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Message de Sophie Zentz-Amedro - Synode régional d'octobre 2012
Message synode régional - octobre 2012 - Sète
Chers délégués synodaux,
Chers frères et sœurs en Christ,
Ca y’est nous y sommes ! À quelques jours de l’entrée dans l’Eglise Protestante Unie de France des associations cultuelles de la région, nous allons vivre le dernier synode de l’Eglise réformée en Cévennes - Languedoc - Roussillon. Avec confiance et espérance nous passerons ainsi d’une Eglise à une autre… Bien sûr elles ne sont pas si différentes: celle en naissance étant fortement inspirée de celle existante. Mais quand même c’est un événement : des chrétiens dans une société laïcisée, sécularisée créent une nouvelle Eglise et qui plus est une Eglise Unie avec d’autres chrétiens, montrant ainsi leur désir d’unité dans la reconnaissance de la diversité. Initiant à contre courant une démarche d’alliance plutôt que de méfiance et de recentrement. Quel signe d’espérance ! pour nous-mêmes et pour nos contemporains. Pour tous les membres de ces deux Eglises réformée et luthérienne et pour nos partenaires associatifs ainsi que pour les institutions politiques ou étatiques. J’ai bien conscience que nous ne représentons pas grand-chose à l’échelle de la France, et que cette création d’Eglise nouvelle risque fort de passer pour la majorité de nos concitoyens inaperçue, mais en dépit de tout cela vivons ce moment comme un élan. Un élan pour témoigner !
Il y a dix huit mois environ, notre rédactrice en chef avec son comité de rédaction nous concoctait un beau poisson d’avril que beaucoup d’entre vous avaient lu et pris très au sérieux. (lecture du passage Cf. Le Cep n° 540 avril 2011 p.31) : tricoter un logo pour la nouvelle union et envoyer une carte portant un message fort ! Nous avons reçu des pelotes et quelques messages merci ! Nicole Marion s’est mise à tricoter… Oh pas le nouveau logo que vous découvrirez au cours de l’après-midi, mais notre logo régional avec le ciel et la mer, le soleil et les montagnes… et moi j’ai cherché quel serait notre message …
Lecture de Jean 15, 9 à 11
«Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. Je vous ai parlé ainsi pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit entière. »
« Dans la joie, soyons des témoins ! »
En Jésus-Christ, Dieu nous a tout donné une parole qui libère, une identité de frère, un amour sans limite, une joie pleine et entière. L’incarnation de la parole a donné à l’être humain une espérance nouvelle, annoncée par les prophètes, révélée en cet homme de Nazareth. Une espérance sans faille qui permet de tout traverser : doute ou révolte, épreuve et souffrance, deuil et résignation. Une espérance que nous chrétiens, encore aujourd’hui, portons et affirmons, même si les hommes et les femmes de notre temps, même si les discours ambiants, même si les idéologies véhiculées, même si toute la société nous renvoient à une certaine naïveté ou à une indifférence, voire à du cynisme ou du rejet. Nous avons aujourd’hui la belle et pleine responsabilité de l’affirmer avec tous les autres êtres humains, chrétiens ou non, qui participent eux aussi à ce refus de la résignation, à cet élan de vie, à cette vision d’un avenir porté par un projet.
Un élan vivifié par une joie pleine et entière. Une joie imprenable comme l’a évoquée Lytta Basset dans l’un de ses ouvrages. Cette joie qui fonde notre humanité dans l’amour du Père. Cette joie ravivant notre identité et notre dignité. Cette joie qui dans le pardon, la confiance et l’amour donne à chaque enfant de Dieu la certitude d’être vivant. Une joie éclairant notre passé afin qu’il puisse être revisité et illuminant notre avenir pour y susciter des projets. C’est au coeur de cette joie que chaque chrétien trouve son chemin d’espérance et de paix. Être dans la Joie, dans la joie du Fils, dans la joie du Père,dans la joie d’un souffle nous révélant notre communion fraternelle. Dans la reconnaissance et la grâce de la vie quelle qu’elle soit avec ses bonheurs et ses échecs, ses plaisirs et ses douleurs, ses découragements et ses défis. Joie d’être au cœur du monde, de la terre, de l’ensemble de la création, bénéficiaires et responsables de cette nature qui nous entoure. Nous invitant à la contemplation de la beauté, de l’immensité… nous rappelant aussi notre profonde humilité …
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu souviennes de lui, le Fils de l’homme pour que tu prennes soin de lui ? »nous rappelle le psalmiste (Ps 8, verset 5).
