; le suivre, lui qui est passé devant, pour nous indiquer le chemin.

 

 3-Un engagement personnel qui mérite réflexion.

Comme il le fait couramment lorsqu’il délivre un enseignement, Jésus délivre une parabole. Il ne s’adresse pas à des intellectuels mais à des gens simples en citant deux exemples tirés de l’expérience, dont les intellectuels peuvent aussi faire utilement leur profit : S’engager à la suite du Christ mérite réflexion.

« Lequel d’entre vous lorsqu’il veut bâtir un tour ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? »

« Ou quel roi, lorsqu’il part en guerre ne commence par s’asseoir pour considérer s’il est capable, avec dix mille hommes celui qui marche contre lui avec vingt mille ?»

Certes, vous n’aurez certainement pas à bâtir une tour, aujourd’hui on construit plutôt une villa ; ni à partir en guerre, ne serait-ce que parce que vous n’êtes pas un chef d’Etat autocrate (il y en a encore), mais on peut transposer facilement ces paraboles. On est invité à ne pas s’engager tête baissée, dans une entreprise, mais à s’asseoir et à réfléchir d’abord. S’engager derrière Jésus, compte tenu de la difficulté et du sérieux de ce qu’il nous propose nécessite une réflexion.

Vous me direz, ça fait un moment que je suis chrétien, que je me suis engagé. Oui, certes, mais cela ne vaut-il pas la peine de s’arrêter un peu et de réfléchir pourquoi je me dis chrétien, plutôt que de poursuivre sans me poser de questions, tout simplement parce que je suis dans une tradition et que je la respecte ?

« Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut-être mon disciple. » Encore une déclaration outrancière ? Non, un simple rappel de bon sens : je ne ferai pas mon bonheur, avec ces biens matériels auxquels je tiens, mon savoir, mes relations. Tout cela peut m’être utile un moment mais ne garantit pas  mon  plein épanouissement. Nous le savons peut-être par expérience personnelle, en tous cas par ce que nous voyons autour de nous : Il y a des gens qui possède tout ce dont on peu rêver, la gloire, la richesse, un bon métier, la jeunesse, la beauté et la santé mais qui sont insatisfaits et malheureux !

 

En conclusion :

 Ne serait-il pas temps de m’arrêter, de m’asseoir, et de faire le bilan ? Qu’est-ce  que je perds à suivre Jésus, à prendre au sérieux la Bonne Nouvelle qu’il me propose ? Qu’est-ce que j’y perds et qu’est-ce que j’y gagne ?

M’engager à le suivre, malgré mes faiblesses, mais avec sa grâce, c’est accepter de reconnaître que les valeurs qu’il me propose sont de loin supérieures à toutes les autres ; elles sont les seules susceptibles de me combler pleinement et de contribuer à l’évènement de son règne. Amen.

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Luc 14, 1 - 4

28 Août 2022, 08:23am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

NARBONNE 28.8.22

Luc 14, 1 – 14

Pasteur Philippe Perrenoud

Voilà à nouveau une invitation, à un repas, comme il y en a un certain nombre dans la Bible ; ce que nous présente l'exposition ici, là-haut. Des repas où il se passe toujours des choses importantes : comme souvent lors d'invitations ; ce sont souvent des moments relationnels privilégiées.

Dans la Bible, il en est ainsi, au-delà de ce que l'on peut penser souvent... Ainsi, dans le récit de ce jour : en effet, lorsque nous sommes invités, on s'efforce de ne pas heurter la/les personne qui nous reçoit... On évite toutes impolitesses, jugements, polémiques trop fortes. Bref, on s’efforce de faire plaisir ; de se faire plaisir réciproquement.

Avec Jésus, cela se passe ici autrement...

Il est invité chez un Pharisiens. Cela n'est pas étonnant en soit. En effet, contrairement à l'image que l'on a trop souvent, trop rapidement, Jésus était assez proche des Pharisiens. Quand on compare leurs enseignements, on s'aperçoit qu'ils sont proches. Par exemple, les Pharisiens croient à la résurrection ; ils ont une spiritualité personnelle importante, décentralisée par rapport au Temple de Jérusalem et aux relations avec les pouvoirs. Dans le chapitre précédent, ce sont ainsi eux qui préviennent Jésus que le roi Hérode cherche à le tuer. Cette proximité explique aussi les relations parfois difficiles...

