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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Dimanche 9 septembre 2022 : Philémon, 9- 17 ; Luc 14, 25-33

5 Septembre 2022, 14:31pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Culte à Narbonne le 4 septembre 2022.

 

Prédicateur : André Bonnery

Lectures : Philémon, 9- 17 ;  Luc 14, 25-33

Chants : F 1 -  247, Célébrons Dieu ; 427 Tu me veux ; 616 Confie à Dieu.

Prédication

L’Evangile  de Luc est construit de manière synthétique en trois grandes étapes qui pourraient se dérouler en une année : la prédication en Galilée ;  la montée vers Jérusalem ; la réalisation du salut à Jérusalem.

Le passage de Luc que nous venons de lire est  extrait du long récit de la marche de Jésus vers Jérusalem qui le conduit à la Passion. Il ne faut pas oublier ce contexte pour comprendre les versets que nous commentons.

« De grandes foules faisaient routes avec Jésus ; il se retourna et leur dit » Cette seule phrase qui introduit le récit nous indique qu’on n’est pas dans une narration historique mais dans une sorte de mise en scène d’un enseignement de Maître à ses disciples. Des foules suivent, comme le troupeau suit le berger. Tout à coup celui-ci se retourne et délivre son message. Rien de réaliste dans cette marche, l’important c’est le message délivré et peu importe si ce n’est pas dans le contexte décrit, mais il faut avouer que la mise en scène est efficace. Jésus s’adresse à ceux qui le suivent ou voudront  le suivre : dans le temps présent, ses disciples et ses apôtres ; dans les siècles à venir, tous ceux qui ont été, sont ou seront attirés par l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’enseignement délivré aujourd’hui se décompose en trois temps.

1-Suivre Jésus exige un amour inconditionnel.

2-Le suivre est un engagement difficile.

3-C’est aussi un engagement personnel qui nécessite réflexion.

 

1-Suivre Jésus exige un amour inconditionnel

Ils se trompent ceux qui voient dans l’Evangile  un livre destiné aux gens doux et résignés avec des conseils prônant l’amour universel et  la non violence, donnés par un Jésus pacifique et toujours bienveillant. Cette image rose bonbon vient-elle de la manière dont on nous a présenté Noël ?

« A qu’il est doux qu’il est charmant, que ses grâces sont parfaites. »

C’est oublier que naître dans une étable, pendant un voyage, parce qu’on ne trouve pas à se loger ailleurs, c’est une situation d’une grande violence. Et que dire de la fin ? La torture et la mort, cloué sur une croix, l’instrument de supplice le plus barbare du monde antique, réservé aux esclaves et aux grands bandits !

L’amour universel prêché par Jésus, sans conditions et sans frontières, ce n’est pas un bon sentiment facile et tranquille. C’est une révolution.

C’est pourquoi, lorsque Jésus conseille ceux qui veulent le suivre, le conseil qu’il donne est sans concession : Il exige un renoncement total à ses liens affectifs et un attachement sans limites à sa personne. « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » Et encore, la traduction française « sans me préférer », édulcore le verbe employé par Jésus en araméen et qui n’est d’ailleurs pas édulcoré par le grec, il signifie littéralement détester « misei ». Il faudrait traduire ainsi : « celui qui vient à moi sans détester son père, sa mère, sa femme, ses enfants…et même sa propre vie. » Le terme  est violent, choquant. Il nous fait penser à d’autres paroles radicales : « si ta main te scandalise, coupe-la et si ton œil te scandalise, arrache-le » ; ou « il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille. » Et au jeune homme riche :  « Vends tout ce que tu as et suis-moi

Il est évident que Jésus n’a jamais voulu dire qu’il faut négliger l’amour et le respect pour ses parents, pour sa femme ou ses enfants et même l’amour universel. Il connaissait parfaitement le cinquième des dix commandements « Honore ton père et ta mère (Ex. 20, 12) et Le Lévitique 19, 18 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Il connaissait la Loi, il a rappelé qu’il n’était pas venu pour l’abolir au contraire il a toujours cherché à l’accomplir. Il a même insisté sur cette exigence fondamentale de l’amour de Dieu et du prochain.

 Si Jésus prononce parfois des paroles radicales, c’est pour rappeler que Dieu est le tout autre, il est le Bien absolu, à rechercher impérativement. « Là où est votre trésor, là aussi est votre cœur » (Luc 12, 34). Par conséquent, si l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour fraternel sont « sacrés », l’amour de Dieu qui les traverse tous, les éclaire et les surpasse tous. Si, d’aventure les liens familiaux les plus vitaux s’y opposaient, ils doivent céder. Dans cette même optique, lorsque Jésus demande de « haïr sa propre vie », cela signifie qu’il faut accepter de réviser ses choix, ses propres valeurs à la lumière de ce que Dieu attend de nous.

Mais, à y regarder de plus près, avec ces conseils radicaux Jésus nous invite à reconnaître que nous sommes incapables de le suivre totalement, tout comme nous sommes incapables d’aimer totalement, de supporter parfaitement et tout le temps les autres, fussent-ils nos parents, notre conjoint, nos enfants, sans parler du voisin, d’un ami et d’un inconnu. De là à l’aimer, Lui, plus que tout… ! Jésus nous invite à reconnaître notre faiblesse, à remettra en question notre prétention à aimer parfaitement. Il n’empêche que l’exigence demeure, comme un appel à un dépassement,  et l’on ne peut se dépasser que si on reconnait ses limites. Rien de pire que de se croire parfait.

