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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Dimanche 14 mai 2023 : Jean 14, 15 - 21

13 Mai 2023, 16:54pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 NARBONNE 14 MAI 2023

 

Jean 14, 15 - 21

 

 « Aigle ou poulet (citation A. Nouis)»

 

Avec Lire et Dire

 

Introduction : Quel formidable aiguillon pour notre cœur que ce court passage de l’Évangile ! Un aiguillon en forme d’exhortation, de promesse pour notre ici et maintenant, mais aussi d’espérance. Et surtout il apporte la réponse à une question universelle dans le monde des croyants : « comment Dieu peut-il être présent parmi nous ? »

Évidemment, il y a quelques gros mots de la théologie : vérité, paraclet… et d’autres qui nous interpellent : orphelins…

Commençons par un peu de vocabulaire, puis nous entrerons dans le vif du sujet : la présence de Dieu dans nos vies et enfin nous examinerons comment vivre cette présence.

 

1 ) vocabulaire : Faisons un petit détour vers le dictionnaire qui posera une explication sur des mots qui, aujourd'hui, pour nous, sont, soit des ovnis littéraires, soit des pièges sur lesquels, en trébuchant, nous pourrions bien tomber dans un extrémisme très à la mode, du type fondamentaliste par exemple.

Un ovni littéraire, le « Paraclet »[1] : c’est quoi ? En fait, c’est tout simplement une transcription du mot grec « parakletos », non traduit, simplement francisé, « parakletos » devient « paraclet ». Il désigne « celui qu’on appelle à son secours », « celui qui intercède » et vous trouverez dans vos traductions « avocat », «intercesseur », « défenseur », « consolateur ». Du fait de ces diverses interprétations possibles, certains traducteurs ont choisi de le garder tel quel, simplement translitéré, nous laissant ainsi le choix de l’éventail de sens que le mot grec déploie. Notre propre choix ne sera pas sans conséquences dans ce que nous vivons et recevrons de lui. Nous en parlerons.

Vérité : un mot piège. Google me propose soixante huit millions trois cent milles réponses à la question : « qu’est ce que la vérité ? » ! Pour un mot piège, c’en est bien un ! Les querelles théologiques qui ont ponctué les siècles passés sur cette question, avec, hélas, tant de violences, nous disent bien qu’il est possible de se laisser entrainer très loin de la paix du Christ avec cette question. Pour ma part, quand je lis ou j’entends ce mot, aussitôt, comme un réflexe pavlovien, je me tourne vers un verset juste dans le contexte immédiat de notre lecture : Jean 14, 6 où Jésus déclare : « je suis le chemin, la vérité et la vie ». La vérité n’est donc pas un savoir théologique mais Jésus, le Christ, dont nous, ses disciples, recherchons sans cesse la présence.

Nous arrivons au troisième mot : « orphelin ». « Le statut d’orphelin était dramatique dans une société sans protection individuelle. Dans le Premier Testament, l’orphelin est toujours associé à la veuve et à l’étranger comme une catégorie de personnes ayant besoin d’être protégées par la loi. [Les disciples qui ont tout quitté] pour suivre Jésus, peuvent se sentir légitimement orphelins en apprenant qu’il va les quitter [2]». Au début de son discours, ne les appelle t-il pas « mes enfants » ?

Ainsi donc, à ses « enfants », Jésus annonce qu’après son départ, ils ne seront pas « orphelins », abandonnés à eux-mêmes, eux qui avaient vécu le confort de sa puissante présence aimante et compatissante. Le Père à qui il l’a demandé, leur enverra le paraclet, défenseur, consolateur, avocat, intercesseur, bref, tout ce dont un orphelin a besoin est concentré dans cet Esprit de vérité, l’Esprit saint qui les enflammera le jour de la Pentecôte malgré leur défection à la mort de Jésus quand ils se sont vraiment sentis orphelins, désemparés, sans espérance. Il est ressuscité et désormais aucune, aucun de nous n’est plus orphelin car il nous a envoyé l’Esprit de vérité.

 

2 ) l’Esprit de vérité : présence de Dieu dans nos vies : La revue Lire et Dire précise, je cite : « l’Esprit de vérité, relayera Jésus en tant qu’enseignant, une espèce de répétiteur, dans la mesure où il n’a pas à apporter de révélation nouvelle, mais à faire ressouvenir de tout ce que Jésus a dit. C’est lui qui est venu assister les évangélistes pour qu’ils fassent mémoire des paroles du Seigneur. Mais on peut aussi dire qu’il est un enseignant car son rôle est en même temps de faire découvrir tout le sens de ce que Jésus a dit, au-delà des incompréhensions de ses premiers auditeurs. [3]». Luther en est l’exemple protestant le plus connu.

« L’Esprit de vérité est aussi un esprit d’amour qui nous fait entrer dans un merveilleux cercle d’amour qui dépasse tout ce que l’entendement humain peut percevoir : l’amour réciproque du Père et du Fils qui nous englobe, nous fait découvrir que nous sommes aimés et nous pousse à aimer en retour. Cette réalité mystérieuse est exprimée au verset 23 : « nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure.