 

Voici donc Jésus à table chez un Pharisien. La conversation amène à 3 thèmes : la guérison d'un homme, les places à prendre dans un banquet, et les invitations à lancer.

Pour le 1er de ces thèmes : à la table où Jésus se trouve, il y a un homme atteint d'une maladie assez courante à l'époque : l'hydropisie. C'est-à-dire de l'eau s'accumule dans le ventre, qui devient énorme. La scène se passe un jour de Shabbat. La question se pose alors naturellement : peut-on guérir quelqu'un ce jour-là ? Est-ce considéré comme un travail, donc interdit ? Ou est-ce un geste de Salut, un geste marquant que le plus important est la vie humaine, l'humanité... donc permis et même recommandé ?... Le Pharisien garde le silence, tout simplement parce que la question n'était pas tranchée pour eux. Jésus donne alors sa propre réponse, en acte... en guérissant. Il montre par là que l'Amour doit diriger les choix et comportements.

Quant au 2e sujet, chercher sa place à table, Jésus s'aperçoit que des invités se sont efforcés de prendre eux-mêmes les places d'honneur. N'est-ce pas d'ailleurs une tendance presque instinctive ?... Chacun a en effet envie d'être bien traité, bien considéré, avec des formes, si possible des formes extérieures... Jésus met alors, si on peut dire, en l’occurrence, les pieds dans le plat ! Il recommande de ne pas se mettre en avant. Sa remarque vise l’orgueil ; Jésus recommande au contraire l'humilité, qui amène à une vraie grandeur, non ?!... Son avis ne manque d'ailleurs pas de saveurs : si on va se mettre à la dernière place, on peut se voir invité par le Maître de maison à en recevoir une meilleure...

La 3e remarque s'adresse à ceux qui invitent. Dans la société, il est de bon ton de s'inviter entre gens de même niveau, de la même classe sociale. Les rois et les bergers ne fréquentent pas les mêmes lieux (à part à la crèche de Bethléem il y a quelques siècles...). Dans le verbe « s'inviter », le « s' » suppose la réciprocité. Jésus casse une certaine convenance. Il recommande ici d'inviter des gens qui ne peuvent inviter à leur tour. Les estropiés, les boiteux, etc, sont des catégories qui ne pouvaient pas entrer dans le Temple. Ce sont ceux-là qu'il faut accueillir, par Amour, sens et reconnaissance de l'humanité... et donc sens de notre foi...

Il est possible que Luc ait groupé ces 3 éléments pour les faire entrer dans le cadre d'un repas. Leur intérêt est de nous questionner sur la manière dont nous nous comportons avec les autres. Quels motifs nous guident ? Quelles sont nos intentions ? Quels sont nos mobiles secrets, parfois/souvent inconscients ? Jésus nous propose de les réorienter. Il en ouvre le chemin ; il a pris la dernière place, celle du serviteur, et même celle du condamné sur la croix. Il peut donc en parler : pour lui, c'est du vécu... C'est en cohérence... celle du Royaume des cieux... ce qui se passe quand on admet l'autorité de Notre Seigneur... Cela est alors autre chose qu'une leçon de morale ou de convenances ; c'est une image de foi, de notre foi !

Ne nous trompons alors pas de motivations quand Jésus recommande l'absence d'orgueil dans les relations humaines. Il n'est pas question de se punir soi-même en se rabaissant. Ce serait une autre forme, subtile, d'orgueil. Ne confondons pas l'humilité avec une fausse humilité, avec l'astuce de se rehausser soi-même en se donnant l'air de petit...

Ce que demande Jésus, c'est de reconnaître la valeur des autres. Chaque individu est une créature de Dieu ; c'est la vérité fondamentale que la Bible nous offre. Puisque chacun est Sa créature, chacun a droit au respect, à notre attention, à un regard de Grâce. Les recommandations de Jésus vont contre toutes sortes de ségrégations, de divisions de l'humanité. Chacun a les mêmes droits que les autres... Cela est toujours si actuel...

Comme à une table, tous doivent pouvoir accéder aux mêmes moyens de vies... Car tous frères et sœurs, et invités pareillement à la vie qu'il nous donne. De plus, la vie des autres est aussi ma vie...