 

2- Suivre Jésus est un engagement difficile.

« Celui qui ne porte pas sa croix et ne s’engage pas à ma suite, ne peut pas être mon disciple. » Encore une déclaration sans concession ! Naturellement, il ne s’agit pas d’une invitation à subir la crucifixion, pas plus que coupe ta main ou je ne sais quoi n’est une invitation à se mutiler. Certains, rares heureusement, ont pris l’invitation au pied de la lettre ; naturellement ils se sont trompés sur la signification véritable de ces mots.

Il s’agit uniquement d’un avertissement : suivre Jésus, cela a un prix, on ne s’engage pas à la légère, il faut accepter d’en subir les conséquences. L’image de la crucifixion prenait tout son sens lorsque Jésus parlait. Il n’était pas rare, à l’époque, de voir des condamnés à  ce supplice horrible de la croix. D’ailleurs Jésus prononce ces mots alors qu’il s’avance vers Jérusalem où sa carrière de prédicateur va finir sur le Golgotha. Il avait certainement alors la préscience que plusieurs de ses disciples qui le suivraient subiraient eux aussi le martyre à cause de son nom et il les mettait en garde. L’heure n’était pas à discuter pour savoir qui serait le premier dans son royaume mais de savoir jusqu’où irait la fidélité au Maître.

Il y a peu de chances que nous soyons confrontés à un tel choix aujourd’hui, encore que le seul fait d’être chrétien dans certains pays peut conduire à la mort, dans une église par exemple, si l’on est copte, en assistait au culte. Il peut aussi conduire à l’emprisonnement si l’on a un peu plus de « chance » comme Asia Bibi,  ou à de pénibles  vexations qui vont de l’insulte à la perte de son travail et jusqu’à  la discrimination sociale. Il  y a encore de vrais martyrs chrétiens, dans certains pays et le plus fort c’est que ce sont ceux qui donnent la mort que l’on appelle « martyrs » dans ces mêmes pays. Quelle perversion !

Si ces formes extrêmes de menaces ne nous concerneront sans doute jamais, il n’en reste pas moins que le fait de suivre Jésus peut nous pousser à des choix douloureux ou à des renoncements, si l’on veut être fidèle à son message. Pourtant Jésus nous invite à le suivre de bon cœur, sans rechigner, sans geindre ; le suivre, lui qui est passé devant, pour nous indiquer le chemin.

 

 3-Un engagement personnel qui mérite réflexion.

Comme il le fait couramment lorsqu’il délivre un enseignement, Jésus délivre une parabole. Il ne s’adresse pas à des intellectuels mais à des gens simples en citant deux exemples tirés de l’expérience, dont les intellectuels peuvent aussi faire utilement leur profit : S’engager à la suite du Christ mérite réflexion.

« Lequel d’entre vous lorsqu’il veut bâtir un tour ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? »

« Ou quel roi, lorsqu’il part en guerre ne commence par s’asseoir pour considérer s’il est capable, avec dix mille hommes celui qui marche contre lui avec vingt mille ?»

Certes, vous n’aurez certainement pas à bâtir une tour, aujourd’hui on construit plutôt une villa ; ni à partir en guerre, ne serait-ce que parce que vous n’êtes pas un chef d’Etat autocrate (il y en a encore), mais on peut transposer facilement ces paraboles. On est invité à ne pas s’engager tête baissée, dans une entreprise, mais à s’asseoir et à réfléchir d’abord. S’engager derrière Jésus, compte tenu de la difficulté et du sérieux de ce qu’il nous propose nécessite une réflexion.

Vous me direz, ça fait un moment que je suis chrétien, que je me suis engagé. Oui, certes, mais cela ne vaut-il pas la peine de s’arrêter un peu et de réfléchir pourquoi je me dis chrétien, plutôt que de poursuivre sans me poser de questions, tout simplement parce que je suis dans une tradition et que je la respecte ?

« Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut-être mon disciple. » Encore une déclaration outrancière ? Non, un simple rappel de bon sens : je ne ferai pas mon bonheur, avec ces biens matériels auxquels je tiens, mon savoir, mes relations. Tout cela peut m’être utile un moment mais ne garantit pas  mon  plein épanouissement. Nous le savons peut-être par expérience personnelle, en tous cas par ce que nous voyons autour de nous : Il y a des gens qui possède tout ce dont on peu rêver, la gloire, la richesse, un bon métier, la jeunesse, la beauté et la santé mais qui sont insatisfaits et malheureux !

 

En conclusion :

 Ne serait-il pas temps de m’arrêter, de m’asseoir, et de faire le bilan ? Qu’est-ce  que je perds à suivre Jésus, à prendre au sérieux la Bonne Nouvelle qu’il me propose ? Qu’est-ce que j’y perds et qu’est-ce que j’y gagne ?

M’engager à le suivre, malgré mes faiblesses, mais avec sa grâce, c’est accepter de reconnaître que les valeurs qu’il me propose sont de loin supérieures à toutes les autres ; elles sont les seules susceptibles de me combler pleinement et de contribuer à l’évènement de son règne. Amen.

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