Dans la parole écoutée, méditée, partagée nous découvrons et redécouvrons sans cesse cette joie déposée en chaque être humain par l’amour de Dieu. Au cœur de la parole nous puisons à la source. Source d’eau vive abondante et inépuisable qui donne sa force au chrétien, son roc, ses fondements. C’est à travers cette source que nous devenons nous protestants, frères et sœurs en Christ, une communauté humaine. Unis les uns aux autres par le souffle vivant. Reliés les uns aux autres par une même affirmation de foi. Une foi nourrie de convictions fondant notre espérance. Notre communauté humaine trouve alors les bases de son vivre ensemble dans ces quelques mots si simples et si forts à la fois : amour, pardon, partage, dignité, confiance donnant sens à nos relations sociales, ecclésiales et familiales ; donnant sens à nos implications économique et citoyenne.
Qu’est-ce que l’évangile nous appelle à vivre… à vivre ensemble ? Au moment où nous affirmons être Eglise quel est notre projet commun ? Quel sens donnant nous à notre histoire ? Quelle espérance brille à travers nos regards, nos paroles et nos gestes ? Quelle vie communautaire souhaitons-nous ? Quel témoignage au monde voulons nous apporter en ce début de XXIème siècle ? Osons affirmer ce qui ravive cette joie pleine d’espérance. Partageons ce trésor, offrons le sans attente, sans retour tout simplement parce qu’il est trop vivant pour être emprisonné, parce qu’il est trop précieux pour être cadenassé ! Oui offrons le sans détour, sans scrupule, sans appréhension … car déjà par ce don, ce témoignage la flamme se ravive d’elle-même. Donner, « donner sans compter ce que vous avez reçu » nous dit Jésus. Donner de votre temps, donner de l’argent, donner un sourire, une main tendue, donner de la présence… donner sans peur et sans mépris, ni par devoir ni désir de rétribution, simplement pour être. Certaines études récentes montrant combien le don et le bénévolat peuvent avoir des effets bénéfiques sur la psychologie humaine, que la confiance joue même sur une hormone, l’ocytocine, apportant une espérance plus grande de vie. Parallèlement, certains économistes argumentent que le don entre nécessairement dans un système économique sain par le lien humain qu’il induit. Donner pour que l’autre, notre prochain, notre contemporain se sente lui-même aimé, digne de respect, libre et vivant. Donner pour être, nous-mêmes, pleinement vivants.
75 ans ! Bel âge pour l’Eglise réformée de France ? ¾ de siècle c’est bien court au vue des millénaires de chrétienté et pourtant pour nous protestants réformés français une nouvelle étape s’ouvre devant nous. Pour certains nous n’avons connu qu’elle ! Nous y avons grandi, vécu, célébré, partagé. Pour d’autres elle a été famille d’adoption. Pour tous, des étapes de notre existence y ont été vécues. Nous y avons découvert les histoires d’un peuple en marche guidé par la Parole. Ensemble nous la constituions, nous la faisions exister par notre compréhension de l’Evangile et de la grâce, par notre manière de la vivre et de témoigner. C’est bien nous, en tant que communauté croyante, qui lui donnions son corps, son être pour qu’au sein de la société notre manière d’exprimer notre foi puisse exister. Sans nous, sans les communautés locales, sans cette Parole prêchée, le baptême et la cène célébrés, ses réflexions et assemblées synodales, cette Eglise n’avait pas de sens.
Aujourd’hui à l’aube de la naissance de l’Eglise protestante unie de France il en est bien de même. C’est par nous et pour nous que cette institution ecclésiale voit le jour. Lors de ces derniers mois, nous avons pu, parfois, nous poser la question de savoir si nous n’étions pas au service de cette institution naissante : les heures passées sur la Constitution, sur les statuts, sur le règlement synodal etc… et en plus nous en Cévennes Languedoc Roussillon avions ajouté les fonctionnements nouveaux, les chartes, les Ensembles, la redéfinition des postes… histoire de pimenter les choses ! Mais non ! C’est bien nous qui allons la « dresser » cette nouvelle Eglise par notre vie communautaire, notre lecture et notre écoute de l’Evangile, nos cultes et projets de témoignages, notre catéchèse et camps de jeunes, notre présence auprès des souffrants, des démunis, des plus âgés, des prisonniers… Nous allons la « dresser » par la vie et le partage de notre foi, en communion les uns avec les autres.