Les paroles de Jésus bouleverse certaines références sociales, qui ressemblent parfois à des dysfonctionnements établis et habituels. Jésus cite les estropiés, les boiteux, etc. parmi ceux que nous devons accueillir. Or notre société pratique l'exclusion ; et fonctionne même, de plus en plus, sur l’exclusion... Elle met de côté, ou ne peut véritablement intégrer, tant de personnes qui ne sont plus ''productives'', les personnes âgées, celles et ceux qui ne peuvent plus s'adapter aux conditions de plus en plus complexes, ou dont l’héritage socio-culturel est lourd. Et nous savons qu'y remédier à un coût (financier et humains) important...

Jésus nous invite toujours à renverser le courant. Le 1er exemple qui nous est offert par ce texte est celui d'une guérison. La société a, elle aussi, besoin d'être guérie de ses distorsions, de sa tendance inhérente à éliminer les corps qui lui semblent étrangers. Or un regard de foi nous dit que les premiers et les derniers ne sont pas toujours selon l'apparence.

Nous devenons un vrai humain par le regard sur les autres... Et c'est dans le service que Jésus a trouvé sa stature de Fils de l'Homme... Il nous propose de nous réaliser dans l'Amour et dans le respect, même et surtout des plus petits...

Jésus nous invite à un véritable renversement. Pour lui, les valeurs qui ont cours habituellement peuvent être de fausses valeurs. Il nous apprend les vraies : ceux qui veulent s'élever eux-mêmes se trouvent en réalité amoindris. Ceux qui s'abaissent sont élevés.

Tels sont les repères qu'il nous propose. Car telle est la loi du Royaume des cieux...

 

Amen

 

 

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dimanche 21 aout 2022 : textes liturgiques

20 Août 2022, 08:13am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Dimanche 21 aout 2022 Narbonne

 

PROCLAMATION DE LA GRACE DE DIEU

ACCUEIL

 

La grâce et la paix vous sont donnés de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Sauveur.

Ce jour est un jour tout neuf.

Il n’a jamais existé

Et il n’existera jamais plus.

Prenez donc ce jour

Et faites-en une échelle

Pour accéder à de plus hauts sommets.

Ne permettez pas que la tombée du jour

Vous trouve semblable à ce que vous étiez à l’aube.

Faites de ce jour un jour unique, mémorable.

Enrichissez-le, et, ce faisant, enrichissez-vous.

Ce jour est un don de Dieu.

Il n’est donc pas quelque chose d’ordinaire,

De fortuit, quelque chose qui va de soi.

Il vous est spécialement offert,

Prenez-le entre vos mains avec un sentiment de ferveur.[1]

 

Prions :

Avec toi, Seigneur, dans la communion fraternelle.

Nous prenons ce jour, un et unique,

Nous l’acceptons comme un cadeau précieux,

Nous le vivrons en toi et avec toi.

Amen. (Jo)

 

1/ arc 216 « les mains ouvertes » les 2 strophes

 

LOUANGE

Louons Dieu.

 

Seigneur, tu es vie.

Tu nous donnes et nous conserves la vie

Nous te louons.

 

Seigneur, tu es lumière.

Tu nous éclaires et nous réjouis par ta lumière.

Nous te louons.

 

Seigneur tu es joie.

Tu nous donnes de partager ta joie.

Nous te louons.

 

Seigneur tu es espoir.

Tu traces et prépares nos sentiers.

Nous te louons.

 

Seigneur, tu es amour.

Tu nous permets de vivre dans l’amour.

Nous te louons.[2]

 

2/ arc 257 « Jésus ton nom et le plus beau » strophes 1 à 4

 

è l’officiant invite à se lever

 

VOLONTE DE DIEU

 

Écoutons le projet que Dieu a fait pour nous et qu’il nous invite à partager :

 

Puisque chacun de vos jours est le premier

Puisque chaque heure qui passe est un commencement

Que vos doigts donnent corps à la lumière

Et tissent la laine des jours qui viennent.

 

Que vos mains ne gardent mémoire

Que des caresses qu’elles ont semées

Et des cordes qu’elles ont fait vibrer.

 

Que vos yeux commencent toujours par la tendresse

Qu’ils n’en finissent pas de croire qu’en l’humain

Dieu reste toujours possible.

