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Eglise Protestante Unie de Narbonne

prédication 27 mars 2022 : Luc 15, 1 - 3 , 11 - 32

30 Mars 2022, 08:04am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

27 mars 2022 Narbonne

Luc 15, 1 à 3 et 11 à 32

Pasteur Philippe Perrenoud

 

Qui est important ici ? Quel est le personnage le plus important ?

 

- le fils prodigue (surnom/surtitre le plus souvent donné à cette parabole) : il veut pour lui, il veut avoir ; pour lui seul, selon lui ; pour tout connaître ; comme un Adam : à vouloir tout, il va perdre l'essentiel... Mais la vie lui est toujours offerte... L'exemple donc de ce parcours qui amène celui qui semblait avoir tout perdu (et même plus : qui semblait perdu) à retrouver la vie ; à retrouver la vie au-delà de ce qu'il pensait par lui-même… Un exemple qui parle de nos existences. Mais surtout, dans le contexte de cette parabole, de parts du Peuple de Dieu, ou de parts de l’humanité, séparées des autres ; et par là, séparés de source de vie.

- Mais peut-on oublier l'aîné ? Nous passons pourtant souvent à côté de lui. Nous nous arrêtons avant la fin de l'histoire. Celle-ci aurait d'ailleurs pu ne parler que d'un fils ! Elle en évoque pourtant bien deux. C'est même ainsi qu'elle commence : Un père avait deux fils...

L'aîné reste à la maison et travaille. Rien que de très banal... normal...

Il se considère comme un employé fidèle de son père ; il accomplit consciencieusement sa tâche. Comme il le lui dit : II y a tant d'années que je suis à ton service sans jamais avoir désobéi à tes ordres … En fait, ce fils se situe par rapport à son père comme un employé par rapport à un patron. Il n'est pas le seul. Le plus jeune aussi, à sa façon, dans son cheminement ; il revient parce que, se dit-il, tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance et moi je meurs de faim ! Et il prépare son petit discours de retour : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers : il finit par voir en son père un patron qui le prendra comme ouvrier et lui permettra de manger à sa faim... Il n'imagine pas être reçu en fils.

Ainsi, ni l'aîné ni le plus jeune ne voient leur père en temps que tel. Tous deux le méconnaissent. Ils le situent comme un patron. N'est-ce pas d'ailleurs, si souvent, une image religieuse que nous avons de « Dieu »... Et une image que nous avons souvent, aussi, des autres, dans nos rapports aux autres : des rapports de hiérarchie, et/ou d’intérêts, à court terme ; ou comme un investissement !... humainement, et religieusement...

Les pharisiens du récit (il ne faut pas les oublier ceux-là, car ils sont la question de départ de la parabole !) les pharisiens diraient que l’aîné est le plus important : car « il fait son devoir !». Même si cela est nécessaire, « Faire son devoir » donne des droits, et permet parfois de se situer au dessus. Si le plus jeune a dû s'abaisser, l'aîné, lui, l'abaisse. Il crache à la figure de son père : Ton fils que voilà ... Mais, ce fils c'est son frère !

Voilà des images religieuses de souverainetés, de patronages ; ou de la Loi seulement, qui se réduit vite à du légalisme : cela arrive vite, religieusement surtout ! Mais Jésus nous rappelle l'essentiel...

Nous avons nos fonctionnements, qui se répètent dans l'histoire ; des fonctionnements d'hommes et de femmes, de façons banals. Mais la foi est là, qui nous appelle à autre chose, à d'autres choses, à d'autres fonctionnements...

 

  • Regardons donc un autre personnage de ce récit : le Père/Dieu... qui attend, accueille, fête, se réjouit de retrouver...

Cette parabole fait partie d'un ensemble sur les retrouvailles (la brebis égarée, la pièce perdue). Notre Seigneur ne se résigne pas à la perte, à « ce qui ne va pas », et tout autre risque de résignations... mais il cherche, attend, offre ; car le bonheur de Dieu, c'est nous ! Il attend ; il espère et il attend... notre participation

 

L’Évangile proclame ici (entre autres...) que Dieu n'est pas le grand patron, qui dispense récompenses et punitions ; mais que Dieu est Père, et bien meilleur que le meilleur père de la terre.

Bien plus, il ne fait pas qu'attendre. Il est comme ce Père qui sort quand il voit arriver l'autre... se jette à son cou ! Il est venu à nous, avec cette joie, cette Grâce ; nous pouvons aller vers les autres, en tout sincérité, liberté, pour la vie, de chacun, même différents. Car, dit-il Ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. C'est sa manière à lui de se dire Père : en rappelant l'exigence d'être frères !

 

 

Alors... lequel de ces personnage est-il le plus important ? Vos avis...

  • Le Père ? Mais que serait-il sans ses enfants ?
  • Le plus jeune, que je suis ?
  • L’aîné, que je suis aussi, parfois...

Les trois ne sont-ils pas les plus importants ?...

  • tous... chacun...
  • est-ce que nos piétés nous donnent un droit de faire des catégories... de juger... Le fait d'avoir eu un parcours « normal » (à supposé que cela existe...) ne nous donne pas un droit de supériorité ; chacun a sa propre sensibilité différente... nous ne pouvons pas connaître les parcours intérieurs de chacun... Ceci non pour se satisfaire de difficile : au contraire ! Pour accueillir au delà des difficultés ; au delà du risque de mettre les autres dans des catégories...
  • C'est un ensemble de parcours, de sensibilités, etc. qui forment nos Églises, et nos sociétés. C'est ainsi que nous sommes alors aussi appelés à construire notre monde. Un ensemble, mais pour autant pas n'importe comment : pour nous, c'est selon l’Alliance qui nous donnée ; pour le monde aussi, non pas en acceptant n'importe quoi, en particulier n'importe quels autoritarismes... justement...
  • La vraie démocratie, d'ailleurs n'est pas la loi du plus grand nombre, en oubliant ou niant les autres, mais pour tous...
  • Le Décalogue, et la Paternité, nous interdisent toute absolutisation... Et nous voyons ensuite, ainsi, même le Seigneur avoir besoin de tous, de ses deux fils pourtant opposés...

 

 

 

 

 

 

 

 

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