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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Dimanche 19 février 2023 : Matthieu 5, 38 - 48

21 Février 2023, 10:38am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Narbonne 19.2.23

cantiques : 222, 174, 427

Matthieu 5, 38-48

Pasteur Philippe Perrenoud

Il y a beaucoup de choses, dans ce « texte du jour » qui nous est proposé... Nous ne pourrons (comme pour toutes prédication, d'ailleurs !...) pas tout reprendre... Là n'est pas le but non plus...

Alors ? Un point commun à tout cela est sans doute : l'importance, pour les premiers chrétiens en particulier, et pour nous aussi alors... d'une vie personnelle si possible exemplaire... d'un témoignage par la vie... et d'aller donc au-delà de règles religieuses habituelles. Il s'agit toujours de recevoir une vie de foi, par la foi, et non seulement par des règles religieuses toutes faites... Les premiers chrétiens, jusqu'à aujourd'hui, sont donc appelés à recevoir des interpellations de foi, qui se concrétisent dans nos vies : et c'est là que cela devient plus difficile... moins strict et plus difficile !

Jésus pousse ainsi, dans le passage de ce jour, quelques exemples encore plus loin que l'apparence religieuse : notre foi ne s'adapte-elle d'ailleurs pas sans cesse ? Ce que la Réforme a repris et nous rappelle dans un de ses grands principes : Église réformée toujours à réformer ...

Il ne s'agit pas de vivre des règles en tant que tels, mais le sens qu'elles nous disent... difficile : parce que notre mission, notre rôle ne l'est pas toujours... Mais nous ne sommes pas seuls : aidés par notre Seigneur, et les uns par les autres...

Il y a une responsabilité par rapport aux autres, dans tout ce qui est évoqué dans ce passage ; et une aide pour vivre cela ensemble ; le vivre ensemble nous aide, est indispensable

Nous parlons d'ailleurs souvent de « communauté chrétienne », etc. Ceci de façon importante et positive... nous parlons même parfois d'une famille : avec la fraternité, etc.

Mais qu'en est-il ? Il y a des endroits où les gens vivent effectivement ensemble (les monastères, mais pas seulement) : pourquoi pas ; mais est-ce nécessaire ? Le seul modèle ? Est-ce le but ?

Le texte du jour nous parle de différentes questions relationnelles importantes. Car toutes religions cherchent une référence idéale et des critères de vérité, une réponse existentielle au sens de la vie. Mais notre foi nous apporte plus spécifiquement une dimension relationnelle ; notre foi est fondamentalement d'ordre relationnel... L’Église est bien plus qu'un fournisseur de rites (aussi nécessaires soient-ils également...) et de règles (idem : aussi nécessaires soient-elles). Elle est faite d'hommes et de femmes, en relations avec notre Seigneur et les uns avec les autres ; ceci de façon bien plus profonde qu'un groupement humain X ou Y, une association, une philo, etc...

Des indications, comme celles de ce texte du jour, sont fondamentales : elles sont bien plus qu'un code ou des règles religieuses ou bien plus encore qu'un code ou des règles juridiques !... Ces passages sont à la fois concrets et infinis... comme notre foi :

  • infinie, car telle est la foi … sinon serait-elle foi, et non religiosité, superstitions, etc... Ces injonctions de Jésus paraissent inatteignables : elles le sont forcement !
  • Et concrète : car telle est notre foi !

Sinon, comment comprendre et recevoir des passages comme ceux d'aujourd'hui : comment recevoir ces avertissements ?

Inatteignable, importantes, et pourtant : c'est ce qui nous est demandé !... Oui ? Oui, mais comme quelque chose que l'on reçoit d'abord... nous savons ne pas pouvoir les réaliser entièrement par nous-mêmes ; et pourtant invités à les vivre, à en vivre... Sachant que nous ne sommes pas tout, pas grand chose en nous-mêmes... C'est certainement aussi ce que nous rappellent ces appels impossibles...

 

Le théologien allemand Dietrich Bonhoeffer a abordé cette question de « la vie communautaire ». Il nous met en garde contre la volonté d'avoir à créer la communauté chrétienne de façon ultime. C'est intéressant dans la mesure où chacun a tendance à juger, et à se juger soi-même (comme meilleur, ou au contraire incapable ; et parfois/souvent les 2 à la fois...) Et plus encore : juger l'assemblée à la mesure de nos idéaux sur la vie fraternelle. Ainsi, tout ce qui ne va pas dans notre sens, ''on'' le considère comme un manquement, voire un échec. D'où le rappel, toujours nécessaire, que seul Dieu a posé le seul fondement nécessaire !...

Pour autant, évidemment, pour le vivre, et parce que notre foi est un appel, et qu'elle est ainsi concrète, cela passe aussi par de petites choses... Là s'incarne, se réalise la vie.

 

Nous ne pouvons alors plus voir les autres comme des options... Ils/elles sont là.

Il ne s'agit plus de « faire avec »... parce qu'il le faut bien... ou d'en tirer éventuellement quelque chose pour soi... pour notre intérêt ; et sinon tant pis... Non, le sens de la communauté chrétienne est que l'autre m'apprend la vie. Cela nous rappelle alors/toujours que nous ne sommes pas dans la ''Toute-Puissance''. Et parce que la vie vient de l'Autre, passe par les autres, se construit avec eux, avec l'apprentissage, les expériences, même et surtout quand c'est difficile...

On entend parfois : je peux être chrétien chez moi : oui, particulièrement pour les protestants ; mais c'est tronqué. Et même plus : comme le Christ nous appelle, il le fait aussi/parfois par l'interpellation que nous recevons des autres, dans leurs différences.

C'est ainsi que nous apprenons ; et bien plus, et bien mieux que par des obligations... qui tomberaient d'en haut, pour nous soumettre...

Bien mieux que de nous demander toujours ce que l'autre peut m'apporter, comme nous le dit Dietrich Bonhoeffer, il nous apporte alors une espérance qui dépasse tellement/infiniment ce que nous pouvons vivre et voir par nous-mêmes, et dans le monde...

La communauté, ce n'est donc pas quelque chose avec laquelle nous devons faire, faute de mieux : c'est une chance dans la construction personnelle et commune ; à partir de ce que nous avons reçu...

Nous sommes alors d'autant plus les/avec les copains : co-pains : ceux qui ont le pain en commun …

Un signe si simple, de base, si vrai, qui nous amène à nourrir une vraie fraternité...

 

Amen !

 

 

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