 

Que vos pas vous conduisent vers la source qui est dedans

Qui est aussi devant

Et qui n’attend que de vous raviver.

 

Que votre cœur soit toujours habité par l’attente,

Habillé pour l’accueil de ceux qui frapperont à la porte,

Qu’il ne laisse se perdre aucun de ses battements :

Tous ils comptent et ils seront comptés,

Mesure de votre éternité.[3]

 

3/ spontané formulke 3 arc 318 « toi qui es lumière »

 

PRIERE DE REPENTANCE

Nous nous présentons devant Dieu,

Pécheurs à la recherche de son pardon et de sa grâce.

Seigneur,

Quand je ne sais pas quoi faire de la souffrance au quotidien,

Quand je n’ai plus rien à redire

Devant les cris, les pourquoi et les larmes amères,

Seigneur, viens prendre soin de moi.

 

Quand dans la nuit je ne trouve pas le sommeil

Parce que je cherche sans trouver,

Quand le jour, je ne trouve pas la paix,

La tête trop pleine de soucis, l’avenir incertain,

Seigneur, viens prendre soin de moi.

 

Quand le passé me rattrape sans cesse,

Casse mes rêves et bouche l’horizon,

Quand demain ne promet plus rien

Et que les murs sont trop hauts,

Seigneur, viens prendre soin de moi.

 

Quand le mal de vivre s’en prend à moi

Et assombrit mes jours et mes nuits,

Quand le lourd silence s’installe,

Dans mon cœur, dans ma vie.

Seigneur, viens prendre soin de moi.

 

Quand la solitude est trop lourde à porter

Et les portes sont closes,

Quand j’ai soif de soleil et faim d’amitié

Un éclat de lumière dans le gris quotidien

Seigneur, vient prendre soin de moi.[4]

 

4 / spontané formule 3 arc 526 « Jésus est au milieu de nous »

 

 

PAROLES DE PARDON

 

l’officiant invite l’assemblée à se lever.

 

Pour recevoir la parole de grâce et de pardon de la part du Seigneur, je vous invite à vous lever :

 

Notre Dieu est un Dieu d’amour et de pardon.

Il ne nous laisse pas dans la détresse.

Recevons sa parole de grâce.

 

Pas besoin de grands cris

Pour que l’oreille du Père se tende vers son enfant !

 

Pas besoin de trop de larmes

Pour que s’ouvrent les bras de la mère

Et qu’elle serre son enfant sur son cœur.

 

Frères et sœurs,

L’amour de Dieu surpasse celui des parents les plus aimants.

Il nous aime parce que nous sommes ses enfants.

Il nous aime pour ce que nous sommes

Et non pour ce que nous faisons.

Et sans lassitude,

Avec fidélité malgré nos errances,

Jour après jour,

Il nous tend les bras et nous appelle à lui.

Amen.

 

5 / spontané formule 3 arc 405 « toi qui m’appelles »

 

[1] Vie et liturgie n° 92 page 8 ‘Swâmi Chidânanda)

[2] Mon dossier « liturgie » : protestants.org page 5

[3] Vie et liturgie n° 52 page 3

[4] Vie et liturgie n° 84 page 4 Jan de Haas

LECTURES BIBLIQUES

 

Prions avant de lire les Ecritures :

 

Seigneur

Ta parole est un heurtoir

Qui frappe à la porte de nos cœurs fatigués

Ta parole est une pluie

Qui féconde notre terre desséchée

Ta parole est une fontaine

Qui désaltère notre vie assoiffée

Ta parole est une lampe

Qui éclaire notre sentier

Seigneur,

Nous ouvrons les pages de l’Ecriture,

Que parle ta parole.[1]

 

Amen

 

LECTURE BIBLIQUE ET PREDICATION

 

JEAN 9, 1 – 41 « N’est pas aveugle celui qu’on croit »

 

 

Après la lecture, l’officiant invite l’assemblée à se lever pour chanter.

 

6 /cantique 610 « ô Jésus mon frère » les 3 strophes

 

 (’officiant invite l’assemblée à se rasseoir)

APRES LA PREDICATION

 

L’officiant invite l’assemblée à se lever.

