Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Eglise Protestante Unie de Narbonne

Prédication du culte du dimanche 9 février 2020

12 Février 2020, 19:32pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Mt. 5, 13-16 ; 1Co 2, 1-5 ; Es 58, 7-10

Chants : 67 ; 318 ; 616 ; spontanés 2

 

Le passage du chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu qui vient d’être lu se situe immédiatement après la proclamation des Béatitudes.

On est au début de la prédication de Jésus, chez lui, en Galilée. Le jeune rabbi connait un grand succès, on vient de tout le pays et même de Judée et d’au-delà du Jourdain pour l’écouter et lui présenter des malades à guérir. Pourtant, pour échapper à la foule, Jésus éprouve le besoin de se retirer sur une montagne avec ses apôtres afin de leur communiquer un enseignement personnalisé. Il leur apprend à ne pas se laisser griser par le succès mais au contraire il leur fait comprendre ce que doit être la vraie béatitude pour celui qui veut le suivre : être doux, faiseur de paix, pauvre de cœur, miséricordieux, assoiffé de justice. Et il conclue en proclament qu’ils sont bienheureux ceux qui pleurent, et qui sont persécutés à cause de son nom. Qu’ils soient dans la joie car leur récompense sera grande dans le royaume des cieux.

 

L’Evangile ne dit pas qu’elle fut la réaction des disciples devant ce programme et ces conseils assez déconcertants pour le commun des mortels. Il faut croire qu’ils étaient tellement subjugués par le rayonnement et la puissance de la parole de celui qu’ils suivaient depuis peu, qu’ils continuèrent à lui faire confiance. Et puis ils ne comprenaient pas très bien sans doute tout ce que ces exhortations pouvaient apporter de bouleversements dans leur vie s’ils voulaient les appliquer à la lettre. Pour l’heure, ils en étaient à écouter, à « engranger » un enseignement. Pour la pratique, on verrait plus tard.

Après le programme de vie, Jésus provoque ses disciples directement. Il ne dit plus « heureux celui qui…. » mais, « vous êtes ». « Vous êtes le sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde » et il assortit ces affirmations de comparaisons ; on pourrait dire de « mini paraboles » en faisant usage d’un mode d’enseignement qui deviendra récurent dans sa prédication.

« Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? Il ne vaut plus rien, on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes».

Et encore, « vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée. Quand on allume une lampe ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau mais sur un support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison».

Suit la conclusion, en forme d’enseignement et d’explication de la parabole : « De même,, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux».

 

Quelques explications sur ces comparaisons : Comment le sel peut-il s’affadir ? Le sel reste le sel, si on ne lui fait pas subir une opération chimique. Mais à l’époque on ne savait pas qu’il était composé de chlore et de sodium et il n’y avait pas de laboratoire de chimie pour séparer les deux éléments. Jésus veut simplement dire à ses disciples que la Bonne Nouvelle qu’il est en train de leur transmettre est comme le sel qui ne peut s’affadir. Elle est destinée à donner du goût au monde ; si elle n’est pas proclamée, c’est comme si on la jetait dehors et qu’on la foule aux pieds.

 

 

L’exemple de la lumière est plus clair (si j’ose dire). Il est évident qu’une lampe est faite pour éclairer et qu’il est absurde de la cacher sous un boisseau (un instrument de mesure agricole) où d’ailleurs elle finira par s’éteindre. La logique veut au contraire qu’on la suspende au plafond d’une pièce ou qu’on la mette sur un chandelier. Jésus donne le sens de cette lumière : ce sont vos bonnes actions. Par votre manière d’être leur dit-il, c'est-à-dire en vivant selon l’esprit des Béatitudes, vous êtes lumière pour le monde, ou pour l’humanité. L’image qui complète celle de la lumière se rapporte à une ville placée sur une hauteur. Ceux qui l’ont bâtie ainsi ne peuvent la cacher. Ils doivent assumer : elle est forcément visible de loin. Songez à la cité de Carcassonne, ou au centre ancien de Béziers. En formulant cette comparaison Jésus devait penser à sa petite patrie, Nazareth, ou à Jérusalem, toutes deux situées en hauteur. L’une et l’autre sont forcément visibles, de tous ceux qui passent dans les parages mais la conséquence est qu’elles peuvent subir des attaques. J’extrapole à peine ce que dit l’Evangile : si les villes sont l’image des œuvres accomplies par les disciples du Christ, elles sont exposées à la vue de tous et elles s’exposent aussi à subir des attaques. On rejoint ici la Béatitude : « heureux serez vous si on vous persécute. »