Et cerise sur la gâteau, le verset 16 précise : « il restera avec vous pour toujours » ! Cela ne concerne pas seulement les premiers disciples. Ce « vous » dans la pensée de Jean vise naturellement aussi les lecteurs de son Évangile, en son temps et pour tous les temps ».

L’Esprit de vérité atteste la présence du Christ et de son Père dans les cœurs même des disciples, aujourd'hui comme dans ceux des premiers temps de l'Église. La constance de cette présence dans nos vies garantie l’action opérante et bienfaisante du paraclet : « il nous assiste dans nos vies pour nous aider à surmonter les obstacles, il nous éclaire et nous guide sur le chemin de nos vies. Il est celui qui plaide notre cause, il est notre défenseur face à tous ceux qui nous accusent, nous mettent à l’épreuve. Il perpétue en nous la présence du Christ ressuscité. Il agit comme un vrai relais, un réémetteur de la Parole divine. Il est aussi celui qui accompagne nos célébrations chrétiennes ; il nous aide à y discerner la Parole de Dieu et la présence du Christ ressuscité dans l’écoute des textes bibliques qui deviennent pour nous Parole de Dieu par son intervention en nous. Par sa lumière, le Saint Esprit éclaire notre lecture, il illumine nos cœurs et inspire notre méditation.[4] » Dans les temps anciens, Dieu a été présent dans la tente, dans le tabernacle, puis dans le temple et enfin Jérusalem tout entière. Aujourd'hui, le lieu de la présence de l’Esprit, c’est notre cœur. Et non seulement l’Esprit mais aussi le Père et le Fils : « mon Père et moi nous établirons notre demeure en lui ». Nous comprenons pourquoi le proverbe nous exhorte à garder notre cœur plus que tout autre chose[5] !

 

3 )  l’accueil du paraclet : Y a t-il une condition préalable à la venue lumineuse et bienfaisante du paraclet dans notre cœur ? « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements (…) celui qui m’aime c’est celui qui a mes commandements et qui les garde ». Si vous m’aimez…  Aucune, aucun de nous ne doute, j’en suis sûre, que la grâce nous est acquise, première et sans condition. Un pasteur écrit, je cite : « Dieu, par une décision dont le secret n’appartient qu’à lui a décidé de ne pas tenir compte de nos péchés avoués ou pas et de nous ouvrir tout grand ses bras de Père. Mais pour prendre conscience de cette grâce et de l’immense privilège qu’elle révèle et pour vivre pleinement du bonheur de se sentir sauvés, il faut accueillir ce supplément d’Esprit que Dieu nous donne. Pour l’accueillir, il faut s’y préparer. Pour s’y préparer, il faut en faire l’effort. Il faut d’abord désirer qu’il s’installe en nous pour participer à notre vie intérieure. Il se comporte alors comme un baume bienfaisant qui oriente toutes nos pensées pour qu’elles se mettent en harmonie avec celles du Père, comme une bouffée d’oxygène que l’on fait respirer au malade pour le ranimer. Nous sommes des êtres en manque de souffle et Dieu nous envoie généreusement ce souffle qui vient de lui. Il nous appartient maintenant de l’utiliser pour surmonter ce qui entrave nos désirs. Alors nous verrons se cicatriser nos plaies intérieures et nous pourrons nous projeter sereinement dans l’avenir.[6] » (fin de citation).

 

Conclusion : En conclusion, avec son humour habituel, Antoine Nouis offre, dans un de ses commentaires sur l’Esprit saint, une image qui pourrait nous accompagner dans les jours qui viennent, exhortation à se laisser porter et emporter par l’Esprit de vérité (je cite) :

 

« Un passage d’Esaïe dit :

Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leurs forces.

Ils prennent leur vol comme des aigles ;

Ils courent et ne se lassent pas,

 Ils marchent et ne se fatiguent pas.

Si l’Écriture nous invite à être des aigles, nous ressemblons trop souvent à des poulets.

Avez-vous déjà observé un poulet qui essaie de voler ? ça s’agite, ça fait du bruit, ça remue du vent… mais ça ne vole pas très haut. En revanche, un aigle qui déploie ses ailes se laisse porter par le vent. On a observé un aigle faire vingt-cinq kilomètres sans un seul battement d’aile.

Se laisser porter par le souffle de l’Esprit, c’est apprendre à déployer ses ailes pour devenir un peu moins poulet et un peu plus aigle.[7] ». Amen.

 



 

 

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Paraclet#:~:text=Le%20paraclet%20est%2C%20chez%20les,26%20%3B%2016%2C%207).

[2] Antoine Nouis Le Nouveau Testament commentaire intégral tome 1 page 719

[3] Lire et dire p. 27

[5] Proverbes 4, 23

[6] Jean Besset http://jeanbesset.unblog.fr/2011/05/27/jean-14-15-26-le-consolateur-dimanche-29-mai-2011/

[7] Antoine Nouis un catéchisme protestant   page 214²              ²

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