 

7 a / pause musicale :

 

7 b / cantique 536 « Seigneur tu cherches tes enfants » les 4 strophes

 

 

RESTER DEBOUT POUR LA CONFESSION DE FOI

 

 

 

CONFESSION DE FOI

 

Je crois que l’Eternel parle aux humains par son Christ.

Je crois que Jésus actualise la Parole qui fait vivre.

Lorsque j’ai peur, lorsque j’ai froid, je me souviens :
La Bible proclame la promesse d’amour pour la vie
du monde entier.

Je crois au don d’une puissance qui recrée dans
un souffle subtil et léger ;
Souffle de communion et de pardon.

Werner Burki[2]

 

8 / spontané formule 3 arc 822 « louange à Dieu »

 

L’officiant invite l’assemblée à se rasseoir.

 

 

ANNONCES

 

OFFRANDE

 

Voici le moment de l’offrande.

L’espérance que nous avons affirmée,

Nous la confirmons dans nos actes.

Notre offrande exprime le règne de Dieu

Sur nos vies et sur nos biens.

L’offrande est recueillie.

Seigneur, merci pour ce que tu nous as donné.

La vie, le sens de la vie et la fraternité.

Cette offrande, elle est signe de notre dépendance de toi.

 

  Amen

 

PRIERE D’INTERCESSION

 

Unissons-nous  dans la prière d’intercession .

Notre Dieu, nous sommes en solidarité avec ceux qui vivent dans le danger et le combat

De loin ou de près, nous partageons leurs détresses et leur espoir.

Apprends-nous à étendre nos vies au-delà de nous-mêmes

Et à étirer notre cœur jusqu’aux frontières où les humains souffrent et transforment le monde.

Mets-nous en solidarité avec cet étranger que nous ignorons

Avec de démuni que nous effaçons,

Avec ces personnes âgées isolées, que nous oublions,

Avec ce détenu, que nous évitons.

O Dieu, que la solidarité soit ainsi un nom nouveau, un nom actuel pour cette fraternité, à laquelle tu nous appelles sans cesse.

(…)

Mais, ô Dieu, rends-nous solidaires dans l’efficacité et non pas dans le verbalisme des déclarations.

Mais, ô Dieu, rends-nous solidaires dans l’espérance et non pas dans la dramatique des catastrophes.

(…)

Mais, ô Dieu, rends-nous solidaires en humilité,

Car nous ne sommes pas capables de porter la terre entière.

Délivre-nous de l’accablement qui n’aide personne

Et de la pitié qui empoisonne tout.

Ô Dieu, purifie nos solidarités, rends les vraies, fécondes,

Ardentes, et humbles.

Nous te le demandons au nom de celui qui a été résolument solidaire de l’homme abandonné et méprisé, Jésus, ton Fils, qui est notre frère.[3]

 

Et comme il nous l’a appris, nous te prions :

Notre Père qui es aux cieux,

Que ton nom soit sanctifié,

Que ton règne vienne,

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous, aujourd’hui, notre pain de ce jour ;

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,

Ne nous laisse pas entrer en tentation,

Mais délivre-nous du mal,

Car c’est à toi qu’appartiennent

Le règne, la puissance et la gloire

Pour les siècles des siècles. Amen.

 

L’officiant invite d’un geste l’assemblée à se lever.

 

ENVOI

 

Pour recevoir les paroles d’envoi et de bénédiction  de la part du Seigneur, je vous invite à vous lever :

 

Jean Chrysostome a dit :

Quand tu t’assieds pour lire les paroles de Dieu,

Demande-lui d’abord d’ouvrir les yeux de ton cœur

Afin de ne pas seulement lire les Ecritures

Mais aussi de les accomplir.

 

Nous sommes assis,

Nous avons prié pour que Dieu éclaire notre compréhension,

Nous avons médité les Écritures,

Il nous reste encore un bout de chemin à parcourir :

Vivre ce que nous avons compris de l’Evangile.

 

BENEDICTION

 

Dieu ouvre les yeux de notre cœur,

Il nous donne d’accomplir les Ecritures.

 

Que sa lumière soit le phare de votre chemin !

Que sa Parole soit le sel de votre semaine !

Que sa Grâce soit l’espérance de vos lendemains !

Que son Esprit vous inonde comme l’eau des fontaines [4]!

