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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Prédication du culte du dimanche 19 janvier 2020: Jean 1, 29-34

20 Janvier 2020, 16:51pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Jean 1, 29-34

Frères et sœurs, le monde dans lequel nous vivons nous conduit souvent au pessimisme, aux nombreux orages de l’esprit, à la colère, et même, même à la rupture parfois entre nous chrétiens, voyons nos Eglises, voyons notre Eglise ! Petite Eglise narbonnaise, entends-tu tes sœurs et tes frères ceux qui peinent, ceux qui doutent, ceux qui souffrent, ceux qui sont séparés ?

Sais-tu combien parfois ils se détournent de ce qu’ils sont venus chercher ? Par paresse, par lassitude, par trop de soucis, ici et là, et pourtant, pourtant, il n’y a aucune fatalité à cela, et le texte de ce dimanche peut contribuer à nous donner du désir et une vitalité nouvelle pour notre Eglise.

Oui, d’accord mais comment faire ?

Bien sûr ce n’est pas évident. Ce texte parle d’une rencontre, une rencontre capitale : celle de deux hommes, l’un s’appelle Jean-Baptiste et l’autre Jésus, ils sont tous deux de la même famille, Marc en effet nous a informé qu’Elisabeth est dite « parente » avec Marie, deux hommes donc qui avaient presque le même âge, à quelques mois près.

Une rencontre peut bouleverser une vie, certains ici ont rencontré dans leur enfance un professeur, ou plus tard un compagnon, une femme, un ami, et leur vie a changé, ils sont devenus journalistes, chercheurs, ou tout simplement humains, vraiment humains, c’est le message de nombreux philosophes, je pense au philosophe juif Levinas, ou au protestant Ricœur, ils ont travaillé, étudié, réfléchi sur la rencontre de l’autre, de son visage, une rencontre peut nous changer comme un rocher peut faire changer le cours de la rivière. Une rencontre peut nous faire changer le cours de notre vie…

La rencontre dont il est question ce matin est capitale parce que Jean-Baptiste, en prophète, se pose d’emblée en témoin, c’est un témoin qui nous parle et qui fait preuve d’une clairvoyance étonnante quand il nous dit : Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.

Bien sûr, cet Evangile a été écrit longtemps après les événements qui ont touché Jésus, ses disciples, Jérusalem, un siècle ou plus, mais ce qui compte, pour nous, ici, ce dimanche à Narbonne, c’est ce que l’Evangéliste a voulu nous dire.

Jean-Baptiste sait qui est Jésus, il n’y a pas de doute, et il sait ce qui va se passer et ce que Jésus va apporter de nouveau. Jean-Baptiste, c’est à la fois un regard qui reconnaît Jésus et une voix qui appelle. Entendez cela frères et sœurs, La parole et le regard, croire n’est-ce pas un peu cela ? Une parole et un regard, « Un dire » et « un voir ». Dire « Notre Père », et voir ou être vu par celui qui est toujours déjà là, qui nous parle et nous regarde depuis le début, près de nous, tout près, en nous.

Jean-Baptiste voit et parle. Jean-Baptiste est un témoin, mais il est un témoin qui porte le témoignage à son point de perfection je veux dire à son point d’incandescence.

Or, vous, vous petite paroisse narbonnaise, vous vous souvenez, nous sommes appelés à être une Eglise de témoins. Nous l’avons travaillé, nous le croyons. Nous ne sommes pas tous appelés à assurer des cultes ou à être trésoriers, secrétaires, pasteurs, présidents, enseignants à l’Ecole Biblique, membres de la chorale, mais nous sommes tous appelés à être des témoins de Jésus-Christ.

Donc Jean-Baptiste a ici quelque chose à nous dire, justement dans la mesure où il voit et où il parle.

Alors, que voit-il et que dit-il ? Eh bien, deux choses :

  • Il dit d’abord que Jésus est l’agneau, c’est-à-dire qu’il met en relation Jésus et les prêtres de Jérusalem, il met en relation Jésus et la vie cultuelle juive. Il nous parle des Ecritures, du passé, mais aussi de la tradition qui fait vivre et espérer, ces paroles, ces lignes de la Torah, ce respect pour le Livre des livres, et pour ce peuple nos frères ainés.

  • Et puis il dit que Jésus enlève le péché, c’est-à-dire non pas qu’il l’expie, mais qu’il le supprime purement et simplement.

Dans la vie cultuelle juive, les prêtres qui assuraient leur service au Temple de Jérusalem avaient une fonction essentielle : chaque fois que le péché venait rompre l’harmonie entre les humains et Dieu, les prêtres remettaient de l’ordre et de l’harmonie en suivant le rituel prévu dans la Torah. Le rôle des prêtres étaient de remettre de l’ordre dans le chaos.

Une grande part de ce rituel consistait à offrir des sacrifices d’animaux dans le Temple de Jérusalem. Jean-Baptiste parle de l’agneau. L’agneau était un animal sacrificiel parmi d’autres. Mais ici, l’agneau symbolise toutes les différentes espèces d’animaux qui étaient offerts en sacrifice.

Parce que l’agneau, c’était un agneau qui était offert chaque matin et chaque soir dans le Temple, en holocauste perpétuel ; c’était aussi un agneau qui avait officialisé le sacrifice initial en Egypte, pour sauver les premiers-nés des Hébreux, l’événement inaugural commémoré chaque année par la fête de la Pâques. Jean-Baptiste a compris que l’agneau pourrait être en quelque sorte l’archétype de l’animal sacrificiel, l’animal qui représenterait tous les autres.

