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Eglise Protestante Unie de Narbonne

predications

Prédication du dimanche 7 juillet 2019

12 Juillet 2019, 16:01pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

Luc 10 : 1-20

 

Le chapitre 10 de l’évangile de Luc commence par cette phrase : « Après cela… » ou en grec : « après ces choses »…Cette phrase  se rapporte à ce qui précède immédiatement à la fin du chapitre 9.

Luc nous parle de la fin du ministère de Jésus en Galilée et son départ pour Jérusalem, avec une narration bien détaillée des incidents qui ont jalonné son voyage.

A la fin de ce chapitre 9, qui était l’évangile du dimanche dernier, nous voyons que suivre Jésus n’est pas de tout repos ! Il faut vraiment le vouloir pour se mettre en route, et ensuite il faut y persévérer coûte que coûte !

Suivre Jésus, ce n’est pas accomplir une suite de rites religieux, sans investissement personnel. Suivre Jésus c’est renoncer à notre petit confort, à nos petites assurances. Suivre Jésus c’est lui donner la priorité même sur ceux que l’on aime.

Pour suivre Jésus, il faut lui donner notre cœur, notre confiance ; pour suivre Jésus, il faut faire le pari de notre vie sur lui, et lui laisser la direction de notre vie.

Jésus mentionne explicitement que le candidat sérieusement résolu à le suivre n'est pas autoritaire ou dominateur comme auraient tendance à l'être Jacques et Jean vis-à-vis des Samaritains : le monde de Dieu ne peut être accueilli qu'en toute liberté.

Il doit être capable d'évoluer sans cesse jusqu'à sa mort, à l'image de cette marche de Jésus jusqu'à Jérusalem où il mourra ; c'est une tentation de nous poser la tête dans le mouvement de notre croissance, de nous arrêter pour souffler dans notre tanière et dormir. Mais la vie comme Dieu le veut dans son monde est mouvement perpétuel. Le candidat décidé à suivre Jésus doit être est capable de déterminer les vraies priorités, autrement dit rester constamment ouvert à l’action imprévisible du Souffle de Dieu.

C’est après cet échange avec ceux qui ont voulu et sont tentés de le suivre que Jésus se décide à envoyer lui-même deux par deux, 70 disciples avec cette instruction : « allez-y ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » (verset 3)

Jésus a interdit à ces 70 envoyés d’imposer leurs idées par la force, ils sont maintenant livrés à eux-mêmes avec pour seule arme leur propre faiblesse qui leur servira de force de conviction.

 

« Comme des agneaux » : c’est une image très saisissante de la totale impuissance des disciples de Jésus au milieu des dangers du monde. Ils sont donc dans la nécessité absolue de se confier uniquement en lui pour leur sauvegarde.

 

Le missionnaire annonce la paix. Il est porteur de paix car il porte le Christ, le “Prince de la Paix”. C'est pour cela, que Jésus fait cette recommandation aux envoyés : «dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord: ‘que la paix soit sur cette maison’. Et s’il se trouve là un homme de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra sur vous» (Luc 10 : 5 et 6)

 

Les directives que le Seigneur donne aux soixante-dix sont semblables à celles données aux douze.

Il devait y avoir la même simplicité, la même absence de recherche de soi, la même dépendance du Seigneur pour la réponse à leurs besoins.

Ils reçoivent cependant des avertissements supplémentaires qui indiquent une opposition croissante de la part du peuple. Pourtant, même si on ne les recevait pas, ils devaient bien faire comprendre aux gens que le royaume de Dieu s’était approché d’eux.

 

Pour être crédible, leur attitude ne devra pas être ostentatoire. Ils n’auront donc pas besoin de bourse, ni de chaussures de rechange. Ils n’afficheront pas non plus une politesse de façade, qui les rendrait acceptables.

 

Il ne s’agit pas de changer la teneur de leur discours en fonction de ceux qui les écoutent.

Le discours de la vérité qu’ils doivent tenir c’est celui qu’ils ont reçu dans l’Evangile que Jésus leur a enseigné : c’est celui de l’amour du prochain, c’est celui de la justice et de la paix, la paix qui vient de Dieu et qu’il destine à tous les humains.

 

La paix selon Jésus consiste à entrer dans un projet qui mette les humains en harmonie avec Dieu tel que Jésus l’a enseigné. C’est avec de tels principes que se construira le Royaume que Dieu se propose d’édifier en collaboration avec les humains, avec vous et moi... 

 

 

Frères et sœurs, aucun détail n’est donné de ce qui s’est passé pendant le service des soixante-dix. Quoi qu’il en soit, le récit pétille de joie et d’espérance !

 

Jésus s’est mis lui-même en retrait de l’exercice. Il ne les accompagne pas, mais du lieu où il se tient, il anticipe ce qu’ils vont vivre et participe à leur expérience. Il sait déjà qu’ils vont rencontrer des revers et qu’ils vont être confrontés à des obstacles auxquels ils ne s’attendent pas. Mais il sait déjà, par avance, que leur entreprise sera couronnée de succès.

 

Avec cet envoi, les soixante-dix se retrouvent déjà sur le terrain de l’annonce de l’Evangile, dans des conditions semblables à celles qu’ils connaîtront dans quelques temps après la fin du ministère terrestre du Seigneur.

 

Au verset 17, nous assistons à leur retour, à la fin de leur mission. Ils s’en reviennent avec joie, se réjouissant surtout de ce qui était le plus spectaculaire : même les démons leur sont assujettis par le nom de leur Maître !

 

 

Frères et sœurs, si telle était la mission des soixante-dix, telle est encore la mission de l’Eglise qui a pour tâche de prolonger à l’infini les enseignements de Jésus.

 

Malgré des déboires apparents, nous dit le texte, cela marche quand même, si bien qu’une telle attitude est porteuse d’espérance.

Aujourd’hui, dans des pays comme le nôtre, les églises ont parfois l’impression que leur impact sur la société s’affaiblit. Elles ont l’impression qu’elles ne jouent plus de rôle significatif auprès de leurs concitoyens qui trouvent, ailleurs que dans leurs rangs, les sources d’inspiration ou les justificatifs de leurs actions.

Parfois, nous sommes tentés de baisser les bras et de se réfugier dans la pratique individuelle de la foi plus facile, peut-être, pour nous à vivre.

 

En fait, si Jésus nous envoie vers les autres, c’est pour les aider à se libérer de ce qui les oppresse.

 

L’espérance consiste à engager sa vie dans un processus porteur d’avenir. Et Dieu seul connaît les clés de l’avenir et peut nous aider à l’ouvrir à tous ceux et toutes celles qui désespèrent de leur propre vie.

 

C’est une évidence de dire qu’aujourd’hui les hommes et les femmes sont en manque d’espérance, et c’est aujourd’hui une chose vraiment porteuse d’avenir de leur dire que l’espérance est devant eux. L’Esprit de Dieu qui n’a jamais cessé de souffler sur nos communautés tient en réserve, pour nous, des trésors d’espérance que nous devons partager avec ceux qui n’en ont plus. C’est la qualité de la vie vers laquelle notre foi nous entraîne qui est signe d’espérance.

 

Dieu nous donne de l’appétit pour la vie, car c’est une valeur qui lui appartient. C’est cette valeur là que nous devons partager avec les autres pour qu’ensemble nous continuions la construction d’une société où il fait bon vivre et espérer.

 

Frères et sœurs, avez-vous noté un petit détail dans ce texte? Jésus donne à ses disciples le pouvoir de guérir les gens….

 

Mais avons-nous déjà pensé que nous aussi, nous pouvons guérir des personnes?

 

Parfois, on n’imagine pas ce que peut faire un sourire à quelqu’un qui se sent seul. Cela peut lui redonner le goût de vivre!

 

Nous aussi, nous avons un super pouvoir d’amour, frères et sœurs….

 

Tout comme les soixante-dix disciples de l’évangile d’aujourd’hui, ne sommes-nous pas envoyés par le Seigneur pour partager la Bonne Nouvelle?

Les premiers disciples avaient le pouvoir de guérir les malades et de chasser les esprits mauvais. N’est –ce pas aussi notre mission de baptisés : nous mettre à l’écoute des grandeurs et des misères des personnes qui ont besoin d’être entendues pour être encouragées, apaisées, libérées, guéries?

 

Prendre conscience et prendre soin des personnes qui ont des difficultés pour leur apporter de la joie et de la paix, des individus isolés ou en exclusion sociale, parfois parmi les nôtres, ceux ou celles qui attendent, peut-être, l’appui de notre tendresse et de notre foi, voilà, frères et sœurs, le pouvoir de guérison que nous donne le Christ.

 

La mission est simplement l’annonce de l’amour de Dieu. Si nous en faisons autre chose, nous empêchons le monde de Dieu, c’est-à-dire le Règne de Dieu, de s’étendre….

 

 

Aujourd’hui donc, demandons, humblement au Seigneur de faire de nous de bons disciples de son amour. Et surtout demandons lui de bénir ceux et celles vers qui nous allons et qui nous reçoivent, de les combler de sa paix et de son amour en plénitude.

Amen !

Charles KLAGBA

 

 

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Prédication au culte du dimanche 30 juin2019

1 Juillet 2019, 12:46pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Lectures bibliques: Ps 16 ; Lc 9. 51-62 ; Gal 5. 1-18

 

Nous venons de lire deux textes. Celui de Luc est simple, facile à commenter, je commencerai par cette péricope. Celui de Paul aux Galates est beaucoup plus difficile, mais il éclaire le premier texte, ce sera mon deuxième commentaire.

« Suis-moi ! » dit Jésus.

Suivre Jésus! Facile ? Pas facile ? Regardons ce qui se passe dans le récit de Luc que nous venons de lire.

Les disciples Jacques et Jean qui suivent Jésus en voyage et passent en Samarie nous répondraient sûrement que ce n’est pas des vacances et que c’est même incroyablement exigeant, semé de difficultés et de pièges.

Regardons-les tous les deux. Ils sont heureux de suivre le maître d’entendre son enseignement. Ils sont même remplis de zèle, dopés qu’ils sont de son exemple et de ses paroles. On pourrait penser que tout roule pour eux qui suivent le Seigneur fidèlement.

Manque de chance, ils se font réprimander par le Seigneur. Incroyable, non ?

Imaginez la scène. Les Samaritains refusent d’accueillir Jésus et ceux qui le suivent au motif qu’il se rend à Jérusalem pour aller au temple. Or Ils adoraient Dieu dans un temple érigé sur le mont Garizim. Ces Samaritains considéraient les Judéens comme des hérétiques et réciproquement ; ils se méprisaient mutuellement.

Je vous rappelle que, contrairement aux juifs de Judée, les Samaritains ne reconnaissaient comme unique livre saint que le Pentateuque, c’est-à-dire les cinq premiers livres du la Bible ; et ils croyaient en la réapparition de la Demeure, le Tabernacle du désert .

Devant la mauvaise volonté des Samaritains, Jacques et Jean, outrés du mauvais accueil qui était fait à Jésus proposent à Jésus de demander au feu de descendre du ciel pour les détruire. Jésus refuse et les réprimande.

On aurait pu penser qu’à l’inverse, il aurait pu les féliciter de leur zèle.

Et voilà la leçon qui se profile.

Les Samaritains qui n’accueillent pas Jésus ne reçoive pas de critique. Ce sont les disciples qui sont rabroués !

Ensuite les trois personnes qui veulent suivre Jésus ne sont pas encouragées par ses réponses de Jésus. Peut-être auraient elles dû passer leur chemin.

