Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Eglise Protestante Unie de Narbonne

"Seul l'amour fait de nous des chrétiens!" Prédication du dimanche 24 avril 2016 à Narbonne

25 Avril 2016, 16:41pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

Textes bibliques : Apocalypse 14,21-27; Jean 13 : 31- 35

 

 

Frères et sœurs, nous sommes sur la route de Pâques vers Pentecôte. Et entre-temps, nous aurons l’ascension, le départ du Christ de cette vie terrestre.

 

Dans l’Evangile qui nous est proposé ce dimanche, Jean nous rapporte le testament que Jésus laisse à ses disciples. Il ne laisse ni or ni argent. Il ne laisse ni écrit, ni relique. Jésus laisse en héritage à ses disciples un commandement. Tel est son héritage et la mission qu’il donne. Il s’agit d’un message particulier de Jésus à ses disciples centré sur la nouveauté de l’amour.

Avant de leur confier ce message, Jésus a attendu un événement : il a attendu le départ de Judas. Judas vient de quitter le cercle des disciples pour accomplir son œuvre, l’œuvre des ténèbres : il s’apprête à trahir Jésus auprès des autorités.

Le compte à rebours a commencé : la Passion de Jésus est en marche. C’est ce moment que Jésus a choisi pour adresser ses disciples un discours bref mais capital. Maintenant que le traître est parti, les vrais disciples se retrouvent entre eux, et Jésus va pouvoir leur parler dans une confiance intime.

Jésus annonce son départ à ceux qu'il appelle ses "petits enfants" : et fait de ce moment l'équivalent d'une réunion de "famille". Jésus fait un discours d'adieux à la façon d'un père qui va quitter ce monde et qui fait part de ses dernières volontés à ses enfants. Tout cela contribue à cette tonalité de tendresse qui traverse tout ce dernier discours de Jésus.

Du fait que ses disciples ne peuvent le suivre maintenant, Jésus leur laisse un commandement qui, s'ils le mettent en pratique, leur permettra de continuer à vivre avec son esprit et sa mentalité, et, d'une certaine façon, comme s'il était encore là, visiblement, avec eux.

Que leur dit-il de si important ? Il leur fixe une mission : donner au monde le témoignage de l’amour. Ce qui montrera à tous les humains que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres.

Il faut quitter ses peurs, ses ignorances, ses préjugés, ses raideurs dogmatiques, ses égoïsmes et ses avantages. Autrement dit, quelle la marque distinctive à apporter au monde et ainsi prouver que le Christ physiquement absent a toujours une réalité existentielle ?

«Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.».

Frères et sœurs, vous avez bien entendu, qu’il est question d’un «nouveau commandement».

Une question vient immédiatement à l’esprit, comment se fait-il que l’on qualifie de «nouveau» un commandement qui était connu depuis l’Ancien Testament ? Le commandement de l’amour n’est pas nouveau en soi. Il constitue l’un des éléments fondamentaux de la tradition biblique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18).

Ce qui est nouveau, c’est la façon d’exprimer cet amour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Car pour avoir la force de le faire, la force d’accomplir la Loi, il fallait la grâce! Il fallait Jésus. Sans la grâce, l’on ne peut faire ce qui est bien. « Sola gracia ! »

Le commandement de Jésus est ainsi un vrai commandement nouveau au sens actif et dynamique, parce qu’il «renouvelle», il rend nouveau, il transforme tout. Ce commandement de Jésus n’est pas que parole, il se fait geste, il se pose en actes, il est concret, il prend visage, il est une personne, des situations.

«Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

Cette parole de Jésus dite à ses disciples, peut-elle encore résonner comme quelque chose de nouveau ?

Ce « nouveau » ne signifie pas que c’est la première fois que Jésus parle de l’amour, mais l’amour ici est différent parce qu’il sera en lien direct avec la mort du Christ. A partir de là nous pouvons saisir l’importance du « nouveau commandement » de l’amour mutuel.

On pourrait traduire ce commandement de cette façon: « de la manière dont je vous ai aimé, aimez vous les uns les autres »  Les disciples devraient imiter le comportement modèle de leur Maître. C’est cela la nouveauté, la radicalité de ce commandement.

C’est de cette nouveauté et de cette radicalité dont parle le livre de l’apocalypse, notre premier texte. Jean dans sa vision tient à répéter que l’intervention de Dieu en la personne de Jésus, le Christ dans le monde ne peut que bouleverser toutes les données temporelles ou spatiales. Le passé est balayé, Dieu va créer du nouveau. C’est dans un cadre renouvelé que vivent les humains : ils portent un nom nouveau, celui du Christ vivant ; leur vie est un culte nouveau que l’agneau a rendu possible ; ils sont citoyens de la nouvelle Jérusalem. C’est la proclamation d’un nouveau mode de vie, d’un nouveau monde. Les versets annoncent que ces êtres sont appelés à vivre dans un univers qui participe de ce renouvellement. La cité vient du ciel et c’est Dieu qui l’envoie ; il ne s’agit pas d’une glorification d’une réalité humaine, la ville est vraiment nouvelle.

Ceux qui suivent le Christ sont appelés à vivre l’amour qu’a montré le Père en envoyant le Fils, et celui qu’a montré le Fils en donnant sa vie. Aimer à la mesure de Dieu-fait-homme qui dépose librement sa vie pour la libération du monde. Aimer non plus comme soi-même, mais à la mesure divine : plus que soi-même. Dieu s’est dépouillé de sa gloire pour prendre notre condition d’esclave ; il a nous a aimés jusqu’à la mort sur une Croix afin que nous vivions (Ph 2, 6-8).