Mais si Jésus est l’agneau de Dieu comme le dit Jean-Baptiste, cela signifie que ces sacrifices au temple sont terminés, et que l’humanité est entrée dans un nouveau temps, dans une nouvelle ère. Jean-Baptiste présente Jésus comme l’unique agneau qui enlève le péché, qui l’emporte loin, qui débarrasse l’humanité du péché, et qui donc va pouvoir durablement mettre fin au chaos et rétablir l’harmonie perdue, voilà pourquoi nous commençons souvent nos cultes par la Grâce et le Pardon comme aujourd’hui, qui nous sont donnés d’emblée, à nous de l’entendre et d’en être dignes !

Mais comment celui qui dans son incarnation ne se distingue pas de n’importe quel autre homme va-t-il pouvoir rétablir cette harmonie primordiale ?

En fait, Jésus ne se distingue pas des autres hommes, sauf sur un point : il ne connaît pas le péché, c’est-à-dire qu’il ne connaît pas la séparation d’avec son Père céleste, et qu’il est donc à la fois pleinement homme et pleinement Dieu. Et s’il est Dieu, il préexiste à la création du monde. Avant moi il était, voilà ce que dit de lui Jean-Baptiste.

Frères et sœurs, Jésus est celui qui est toujours déjà là.

Jésus ne connaît pas le péché. C’est pourquoi venant après Jean Baptiste, il n’est pas le continuateur de Jean-Baptiste. Jean-Baptiste baptisait dans l’eau, Jésus baptisera dans l’Esprit saint ; le baptême de Jean-Baptiste est un rituel purement humain, qui atteste la volonté de se repentir, c’est-à-dire de reconnaître que l’on est pécheur, il est une création divine qui permet l’entrée dans le Royaume de Dieu.

Voilà le témoignage de Jean-Baptiste. Et c’est aussi notre témoignage à nous chrétiens. Bien que citant l’ancienne alliance, bien qu’étant le dernier et le plus grand des prophètes, Jean-Baptiste nous donne un exemple de témoignage, un exemple dont nous pouvons nous inspirer pour être à Narbonne, cette Eglise de témoins.

Alors que nous dit-il sur le témoignage ?

D’abord vous avez remarqué que Jean-Baptiste ne dit pas : « Faites ceci ou faites cela ».

Témoigner, ce n’est pas dire aux gens ce qu’ils devraient faire ou ne pas faire. Et certains se trompent quand ils affirment que ce qu’ils savent est loi et règlement. On les connait ceux-ci, « faites ce que je dis »….Dire ce que les gens devraient faire ou ne pas faire relève de la morale, ou de l’orgueil, or l’Evangile, c’est une bonne nouvelle, ce n’est pas une nouvelle règle morale qui viendrait s’ajouter aux précédentes.

Jean-Baptiste se contente de montrer, de révéler qui est Jésus. C’est cela, témoigner : faire découvrir Jésus-Christ.

Et puis, écoutez comment Jean-Baptiste nous parle de Jésus : il choisit l’image de l’agneau. En choisissant cette image de l’agneau, il se rapproche de ceux à qui il s’adresse, il s’adapte à son public, à ses contemporains juifs, parce qu’il utilise une image qui leur parle, une image qui leur est familière : celle de la vie cultuelle juive.

L’image de l’agneau récapitule celle de tous les animaux offerts en sacrifice. Cela signifie que Jean-Baptiste connaît leur culture.

Ainsi, témoigner, c’est adapter ce que nous connaissons de Jésus à ceux qui sont autour de nous : nos voisins, nos collègues, les enfants de l’Ecole Biblique, cela suppose que nous connaissions leur culture et leur manière de s’exprimer, pour que notre langage soit accessible et compris par tous.

Témoigner, c’est savoir s’effacer derrière le message à faire passer, ce message ne doit pas être un dogme, ce message est une parole de bienvenue, de rencontre, de partage, oui, de partage, témoigner c’est d’abord savoir écouter l’autre, ce qu’il a à dire, ce qu’il est venu chercher.

Témoigner ce n’est pas reproduire les mêmes paroles que Jean-Baptiste : dire aujourd’hui que « Jésus est l’agneau de Dieu » ne peut dire quelque chose, qu’à des chrétiens convaincus qui connaissent les références bibliques.

Témoigner, c’est parler juste. Mais pour parler juste, il faut aussi voir juste. Et pour cela, nous n’avons qu’une question à nous poser : qui est Jésus pour nous ? Qu’avons-nous fait de son message ? Comment nous accompagne t-il, comment par exemple ici à Narbonne aujourd’hui le lisons nous ?

Est-il celui qui rend inutile tout sacrifice, que ce soit les sacrifices d’animaux dans le Temple de Jérusalem, ou les sacrifices que les hommes d’aujourd’hui, nos voisins, nos collègues, seraient tentés de faire pour s’octroyer les faveurs divines. Est-il celui, celle, qui juge et punit ? Est-il celui, celle qui sourit, tend la main, et parle ce langage de tous les jours, le langage simple des gens simples : «comme tu m’as manqué », « que deviens-tu », « Reviens vite », « fais attention », « comme tu es belle », « sais-tu que je t’aime ? ».

Nous sommes nous aussi faits de paroles, de paroles symboliques, paroles de vie, et paroles qui donnent la vie, et nous sommes aussi visages et regards, alors si nous voyons juste, notre parole sera libératrice et nous pourrons témoigner de Jésus-Christ à nos voisins, à nos collègues à nos amis, à celle, ou ceux, qui se sont éloignés, à ce monde qui peine, qui pleure et qui attend l’aube.

Amen.

Patrick Duprez

 


 

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M
"Bien sûr, cet Evangile a été écrit longtemps après les événements qui ont touché Jésus, ses disciples, Jérusalem, UN SIÈCLE OU PLUS" >>> et là, et là, faut pas exagérer !
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