Le premier personnage veut suivre Jésus partout où il ira. De nouveau manque de chance, Jésus lui rappelle qu’il n’a pas d’endroit ou poser la tête, donc qu’il ne faut pas s’attendre au confort, au repos.  Le deuxième ne s’en sort pas mieux. D’abord, il ne demande rien. C’est Jésus qui lui demande de le suivre. Il ne refuse pas, mais il répond qu’il veut d’abord ensevelir son père. C’est une requête somme toute honorable, qui ne ferait pas pareil parmi nous ? Et bien là encore, mauvaise réponse ! « Laisse les morts ensevelir les morts ! » Quand il s’agit de suivre Jésus, nous sommes invités à dépasser les contingences, nos coutumes, nos conceptions de la mort. Quant au troisième personnage, lui aussi veut bien suivre Jésus, mais il veut prendre congé des siens, ceux-là sont bien vivants, c’est louable de prendre congé des gens que l’on quitte. Là encore, quoi de plus légitime, cela fait même partie de l’élémentaire politesse, sinon de la simple courtoise. Qui ne dirait pas au revoir à ceux qu’il aime ou connaît bien, avant de s’embarquer dans une aventure dont il ne connaît rien de ce qui peut arriver ? Pas plus de chance que les deux premiers personnages, sa réponse tombe à plat ! Pour suivre Jésus, on ne doit regarder que devant soi, il ne faut pas vivre en pensant au passé mais se tourner résolument vers l’avenir et l’espérance. L’histoire ne dit pas comment les trois personnages ont répondu à Jésus. Ont-ils été découragés, ont-ils été convaincus ? L’ont-ils suivi finalement ? On ne sait pas.

Pour nous en tous cas, nous constatons que ce que nous offre Jésus ne relève pas des activités d’une gentille association d’amis, de loisirs ou même de club de vacances. Pas de repos, pas de confort, pas de regrets de la vie passée, il faut se tourner résolument vers l’avenir.  Quel programme, quelle exigence !

Face à l’appel de Jésus, nous pouvons donc nous poser la question de savoir ce qui pourrait nous retenir, qui, qu’est ce qui nous fait regarder en arrière, qu’est-ce que nous sommes prêts à abandonner ? Où sont nos chaînes, sommes-nous libres ? Oui, certainement, suivre Jésus n’est pas une sinécure ! Suivre Christ renverse nos valeurs, nos certitudes, nos sécurités. Pour suivre Christ il faut se libérer de toute contingences, être libres.

Voilà chers amis ce que je peux tirer de cette première péricope.

Venons-en maintenant au texte de Paul aux Galates, plus difficile à méditer et qui finalement pose la question de la liberté, de la liberté du disciple de Christ mais qui nous permettra de comprendre ce que demande Jésus dans la péricope de Luc.

Rejoindre Christ c’est aussi se libérer, être libéré. « C’est pour la liberté que Christ nous a libérés » écrit Paul. Nous comprenons avec le texte de Luc mais aussi avec Galates que quelque chose bouscule la foi des disciples et la nôtre.

S’en tenir aux règles anciennes, respecter les lois religieuses, c’est rester dans l’illusion d’être en règle avec Dieu. Regarder en arrière, s’en tenir à la loi nous cantonne dans une pratique légaliste, qui nous enferme, nous enchaîne et nous oblige à une rigueur, une obéissance que nous ne sommes pas capables d’assumer.

Entre la loi et le Christ, il faut choisir. La loi est une contrainte, Christ libère. Si l’on veut la sécurité, alors il faut choisir la loi, elle est là comme le garant de ce qui faut faire pour être juste. C’est une sécurité., c’est le confort dont je parlais tout à l’heure.

Sécurité ? Et pourtant Christ n’a pas où reposer la tête ! Le suivre nous fait abandonner ce confort. Il faut choisir ! « Là où est ton cœur, là est ton Dieu. » disait Luther. Nous sommes donc dans cette problématique : là où est ta sécurité, là est ton Dieu, là où tu es justifié, là est ton Dieu.

Avec Christ, on change de registre, de perspective.

Pour faire court, pour les Hébreux la liberté, c’était d’abord être libéré de l’esclavage : “Je suis le SEIGNEUR, ton Dieu ; c'est moi qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte,  de la maison de servitude.” (Exode 20,2)

Paul nous appelle avec insistance à une autre liberté : le salut en Jésus-Christ qui consiste en la libération d'un esclavage intime!

Pour Paul, la liberté à laquelle toutes et tous nous sommes appelé(e)s est une liberté beaucoup plus radicale que celle d’être libres de faire ceci ou cela. Il s'agit « d'une liberté qui consiste en l'accueil d'une grâce, et qui conduit à un dessaisissement et, paradoxalement, à une soumission qui libèrent. »

Une liberté qui ne se préoccupe pas du permis ou du défendu, de la circoncision ou de l’incirconcision, “Car en Jésus-Christ, ce qui a de la valeur, ce n’est ni la circoncision, ni l'incirconcision mais la foi qui opère par amour” (verset 6). Une liberté qui ne se préoccupe pas  du pur ou de l'impur, ni même du bien ou du mal, mais qui discerne de ce qui est conforme ou non avec la vie nouvelle ouverte par la parole paradoxale de Christ.

“C’est pour la liberté que le Christ nous a libéré” est-il écrit au premier verset.

La liberté offerte par Dieu et qui est défendue par Paul, ne constitue pas un individu enfermé dans sa revendication de liberté ou d’autonomie, mais un sujet libre, avec et pour les autres.

Vous connaissez l'aphorisme qui déclare que “ma liberté s'arrête où commence celle des autres” ; cette affirmation installe de fait la liberté de l'autre comme limite et donc, potentiellement, comme concurrente de la mienne. L’apôtre Paul, au contraire, nous invite à une liberté, qui est tellement libre qu'elle peut se faire service et soumission au prochain ! Une liberté qui est en harmonie et non en conflit avec celle du prochain. 

Paul renverse donc l'aphorisme bien connu ; il écrit aux versets 13 et 14  « Mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne devienne pas un prétexte poursuivre les désirs de votre nature propre; par amour, faites-vous plutôt esclaves les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même»

Et voilà, la boucle est bouclée !

Pour suivre Jésus, oui c’est difficile si on reste dans la dimension dans laquelle nous évoluons le plus souvent, contraints que nous sommes de vivre nos tâches, nos occupations, nos obligations quotidiennes, nos conventions sociales, etc…

Mais en suivant Jésus, tout change car l’amour libère. Et c’est ici que Christ nous invite : « Suis-moi ». Répondre à cet appel, c’est d’abord tout abandonner de ce que nous sommes,  pour aimer. Et l’amour pour le Christ Jésus, nous invite à nous libérer de tout pour lui, pour notre prochain, pour nous-mêmes et c’est ici que se trouve l’ultime, la vraie et la seule libération : la grâce du salut que Jésus est venu nous offrir.

Amen !

 

Georges d’Humières

 

 

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Prédication du culte du dimanche 23 juin 2019 : 1Corinthiens 11 : 23-26 et Luc 9 : 11-17

24 Juin 2019, 08:41am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

 

 

Lectures bibliques : 1Corinthiens 11 : 23-26 et Luc 9 : 11-17

 

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

 

Frères et sœurs, l’évangile qui nous est proposé ce matin commence au verset 11 du chapitre 9 de Luc mais pour bien comprendre ce récit il faut commencer au verset 10.

Les apôtres reviennent de mission, très enthousiastes et commencent à raconter à leur maître Jésus, tout ce qu’ils avaient fait.

Alors que Jésus cherchait à s’isoler avec ses disciples (une sorte de retraite spirituelle), les foules se mettent à sa recherche et finissent par le trouver. La foule vient ainsi bousculer le plan de Jésus de s’isoler avec ses disciples. Que fait Jésus? Il change son plan, et accueille cette foule. Cela démontre deux choses : une grande ouverture au présent et aux événements, et beaucoup d’amour.

Une foule vient à Jésus. Jésus accueille cette foule de personnes, par des paroles mais aussi par des actes. Tout cela montre la pertinence de l’action de Jésus et de son enseignement : il répondait à un véritable besoin.

Le contraste avec nos réalités ecclésiales d’aujourd’hui est saisissant. ..

Cela pose la question : avons-nous encore cette pertinence qui suscite la curiosité des gens du dehors, de ceux qui arrivent ou sommes-nous tellement bien entre nous que ce n’est même pas une question qui effleure notre esprit ?

 

Jésus se met à parler à la foule du « Royaume de Dieu » ou « Règne de Dieu ». Cette expression qu’on peut aussi traduire par « le monde de Dieu » désigne un environnement marqué par la proximité de Dieu et le renouvellement d’un peuple uni dont l’attitude serait au diapason de Dieu.

Jésus n’essaie certainement pas de vendre quoi que ce soit; s’il s’empresse d’aborder ce sujet du monde de Dieu, c’est qu’il lui semble vital pour son auditoire.

 

Cette rencontre imprévue et surtout provoquée par la foule dure. Personne ne voit le temps passer tant la communication entre Jésus et la foule est vivante, basée sur un échange réciproque. Mais le temps passe, «le jour baisse»… Une nouvelle contrainte, ce qui s’impose à tout être humain : la faim pour cette foule éloignée de tout.

Ce manque prévisible sera, de fait, énoncé par les disciples qui semblent être des spectateurs de la relation qui se vit entre la foule et Jésus. Ils proposent à Jésus de renvoyer la foule, de rompre ainsi ce qui se passe entre lui et la foule.

Les disciples considèrent les choses d’une certaine manière, selon l’ordre de la maîtrise objective, qui toujours distingue ce qui est possible ou non et donne une place de pouvoir à celui qui parle et porte le jugement : «nous sommes dans un endroit désert, renvoie cette foule».

Mais Jésus ne plie pas devant leur injonction.

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

 

Jésus répond aux Douze de résoudre le problème, et finalement ce sont eux qui feront asseoir la foule et distribueront la nourriture.

Il est intéressant de remarquer que quant les disciples voudraient renvoyer tous ces gens, c’est peut-être moins par intérêt pour la foule comme le prétendent les disciples (v. 12) que par souci de leur propre repos. Mais leur Maître, en même temps qu'il va s'occuper de cette foule, a préparé une leçon pour les siens.

 

Quand a été constatée l'insuffisance de leurs ressources pour nourrir cette foule, Jésus y pourvoit par le pouvoir de son Père : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et les bénit. Puis il les donna aux disciples afin qu’ils les distribuent à la foule », nous rapporte Luc au verset 17. Dans sa grâce, Jésus prend le peu que nous mettons à sa disposition et sait en faire une grande abondance. Sa puissance s'accomplit toujours dans la faiblesse de ses serviteurs (2 Cor. 12:9 2cr 12.2-10)

 

Frères et sœurs, on se réfère habituellement à ce récit en parlant de miracle de la multiplication des pains. Cependant, une analyse plus approfondie de ce texte nous fait dire que dans notre récit nous n’avons pas les éléments qui généralement caractérisent un récit de miracle : il n'y a pas de requérant qui présente à Jésus son problème et lui demande d'agir, il n’y a aucune expression d’une attitude de foi de la part des Douze ou de la foule, et de manière surprenante, personne n’est impressionné à la fin devant les résultats extraordinaires, pas même les Douze !

L’intention première de Luc dans ce récit n’est peut-être pas de mettre l’accent sur la multiplication des pains, il ne parle pas de miracle. En réalité, frères et sœurs, quand Luc nous présente au début de notre récit un Jésus qui enseigne le Royaume de Dieu et guérit les gens qui en ont besoin, il présente le modèle que devront suivre les disciples.

Luc dit à peu près ceci : comme disciples, c’est maintenant à vous de prendre la relève de l’action de Jésus qui enseigne et guérit, et alors que vous pensez ne pas avoir ce qu’il faut pour soutenir la communauté, vous en serez capable car Jésus ressuscité est au milieu de vous.

Bref, la mission des Douze se prolonge avec notre récit, elle ne s’arrête pas, elle ne peut s’accommoder d’une quelconque excuse du genre : ce n’est pas le bon moment, nous n’avons pas assez de moyens (humains, matériels…).

 

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Les foules avaient faim de ce que Jésus pouvait leur donner.

Sommes-nous, nous-mêmes capables de saisir ce dont les gens d’aujourd’hui ont besoin?

Constamment, frères et sœurs, Jésus répète : « Oui, vous êtes capables de le trouver, et c’est votre responsabilité de le donner. ».

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

 

Le jour décline, nous sommes en un lieu désert…

Luc nous présente certaines contraintes de la vie : l’absence de lumière, l’isolement, le manque de ressources. Nous pouvons tous et toutes faire référence ici à des situations concrètes. Notre réaction première est de dire : « Quelle catastrophe! Comme j’aimerais que de telles situations n’existent pas! » Mais la réaction de Jésus est de dire : « C’est le moment pour vous d’agir. Vous avez ce qu’il faut. » !