 

9 / Cantique 882 que la grâce de Dieu

 

[1] Antoine Nouis la galette et la cruche tome 2 page 132

[2] oratoire du louvre confessions de foi

[3] oratoire du Louvre prières d’intercession

[4] galette et cruche III page 147

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dimanche 14 aout 2022 : jean 9, 1 -41 "n'est pas aveugle celui qu'on croit"

20 Août 2022, 08:09am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

21 aout 2022

NARBONNE

      JEAN 9, 1 – 41

    « N’est pas aveugle celui qu’on croit »

 

Introduction : Jean affectionne le thème de la lumière. Dès le premier chapitre de son Evangile, il annonce, la couleur : « la lumière brille dans les ténèbres » écrit-il. C’est ce que notre péricope illustre : une lumière vient se poser dans les ténèbres d’un aveugle de naissance et lui rend la vue mais pas seulement. Elle éclaire aussi sa vie, rayonne autour de lui et met en évidence bien d’autres choses plongées dans les ténèbres qui auraient bien besoin d’un « désaveuglement », si j’ose le dire ainsi : l’incompréhension des disciples, l’aveuglement des savants religieux, la peur d’une famille et pourquoi pas nos propres ténèbres ? Nous allons en parler ce matin. D’abord avec le thème de la lumière chez Jean, puis en examinant ce qui se passe pour les personnages dans la péricope ; et enfin, comment elle nous touche, et nous éclaire, nous, ici à Narbonne.

 

1) le thème de la lumière chez Jean : Dès les premiers versets de l’Évangile selon Jean, son rédacteur aborde la venue de Jésus avec le thème de la lumière et ce thème traversera comme un fil rouge tout l’Évangile jusqu’aux derniers versets : lumière en opposition directe aux ténèbres, vraie lumière, lumière des hommes, lumière du monde, lumière de la vie… Et cette lumière éclaire « les signes qui ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, par cette foi, vous ayez la vie en son nom ». Ainsi cette lumière devient signe et source de vie pour ceux qui s’y exposent et les transforme, eux aussi, en lumière : « vous êtes la lumière des hommes » lit-on dans l’Évangile de Matthieu. Ce qui n’a rien d’étonnant. Jésus dans sa longue prière au chapitre 17 dit : « comme toi et moi nous sommes un, qu’ainsi ils soient un en nous ». C’est une lumière expansive, qui gagne du terrain, intérieurement, comme le jour pénètre dans une pièce quand on ouvre les volets. Alors on peut éteindre la lumière électrique, factice, et souvent aléatoire en fonction des circonstances, fort chère aussi… (chacun de nous a, en lui, en quelque sorte, sa lumière électrique…). Et la lumière du soleil frappe de ses rayons chaque objet de la pièce : ici, elle met en valeur un bel objet, là, elle se pose sur un peu de poussière… il va falloir nettoyer… ailleurs elle génère une ombre et révèle, en creux, l’objet qu’elle représente, elle suggère parfois un lieu moins éclairé mais accessible… la Lumière du monde, fait office, elle, de révélateur pour nous devant Dieu, pour nous face à nous-mêmes, et pour nous devant les autres.

Origène, dans son commentaire de l’Évangile de Jean écrit en faisant un parallèle entre la lumière naturelle et la lumière du monde : « (…) Ce ne sont pas des corps que le Sauveur, qui est la lumière du monde, illumine, mais c’est l’esprit incorporel que, par une puissance également incorporelle, il éclaire, afin que chacun de nous, comme éclairé par le soleil, devienne capable aussi de discerner les autres êtres spirituels »[1]

Christ, notre lumière, vient ainsi, en nous, éclaircir, clarifier, révéler, toucher du doigt, illuminer notre être intérieur. Parfois,  la lumière devient projecteur et se pose sur un trait spécifique pour le mettre en valeur ou pour dévoiler au grand jour un défaut qui, parfois, va jusqu’à faire « arbre », vous savez, l’arbre qui cache la forêt ; la lumière peut aussi, faire virevolter dans un de ses rayons un peu ou beaucoup de poussière à enlever… dans la lumière, nous pouvons nous voir et nous regarder sous un jour différent, si ce n’est nouveau, et c’est normal puisque Dieu fait de nous une nouvelle création. Jamais elle ne détruit ; elle révèle pour construire ; si elle devient feu c’est pour affiner et non ravager ; elle est l’écrin dans lequel on pose se un bijou précieux ; la lumière du monde, c’est l’écrin qui s’offre à nous et qui, quand elle est parole, nous dit combien nous sommes précieux, tels que nous sommes, dans le regard de Dieu ; ne sommes-nous pas au bénéfice de sa grâce ? Antoine Nouis écrit, je cite : « la lumière du Christ n’est pas le projecteur que le commissaire politique braque sur le dissident, elle est le soleil qui souligne l’horizon au petit matin et qui dit la promesse du jour qui vient. Le jour se lève ; le soleil pointe à l’horizon : qui ouvrira les volets ? »[2] (fin de citation).

