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Eglise Protestante Unie de Narbonne

Matthieu 17, 1-9 - Transfiguration / Métamorphose - Prédication du dimanche 12 mars 2017

14 Mars 2017, 15:21pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

Matthieu 17,1-9

 

« Seigneur, il est bon que nous soyons ici… »

Ah ! La facilité de s’accrocher à ses privilèges et de les garder à tout prix même si cela implique l’exclusion des autres ! C’est Pierre qui fait cette proposition très alléchante à Jésus, peut-être au nom de ses deux condisciples.

Mais la vie avec le Christ n’est pas aussi simple que cela !

Frères et sœurs, ce récit de Matthieu est généralement connu sous le titre de la transfiguration donnant ainsi une dimension mystique à cette rencontre particulière entre Jésus et trois de ses disciples, Pierre, Jacques et son frère Jean. Mais pour être plus proche de la réalité de cette expérience il est serait plus pertinent de qualifier cette expérience de « métamorphose ». C’est d’ailleurs cette expression qu’utilise le texte grec qui veut dire transformation, changement de forme.

Jésus a subi un changement de forme destiné à révéler une substance sous-jacente, sa divinité. Plus important encore, le changement n’a pas provoqué la destruction de son apparence humaine, comme si celle-ci était un masque dissimulant une divinité échappant à la compréhension humaine. Par la métamorphose, l’humanité de Jésus a été le moyen par lequel sa présence divine dans le monde a été manifestée.

Dans ce récit Jésus ne se déguise pas mais Jésus devient plus lui-même. Quand Matthieu rapporte que le visage de Jésus resplendit comme le soleil, en réalité, c’est une anticipation de la vraie nature du Sauveur qui ne sera entièrement révélée que plus tard. Il va falloir passer par l’étape de la passion et la victoire sur les forces du mal.

Jésus emmène trois de ses disciples sur la montagne élevée. On peut s’étonner qu’il n’y en ait que trois. Devait-on voir derrière cette sélection de Jésus une forme de discrimination positive ? Je ne saurai l’affirmer mais ce qui est sûr c’est que Jésus agit en véritable maître, en pédagogue qui sait graduer ses enseignements. Certains disciples ont besoin de voir ou d’entendre rapidement certaines choses, tandis que d’autres les découvriront plus tard.

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. C’est Jésus lui-même qui dispose le moyen pour aider ses disciples à mieux le connaître.

Pendant cette rencontre personnelle, Jésus fait voir qui il est.

L’évangile de la métamorphose du Seigneur nous fait contempler la gloire du Christ qui anticipe la résurrection et annonce la divinisation de l’homme.

Frères et sœurs, depuis les origines, d’Abraham à aujourd’hui, Dieu notre Père cherche à se faire connaître des humains tel qu’il est, avec tout son amour pour chacun, chacune de nous. Il n’est pas le Dieu qui prendrait plaisir à la mort, ni au sacrifice humain offert dans la crainte, comme on faisait pour les idoles païennes. Il est le Père des miséricordes qui se penche vers nous, qui préfère donner la vie et non la prendre et il va jusqu’à se donner lui-même en son Fils unique : « Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous : comment, après cela, pourrait-il, avec Lui, ne pas nous donner tout ? », nous dit l’apôtre Paul. Cependant, il nous faut bien comprendre cette offrande du Fils au Père dans l’épreuve de la Croix. Ce n’est pas le sacrifice d’une vie pour apaiser le courroux d’un Dieu vengeur et comptable des péchés des humains. Dieu n’a pas fait avec son Fils ce qu’il n’a pas accepté d’Abraham.

Le resplendissement de la métamorphose au seuil de la Passion annonce, par avance, la victoire de la vie divine sur la mort corporelle. Cette manifestation de Dieu, qui s’inscrit dans la symbolique de l’Ancien Testament, à ce moment précis de la montée vers Jérusalem, manifeste aussi la nouveauté de la Nouvelle Alliance. Jésus s’entretient avec les deux personnages qui représentent le mieux les deux sources de la révélation juive : la loi et les prophètes, Moïse et Élie. Ces deux figures emblématiques de la première alliance entourent Jésus et s’entretiennent avec lui, Jésus apparaît alors comme une nouvelle étape de la révélation. Puis la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». Alors, Moïse et Élie s’effacent devant la nouvelle révélation, et Jésus reste le seul. Jésus n’est plus ainsi une simple étape nouvelle dans l’histoire de la révélation, il en est l’achèvement qui, d’une certaine manière, relativise l’ancienne révélation.

L’événement de la métamorphose réoriente fondamentalement la révélation issue de la première alliance. Car désormais, la parole que le Seigneur nous adresse n’est plus un message, mais une personne, « celui-ci est mon fils ». Dieu est au-delà du temps puisqu’il est éternel par nature et c’est pourquoi Jésus se trouve entouré par Moïse et Élie. Moïse et Élie, la loi et les prophètes, proposaient aux croyants un message : « faites ceci, ne fait pas cela, et Dieu sera avec vous. ». La dimension institutionnelle de Moïse et la dimension charismatique d’Élie s’unissent dans la Parole salvatrice de l’incarnation de Dieu qui s’est fait chair.