 

C’est vrai, Jésus avait d’autres plans, celui de se retirer avec ses disciples. La foule vient bouleverser ses plans. Que fait-il? Rejeter la foule? Ronchonner? Non. Il accueille les foules. Les événements guident sa vie et deviennent parole de Dieu. Les besoins des gens sont parole de Dieu. Voilà la mission que le Christ laisse à son Eglise ! Etre dans le discernement, la souplesse, la créativité, l’inventivité, la spontanéité, savoir saisir les opportunités….sans jamais être prisonnier du passé ou être paralysé ou refroidi par les enjeux  du présent.

 

 

« Nous n’avons que cinq pains et deux poissons… il y a cinq mille personnes » !

Frères et sœurs, que ce serait-il passé si notre récit s’était arrêté à la réaction des disciples? Que serait notre monde si tout le monde s’était dit : nous ne ferons rien, la tâche est trop immense. Comme chrétiens, sachant que Jésus ressuscité au milieu de nous, ne rien faire est inacceptable !

Oui, nous ne sommes que des instruments. Cependant, Dieu agit par ses instruments que nous sommes. Jésus n’aurait pas pu rejoindre les cinq milles personnes sans les disciples. Cela donne une idée de l’importance de notre rôle, frères et sœurs….

 

 

Et notre récit ce termine sur un excédent : «  … et l’on emporta douze paniers pleins des morceaux restants » (verset 17).

C’est vrai, le partage authentique appelle le partage. Les gens qui ont vécu un partage inoubliable veulent le faire vivre aux autres. C’est ainsi que, ce que les disciples ont vécu avec Jésus, s’est prolongé jusqu’au 21ème siècle et que, aujourd’hui, nous avons accès à cet excédent dans cette cité de Narbonne.

 

Justement, l’apôtre Paul, dans l’épître du jour, notre premier texte, met l’accent sur la transmission de cet excédent qu’il lie à la Cène : « En effet, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis… » (verset 23) et il continue en rappelant les paroles de Jésus instituant la Cène. (24 et 25) et termine par cette exhortation au verset 26 : « En effet, toutes fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne ».

Dans la Cène, symbole du Christ qui se donne, Jésus chemine avec nous, sur tous nos chemins humains. Il nous y accompagne, et pour cela, il nous conduit, il nous guide, il nous escorte…

Il est proposé à chacun, chacune d’entre nous d’entrer pleinement dans ce mouvement pour d’abord le recevoir, puis pour le vivre aussi nous-mêmes comme de l’intérieur, devenant alors comme des instruments du partage de l’action du Seigneur envers nos frères et sœurs…

Oui, ce don que Jésus fait de lui-même je le reçois d’abord comme grâce qui me redonne vie puis, ensuite, il m’est proposé d’entrer moi-même, à sa suite et à sa manière, dans ce mouvement pour d’autres, pour la croissance de son Règne, du domaine de Dieu.

Si chacun, chacune de nous chemine ainsi, nous avons à prendre conscience qu’un chemin d’ensemble pour tous et toutes s’ouvre également…

 

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Frères et sœurs, suivons ce que le Seigneur propose à ses disciples qui déjà le suivent... Devenir disciple, c'est donc être libéré de tout ce qui me pousse et me permet de dire que moi, je n'ai rien à offrir…! Que le Seigneur nous vienne en aide. Amen !

 

Charles KLAGBA

 

 

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Prédication du dimanche 16 juin 2019: Jn, 16, 12-15

18 Juin 2019, 16:01pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Lectures : Rm 16, 1-16 ; 5,1-5 ; Jn,  16, 12-15

 

 

Deux textes ont été lus ce matin : l’un extrait de la lettre de Paul aux Romains, l’autre de l’Evangile de Jean. J’ai pour habitude, pour ma part, de commenter l’Evangile, dans ma prédication et c’est le cas de la plupart des prédicateurs, cependant, aujourd’hui je propose à votre réflexion un commentaire du passage de la lettre aux Romains. Ce sera pour moi l’occasion, en tant qu’historien, de faire allusion à la vie de la primitive Eglise.

 

Cette lettre a été dictée par Paul, comme cela se faisait couramment dans l’Antiquité, à un secrétaire nommé Tertius qui se joint aux salutations de l’apôtre. Il est d’ailleurs probable que toutes les Epitres pauliniennes ont été écrites sous la dictée. Première originalité de cette lettre, elle est adressée à une Eglise que Paul n’a pas fondée, ce qui n’est pas le cas pour les autres. Alors, quel est son objet ?

 

 Paul qui loge à Corinthe chez un certain Gaïus, termine  son troisième voyage et il s’apprête à rejoindre Jérusalem pour  apporter aux frères de la vile dans le besoin,  le produit d’une quête faite pour eux dans les Eglises d’Asie. Avant son départ il écrit aux « saints » c’est à dire aux chrétiens de Rome auxquels il dit son intention de venir les visiter prochainement. Il ne s’adresse pas à « l’Eglise qui est à Rome » comme il le fait pour les autres Eglises, mais à des individus et à des Eglises-maisons (on parlera plus tard de tituli). En effet, dans la mégalopole romaine, vers l’an 56-58, date de la lettre, il n’y avait pas une Eglise constituée mais des groupements de chrétiens dans les quartiers. Cette organisation en « paroisses » durera longtemps. Les salutations montrent que, parmi eux on trouve des judéo-chrétiens et des convertis du paganisme. Ceci est confirmé par nos connaissances de la sociologie du christianisme primitif. Ces groupements de chrétiens sont nés spontanément et Paul veut leur apporter le témoignage de son Evangile pour lequel il a été « mis à part » comme apôtre, dit-il.

 

Dans l’Antiquité, il n’y avait pas de service postal pour les particuliers. La poste publique, le cursus publicus, était réservé à l’Etat. On faisait donc porter les lettres par un messager. Ici, il est nommé : il s’agit d’une femme, Phoebé, ministre de l’Eglise de Cenchrées, le port de Corinthe. Une femme ministre, c'est-à-dire exerçant un ministère ecclésial, on n’a rien inventé ! (Il suffisait de revenir aux origines et cela a pourtant fait tant d’histoires.) Ministre et tabellaria, c'est-à-dire porteuse occasionnelle de tablettes ou de lettres. Bien que femme, dans une société très patriarcale, elle était libre de se déplacer et à même de supporter un voyage en mer dans des conditions pas toujours confortables, avec beaucoup de promiscuité sur le bateau.

 

Certes Phoébé n’était pas n’importe qui : « Elle a été protectrice pour bien des gens.» Dans la terminologie propre au fonctionnement de la société Antique, cela signifie qu’elle a été « patron » et qu’elle a assuré la protection de ses « clients ». Elle était donc riche et influente, mais elle n’était pas que cela. Elle était aussi théologienne. En effet, le porteur de lettre devait connaître la teneur du courrier qu’il était chargé de transmettre, ne serait-ce que parce qu’il pouvait être perdu en cours de route - les voyages n’étaient pas sûrs et de tout repos -  et surtout, être capable de  commenter la lettre en la remettant au destinataire. Etant donnée la richesse du contenu théologique de cette Epître aux Romains, Phoebé devait être au fait de la pensée de Paul et reconnue par lui comme une théologienne susceptible d’accomplir correctement cette tâche.

 

On notera qu’il y avait un nombre non négligeable de femmes, neuf, dans la liste des 28 destinataires nommément salués par Paul. Parmi ces femmes, certaines « se sont données beaucoup de peine », ce qui veut dire qu’elles ont exercé un ministère actif : Marie, Tryphène, Tryphose, Persis. Trois Eglises-maisons de Rome sont mentionnés expressément : a) celle du couple Prisca et Aquilas que Paul a rencontrés à Corinthe ; b) celle d’Asyncrite, Phlégon et les autres ; c) celle enfin de Philologue et Julie.

 

Il y a aussi le couple « Andronius et Junia, mes parents et mes compagnons de captivité » Mes « parents » doit s’entendre non pas comme ma famille, mais comme l’autre  expression « ceux de ma race », au sens de ceux de mon peuple. Ce couple Andronius et Junia, est présenté par Paul comme des « apôtres éminents », c'est-à-dire un couple d’apôtres itinérants de la première heure, fondateur d’Eglises, en dehors des Douze. Sans doute sont-ils à l’origine de la communauté des chrétiens de Rome, avec cet autre couple de « collaborateurs » de Paul : Priscille (petit nom de Prisca) et Aquilas. Ils furent apôtres à Rome, avant Paul et Pierre. Une autre vision de la communauté romaine des origines… ! Finalement on apprend beaucoup de choses à travers cette salutation.

 

On apprend aussi que Paul connait personnellement beaucoup de monde dans la capitale de l’Empire  où il n’a encore jamais mis les pieds, ce qui veut dire que l’on voyageait pas mal à l’époque chez les judéo et pagano-chrétiens. Mais on notera surtout le lien d’amitié qui le relie à tous ses frères en Christ et son désir de connaître personnellement ceux auxquels il écrit. Il ne veut pas transmettre seulement un message, mais le faire en mettant  à la base de son enseignement  le commandement du Christ « aimez-vous les uns les autres ». « Saluez-vous les uns les autres dit-il, d’un saint baiser. Toutes les Eglise du Christ vous saluent. »

 

 Ce qui ne veut pas dire qu’on doit tout accepter : on n’est pas des bisounours ! Soyons réalistes : il y a des comportements destructeurs dans les Eglises qui ne sont pas acceptables,  et Paul lui-même ne s’est pas privé de les dénoncer et de faire de mises en garde sévères dans ces lettres aux Corinthiens, notamment ou aux Galates. Mais, en toutes circonstances on doit respecter les personnes, même s’il faut refuser leur comportement et rester ouvert au dialogue et au pardon. Voilà un grand exemple et une leçon adressés à nos communautés d’Eglise à travers cette salutation !

 

Parmi les enseignements pauliniens que Phoebé eut à commenter, il y a cette péricope de cinq versets, au chapitre V, que je me permets de vous rappeler :

« Ainsi donc, justifiés par la foi, nous sommes en paix avec Dieu  par notre Seigneur Jésus-Christ ; par lui nous avons accès, par la foi, à cette grâce en laquelle nous sommes établis et nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée, l’espérance ; et l’espérance ne trompe pas car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit saint qui nous a été donné. »

 

Vous avez reconnu le thème de la justification par la foi cher aux protestants et, en premier lieu, à Luther pour qui ce fut une révélation. Justifiés, c'est-à-dire rendus justes, donc aimables aux yeux de Dieu, nous pouvons enfin être « en paix » avec lui. Cette seule certitude est susceptible de nous remplir de bonheur. Pas besoin de savoir comment « faire notre salut », c'est-à-dire, trouver grâce devant lui. Ce salut nous est accordé gratuitement par la foi. Message libérateur qui transcende les temps, valable pour tous les hommes depuis qu’il a été délivré ! Message important sans doute pour les judéo-chrétiens de Rome qui se disputaient avec leurs frères Juifs à propos de la messianité de Jésus, le Christ. Nous savons cela par le témoignage de l’écrivain romain Tacite. Ces disputes occasionnaient un tel désordre dans la ville, précise Tacite, que l’empereur Claude ordonna l’expulsion de tous les juifs de Rome. C’était en l’an 49. Lorsque Paul écrit aux Romains, huit ans plus tard,  les Juifs qui le voulaient étaient revenus, au début du règne de Néron.

