Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Eglise Protestante Unie de Narbonne

Prédication 1er mai 2022 Jean 21, 1 - 14

2 Mai 2022, 08:08am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Narbonne 1.5.22

Évangile selon Jean 21, 1 à 14

Pasteur Philippe Perrenoud

 

Voici un récit dont bien des dimensions nous rejoignent, dans nos parcours personnels

et quant au monde...

 

Que nous raconte cette petite histoire ?

Vous l'avez entendu, des disciples sont allés à la pêche ; c'est-à-dire, en l’occurrence, sont retournés à leur métier d'avant : d'avant tout le parcours qu'ils ont eu avec Jésus, et donc la résurrection...

Bien sûr, il faut bien vivre... Et notre foi ne nous sépare pas du monde, de ses contraintes, de ses nécessités... Notre foi ne nous fait pas vivre séparés du monde, ou au ciel seulement

Ces disciples avaient donc retrouvé leur travail de pêcheurs ; voire repris leurs habitudes, peut-être leurs vies routinières.

 

Mais peut-on se satisfaire de cette sorte de retour en arrière ? Nous peut-être, mais notre Seigneur ne nous laisse pas ainsi « tristes et sans espérance... » Comme s'il n'était pas lui-même venu, en Jésus-Christ ? Il ne veut pas nous laisser à une sorte de défaitisme qui voudrait qu'après quelque chose d'extraordinaire, tout redevienne pareil, que rien n'ait vraiment changé. Un peu comme pour les disciples d'Emmaüs : l'annonce du retour à la vie de Jésus-Christ ne changerait rien... tout reviendrait-il pareil ? Il est difficile de vivre cette foi dans la durée...

C'est peut-être pour ne pas se contenter de ce fatalisme, ou nous rejoindre dans les moments sombres (comme cette nuit le symbolise), pour que la Bonne Nouvelle vienne vraiment jusqu'à nous que l’Évangile de Jean a voulu continuer avec ce récit : pour ne pas nous laisser à nos routines, fatalismes, oublis de la Bonne Nouvelle ; pour nous rappeler combien la Bonne Nouvelle a des implications dans nos vies !...

 

Car Jean ne nous raconte pas cela pour nous dire ses vieux souvenirs... Il veut montrer à ses lecteurs (donc à nous aussi !) comment trouver/retrouver le Christ :

  • c'est-à-dire : pas besoin d'aller très loin. L'Évangile se passe dans la vie de tous les jours. C'est dans une situation de vie banale que Jésus vient rejoindre ses disciples. Il ne se limite pas (même si nous le savons...) à des moments ou endroits spéciaux ; encore moins seulement très là-haut dans le ciel... Comme le dit un très beau passage d'Esaïe : le commandement que je te prescrit n'est pas dans le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel et nous l'ira chercher, qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ? Il n'est pas de l'autre côté de la mer, pour que tu dises : Qui passera pour nous de l'autre côté de la mer et nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ?…
  • Mais alors où, et comment ? Il faut, pour cela, se placer sous l'Amour de Dieu (c'est une des idées importante de ce texte) ; se souvenir du fonctionnement de notre foi : une relation ! Ni une routine, ni une contrainte, ni des recettes toutes faites, mais une mémoire vivante !

Bref, nous voilà tous dans nos vies, y compris dans nos difficultés... dans ce qui peut faire peur ; particulièrement dans un monde si complexe, de plus en plus complexe... Nous avons alors besoin de solutions ; au moins d'être rassurés... Comme l'expression courante le dit bien « nous ne savons plus à quels saints nous vouer... »

Mais la Bible nous renvoie à nous-mêmes... Non pas pour nous débrouiller seuls, mais nous prendre en main :

dès la Genèse, il nous confie la création...

dès l'Exode, il nous confie l'Alliance... jusqu'à nos jours...

Notre monde a de quoi nous faire peur ; comme le monde, depuis si longtemps... Du temps de l'Exode ou de Jésus-Christ, ce n'était pas mieux...

Notre monde est si complexe, de plus en plus complexe...

Comment y avancer ?

Il nous invite, comme un Père, à vivre nos vies, au maximum par nous-mêmes... et ce d'autant plus avec son aide !!

Mais comment alors ?? sachant tout nos échecs... toutes nos nuits ;...

C'est d'ailleurs, comme dans ce récit (entre autres...) de nuit, qu'il rejoint ces disciples

Il vient nous rappeler sa présence, qui nous accompagne, nous appelle : à nouveau, comment ?

 

Dans ce récit, bien des éléments symboliques, pour nous toujours.

