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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Dimanche 30 juillet 2023 : 1 Rois 3,5-12 "et toi, que vas-tu lui demander ?"

29 Juillet 2023, 08:52am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 NARBONNE 30 JUILLET 2023

1 rois 3, 5 – 12

 

 «et toi, que vas-tu demander ?»

Prédicatrice : Joëlle Alméras

 

Introduction : Quelle situation ahurissante, renversante, prodigieuse, nous présente notre texte. Dieu, soi-même, en personne, s’invite dans un rêve pour offrir au rêveur ce que son cœur désire : « demande moi ce que tu veux ». Quand on sait qui fait cette proposition, j’ose dire que voilà un songe à vous réveiller tout net ! Pourtant Dieu n’est pas un génie caché dans une lampe[1] qu’il suffirait de frotter pour le faire apparaitre et mettre à notre disposition, selon nos désirs, ses capacités à faire des miracles. Du coup, un point crucial est soulevé : que peut-on lui demander ?

Suivons Salomon, tournons les projecteurs vers la vie de ce jeune homme à la position dominante dans son pays, revoyons son parcours et la raison de sa demande, une demande en forme de prière. Et ce glissement de la demande à la prière nous ouvre des perspectives à explorer, nous les lectrices et lecteurs de ce texte, ici, aujourd'hui.

Puis avançons dans le temps jusqu’à l’époque d’un autre roi, lui aussi en relation étroite avec son Dieu. La prière est pour lui un incontournable de la relation avec celui qu’il appelle «mon Père et mon Dieu ». Quel suc nourrissant pouvons-nous tirer de cette relation d’exception entre un fils et son Père ?

Enfin, à la lumière de ces vies, pouvons-nous illuminer la nôtre ? Et comment ?

 

1 ) La prière de Salomon : Salomon, fils de David, tout jeune roi, est déjà marié ; il a conclu une alliance avec  l’Égypte, son grand voisin du sud, bref, c’est un monarque bien établi sur son trône, qui règne sur le royaume d’Israël, pas encore scindé en deux, dont le siège est à Jérusalem. Il est beau, grand, riche et puissant et il a la faveur de son Dieu. Que pourrait-il désirer de plus ?

Certes, dans les mœurs de l’époque, les rois avaient une fort fâcheuse habitude : ils chassaient ou faisaient assassiner, sans état d’âme, tous ceux qui contrariaient leurs projets. Salomon n’échappe pas à la règle : Adonias qui voulait la sunamite pour épouse, Abiathar le prêtre, qui avait eu le privilège de porter l’Arche du Seigneur, Joab qui avait pris le parti d’Abiathar, Shimeï qui avait passé outre son assignation à résidence ont été sois tués soit chassés sur son ordre. Si je m’attarde sur ces faits c’est parce qu’un évènement étonnant va survenir : tel qu’était Saül, le Seigneur vient quand même, dans un songe, lui dire : « demande moi ce que tu veux, je te le donnerai ». Nous pourrions ici entrer dans une méditation sur les relations entre Dieu et les humains, qui, avec leurs faiblesses, leurs erreurs et pire même, se voient toujours ouvrir un chemin possible vers la grâce divine. Voilà de quoi alimenter ta méditation pour la semaine qui vient, si le cœur t’en dit.

Nous, nous continuons de faire route avec Salomon, qui, dans un raccourci historique, relate un résumé édifiant des relations que son père et lui ont eu le privilège de vivre avec leur Dieu. Et enfin la demande qui en découle : « donne moi un cœur attentif pour gouverner ton peuple, pour discerner le bon du mauvais », c’est la sagesse qu’il demande ! Pour reprendre une célèbre citation cinématographique : « alors, là, mon enfant, tu m’as cueilli et je peux te dire que ce n’est pas chose facile[2] » aurait pu dire le Seigneur ! Cet homme de pouvoir, qui peut obtenir ce qu’il désire d’un claquement de doigt, et comme tous les puissants en veut toujours plus : plus de richesse, plus de territoire, plus de puissance souveraine sur ses voisins, cet homme là s’humilie, déprécie sa capacité royale devant son Dieu et demande « un cœur attentif pour gouverner ». Je vous le dis, ça m’en bouche un coin et par dessus tout, ça m’ouvre un horizon nouveau dans ma propre vie. Oh ! Évidemment ! si dans un premier temps, le Seigneur ne m’a pas visitée en songe, en tout cas, pas encore, dans un second temps, j’apprends qu’il aime qu’on pose devant son trône de grâce, des demandes extraverties, avec un regard tourné avec attention vers le bien-être de nos semblables. Si c’est valable pour le roi, pourquoi en serait-il autrement pour moi ?

Salomon se présente devant Dieu comme un enfant qui ne saurait pas comment remplir la tâche qui lui est assignée, il se tourne vers Dieu comme vers un père qui peut lui tenir la main et l’aider à franchir, avec succès, les difficultés inhérentes à sa vie de roi.

Nous aussi, comme Salomon, nous regardons à Dieu comme à un père, matriciel et bienveillant, et nous le faisons particulièrement quand nous sommes face à un obstacle qui obstrue notre relation avec notre frère ou notre sœur dans la foi ou en humanité.

Demander à Dieu la capacité d’un discernement fondé sur sa Parole, d’être à même de décider, avec sa sainte direction, des options les meilleures dans nos relations avec nos semblables, n’est-ce pas le socle même de nos prières d’intercession ?