 

Paul est réaliste : justifié par la foi, rempli de « paix et d’espérance », oui. Mais ce n’est pas pour autant que le chrétien est exempt de tous tracas et de difficultés. Nous sommes au début de l’été, c’est le temps des mariages. Au cours de la cérémonie civile, le Maire dit aux jeunes couples : « acceptez-vous de vivre unis, pour le meilleur et pour le pire ? » Le meilleur, tout le monde est d’accord. Mais le pire n’est pas à exclure et il faudra faire avec … Ceci est un exemple pour comprendre l’observation de Paul. Justifiés, en paix et dans l’espérance, oui, d’accord ! Et il ajoute aussitôt :   « Nous mettons notre fierté dans nos détresses mêmes.» C'est-à-dire, nous acceptons de bon cœur et courageusement, même les malheurs qui peuvent survenir dans nos vies. Pourquoi les acceptons nous « avec fierté » ? « parce que la détresse produit la persévérance, la persévérance, la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée, l’espérance. » Tout n’est  pas rose dans la vie en couple tout n’est pas rose dans la vie tout court, même si on se sait aimés de Dieu ; mais cet amour nous aide à tenir et la « détresse »  (les difficultés inévitables) produi(sen)t la persévérance, la persévérance la « fidélité éprouvée ». En effet on ne peut vérifier la solidité de quelque que s’il est passé par l’épreuve et a su rester fidèle à ses principes.

 

Souvent on entend dire : « Celui-là, c’est quelqu’un de bien…. » Je crois qu’on ne peut pas porter un tel jugement tant qu’on n’a pas vu comment il se comportait dans les épreuves. C’est dans l’épreuve qu’on juge les gens.

 

« La fidélité éprouvée apporte l’espérance, ajoute Paul, et l’espérance ne trompe pas car  l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit saint » La bouucle est bouclée :

Concluons. Rendus justes par la foi, c'est-à-dire certains d’être aimés de Dieu, nous sommes dans la paix. Nous subirons sans doute des épreuves, gardons l’espérance : l’Esprit saint nous a été donné pour rester ancrés dans la certitude d’un amour indéfectible de Dieu. Amen.

 

André Bonnery (de Carcassonne)

 

 

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Prédication du culte de Pentecôte, dimanche 9 juin 2019: Jean 14. 15-26

10 Juin 2019, 09:46am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Textes bibliques : Actes 2 : 1-11; Jean 14 : 15-26

 

 

«A ce bruit, ils accoururent en foule et ils furent étonnés parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue »

 

Quelques jours se sont écoulés depuis l'ascension du Seigneur…Sa promesse, qui est aussi celle du Père, va s'accomplir (Actes 1 v. 4) et elle s’accomplit en ce jour de Pentecôte.

 

Les disciples demeuraient à Jérusalem selon l’ordre du Seigneur, en attendant la venue du Saint Esprit promis.

Le jour de la Pentecôte ils étaient tous ensemble en un même lieu. «Et il se fit tout à coup du ciel un son, comme d’un souffle violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées, comme de feu; et elles se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer» (v. 2-4).

Cet événement est d’une importance capitale; car il s’agit de la venue de la troisième personne de la Trinité pour demeurer sur la terre avec les croyants et en eux.

Lorsque le Seigneur Jésus est venu dans ce monde, seconde personne de la Trinité, il a pris un corps, parce qu’il devait être un humain, pour accomplir l’œuvre de la libération.

Le Saint Esprit, personne divine aussi, n’avait pas besoin d’un corps. Il descend directement sur les disciples, rendus disponibles à le recevoir par l’œuvre du Christ à la croix et par sa résurrection.

Comme le Seigneur le leur avait dit au chapitre précédent, le Saint-Esprit serait en eux la puissance dont ils auraient besoin pour leur activité comme ses témoins dans ce monde, où ils rencontreraient l’opposition de toute sorte et de toute part. C’est par les disciples, absolument fragiles et impuissants en eux-mêmes, que le Seigneur allait accomplir une grande œuvre sur la terre, grâce à la prédication de l’Évangile.

Il y a un grand rassemblement des croyants venus de plusieurs horizons dont Luc, l’auteur du livre des Actes des Apôtres, prend soin d’énumérer la pluralité des provenances (versets 9 à 11). Ce jour-là, l’Esprit Saint, le Souffle de Dieu, le Défenseur, le Consolateur descend sur les disciples. Sous forme de «langues divisées, comme de feu», le Saint Esprit, personne divine, descend sur la terre et demeure sur les disciples. Aussitôt sa puissance se manifeste en eux: ils deviennent capables de s'exprimer dans des langues qu'ils ne connaissaient pas.

 

Pentecôte était une fête juive qui amenait chaque année à Jérusalem une foule considérable d'entre les Israélites dispersés au milieu des nations. Dieu a voulu les rendre témoins des résultats merveilleux de la venue du Saint Esprit. Cette affluence va être l'occasion de la première grande réunion d'évangélisation, de l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Mais quels sujets d'étonnement pour cette multitude!

«A ce bruit», nous est-il rapporté, «ils accoururent en foule et ils furent étonnés parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue…Et ils étaient tous hors d’eux-mêmes, et s’étonnaient, disant: Voici, tous ceux-ci qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? Et comment les entendons-nous, chacun dans son propre langage, celui du pays dans lequel nous sommes nés?... Nous les entendons annoncer dans nos langues les choses magnifiques de Dieu» (v. 6-12).

Chacun, chacune, peut entendre dans sa propre langue « des merveilles de Dieu » ou dans d’autres versions : «les choses magnifiques de Dieu». Et ceux qui leur parlent sont des «Galiléens» sans instruction (ch. 4 v. 13).

Oui, il n'est nullement nécessaire de faire partie d'une élite pour être ouvrier, instrument du Seigneur. Dépendre de Lui, se soumettre à l'action de son Esprit, telles sont les seules conditions requises.

 

Pentecôte, c’est la contrepartie de la confusion des langues qui eut lieu à la tour de Babel.

L’épisode de Babel : vous vous souvenez de l’histoire de Babel..

Selon l’auteur de ce récit du livre de la Genèse, tous les humains parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les mêmes mots. Ils décident d’entreprendre une grande œuvre qui mobilisera toutes leurs énergies : la construction d’une tour immense...

Dieu intervient pour mettre fin à ce projet d’orgueil : il les disperse à la surface de la terre et brouille leurs langues. Désormais les humains ne se comprendront plus...

Si Dieu intervient de cette manière c’est pour épargner à l’humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique. Dieu dit : « vous recherchez l’unité, c’est bien ; mais ne vous trompez pas de chemin : l’unité n’est pas dans l’uniformité !

La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité.

 

Le récit de la Pentecôte chez Luc s’inscrit bien dans la ligne de Babel : à Babel, l’humanité apprend la diversité dans le sens de la dispersion, à la Pentecôte, elle apprend l’unité dans la diversité : désormais toutes les nations qui sont sous le ciel entendent proclamer dans leurs diverses langues l’unique message : les merveilles de Dieu.

Oui, dans un certain sens, l'orgueil de l'humain a produit des adversités, des antagonismes, incapables de se comprendre les uns les autres. Le Saint-Esprit, le Souffle de Dieu, les rapproche tous et toutes sans distinction, les unit en un seul Seigneur qui offre la liberté à tous et à toutes. Le souffle de Dieu souffle sur tous et toutes et il ne fait pas de distinction. Toue tentative de division est contraire à l’Esprit de Pentecôte.

 

Alors frères et sœurs, l’évangile de ce dimanche de Pentecôte, prend, bien sûr aujourd'hui, un nouvel éclairage par ce récit des Actes des apôtres.

Il est intéressant que, pour la fête du don de l'Esprit, l'évangile qui nous est proposé ne nous parle que d'amour !

Souvent, nous sommes tentés de penser à l'Esprit Saint en termes d'inspiration, d'idées, de discernement, d'intelligence en quelque sorte…Jésus nous dit ici : l’Esprit de Dieu, c’est tout autre chose, c’est l’Amour personnifié : « Dieu est Amour », nous affirme Jean dans son épître. Cela veut dire que, le matin de la Pentecôte, à Jérusalem, quand les disciples ont été remplis de l’Esprit Saint, c’est l’amour même qui est en Dieu qui les a envahis.

Et de même, nous aussi, frères et sœurs, baptisés, confirmés, notre capacité d’amour est habitée par l’amour même de Dieu. Nous avons besoin d’un Défenseur, d’un avocat pour nous défendre contre nous-mêmes, devant nos réticences à nous mettre réellement au service des autres.

Nous avons bien besoin de ce Défenseur qui constamment, plaidera en nous la cause des autres. Et ce faisant, c’est nous, en réalité, qu’il défendra, car notre vrai bonheur, c’est de nous laisser modeler chaque jour par le potier, Dieu, à son image.

 

« Chacun les entendait dans sa propre langue… »

Cette expression répétée trois fois (v. 6.8. 11) nous indique que nous avons ici une des clés de ce récit.

Le miracle de la Pentecôte ne réside pas dans le fait que les apôtres, d’origine palestinienne, se mettent à parler des langues étrangères. Il réside dans le fait que tous ces étrangers entendent dans leur propre langue proclamer les merveilles de Dieu : c’est là le signe de la Pentecôte, le Souffle de l’amour de Dieu se répand sur toute personne. Ce matin-là, l’Esprit ouvre aux disciples grandes les portes du monde : des hommes nouveaux, des femmes nouvelles sont en train de naître : l’Eglise.

L’Eglise est cette assemblée innombrable, visible et invisible, mystérieusement réunie par le Souffle de Dieu, l’Esprit saint, une assemblée qui répond à l’appel de l’amour de Dieu sur cette terre, une assemblée qui répond à l’appel de Dieu par la prière, la louange, le chant, la confession de foi, la lecture et l’écoute, c’est à dire qui entre à son tour en dialogue avec lui : c’est ce qui se vit jour de Pentecôte.

L’Eglise est l’assemblée des croyants qui, se parlant les uns aux autres, entrent en dialogue avec Dieu parce qu’il en a pris, ce jour, l’initiative.

L’Eglise est le lieu privilégié d’un dialogue où le langage humain rencontre le langage de Dieu, elle est le lieu d’une communication qui devient communion: c’est cela Pentecôte !

Il s’agit de reconnaître que Dieu a fait pour nous de grandes choses, qu’il nous a acceptés tels que nous sommes, qu’il nous a accueillis dans son amour et dans sa grâce, et qu’ainsi, il nous a libérés de toutes nos tentations de nous replier sur nous-mêmes, de nous justifier nous-mêmes ou de nous prouver aux autres...

Il s’agit de reconnaître que Dieu donne et renouvelle chaque jour la grâce de la vie, qu’il donne sens à nos existences et qu’il donne la joie, y compris dans le temps de l’épreuve et de la souffrance, une joie profonde et complète que rien ne saurait submerger.

Vivre Pentecôte, frères et sœurs, revient à reconnaître que chacun, chacune, peut être touché, concerné, bouleversé. Non pas seulement celui qui a la foi -celui du sérail, du dedans, de l’Eglise- mais celui qui est en recherche et qui s’interroge, celui qui se tient au dehors ou sur le seuil et qui attend.

Célébrer Pentecôte, c’est attester que ce langage de Dieu qui s’extériorise, qui se fait entendre, s’adresse à nous, chacun, chacune, quel qu’il soit.

Chacun, chacune peut le recevoir, l’entendre et le comprendre car Dieu parle à notre cœur, dans notre cœur …car Dieu qui parle, comme l’écrit l’auteur du récit du livre des Actes, parle notre langue maternelle. Il parle, dit le texte grec, « le dialecte dans lequel nous sommes nés »…C’est la manière pour Luc de dire que Dieu se fait proche, très proche, qu’il se tient à notre portée, qu’il se met à notre portée, qu’il nous porte…qu’il nous enfante comme une mère porte son enfant et le met au monde et lui parle, et que par lui, nous apprenons le langage même de la vie.

Frères et sœurs, peu importe si certains, autour de nous, s’interrogent et se moquent. Peu importe si l’on nous dit que nous sommes « déraisonnables», « pleins de vin doux » ou un peu fous. Oui, la foi animée par l’Esprit de Dieu qui souffle est folie pour les humains mais pour Dieu, elle est sagesse.

Cet apprentissage de la proximité de Dieu dans notre langage nous assure que tant que nous saurons parler, tant que nous connaîtrons ce langage d’amour qui est à la fois le sien et le nôtre, nous serons en communion avec lui. Car quand Dieu parle, quand il nous parle, c’est au plus intime de nos vies, au plus singulier de nos existences fragiles, au plus secret de notre cœur, et si nous l’accueillons, se noue alors  une secrète communion.