 

2) aveugle dans les ténèbres devient voyant dans la lumière du monde : Penchons-nous, maintenant, sur notre texte. Un aveugle de naissance est là, sur le chemin emprunté par Jésus et ses disciples. Sa situation n’est pas enviable. Dans son monde, être aveugle est une condamnation à une vie solitaire, misérable et le pire, à l’interdiction de tout accès aux lieux religieux. Heureux est-on si l’on a une famille compatissante ! Même si la tradition provençale le nomme Célidonius, cet aveugle-là, les Évangiles ne disent pas son nom. C’est un anonyme, même pas fils de… n’importe qui… moi, peut-être ?

Jésus le voit et les disciples aussi ; alors commence un long et étonnant récit où l’on pourrait affirmer : « n’est pas aveugle celui qu’on croit ». Car dès les premiers versets, Jean nous entraine dans les dédales d’un aveuglement autre que celui des yeux physiologiques.

- En effet, nous entrons avec les disciples dans l’aveuglement d’un regard intérieur enfermé dans une compréhension de la maladie, courante dans leur monde : « qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle » ? Ah ! enfin ! ils osent poser la question. Car ils n’en sont pas à leur première expérience de guérison. A leur époque, c’était la norme : la maladie était la punition d’un péché. Ça a dû fichtrement leur démanger la langue et les faire ruminer intérieurement, toutes ces guérisons accomplies par le maitre mais jamais encore ils n’avaient révélé le fond de leur pensée à ce sujet. Ils le font, ici, avec leur question.

- Les voisins, tous ceux qui avaient côtoyé l’aveugle n’y voient pas clair non plus : est-ce lui ? ou pas ? est-ce un autre qui lui ressemble ? On y verra plus clair si un savant répond à notre question. Menons-le aux pharisiens qui savent tout… En voilà une idée saugrenue. Les pharisiens, qui n’approchent jamais une source d’impureté qui pourrait leur retomber dessus, ne connaissent pas cet homme. Comment pourraient-ils le reconnaitre ?

- Les pharisiens, eux, ne voient dans la guérison qu’une grave transgression du sabbat et encore moins le signe qu’elle met en lumière. Et comme ils ont le savoir, donc l’autorité, qui plus est religieuse, ils assènent leurs certitudes : guéri un jour de sabbat ? celui qui l’a fait ne vient pas de Dieu. Le miraculé ? une aberration religieuse à faire disparaître le plus vite possible. Nous, « nous sommes disciples de Moïse ». Un pasteur dit d’eux, je cite : « ils tripotent des interrupteurs, mais ils n’ont pas trouvé le bon. »[3] (fin de citation). - Et voilà. Les Juifs, nous dit le texte ne crurent pas, c’est-à-dire, qu’ils refusèrent non pas la guérison, mais son origine divine et le Fils de l’homme qui l’avait accomplie.

- Les parents, eux, c’est la peur qu’ils ont au ventre qui les emprisonne dans leur refus de témoigner ouvertement.

Une chape de ténèbres s’étend peu à peu autour ou plutôt au-dedans de tous ces personnages. La lumière qui les éclaire, ce n’est pas « la lumière du monde », c’est une lumière factice, c’est la lampe d’un égo aveugle, sûr de lui ou apeuré. Et la lumière du monde vient, en creux, mettre en avant ne fut-ce que par son ombre (puisque l’objet est rejeté) projeter l’immensité d’un désert de sécheresse dans leur cœur.

- Quant à l’aveugle, exposé à la lumière véritable, il prend peu à peu de l’assurance jusqu’à la proclamation finale : « je crois, Seigneur ». Et dans la pleine lumière de la foi, il se prosterna devant Jésus.