Ils étaient tous dans une barque. Comme l'expression le dit bien... Vient-elle de là ? Entre autres ? Je n'en sais rien, mais c'est possible et c'est bien un des sens important de ce récit... Car cela n'était pas évident pour les premiers Chrétiens ; contrairement à l'image que nous avons parfois... Cela était d'autant moins évident pour eux que le monde était encore plus difficile sans doute, et qu'ils n'avaient pas les éléments d'organisation qui peuvent nous aider.

Être tous dans une barque : et pourtant, Pierre, entendant que c'était le Seigneur, pleinement confiant, se jeta à l'eau...

Certes,

  • cela fait allusion à un autre, celui de la tempête, où il manque de se noyer...
  • Et nous pouvons vouloir rejoindre le Seigneur plein d'élan. Mais ce n'est pas tout... car les autres continuent avec la barque ! … Et, à l'invitation de Jésus, ils ramènent des poissons. Pierre les rejoint alors... Oui, nous sommes appelés à être tous dans la même barque...

Bien plus : ils ramènent un filet remplit de 153 poissons. Pourquoi ce chiffre, qui peut paraître anecdotique ?... Sans doute car 153 représentait la totalité des espèces alors connues à l'époque...

Cela signifie donc symboliquement (mais un symbole, cela désigne des choses réelles, des perspectives réelles...) cela désigne donc que c'est une universalité qui est ainsi rassemblée... que nous sommes appelés à rassembler une universalité

Bien plus encore, cela continue avec ce geste qui renvoie à la communion... à l'action de Grâce pour cette communion, cette vie qui nous est donnée ensemble.

 

Pour nos vies aujourd’hui, nous avons évoqué ce monde de plus en plus complexe, qui est de plus en plus rempli de peurs, de nuits... nous nous sentons un peu perdus.

Ce passage nous dit qu'effectivement, nous pouvons être un peu perdus ; et que nous pouvons avoir des attitudes différentes.

Mais que par dessus tout, une Présence nous rejoint, qui que l'on soit... que l'on saute à l'eau ou que l'on reste à tirer sur la barque. Que cette Présence de Notre Seigneur, y compris au milieu de la nuit, nous donne une perspective de vie : il nous invite à rassembler l'universalité : dans et au-delà de l’Église, des Églises visibles...

Nous sommes dans une société avec des options, voire revendications peut-être de plus en plus importantes et différentes.

Il nous faut alors d'autant plus nous souvenir de cette Présence de Jésus-Christ qui nous rejoint et nous appelle, tous. Que cela nous donne des perspectives de vie ; et bien plus, car notre foi s'incarne : nous ouvre à des perspectives, des projets. Notre société ne manque-t-elle pas de projets ?...

 

Ce monde, avec ses inquiétudes, touche aussi nos Églises ; bien plus, cela traverse nos Églises... Des options différentes existent, et c'est normal... cela fait partie de l'universalité... Tout cela renforce la question et la nécessité de faire Église ensemble... J'aime cette expression évoquée par un de nos présidents du Conseil national suite à un sujet difficile : ce n'est pas seulement la difficulté des défis, mais notre capacité à faire Église ensemble ...

Il nous faut alors recevoir un autre élément de ce passage : Jésus appelle les disciples, au milieu de leur pêche infructueuse, à jeter le filet du côté droit, de l'autre côté : d'un autre côté ; de façon réaliste pour autant, puisqu'ils sont appelés à agir par eux-mêmes... Et en s'y mettant ensemble...

Les Chrétiens ne sont pas des sur-hommes, ni même toujours meilleurs que les autres... On le leur dit/on nous le dit d'ailleurs.. Quelles forces alors ? Celles de justement recevoir une perspective de communion, avec nos différences...

Avec nos limites aussi... Mais au moins ont-ils/avons-nous reçu une Parole et des signes à partager. même s'il reste toujours, comme les disciples du passage de ce matin, à les mettre en œuvre ; et par dessus tout, à savoir recevoir ; à savoir ce que nous avons reçu !!...

Comme le termine le communiqué du Conseil national actuel de notre Église pour l'entre deux tours, évoquant les suites : Le chantier social sera immense pour promouvoir liberté, égalité, fraternité, justice, accueil et écoute de l’autre, éducation, protection de la Création… tout un programme.

La fête de Pâques a redit l’amour de Dieu pour chacune et chacun, et la vie plus forte que la mort.
Un chemin existe pour sortir de l’impasse. Confiance
!

 

 

 

 

 

Commenter cet article