Ainsi, frères et sœurs, faire mémoire de la venue de l’Esprit Saint sur l’Église au jour de la Pentecôte signifie bien plus que se rappeler un événement passé. Il s’agit d’abord d’ouvrir grande la porte de nos cœurs pour nous laisser transformer par l’Esprit qui vient. Il s’agit aussi de redevenir l’Église, un « nous » qui continue de vivre d’annoncer au monde  que « Dieu est amour ».

Puisque nous sommes par nature faibles, nous avons, frères et sœurs, besoin de la force et de l’accompagnement de l’Esprit, de ce souffle de Dieu pour faire face à toutes les difficultés qu’engendre une vie conforme à l’héritage d’amour, à l’héritage de l’unité dans la diversité légué par le Christ.

Nous avons besoin, chaque jour, instant après instant, d’être portés par ce souffle de l’amour si nous voulons être de vrais témoins et apôtres du Christ.

 

Frères et sœurs, aujourd’hui, c’est le dimanche pour nous ouvrir à la libération pour que le Souffle de Dieu traverse nos vies, bouscule nos doutes et surtout nos certitudes.

 

Que l’Esprit Saint, en ce jour de Pentecôte, fasse de nous toutes et de nous tous des apôtres, des prophètes et des visionnaires du Christ dans cette cité et partout où Dieu nous a placés.

Amen.

 

Charles KLAGBA

 

 

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Prédication du culte du dimanche 2 juin 2019

2 Juin 2019, 17:13pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Jean 17. 20-26

 

Le texte biblique de ce Jour Jn 17, 20-26 est la conclusion de Jn 17, dans ce chapitre l’Évangéliste nous transmet une prière du Seigneur d’une rare densité qui est appelé la Prière Sacerdotale, je vais vous lire le chapitre en entier. Cette appellation a été suggérée par Clément d’Alexandrie. Là Jésus confie au Père sa vie et le non achèvement de sa mission…

 

J’ai été aidé dans cette prédication par les travaux du théologien protestant suisse Jean Zumstein, spécialiste reconnu de la littérature Johannique.

 

Jean 17 précède l’entrée du Christ dans sa passion.

 

Le chapitre se divise en 3 parties : Après avoir dans les discours d’Adieu dit à l’intention de ses disciples le sens de son départ, Le Christ tourne son regard vers le Ciel et prie pour sa propre glorification ; puis il prie pour les disciples qui l’entourent, enfin, et c’est le propos des versets 20 à 26, prétextes à la prédication de ce matin, pour ceux que le Théologien Jean Zumstein appelle les disciples de seconde main, appellation qui a été empruntée au philosophe Kierkegaard, il s’agit de « ceux qui » dit le Christ, « grâce à leur parole croient en moi »…Ne cherchons pas trop loin, c’est de nous petite paroisse narbonnaise qu’il s’agit…

Alors de façon exceptionnelle par rapport à ce que je fais d’habitude, je vous propose comme prédication un commentaire tout à fait personnel, peut être un peu christique, mais il s’agit de Jean… un commentaire de ces 6 versets 20 à 26  du chapitre 17, qui m’ont parlé de nous.

Je vous propose de relire l’Évangile, verset par verset, en réfléchissant à ce qu’ils peuvent nous dire aujourd’hui ici en ce dimanche : 

 

20 : « Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi  pour ceux qui par leur parole croient en moi »

 

Oui, frères et sœurs, vous avez bien entendus, ici, c’est une tradition qui nait par ces paroles, le Christ disant cela passe le relais aux disciples, à eux maintenant de se préparer…La parole de Dieu révélée par le Christ se manifeste désormais à travers le témoignage des disciples, et par leurs prédications. Mais oui, pas d’erreur, c’est bien nous ! Certes quand nous lisons ce texte il s’agit là de l’avenir de l’Eglise au 1 siècle de notre ère…mais il est destiné à tous les disciples, donc il est destiné aussi à ceux du XXIe siècle dans notre paroisse aussi, sinon que ferions-nous ici ?! A nous de faire reconnaître le Christ aux femmes et aux hommes, par notre témoignage.

Mais sommes-nous tous conscients de cela ?.

 

21 : « Que tous soient un, comme toi père tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé »

 

Je crois bien qu’ici les difficultés commencent. 

« Que tous soient un, comme toi Père tu es en moi et que je suis en toi ». L’unité du Père et du Fils s’offre à nous. Ils sont un. Et nous, disciples, sommes-nous unis ? Oui Il est question là de notre unité. Et le modèle n’est pas conventionnel ou institutionnel, il s’agit de l’unité du Père et du Fils, seule cette unité fait sens pour le Fils et donc aussi pour le Père. Oui mais fait-elle sens pour nous ? Sommes-nous toujours réellement unis ? Nous avons encore beaucoup à apprendre, à entendre, à partager. L’unité du Père et du Fils, nous apprend l’Evangile, se révèle dans l’incarnation, et c’est à ceci que notre petite communauté narbonnaise est invitée à s’associer, par l’amour fraternel d’abord, mais aussi en s’appropriant la révélation du Père et du Fils.

 

Vivre l’incarnation invite à l’effort et à la foi. Il y a dans toute communauté ecclésiale, des moments difficiles, des moments de heurts, et des moments de peine, aucune n’échappe à cela, parce que sans doute, nous oublions trop vite que nous ne sommes pas là pour nous, pour notre égo, alors que nous somme la pour le témoignage…

Pour rendre témoignage comme le Fils nous le demande, il est l’envoyé du Père. Il nous faut retrouver le sens de l’écoute de sa parole, mais peut-on écouter sa parole sans prêter attention à celle de nos sœurs et de nos frères ? Surtout s’ils ne pensent pas comme nous ?

Oui sachons nous écouter et partager, mais surtout retrouvons le sens de la prière…tous ; oui tous, pas seulement tel ou telle.

 

Et ce moment de la prière est un moment privilégié, retrouvons ces instants secrets de prière intérieure, dans le silence de notre intimité, prions pour tous nos frères et nos sœurs pour les mieux connaitre, et bannissons les pensées amères qui nous assaillent tous, à tout moment. 

 

22-23 : « Et moi je leur ai donné la gloire que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’a envoyé et que tu les as aimé comme tu m’as aimé ».

 

Ainsi nous dit l’Evangile, l’unité qui doit régner entre les croyants est le fruit d’un don. Le don fait par le Père au Fils, le Fils l’a transmis aux croyants, ce don c’est celui de la gloire. C'est-à-dire le rayonnement divin. Pour nous chrétiens, ici et maintenant, ce don c’est à la fois celui de la croix,  il l’a fait pour nous, et aussi celui de La Parole, celui de l’incarnation.

 

Nous sommes appelés à transmettre cette gloire certes avec nos moyens parfois bien fragiles, mais avec notre foi, avec notre joie, avec notre espérance, ne l’oublions pas.

 

N’occultons pas la lumière de cette joie par des assignations trop faciles et trop rapides, untel n’est pas libéral ? Et alors ? Une telle ne pense pas comme moi ? Mais quelle chance pour tous ! Tel autre fait des prédications que je n’aime pas…mais je ne vais pas au spectacle le dimanche, je vais au Temple en communion avec mes sœurs et mes frères pour vivre la Parole.

Tel est luthérien, ou calviniste ou Evangélique ?

 

Mais c’est notre chance, petite paroisse narbonnaise multitudiniste, c’est notre chance de profiter de la lumière de chacun, de l’histoire de chacun, de l’expérience de chacun, notre communauté est fille de ces histoires, si nous savons nous entendre…encore faut-il que nous sachions nous attendre et nous aider.

 

Soyons heureux que des anciens prennent place sur nos rangs, soyons heureux que d’autres chrétiens parfois poussent la porte, soyons heureux d’avoir des cultes autrement, soyons heureux d’accueillir des parents avec leurs enfants, des enfants qui vont à l’Ecole biblique ou qui peuvent peut être faire un peu de bruit, mais dans le bruit de ces enfants, c’est le cœur du monde qui bat.

 

Oui  Frères et Sœurs dans ces versets vous vous en rendez compte, c’est de notre route qu’il s’agit ! Le Seigneur n’est plus là pour guider la communauté, mais il nous a donné sa Parole, et c’est notre unité qui conduit la communauté, et le Seigneur est présent dans celle-ci, car l’unité universelle des croyants est en lien avec la croix du fils, elle n’est pas objet d’un accord, ou d’une transaction, elle est don du Fils en unité avec le Père.

 

Mais l’unité ne veut pas dire, que toutes, tous pensent, où disent la même chose, ce n’est pas d’une fusion que je parle, ou d’uniformité, non, l’unité commence par la rencontre, par l’écoute de l’autre. Sa différence me fait réfléchir, avancer, douter, et il en est de même pour elle, pour lui, sinon où est le fameux débat des protestants, la disputatio ? Il faut savoir entendre et comprendre le dissensus comme une richesse, comme une invitation à découvrir ce que je n’ai pas, ce que je ne lis pas, ce que je n’entend pas, ce que je ne crois pas, ce que je ne suis pas, l’autre est une chance, dans ma paroisse, dans l’Eglise dans ma vie.

 

24: « Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donné, soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé dès avant la fondation du monde ».

 

Ces paroles, sont parole de salut, Christ se soucie de ses disciples, les plus fragiles, « les disciples de seconde main » leur avenir n’est pas placé sous le signe de la menace ou du jugement, mais de la promesse, il déclare sa volonté d’associer ses disciples à la réalité divine dont il est le porteur…

Et nous ? Nous-portons-nous dans nos prières les uns et les autres ? Une communauté ne peut naître que dans un climat de désir et d’amour, l’amour et le désir de faire communauté protestante nous pouvons et devons les protéger…

 

25-26 : « Père juste, tandis que le monde ne t’as pas connu, je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et je leur ferai connaitre encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux »

 

L’avenir prié et promis aux disciples est un véritable avenir qui transcende la finitude du monde.

Nous sommes toutes, tous, enfants de Dieu …Nous savons que lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque fonde sur lui une telle espérance se rend pur, comme il est pur, comme il est écrit en la première Epitre de Jean 3, 2-3… « Et quiconque demeure en lui ne pèche plus… »

 

Frères et Sœurs, c’est à nous à présent, que voulons-nous ? Il est normal que nous ayons des envies, des désirs différents…

Mais il nous faut vivre le présent d’une communauté pour pouvoir transmettre la certitude de la promesse de cet amour inconditionnel, il nous faut vivre la confiance, et nous accueillir toutes et tous.

Serait-ce si difficile pour nous ? 

 

Mais sachons-le, Nous sommes entendus et

Nous sommes attendus,

Sœurs et Frères, vivons cette attente dans la confiance d’une commune espérance.

Amen.

 

Patrick Duprez

 

 

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Prédication du culte du dimanche 26 mai 2019: Jean 14, 23 à 29

31 Mai 2019, 08:40am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

Jean 14, 23 à 29

 

Versets du long discours d’adieu de Jésus à ses disciples lors du dernier repas, après le lavement des pieds et la trahison de Judas. Un discours qui fait penser à celui des philosophes grecs. Un tel discours n’existe pas dans les évangiles synoptiques. Il se comprend comme l’annonce de la présence de Jésus ; présence « malgré » la croix, la résurrection, l’ascension, départ du Jésus terrestre. Annonce d’un nouveau mode de présence de Jésus dans nos vies.

Cf. Pasteur Louis Simon «  Eglise : assemblée de ceux qui cherchent Jésus après avoir trouvé le tombeau vide. »  Comment trouvons nous sa présence dans nos vies ? ( « trouver dans ma vie ta présence » )

 

-        Part essentielle donnée à l’Amour «  Si quelqu’un m’aime il obéira à mes paroles ». La langue française est pauvre en terme d’amour. Le grec dispose de trois termes, le français ne dispose que d’un. Ainsi le mot grec ici employé (Agapê) est-t-il traduit parfois (chez Louis Segond par exemple) par Amour et d’autres fois par Charité .  