Nous l’avons dit, n’est pas aveugle celui qu’on croit.

 

3) nous aussi aveugles ou aveuglés è la lumière du monde nous restaure et nous guérit : Finalement, Jean a fait le tour du monde juif en une péricope ; il présente une palette de personnages qui, confrontés à un signe accompli par Jésus, illustrent la relation possible avec le maitre. Il a fait le tour de notre monde. Marc Weiss, pasteur, écrit : « L’Evangile a pour mission de transformer son lecteur, lui faire changer de regard, convertir son mode de pensée… et réagir aux développements successifs sur « voir et ne pas voir » et « savoir et ne pas savoir » autour du thème central : pour le monde, la lumière, c’est Jésus ! »[4] (fin de citation).

Nous sommes les lecteurs de l’Evangile, confrontés comme dans un miroir à ces personnages qui reflètent dans la glace où nous nous regardons notre propre image. Certains jours nous sommes les disciples, d’autres les pharisiens, parfois la foule juive ou même les parents… et, avez-vous remarqué ce détail : personne, finalement, n’est content de cette guérison… à l’exception du miraculé, cela va dans dire ! à méditer… ils ont un point commun : « tous ont une vision personnelle, intime, inébranlable, de ce qu’est la justice, de ce qu’est aussi le monde idéal dans lequel ils voudraient vivre »[5].

La lumière du monde vient pour déplacer nos certitudes, particulièrement devant la souffrance ; Jésus n’y pose pas une explication péremptoire qui serait basée sur le passé. Non. Devant celle de l’aveugle-né, il agit, il remet debout, il envoie…  Il fait de l’aveugle un prototype de ceux qui accèdent à la foi[6]. Dans son regard, pas de préjugés, pas de jugement, pas de répulsion. Il voit, il regarde, il accueille et même il guérit. Pas de mépris pour le malade ou le handicapé, pas de rejet pour le différent, fut-il répugnant comme un lépreux. Il vient, et sa présence devient proclamation d’espérance : rien n’est jamais perdu, rien n’est jamais fini. Il regarde celui ou celle que nous sommes, et voit ce que nous pouvons devenir. Et il bénit.

         

Conclusion : Nous pourrions faire un cycle de 50 conférences sur cette péricope sans épuiser le sujet. Qu’est-ce qui nous empêche de continuer cette méditation chacun chez soi, tranquillement, à la lumière bienfaisante qui vient d’en haut ? Alors concluons avec une fable, bien connue, je crois. Ecoutez :

« Une tribu vit au fond d’une grotte très profonde depuis plusieurs générations. Une rivière souterraine les alimente en eau et ils se nourrissent de chauve-souris.

 Un jour, un homme plus audacieux que les autres prend la décision de visiter le fond de la grotte. Il revient au bout de quatre jours et explique qu’à une journée de marche il a découvert un monde fabuleux avec des arbres, de la couleur, des oiseaux… et le tout est inondé de lumière.

- qu’est-ce que la lumière lui demandent les hommes de la tribu ?

- la lumière est difficile à décrire… c’est chaud, c’est beau, c’est plein de couleurs.

Les hommes de la tribu se réunissent en conseil pour délibérer. Ils convoquent l’explorateur et lui disent : nous ne comprenons pas très bien ce que tu veux nous dire. Retourne faire ton voyage, et ramène-nous de la lumière pour qu’on voie si c’est intéressant pour notre peuple.

L’explorateur repart. Deux jours plus tard, il revient en disant qu’il ne peut ramener la lumière car elle ne se laisse pas enfermer dans un sac.

- C’est bien ce que nous soupçonnions, disent les responsables.  Tu te moques de nous. Comme punition, nous te condamnons à l’exil. Retourne vers ta lumière et ne reviens plus jamais nous déranger avec tes histoires à dormir debout. ».[7] Amen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

[1] Origène Commentaire sur s. Jean tome 1 page 141

[2] Antoine Nouis l’aujourd’hui de l’Evangile page 126

[3] Paroisse d’Hagondange

[4] Marc Weiss pasteur à Strasbourg acteurs.uepal.fr/download.php?fil_id=2373&nom...public...


 

[5] Jacques Morel

[7] Antoine Nouis « L’aujourd'hui de l’Evangile » page 127

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