La nouveauté de cet amour est aussi celle de sa source. Pour être efficace, cet amour doit venir de plus loin, de plus profond que nous-mêmes. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés – cela n’est pas possible si l’Amour de Dieu n’est pas répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous est donné (Rm 5, 5). C’est pourquoi ce commandement reste éternellement nouveau. Cette nouveauté est celle de Dieu lui-même, éternellement jeune, éternellement Vivant, créant les cieux nouveaux et la terre éternellement neuve. Son Esprit d’Amour nous donne part à sa nouveauté qui ne connait pas de déclin.

 

La nouveauté de ce commandement, c’est aussi le mode de cet amour.

Dieu nous a aimés gratuitement, lorsque nous étions encore pécheurs (Rm 5, 8). L’amour du prochain qui exigerait des préalables n’est pas encore celui du Christ.

Puis, Dieu nous a aimés efficacement : il ne s’est pas contenté d’éprouver de la bienveillance à notre égard, il a posé les actes. Il s’est incarné, il a souffert, il est mort, il est ressuscité pour notre gloire. L’amour n’est pas affaire de sentiments, mais des actes. C’est pour cela que le Seigneur en fait le commandement nouveau.

Dieu nous aime de façon droite : pour nous-mêmes, pas pour ce que nous pourrions lui donner. Ce n’est pas son bien qu’il cherche en mourant sur la Croix, c’est le nôtre. Lui, il ne manque de rien.

Entendons-nous bien, c'est à ses disciples que Jésus s'adresse : « si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous sauront que vous mes disciples.»

Oui, la gloire de Dieu se manifeste à travers les interventions libératrices de ceux et des celles qui se réclament disciples du Christ.

 

Ce testament de Jésus est aussi le nôtre aujourd’hui, frères et sœurs. Nous qui avons fait le choix volontariste de perpétuer son œuvre, en étant nous-mêmes au bénéfice de sa grâce et de son amour, Jésus nous engage à une nouveauté de vie. Ceux qui suivent le Christ sont appelés à vivre l’amour qu’a montré le Père en envoyant le Fils, et celui qu’a montré le Fils en donnant sa vie pour l’ensemble de l’humanité.

Cet amour ne se cantonne pas aux membres d'une communauté fermée. C'est un amour qui s'adresse à tous et à toutes. C’est là encore quelque chose de nouveau. Il s'adresse à ceux qui se tournent vers Dieu afin de recevoir de cet amour, la grâce, la libération, une vie nouvelle. La notion même de disciple est totalement ouverte, nouvelle.

Le commandement s'adresse donc bien aux disciples de Jésus et aux membres de l'Église mais comme un don à offrir aux autres. Les cultes, les sacrements, n’ont d’autre fonction que d’entretenir cette source d’où nous tirons cet amour à offrir aux autres.

Après avoir dit tout cela, frères et sœurs, l’amour fraternel au sein de nos communautés de vie n’est pas si évident. Reconnaissons-le.

L’indifférence, l’égoïsme, la haine, la vengeance, la violence, l’esprit de domination et de rivalité font partie de nos comportements.

Frères et sœurs, l’amour dont parle le Christ ce matin est une source d’eau vive qui fait jaillir un nouveau printemps. C’est un baume qui guérit les blessures. Cet amour est difficile certes, mais profond, fidèle, un amour plus fort que la haine, plus fort que l’injustice et plus fort que la mort. Il est nouveau parce qu’il va jusqu’au bout : «Aimez-vous les uns les autres tel que  je vous ai aimés». Ce commandement constitue l’unique obligation de la nouvelle alliance. Tout le reste est secondaire et il est l’essentiel de cette mission qui nous est confiée par le Christ, «Ils sauront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres». C’est là le signe distinctif par lequel les chrétiens peuvent être reconnus! C’est le commandement nouveau que le Christ nous a laissé en héritage.

Même difficile, ce genre d’amour est possible et il existe vraiment dans notre monde d’aujourd’hui. Chacun et chacune d’entre nous pourrait en donner des exemples ou incarner des exemples. Cet amour mutuel se traduit de mille façons dans la vie quotidienne : l’écoute, l’accueil, l’attention à l'autre, le service des plus faibles, la compassion, le pardon, la miséricorde, etc.

Il se traduit dans des actes simples de la vie de tous les jours et dans des actions communautaires en faveur du bien commun, des droits de la personne, de la justice sociale, d'une meilleure répartition des biens, d'un environnement de qualité supérieure, de la lutte contre le sexisme, contre toute discrimination, etc.

En nous aimant les uns les autres comme le Christ nous a aimés, nous participons à la construction de la cité nouvelle, la cité où «il n’y aura ni mort, ni deuil, ni pleurs, ni douleurs, ni violence, ni guerre, ni exploitation».

C’est un amour qui invite à nous ouvrir à tous, à tous ceux et à toutes celles qui souhaitent et demandent cet amour ou qui sont en manque mais privés de moyen de l’exprimer.

Frères et sœurs, dans notre monde moderne, ce monde qui revendique la nouveauté, nous avons une bonne nouvelle à vivre et à offrir : Oui, je vous donne un commandement nouveau : « aimez-vous les uns les autres tel que le Christ vous aimés. ». Seul l'amour fait de nous des chrétiens….Amen !

 

Charles KLAGBA

 

Commenter cet article