L’agapê ( l’Amour ) envers Jésus est obéissance à ses commandements. Elle n’est pas de l’ordre du seul sentiment ou de l’émotion. L’amour manifesté à Jésus est de l’ordre de l’action . Non pas de l’ordre de la religiosité et de la mystique, mais de celui du partage et de la rencontre avec autrui, qui sont rencontre et partage avec le Christ ( Cf Mt 25 « ce que vous faites au plus petit c’est à moi que vous le faites. )

 

-        Mais comment s’opère cette obéissance ? Elle est d’abord écoute de la Parole. « obéir aux paroles »= obéir à la Parole de Dieu. Celle-ci a d’une certaine manière valeur de loi=thora ( loi de l’ancien testament ) qui signifie aussi voie, chemin. Il ne s’agit pas d’appliquer une simple morale ou des lois sociales, mais de suivre la voie de Jésus. Il s’agir d’agir par des gestes d’amour. Suivre Jésus c’est obéir au Père. ( Cf vision trinitaire de Jean )

 

-        En effet cela ne peut se faire sans l’Esprit ( Pneuma, dont la traduction par esprit me semble contestable, c’est le souffle divin ! ) «  le Père enverra en mon nom le Souffle Saint ». L’Esprit saint, le souffle saint, c’est celui qui fait sortir les disciples à la Pentecôte. Une Eglise de disciple doit être poussée par le Souffle saint pour sortir de la torpeur des habitudes et sans doute aussi de la «  religiosité »rituelle.  Chez Jean le lavement des pieds qui « remplace » la Cène remet le rite à sa place. La Cène est  rappel, au-delà du rituel de mémoire, du partage nécessaire. L’esprit Saint, le souffle de Dieu nous y aide.

L’obéissance a trois effets :

 

-        «  Mon Père l’aimera et viendra habiter chez lui » Surprenante déclaration ! Dieu vient habiter chez celui qui aime. Idée d’un Dieu proche aux antipodes de nos représentations traditionnelles du Dieu aux cieux sur son trône. Contraire aussi à l’idée de présence d’un Dieu dans une Eglise ou un temple qu’on pourrait localiser comme l’histoire a montré que nous sommes tentés de le faire. On ne va pas à Dieu, c’est lui qui vient à nous en Jésus d’abord et dans la fraternité du quotidien. D’où l’idée chère à Dietrich Bonhoeffer d’un « Christianisme a-religieux » Faire du religieux, c’est aller vers Dieu, dans la foi chrétienne, c’est Dieu qui vient à l’homme. La demeure de Dieu est dans l’intime de chacun. Encore faut-il le reconnaître , ce qui se fait à travers l’obéissance et l’agapê ( amour-charité)

 

-        Ce que donnent l’obéissance  et l’Amour, c’est la Paix. Cette paix «  n’est pas de ce monde », elle n’est pas la tranquillité, ni l’indolence béate. Il ne s’agit pas d’attendre paisiblement un au-delà. Elle est espérance dans l’action. Elle efface l’inquiétude et la peur. La peur est l’inverse de la Foi qui est confiance. Celui qui met sa confiance en la Parole n’hésite pas à agir dans l’Amour . Il n’est seul ni face à lui-même, ni face au monde. « Soyez joyeux » dit Jésus à ses disciples avant son départ vers le Père.. Et il fait deux promesses : celle du souffle saint qui fait avancer et celle de son retour. « Je reviendrai auprès de vous »

 

-        Ainsi Jésus est-il notre avenir. La vision eschatologique (du retour et de la fin des temps) était présente dans l’Eglise ancienne mais s’est perdue au fil des siècles, oubliée souvent par nos Eglises. Pourtant « La perspective eschatologique n’est pas un aspect du Christianisme, elle est à tous égards le milieu  de la foi chrétienne »  dit Jürgen Moltmann. Cette espérance n’est pas un refuge, un alibi d’attente passive que Jésus revienne et le monde soit transfiguré. Cette espérance suppose obéissance et agapê, signes de la voie emprunté derrière la Christ.  « L’Espérance a deux beaux enfants : la colère et le courage » dit Augustin d’hippone. La colère pour refuser ce monde d’injustice et le courage pour agir à sa transformation. «  Partout, dans le nouveau testament, l’Espérance chrétienne portant sur ce qui n’est pas encore visible et consistant à espérer contre toute espérance condamne ce qui est visible et ce qui est maintenant objet d’expérience à être une réalité passagère, abandonnée de Dieu et qu’il s’agit de dépasser » Jürgen Moltmann

 

Nous qui disons aimer Jésus et Dieu à travers Lui sommes appelés à vivre son Amour dans notre réalité parfois si cruelle, poussés par sa Parole et son Souffle. Dans la Paix que donne l’Espérance qui nous conduit à agir contre la réalité cruelle jusqu’à son Royaume.

 

Jean-Pierre Pairou-Segarra

 

 

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Prédication au culte du 19 mai 2019

20 Mai 2019, 08:49am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

 

 

 

Textes bibliques : Apocalypse 21 : 1-5; Jean 13 : 31-35

 

 

Frères et sœurs, le texte de l’Evangile aujourd’hui est très court : cinq versets, mais cinq versets d’une grande densité, comme c’est souvent le cas avec l’Evangile de Jean. C’est un texte particulièrement riche qu’il nous est donné de méditer aujourd’hui. Il s’agit d’un message de Jésus à ses disciples. Ces quelques versets constituent le début du testament spirituel de Jésus au soir du Jeudi-Saint.

Judas vient de sortir et de s’enfoncer dans la nuit, la nuit du refus, de la trahison et de la tristesse, et c’est le moment que Jésus choisit pour parler à cœur ouvert…

Jésus explique successivement à ses disciples que le Père va le glorifier, que cette glorification suppose son retour auprès du Père, donc son départ, et qu’il laisse, comme gage de son amitié, un commandement nouveau.

L’envers de cette gloire, l’envers pour nous, c’est que Jésus victorieux va être soustrait à notre regard. Désormais il faudra croire sans voir, croire sans avoir vu : « Mes petits enfants, dit Jésus avec une sorte de tendresse, je suis encore avec vous pour un peu de temps….Vous me chercherez …vous ne pouvez pas venir où je vais …». En tout cas, pas tout de suite, comme Jésus l’explique à Pierre. (verset 33).

Dieu donne sa gloire à Jésus, et à son tour, Jésus donne sa gloire à Dieu, de sorte que, dans cette communication, dans cet échange divin, Jésus est lui-même Dieu. Cette glorification révèle Jésus à la fois comme humain et comme Dieu. C’est cette gloire venue du Père qui révèle que Jésus est Dieu. Et puis, au cœur de cette communication, il y a le souffle de Dieu, le Saint-Esprit. Il n’est pas nommé, mais il le sera quelques chapitres plus loin, dans le même contexte.

Mais le texte ne s’arrête pas là. Le Dieu créateur n’est pas fermé sur lui-même. La gloire dont il est question ici rejaillit sur l’être humain, elle se manifeste dans l’amour fraternel, dans l’amour des uns pour les autres. Comme Jésus aime son Père et que son Père l’aime, de même l’être humain est invité à aimer son prochain.

Nous voyons que ce texte nous fait voir un Dieu qui ne ressemble pas aux dieux que les humains ont pu imaginer dans leur histoire, ces dieux distants, lointains et fermés sur leur propre divinité, mais il nous fait voir un Dieu qui entre en relation, un Dieu qui se révèle dans la relation, dans la communication.

L’être humain est à l’image de Dieu, c’est pour cela que l’être humain a lui aussi besoin d’être en relation et qu’il supporte mal la solitude. C’est pourquoi déjà tous les commandements de Moïse se résument à aimer Dieu et son prochain.

Un lien vivant et bien tangible va demeurer entre Jésus et ses disciples, entre Jésus et nous : « Je vous donne, dit Jésus, un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres… ».

Mais en quoi ce commandement est-il nouveau ? Déjà, dans le Lévitique, Dieu ordonnait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18). Où est, ici, la nouveauté ?

Tout d’abord le commandement de Jésus est nouveau parce qu’il est lié à l’alliance nouvelle.

Dans la Bible, qui dit commandement, dit alliance, c’est-à-dire réciprocité entre Dieu et son peuple ; et de même que les dix commandements de Dieu étaient la traduction d’une première alliance au Sinaï, le commandement nouveau est le versant humain de l’alliance nouvelle et définitive, celle que Jésus va sceller, justement, par sa mort et sa glorification.

Mais le commandement de Jésus est nouveau surtout parce que désormais le modèle de notre amour sera l’amour de Jésus pour nous : « … Comme je vous ai aimés, vous devez vous aussi vous aimer les uns les autres ».

Et comment Jésus a-t-il aimé ses disciples ? L’Évangile de Jean nous répond en trois affirmations :

D’abord, Jésus a aimé ses disciples parce que le Père les lui a donnés : « ils étaient à toi, et tu me les as donnés » ; « je prie pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi » ; « tu les as aimés comme tu m’as aimé » (17,6.9.23).

Ensuite, Jésus a aimé jusqu’à l’extrême chacun des siens qui étaient dans le monde, jusqu’à l’extrême de la compréhension, de la compassion, de la patience, jusqu’à l’extrême de l’humilité et du service, puisqu’il s’est agenouillé devant eux pour leur laver les pieds, lui le Maître et le Seigneur.

Enfin, Jésus, le bon pasteur a donné sa vie pour son troupeau, pour que ses brebis aient la vie en abondance, et chacun, chacune de nous, peut faire sienne la conviction qui bouleversait Paul : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi ».

En effet, celui qui entend ce commandement, ou plutôt celui qui lui obéit, se trouve renouvelé, non par un quelconque amour, mais par cet amour que le Seigneur distingue de l'amour charnel, quand il ajoute : «...comme je vous ai aimés ». Car ils s'aiment, les maris et les femmes, les parents et leurs enfants, et tous ceux qui sont unis par une amitié humaine. Le commandement nouveau que nous donne le Christ, c'est que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous a aimés.

Cet amour-là nous renouvelle et fait de nous des êtres nouveaux, héritiers de la nouvelle alliance, citoyens d’un monde nouveau, « un nouveau ciel et une nouvelle terre … », pour reprendre les mots de Jean dans le livre de la révélation, notre premier texte.. Cet amour, frères et sœurs, a renouvelé les justes des temps anciens. Cet amour renouvelle encore les nations et tout le genre humain répandu sur la terre. De tous et toutes, en les réunissant, il fait un peuple nouveau, cette communauté nouvelle qui va prendre forme dans la suite  du Christ ressuscité.

L'amour mutuel dont Jésus parle ici et qu’il laisse en héritage est en fait, un événement et non comme commandement. Ce mot, agapè, demande donc à être dévoilé, explicité.

Nous l'avons souvent entendu : l'agapè n'est pas un sentiment ou un commandement au sens strict ni une vertu. L'agapè est un événement : Dieu nous aime.

L'agapè ne consiste pas en ce que nous aimerions Dieu, mais comme dit Jean « nous l’aimons parce que, lui (Dieu), nous a aimés le premier » (1 Jean 4, 19).

On pourrait donc substituer le mot « commandement » par « disposition ».

« Je vous donne une disposition nouvelle, aimiez-vous les uns les autres «...comme je vous ai aimés ».

L'agapè est donc une disposition et il faut éviter ou refuser de parler de commandement. En effet la parole de Dieu n'est pas une parole qui dit : « tu dois », c'est une parole qui donne que je fasse. Le don est l'essence de l'espace de l'Évangile, espace qui n'est ni un espace de prise violente, ni un espace de droit et de devoir. Or le mot de commandement s'entend chez nous dans un espace de droit ou de devoir.

Le mot "disposition" est à entendre comme le don à notre être, comme ce qui détermine notre être. L'agapè est donc la détermination fondamentale de l’être de l'humain.

« Je vous donne une disposition nouvelle, aimiez-vous les uns les autres ...comme je vous ai aimés ».

Frères et sœurs, la parole entendue ce jour ne se limite pas au cercle des disciples. Cette disposition nouvelle leur fixe une mission : donner au monde le témoignage de l’amour : «  c’est à cela, dit Jésus, que tous reconnaitront que vous êtes mes disciples… » (verset 35).

La parole quitte le domaine de la sentimentalité pour désigner une responsabilité et une mission qui repose sur la justice et sur la rigueur de vie. Telle est notre commune vocation, celle qui fait que nous sommes Eglise, ici dans cette cité et ailleurs... Pour cela, il faut quitter ses peurs, ses ignorances, ses préjugés, ses raideurs dogmatiques, ses égoïsmes et ses avantages et bien de reconnaître que le maître mot de notre raison d’être et de notre mission est : l’amour.