J’aimerais partager avec vous un symbole qui fait sens pour moi et qui pourrait nous accompagner tout au long de ce temps synodal…
Le logo régional, présent devant vous, évoque le ciel et la terre, la mer et le soleil. Quand je pensai à vous délégués synodaux, à toutes les communautés et conseils presbytéraux, Ensembles et consistoires, à toutes les pastorales rencontrées durant ces derniers mois et à ce temps de message pour ce 43èmSynode à Sète, c’est l’image du Phare qui s’est imposée à moi.
Un phare…Ouverture sur la mer, vers l’inconnu, vers tous les possibles ceux que l’on maîtrise et ceux qui nous dépassent. Vers l’imaginaire, les espoirs, les attentes, les découvertes…
Un phare…Point d’ancrage pour le marin qui part, mémoire de son histoire, de son passé sans jamais l’enfermer, lui donnant la force d’aller vers l’avenir.
Point d’accueil pour le navigateur de retour, retrouvant sa terre et les siens.
Un phare…Hospitalité pour l’étranger qui arrive, qui passe, en recherche, comme pour le réfugié, l’exilé en quête d’une terre d’asile.
Un phare…Espoir d’un secours dans la tempête, d’un guide, d’un point fixe auquel on puisse se raccrocher.
Un phare…Lumière permettant de naviguer en toute confiance dans la nuit.
Un phare…Entrée, sortie. Porte de la terre, porte de la mer, porte jamais fermée mais signe de liberté
Un phare…Espérance pour le naufragé d’une humanité retrouvée
Un phare…Veilleur … au fil des nuits …
Un phare…Solide comme un roc pour braver les tempêtes
Un phare…Risque du départ, risque de rester… Peur, peur de partir ou de ne pas voir revenir
Un phare…Présent la nuit, le jour, sur la terre, au bord des mers,
Elevé vers le ciel, enraciné sur la terre
Plus haut que l’être humain pour lui rappeler sa fragilité
Un phare…Simplement là pour les hommes et les femmes. Pour qu’ils vivent entre ciel, terre et mer.
Une Eglise comme un phare qui serait là ouverte et accueillante, enracinée dans la Parole, tournée vers l’avenir. Une Eglise comme un roc, un point d’ancrage par son histoire et ses projets, son espérance et la vérité révélée.
Au cœur des hauteurs et des profondeurs, de l’espace et du temps, l’homme découvre un avenir dans l’advenir de Dieu où tout est alors possible, où tout est alors vivant.
Une Eglise traversant les tempêtes de la vie, du deuil, de la maladie. Par la force de la communion, de l’intercession, du souffle l’a traversant, l’humanité devient pleinement fraternité…Par la résurrection, la mort est dépassée, la vie peut triompher. Cette espérance nous la vivons, nous l’affirmons. Et encore cette année nous l’avons vécue lorsque certains de nos frères, de nos sœurs, serviteurs de notre Eglise sont décédés… Maurice Lacombe, Christiane Palmade, André Poujol, Emile Manen, les pasteurs Dombre, Grossi, Rennes et Rouvérand, … et tous ceux que je n’ai pas cités qui ont œuvré pour annoncer l’Evangile et qui étaient impliqués dans nos communautés locales ou tous ceux proches ou chers dont l’absence nous fait mal.
La force de la Parole, la force de la prière, de la communion spirituelle nous ont portés dans ces moments douloureux comme nous voulons porter aujourd’hui nos frères et nos sœurs de la région Nord Normandie réunis eux aussi en synode régional et qui portent le deuil et l’absence de deux ministres en activités….
Une Eglise qui veille… qui interpelle, qui débat, qui questionne, qui se laisse transformer par la vie des hommes et des femmes de notre temps à la lumière de la Parole. Une Eglise qui ose, qui crée, qui imagine, qui transmet, qui témoigne avec convictions et avec joie !
Nous, ensemble cette Eglise, nourris de la Parole donnée, avec au plus profond de notre être cette joie inébranlable, nous pourrons témoigner de notre espérance d’un monde nouveau. D’un monde où la fatalité n’a pas de sens. Un monde où tout est toujours possible. Un monde qui se souvient de son avenir comme le dit Jean-Claude Guillebaud dans son dernier livre « Un autre monde est possible ». Un monde où l’homme inlassablement cherche du sens. Un monde rempli de cette joie, bien loin de la naïveté, de l’inconscience ou de l’insouciance, pour défier la désespérance. Un monde plein d’espérance pour dire à la nostalgie que la vie se joue aujourd’hui.
Oui ensemble soyons cette Eglise !
Dans la joie, soyons témoins !
Pasteur Sophie ZENTZ-AMEDRO
Présidente du Conseil régional Cévennes-Languedoc-Roussillon
Eglise réformée de France
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