 

« Vous êtes le sel de la terre », « la lumière du monde », « une ville placée sur une montagne » et exposée aux regards de tous. Il y avait dans ces comparaisons de quoi impressionner les disciples et il y a de quoi nous impressionner si nous voulons être disciples du Christ car ces paroles s’adressent aussi à nous. Car être le sel de la terre, lumière du monde. Ça n’est pas rien et ça peut même donner des complexes ! Pour ce qui est de la lumière, vous remarquerez que Jésus ne dit pas : Vous êtes le phare qui doit illuminer le monde entier  Aujourd’hui on dirait : le rayon laser qui transperce la nuit. Non, la lumière qu’il nous invite à devenir, c’est celle d’une modeste lampe à huile, lo calelh de nos grands parents qui éclairait, non pas le grand large, mais l’intérieur de la maison et ceux qui s’y trouvent, sans les éblouir. Le programme est modeste mais grand, en même temps : soyez lumière pour ceux qui vous sont proches. Soyez cette lumière qui les guide vers un but. Elle n’éblouit pas, mais elle indique une direction. Ce qui est important ce n’est pas la lumière en soi mais ce qu’elle donne à voir, comme l’étoile qui guidait les mages vers l’Enfant de la crèche.

 

La comparaison avec le sel invite les disciples (et donc nous-mêmes) à avoir du goût et à communiquer cette saveur autour d’eux. Mais avec mesure, comme pour la lumière. Si on met trop de sel dans la soupe, elle est immangeable, si on n’en met pas assez, elle est fade. Il s’agit de trouver le juste milieu.. Pas plus qu’il ne s’agit de vouloir éblouir, il ne saurait être question de forcer la dose de sel, de prêcher à tout va, de faire des fracassantes déclarations publiques sur notre foi et nos convictions, d’assener des vérités auxquelles tous devraient se rallier sans discuter. Les Eglises ont eu cette tendance par le passé, mais nous n’en somme plus là. Ce serait presque le contraire. Rester le sel aujourd’hui, c’est avoir le courage de dire ce que l’on pense, de montrer ce que l’on est sans se cacher, sans biaiser, sur des questions sociales ou sur des interrogations touchant à notre foi en Jésus-Christ. Dire sans provoquer, sans vouloir donner des leçons, dire avec humilité, mais dire clairement. Témoigner. C’est notre mission personnelle, c’est aussi celle de notre Eglise. Nous serions fades si nous restions enfermés dans nos temples pour dire notre foi et si nous nous mettions à vivre comme tout le monde, en prenant soin de ne pas faire de vagues, en nous coulant dans le moule, en étant exactement ce que l’on attend de nous. Autrefois, on disait de quelqu’un qui correspond exactement à ce que le milieu dans lequel il vit attend de lui : « es plan coma cal ! » (il est bien comme il faut). Je crois qu’un vrai disciple du Christ ne devrait pas être tout le temps et tout à fait « coma cal » (comme il faut).

 

Eclairer, être le sel. Nous serons dans le juste milieu si nous nous en tenons à ce qui nous est demandé par le Christ : nous ne sommes pas nous-mêmes la lumière, mais il nous est demandé d’indiquer aux hommes où est la vraie Lumière, où est celui qui donne goût à l’existence humaine. La lune n’est pas source de sa propre lumière, mais c’est parce qu’elle est éclairée qu’elle permet de se guider dans la nuit en attendant que se lève le soleil, la vraie source de sa lumière.

Nous brillerons assez, nous donnerons au monde juste ce qu’il faut de goût si nous savons témoigner de l’amour inconditionnel de Dieu pour les hommes, témoigner de sa bonne nouvelle, par « nos belles actions » comme dit l’Evangile de ce jour, en nous efforçant de vivre selon l’esprit des Béatitudes. Est-ce à dire que nos « actions », même belles suffiront à témoigner de Jésus-Christ ? Non, bien sûr, nous rappelle Paul dans l’Epître aux Corinthiens dont nous venons de lire un passage, ni nos œuvres, « ni la parole, ni la prédication » ne peuvent entrainer l’adhésion à Jésus-Christ,

sans « la puissance de l’Esprit » v.4. Et Paul de conclure : « Que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.(v.5).

 

André Bonnery

 

 

Commenter cet article