Cet amour mutuel, que les disciples doivent exercer les uns envers les autres, devient le signe distinctif des chrétiens : «Si je vous ai lavé les pieds… vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres. C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous». (Jean 13, 14)

Alors, frères et sœurs, comment savoir si nous sommes de véritables disciples du Christ ? La dernière phrase de l’évangile d’aujourd’hui nous donne la réponse : « ce qui montrera à tous les humains que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Voilà notre marque distinctive ! Les traditions, les institutions, les sacrements, sont subordonnés à cela et n’ont d’autre fonction que d’entretenir et d’exprimer l’amour que nous avons les uns envers les autres.

Puisque Dieu a manifesté d’une manière toute nouvelle son amour pour les humains dans la mort et la résurrection, donc da  glorification de Jésus, puisque Dieu a inauguré, dans la nouvelle alliance, une intimité nouvelle avec les humains, ceux-ci vont inaugurer entre eux une attitude fraternelle d’un type tout nouveau, et c’est cela, la disposition de Jésus.

Là où cet amour est absent, peu importe si l’on a tout le reste, là où cet amour est absent, tout ce que nous ferons ne pourra être comparé qu’au bruit vide et désagréable d’un métal qui résonne, comme le dit l’apôtre Paul dans la première épître aux Corinthiens.

Oui, là où cet amour est absent, quoique l’on s’évertue à faire, il n’y a rien. Tout au plus une agitation vaine et stérile qui n’a aucune valeur, aucun intérêt.

A l’inverse, frères et sœurs, l’amour du prochain, lorsqu’il est là, permet de faire oublier beaucoup de choses. Il ouvre sur la bienveillance, cette bienveillance qui est devenue si rare aujourd’hui, dans une société où chacun, chacune, est jugé et doit rendre des comptes, et la société ne s’en porte mieux pour autant.

La gloire de Dieu est présente dans l’Eglise lorsque cette bienveillance, cet amour du prochain, est visible. L’amour du prochain est la marque de la présence de Dieu. Si cet amour est là, Dieu est là ; si cet amour est absent, Dieu est absent ; c’est aussi simple que ça….

Oui, cet amour fraternel au sein de nos communautés n’est pas évident.

L’histoire nous enseigne que les chrétiens ont été violemment déchirés au sujet de questions plus ou moins importantes de théologie, de dogme, de liturgie, de politique, etc.… les abus de pouvoir,... au nom de Dieu.

Sur le plan individuel, le même genre de divisions nous accablent et nous déchirent. Nos amours sont fragiles et risquent de ne pas tenir dans les moments difficiles. Des frères et sœurs qui s’entendaient bien, tout à coup ne se parlent plus, des amis de longue date se brouillent et ne se visitent plus. L’indifférence, l’égoïsme, la haine, la vengeance, la violence, font parti de nos comportements.

Frères et sœurs, l’amour dont parle le Christ ce matin est une source d’eau vive qui fait jaillir un nouveau printemps. C’est un baume qui guérit les blessures.

Cet amour est difficile, profond, fidèle, mais un amour plus fort que la haine, plus fort que l’injustice et plus fort que la mort. Il est nouveau parce qu’il va jusqu’au bout : «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés».

Ce qui prime dans l’Église ne sont pas les lois, les règles, les institutions, les mécanismes d’organisation, les dogmes, les traditions. Ce ne sont pas non plus les prières, les chants, les dons …Tout cela est important, mais ce qui est absolument essentiel c’est l’amour que nous avons les uns pour les autres. C’est là le signe distinctif par lequel les chrétiens peuvent être reconnus! C’est la disposition nouvelle que le Christ nous a laissé en héritage.

Vous savez, ce genre d’amour, même difficile, est possible et il existe vraiment dans notre monde d’aujourd’hui. Chacun et chacune d’entre nous pourrait en donner des exemples. Cet amour mutuel se traduit de mille façons dans la vie quotidienne : l’écoute, l’accueil, l’attention à l'autre, le service des plus faibles, la compassion, le pardon, la miséricorde, etc.

Il se traduit dans des actes simples de la vie de tous les jours et dans des actions communautaires en faveur du bien commun, des droits de la personne, de la justice sociale, d'une meilleure répartition des biens, d'un environnement de qualité supérieure, de la lutte contre toute discrimination, etc.

En nous aimant les uns les autres comme le Christ nous a aimés, nous participons à la construction de la cité nouvelle, la cité où «il n’y aura ni mort, ni deuil, ni pleurs, ni douleurs, ni violence, ni guerre, ni exploitation».

« Je vous donne une disposition nouvelle, aimiez-vous les uns les autres ...comme je vous ai aimés ». Amen !

Charles Klagba

 

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Prédication du dimanche 5 mai 2019 - Jean 21 : 1-19

7 Mai 2019, 08:37am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Jean 21 : 1-19

 

Le temps de la Résurrection, avons-nous dit dimanche dernier, est marqué par une paix offerte : celle du Ressuscité, qui conduit à la joie de la reconnaissance, et ouvre à la réception d’un appel à témoigner à partir de ce que nous vivons. Il en a été ainsi avec les disciples, Thomas y compris…

Aujourd’hui, selon l’évangile de Jean au chapitre 21 que nous venons de lire, il nous est donné d’assister à la troisième manifestation du ressuscité auprès de Pierre et de ses six autres compagnons…

On peut juste remarquer qu’après les deux premières apparitions de Jésus à ses disciples, le soir de sa résurrection et huit jours après avec Thomas, les disciples semblent toujours sous le choc des évènements, et leur foi dans le Ressuscité demeure encore bien timide. Jésus a senti un certain flottement dans l’esprit des disciples …

Comme dans un élan de désespoir, Pierre fait le choix de retourner à ses occupations originelles. Quand on ne sait pas où l’on va (dit un adage), il faut savoir d’où l’on vient.

Aux heures d’incertitude et de désarroi, dans la vie personnelle, familiale ou communautaire, il est souvent sage et sain de continuer à marcher sur la route toute simple du quotidien et à partir des éléments habituels dont nous avons la maîtrise.

Pierre veut retrouver son équilibre en renouant avec son ancienne activité. De plus, Pierre percevait bien que l’inaction pouvait désagréger les personnes. Et nous le voyons prendre une décision inattendue, qui révèle à la fois son tempérament de chef et son souci de passer à autre chose : « Je vais à la pêche ! ». On dirait que les autres compagnons n’attendaient que cela : « Nous allons aussi avec toi ! ». Il fallait prendre cette initiative….

 

En attendant des directives précises de Jésus, en attendant sa présence plus sensible, Pierre propose de retrouver dans un travail d’équipe les automatismes d’autrefois. C’est vigoureux ! C’est dynamisant ! Et pourtant Pierre et ses compagnons vont peiner toute une nuit sans rien prendre. Et soudain une invitation inattendue : « Les enfants, n’avez-vous rien à manger ?.... Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez » (versets 5 et 6). Jésus les rejoint tous ensemble au moment de l’effort infructueux. Les disciples obtempèrent et cette fois ils n'arrivaient pas à ramener le filet, tellement il y avait de poissons.

Et là, ils sont accueillis par une présence. Jésus leur dit : « Venez déjeuner. » le rythme se ralentit : Pierre entre comme les autres, dans une atmosphère plus méditative, plus silencieuse. Pierre demeure dans cette paix offerte où présent, passé et futur peuvent, dans la lumière du petit matin, se mêler, se répondre, tisser, inventer de nouveaux possibles.

De là, une parole de création peut se dire, entrainer un nouveau faire en commun… une disponibilité nouvelle surgit, un appel nouveau se formule, il sera entendu…

Jésus se fait reconnaître par des signes qu’il donne au niveau de l’action entreprise : - d’abord l’abondance de la pêche, la surabondance annoncée par les prophètes pour les jours du Messie et que les disciples ont connue déjà à Cana et lors de la multiplication des pains, - et surtout la disproportion de ce que Jésus donne en quelques instants avec les échecs répétés tout au long de la nuit.

Frères et sœurs, quand Jésus exauce, c’est l’ouverture à de nouvelles espérances, c’est toujours royal.

Tous voient la pêche, tous mesurent la réussite, mais un seul devine, un seul a immédiatement l’éclair de la foi, celui qui depuis toujours s’efforçait d’entrer dans le style de Jésus, celui qui était suffisamment pauvre de lui-même pour percevoir les signes de Jésus au ras des événements, au creux du quotidien ; « C’est le Seigneur ! ». Le disciple que Jésus aimait a été le premier à voir et à dire ; mais Pierre a été le seul à se jeter à l’eau.

Pierre, avec sa fougue habituelle, se jette à l'eau pour aller vers Jésus. Notons qu'il prend soin au préalable de se revêtir correctement avant d'aller vers le Seigneur. En se jetant à la mer, Pierre laisse la barque et les poissons. Il ne calcule pas ; une seule personne l'attire : le Seigneur.

Malheureusement, combien de fois nous hésitons à aller directement à Lui parce que trop de choses nous encombrent ou nous préoccupent ! Ici, c’est Pierre qui change ou qui se laisse changer, après avoir renié son Seigneur, qui s’élance au-devant de Jésus.

 

Vous savez, frères et sœurs, qu’il s’agisse d’un croyant en chute ou d’un croyant en recherche, le Seigneur est la ressource pour chacun, chacune. C’est lui seul qui sauve, qui libère et qui éclaire: c’est lui seul qui restaure, ainsi que nous allons le voir avec Pierre.

Descendus de la nacelle, les disciples «voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain. Jésus leur dit: « Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre». Jésus voulait jouir avec eux de cette communion, si souvent matérialisée par le fait d’être ensemble à table. Pour la réaliser, c’est le Christ qui pourvoit à l’essentiel, c’est lui qui est la source, c’est lui qui offre cette communion à laquelle il invite tous et toutes. Et après que Pierre eut tiré le filet, Jésus leur dit: «Venez, manger ! ». Et aucun des disciples n’osait lui demander: Qui es-tu? sachant que c’était le Seigneur. Et l’évangéliste Jean de conclure cette rencontre inattendue par cette formule au verset 14 : « C’était déjà la troisième fois que Jésus se montrait à ses disciples depuis qu’il était ressuscité ».

Frères et sœurs, cet évangile avait commencé avec une apparition; il se termine par un appel insistant du Christ ressuscité trois fois de suite….

Vous vous rappelez, Pierre avait renié publiquement son maître Jésus en disant qu'il ne le connaissait pas, et il fallait donc de même une restauration publique. Cependant, dans sa grâce, le Seigneur a commencé par nourrir son disciple, en partageant le repas avec lui. Ce n'est qu'après le partage du pain et du poisson que Jésus s'adresse à Pierre en l'appelant : « Simon, fils de Jonas… » (v. 15).

Pierre va devoir répondre et confesser, de sa bouche et devant tous, son amour si imparfait pour le Seigneur. C'est pourquoi le Seigneur demande d'abord à Pierre : « M'aimes-tu plus que ceux-ci? ».

Cette question a dû sonder Pierre, lui qui s'était mis en avant par rapport aux autres disciples lorsqu'il avait déclaré : « Si tous trébuchent à cause de toi, ce ne sera jamais mon cas » (Matt. 26 : 33). Pierre se laisse toucher par la parole de Jésus. Il pourra ensuite devenir un témoin fidèle, suivre et servir son Seigneur de tout son cœur. Mais le Seigneur fait son œuvre dans le cœur de son disciple. Pierre s'était un temps cru supérieur à ses compagnons, mais on voit quel changement s'est produit en lui.

Pierre a appris l'humilité, il sait maintenant que l’activisme qui écrase les autres est un chemin vers l’échec.

 

Dans cette conversation entre Jésus et Pierre, le terme « aimer » traduit deux verbes différents en Grec :

-          « agapao » que le Seigneur emploie dans ses deux premières questions, évoque un amour très élevé, absolu, prêt au besoin à sacrifier sa vie.

 

-          Pierre, dans sa réponse à Jésus utilise le verbe « philéo » qui signifie plutôt « avoir de l'affection ».