 

2 ) La prière de Jésus  : Un autre roi, roi d’un royaume d’une autre dimension, nous a appris, par sa propre vie, et ses relations avec son Père et son Dieu, que les demandes que nous pouvons formuler quand le Seigneur nous dit : « demande moi ce que tu veux » n’ont rien à voir avec la carte qu’un enfant sage pourrait envoyer au Père Noël pour lui commander ses cadeaux. Jésus, Fils de Dieu, de condition divine, s’est lui aussi, comme le fit Salomon, humilié jusqu’à devenir un humain parmi les humains[3], et il ouvre pour nous la voie aux demandes que Dieu agrée et auxquelles il répond favorablement : « demandez et l’on vous donnera[4] » dit-il. La demande la plus célèbre qui court dans le monde entier, c’est celle que nous appelons : « le Notre Père ».

Comme dans les 10 Paroles rapportées dans le livre de l’Exode, nous y apprenons à nous décentrer pour regarder d’abord à la gloire de Dieu : son saint Nom, son règne, sa volonté avant de porter notre regard sur la terre, sur nos frères et sœurs en humanité et sur nous aussi.

 

3 ) Notre prière : La  question reste cependant : que peut-on demander ? Nous ne sommes pas de purs esprits et notre Père, qui est dans les cieux, le sait. Il sait que nous avons besoin, par exemple, d’un travail qui nous donnera les moyens financiers de vivre et de bien d’autres choses nécessaires à notre humanité, comment pourrions-nous ne pas lui en parler ? Un pasteur écrit, je cite : « Ce que nous dit la Bible, c’est qu’il est bon que notre relation avec le créateur soit centrale dans notre existence. (…) ce n’est pas parce que nos conditions de vies en ce monde n’auraient pas d’importance que ce n’est pas une bonne idée de le demander à Dieu, mais parce que les souhaiter plus que tout décentre notre existence, la coupe de sa source ». (fin de citation)

Si, comme Salomon, et aussi comme Jésus, nous déposons nos demandes dans l’humilité, c'est-à-dire dans une disposition de cœur ouvert à Celui dont nous dépendons, si nous avons pleinement conscience d’être enfant de notre Père céleste, d’avoir été adopté pour partager avec sa grande famille universelle son amour et sa présence, nos demandes seront, si je puis l’exprimer ainsi, des demandes « familiales » où nos désirs et nos besoins seront enchâssés dans ceux de nos frères et sœurs, amalgamés, enchevêtrés dans les besoins habituels d’une maisonnée spirituelle. Comment alors pourrions-nous ne penser qu’à nous dans cette famille extraordinaire où chacun est porteur d’un même sang, fils ou fille d’un même Père, frère ou sœur d’un même Frère qui lui, a offert sa vie, pour que l’amour soit le moteur, explosif et exponentiel, de toutes les relations de sa famille, où chacun fait « un » avec lui et avec toutes et tous les autres, selon la demande qu’il expose dans l’Évangile  selon Jean au chapitre 17[5].

Charles Péguy a mit le doigt sur cet essentiel que sont les autres, je cite : « il ne faut pas sauver son âme comme   on sauve un trésor… Il faut la sauver comme on perd un trésor, en le dépensant (…) Il ne faut pas arriver chez le Bon Dieu les uns sans les autres. Il faudra revenir tous ensemble dans la maison de notre Père. Il faut aussi penser un peu aux autres, il faut travailler un peu pour les autres. Qu’est-ce qu’il dirait si nous arrivions les uns sans les autres ?[6] » (fin de citation).

 

Conclusion : En conclusion, Antoine Nouis nous rappelle avec une des brèves histoires dont il est coutumier, ce que devrait être l’essence de notre demande, ou peut-être, ce qu’elle ne devrait pas être, je le cite :

« Un sage avait le don d’avoir les oreilles de Dieu. Chaque fois qu’une personne faisait une prière, il entendait ce que Dieu entendait.

Des hommes sont venus le voir et l’ont interrogé : Nous disons beaucoup de prières et nous avons le sentiment que Dieu ne répond jamais.

Le sage a répondu : «Dieu entend votre prière. Mais il entend la prière de votre cœur, pas celle de votre bouche. Quand vous dites le notre Père, voici ce que Dieu entend : « Notre Père qui es aux cieux, que mon nom soit sanctifié, que mon règne vienne, que ma volonté soit faite. Donne-moi aujourd'hui le pain dont j’ai besoin et ajoutes-y un peu de confiture, une maison, une console de jeux, une grosse voiture et de longues vacances. Pardonne-moi mes offenses mais oublie-moi avec manques de pardon. Fiche-moi la paix avec mes tentations et délivre-moi de tout ce qui me dérange et me gêne. » Et lorsque vous avez achevé votre prière, vous dites : « Amen », en espérant que Dieu ne tardera pas à l’exaucer. »[7] Et toi, que vas-tu lui demander ? Amen.

 

[2] Le grand blond avec une chaussure noire Jean Rochefort

[3] Philippiens 2, 5 - 11

[4] Matthieu 7, 7

[5] Jean 17

[6] Idebert Exbrayat Notre père ou la prière révolutionnaire p. 42

[7] Antoine Nouis un catéchisme protestant  p. 539

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