Dorénavant, avec la personne de Jésus, la Nouvelle Alliance ne consiste pas d’abord à accueillir une nouvelle loi ou une nouvelle prophétie, mais à croire en l’œuvre de grâce manifestée en Jésus. Certes, nous avons des textes, un Nouveau Testament, et nous sommes appelés à vivre selon la foi et les valeurs évangéliques. Mais ce qui fait que je suis chrétien, ce n’est pas ma pratique, ma morale, mais ma Foi en la personne de Jésus. Au sens strict, l’évangile, la Bonne Nouvelle, ce n’est pas le texte qui raconte la vie et le message de Jésus, mais l’évènement de la victoire de Jésus sur la mort.

La vie de Jésus manifeste la véritable voie pour être libre, c’est-à-dire pour vivre en communion avec Dieu. Ce que la métamorphose avait manifesté aux yeux des trois disciples privilégiés demeurait vivant dans la personne de Jésus. La résurrection fera éclater aux yeux des disciples la réalité de la communion profonde de Jésus à la vie divine qui n’est pas vaincue par le mal. Ce que ces disciples ont vu de leurs yeux sur cette montagne avant la passion sera à nouveau manifesté à la résurrection.

Voilà, frères et sœurs, la bonne nouvelle pour nous tous et toutes : quand Dieu fait alliance avec l’être humain, il peut mener jusqu’à son achèvement l’œuvre de vie qu’il a initiée. Malgré le mal qui nous ronge et qui défigure le monde, si nous demeurons tournés vers le Père dans la confiance et l’amour, la vie divine aura le dernier mot.

Face à cette expérience subliminale, Pierre alors prit la parole : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici… ».

Ici, nous découvrons la sincérité, la spontanéité de Pierre. Il ne savait pas ce qu’il disait. Il était tellement content, il voulait s’installer dans cette situation privilégiée.

Je ne sais si vous l’avez remarqué dans le récit….Sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean sont éblouis par le visage du Christ brillant comme le soleil et par la blancheur éclatante de ses vêtements. Ils ont des visions de Moïse et d’Elie. Il était évident qu’il s’agissait d’un phénomène surnaturel, et pourtant ils n’avaient pas peur ! Il est surprenant de penser que les disciples sont restés si longtemps en présence du Christ (donc, de Dieu) sans la moindre crainte.

Ce n’est qu’au moment d’entendre la voix du Père qu’ils ont pris peur…Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « levez-vous et n’ayez pas peur ! »

Souvent, frères et sœurs, nous ne nous rendons pas compte à quel point le Christ est impliqué en nos vies - il est constamment là. Pourtant, à un certain point, sa voix devient forte et claire et nous commençons à avoir peur, comme si sa présence nous était complètement étrangère. C’est pourquoi le Christ nous dit, "« levez-vous et n’ayez pas peur ! ».

Oui, la présence du Christ est réconfortante. Jésus est une personne de grande confiance et il inspire une grande confiance comme il l’a été avec ses disciples qui ont su se remettre debout. Il nous montre le chemin. Il nous montre qui nous pouvons être et il nous donne le courage de nous présenter nous-mêmes devant notre Père et notre Dieu. Nous ne nous rendons pas compte de la présence du Christ dans notre vie….Une présence permanente et réconfortante : il est quelqu’un qui s’approche de nous, qui nous touche pour nous mettre debout, pour nous montrer le bon chemin qui mène au Père, chaque fois que nous trébuchons que nous nous égarons …

Par le récit de la métamorphose, le Seigneur veut nous redonner courage : « N’ayez pas peur, je suis vainqueur du monde. Avec moi, vous traverserez les épreuves et les difficultés de cette vie qui ne signifient pas que Dieu vous a abandonnés ».

En effet, frères et sœurs, les épreuves sont l’expression du combat de la lumière et des ténèbres dans notre cœur et dans le monde d’aujourd’hui. Mais ce combat n’est pas égalitaire, le Seigneur aura le dernier mot. Notre Père manifestera dans toute notre personne, l’alliance qu’il a conclue avec nous par son fils unique, nous participerons à sa vie et à sa lumière.

A la fin de cet épisode, Jésus donne un ordre à Pierre, Jacques et à Jean : « ne parlez à personne de ce vous avez vu jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité… ».

Frères et sœurs, en ce temps de carême, regardons le chemin que Jésus a traversé. La présence de Jésus dans notre vie est précieuse et importante, notamment pendant les « tempêtes de mer » ou les turbulences de la vie. Ecoutons-le, suivons ses commandements, ne cherchons pas à brûler les étapes….Son amour est sans limite. Amen !

Charles KLAGBA

 

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