Pierre sent bien qu'il ne peut pas répondre en employant le même terme que Jésus. Il se sert dans chacune de ses réponses de ce verbe-là.

Jésus va aussi employer le mot « philéo » dans sa troisième question. Il se met ainsi au niveau de Pierre car il sait bien que son disciple l'aime au plus profond de lui-même.

Ces paroles provoquent chez Simon un sentiment de tristesse mais aussi le désir de s'en remettre entièrement au Seigneur : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que j’ai de l’amour pour toi » (v. 17).

Frères et sœurs, c'est bien le signe que le processus de la grâce s'est accompli en profondeur dans le cœur de Pierre.

Voilà aussi ce qui devrait se passer en chacun, chacune de nous. Laissons-nous sonder par la parole du Seigneur et abandonnons-nous entièrement à lui.

 

Les trois réponses de Pierre sont l'occasion pour le Christ de lui confier à chaque fois un service particulier.

D'abord : « Nourris mes agneaux».  Puis il lui donne une responsabilité en rapport avec le troupeau : « Sois le berger de mes brebis ». Enfin, il lui confie les brebis pour en prendre soin et les nourrir : « Fais paître mes brebis » (v. 16-17).

 

Pierre comprend que sa mis mission n’est pas de se mettre en valeur au point de mépriser les autres, mais à être un accompagnateur qui prend soin et toujours dans la bienveillance…, en suivant le modèle de son maître.

Oui, si nous avons appris à aimer le Seigneur, nous serons toujours tournés vers nos frères et sœurs pour les servir humblement, simplement, aimablement….

 

« Sois le berger de mes brebis ». Tâche importante mais aussi difficile.

 

Mais frères et sœurs, avez-vous noté ? Quels sont les critères qui ont guidé le choix de Jésus sur Pierre ? On aurait pu penser que Jésus aie interrogé Pierre sur son enseignement : « Est-ce que tu te rappelles bien tout ce que j’ai dit au cours de ces trois années de vie publique ?

Est-ce que tu as bien interprété mes paroles ?

Est-ce que tu as compris ce que je voulais faire ? ».

Non, Jésus n’interroge Pierre ni sur son orthodoxie, ni sur sa théologie, ni sur ses projets.

Jésus pose une seule question : « M’aimes-tu ? » il va la répéter trois fois et même la première fois, il nous explique d’une certaine manière son choix : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ».

 

Frères et sœurs, c’est donc la relation d’amour (agapè) avec lui qui est le critère essentiel du choix de Jésus. Pierre ne peut que répondre humblement : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que j’ai de l’amour pour toi » (v. 17).

 

Il me semble que chacun, chacune de nous ne peut que reprendre humblement la réponse de Pierre tant nous avons conscience de la faiblesse de notre amour pour Dieu. Nous remarquons que Jésus ne donne aucune consigne concernant la tâche confiée à Pierre. Il ajoute simplement deux choses.

 

La première, c’est que la mission qu’il lui a été confiée est éprouvante : aimer en vérité risque fort d’entraîner des refus, des incompréhensions, voire de la haine et, derrière l’image de ceux qui conduisent Pierre là où il ne voudrait pas aller, se dessine la persécution que Jésus lui-même a subie : « le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur( disait Jésus à ses disciples dans l’évangile de Jean 15 : 20)…S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi »

L’autre parole (la seconde chose) qui termine ce passage de l’évangile est « Suis-moi ». C’est une parole que nous retrouvons souvent à travers les évangiles. Elle est à l’origine de toutes les vocations comme la vocation des disciples de Jésus au début de son ministère terrestre et enfin au bord de ce même lac.

 

Ainsi ce dialogue entre Jésus et Pierre, nous pouvons l’entendre pour nous-mêmes, frères et sœurs… Certes, nous n’avons pas la même mission que Pierre, le contexte n’étant plus le même, mais à chacun, chacune est confiée une mission avec la double condition : aimer et suivre Jésus.

 

Amen !

 

Charles KLAGBA

 

 

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Prédication du dimanche 28 avril 2019

3 Mai 2019, 10:47am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Jean 20 : 19-31

 

Dans la chronologie des évènements que nous rapporte notre récit de ce dimanche, nous sommes au soir du jour de Pâques. C’est la journée de toutes les surprises et de tous les doutes.

Vous vous souvenez, les femmes, fidèles, malgré le drame du vendredi, vont au tombeau tôt le premier jour de la semaine (c’est-à-dire le jour après le sabbat) pour terminer les soins funéraires à leur maître Jésus, injustement mis à mort. Elles sont les premières à arriver au tombeau, mais quelle n’est pas leur surprise de constater que le tombeau est vide !... C’est l’incrédulité ! Le questionnement ! Et l’inquiétude aussi …Ces femmes, frères et sœurs, ne s’attendaient pas à la résurrection, pas plus que les disciples. L’évangile nous parle ici de l’étonnement de Pierre devant cela !  Luc nous dit même que les disciples ont pris le message des femmes « pour des absurdités »… (Luc 24 : 11).

A la suite de Marie de Magdala, Pierre et Jean ont vu un tombeau vide. De Jean, il nous a été dit qu’il avait cru, et de Marie qu’elle avait eu une apparition de Jésus-Christ. Ont-ils réussi à convaincre les autres disciples ? Il semblerait que non.

La résurrection de Jésus s’est faite sans éclat et sans bruit. Elle est un événement qui ne se voit pas. Personne n’avait rien vu. Il y a juste le constat du tombeau vide ! L’absence du corps du Christ se constate. De toute façon, les disciples semblent avoir une autre préoccupation, un souci plus pressant : assurer leur propre sécurité. Ils ont peur d’être inquiétés par les chefs religieux : si l’on a tué Jésus, pourquoi ne tuerait-on pas aussi ses disciples ? Alors les disciples ne quittent plus la maison qu’ils occupent. Et non seulement ils ne la quittent plus, mais ils s’y enferment à double tour.

Frères et sœurs, même une réalité aussi nécessaire à notre foi que la résurrection ne parvient pas à nous par les sens physiques. Cette réalité parvient à nous par des itinéraires qui nous bousculent. C’est Dieu qui vient vers nous par des itinéraires divins.

 

C'est un soir d'un premier jour de la semaine pas comme les autres !

Selon sa promesse, le Seigneur ressuscité se présente au milieu des disciples rassemblés (ch. 14 v. 19 j 14.18-24). Il leur montre dans ses mains et dans son côté les «preuves assurées» que leur paix est faite avec Dieu. Il souffle en eux la vie nouvelle et les envoie annoncer à ceux qui croient le pardon de leurs péchés (v. 23). Dans leur enfermement, dans ce lieu où personne ne peut les rejoindre, Jésus-Christ apparaît à ses disciples. Tout à coup il est là, dans cette maison verrouillée à double tour….Jésus n'était pas là et maintenant il est là ! C'est tout ce que peut dire l’évangéliste Jean de cette apparition de Jésus. Jésus n'est pas entré, il n'est pas passé par la porte, il n'est pas passé par les murs, ni par la fenêtre ! Il est là. C'est tout !

Jésus sait que les temps qu'ils viennent de vivre ont été difficiles pour les disciples. Ils n'ont pas été à la hauteur de leur mission, ils se sont cachés, Pierre l'a même renié à plusieurs reprise. Mais la première parole de Jésus pour ses disciples est : « Que la paix soit avec vous ! ».

Ses premières paroles ne sont pas des reproches, mais des paroles d'apaisement et d'encouragement. Jésus ne nous reproche pas sans cesse nos fautes et nos errements, mais il veut toujours nous pardonner et nous encourager.

 

« Que la paix soit avec vous ! ».

Le Seigneur revient à ses disciples, fort de sa vie qui ne meurt plus, fort d’une vie qu’il peut transmettre par son Esprit, une vie qui n’a de cesse de se répandre, d’animer le corps de toute l’humanité, de la ramener au Père. Une vie qui porte avec elle, joie, pardon, énergie, espérance, foi, amour...C’est tout cela « le shalom », la paix de Dieu. Cette vie a traversé la mort, l’abandon, elle a vaincu en elle toute résistance, tout mal, toute peur, toute contradiction... Elle appelle à vivre selon son esprit, elle arrache de son enfermement, entraine pour une nouvelle existence...

Vous savez, frères et sœurs, derrière cette salutation banale, aussi banale que notre « bonjour », se révèle une annonce essentielle, l’annonce de la paix, qui est l’essence même du message évangélique. Et pour enlever toute ambiguïté, pour que cette parole ne soit pas prise comme une salutation banale, Jésus-Christ la dit deux fois. Puis il envoie ses disciples en mission, il fait souffler sur eux l’Esprit saint et il leur donne de pouvoir remettre les péchés, c’est-à-dire d’annoncer eux-mêmes aux autres cette paix de Dieu.

Le sens de cette apparition, c’est donc, par le Saint-Esprit, l’envoi des disciples en mission pour qu’ils annoncent le message libérateur de l’Evangile.

 

Cette apparition de Jésus-Christ aux disciples, vous vous imaginez, a un effet stimulant : de la peur, ils passent à la joie, ils sont tous remplis de joie. Tous ? En fait, non pas tous, il en manque un, il manque Thomas.

Où est-il et que fait-il à ce moment-là ? On ne le sait pas. Mais en tous cas, il n’est pas là ! Il a manqué cette expérience, Jésus le Christ ne s’est pas révélé à lui, et maintenant il n’arrive pas à partager la joie des autres disciples. Jésus-Christ n’a pas eu l’occasion de lui laisser la paix, de souffler sur lui le Saint Esprit. Thomas doit se sentir singulièrement différent, à part, peut-être même exclu du groupe. Et comme il doit regretter de ne pas avoir été là !

Et Thomas, justement, ne croit pas. Oh, il a cru bien sûr en ce Jésus si extraordinaire par ses paroles et ses actes ! Quand Jésus a annoncé qu'il partait vers Jérusalem, Thomas a dit aux autres disciples: «Allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui. » (Jean 11.16). Paroles magnifiques de détermination, mais qui n'ont pas empêché Thomas d'abandonner Jésus, comme tous les autres. Voilà peut-être pourquoi, à présent, Thomas se sent encore plus triste, encore plus mal que les autres disciples. On peut bien imaginer que quand Jésus apparaît une première fois à ses compagnons, Thomas est en train de se terrer lui-aussi, on ne sait où, rongé par la tristesse, la crainte et la déception. Jésus est mort, et tout est fini….

 

Et quand les disciples lui disent « nous avons vu le Seigneur! », Thomas refuse de croire ou plutôt, il pose des conditions... « Si je ne vois pas... »

Thomas n’était pas avec ses compagnons, et il ne se sent pas de dire comme les autres, il respecte la situation, il ne fera pas comme eux, En matière de foi, il n’y a pas de mimétisme ! Si comme eux il ne vit pas la même expérience, un appel comparable, il ne se voit pas s’embarquer dans un quelconque mouvement ! Thomas demande de faire lui aussi l’expérience du Ressuscité, il veut ce contact direct, immédiat avec son Seigneur...

Il laisse la question ouverte, aussi bien envers ses compagnons qu’envers le Seigneur... Le temps passe ….

Faut-il y voir de l'entêtement? Frères et sœurs…Je ne le pense pas.

J'aurai plutôt tendance à voir aussi dans ces paroles une forme de prière, une façon de dire: « je ne peux pas y croire, je suis trop défait, c'est trop incroyable. Il va vraiment m'en falloir beaucoup ».

Peut-être, frères et sœurs, cette idée nous aidera à combattre cette fausse image du chrétien idéal, vivant dans la pure sérénité d'une foi sans nuages, cette foi qui, bien sûr, ne se poserait jamais de questions…

 

Huit jours plus tard, rien n’a changé : les portes sont toujours verrouillées à double tour…. Et c’est alors que tous les disciples, Thomas compris, ont une nouvelle apparition.

Lorsqu’il leur apparaît, Jésus-Christ porte les traces des clous, une manière pour l’évangéliste de nous montrer qu’il y a un lien entre la crucifixion et la résurrection.

Et alors, pour la troisième fois, Jésus-Christ répète cette salutation : « shalom,  que la paix soit avec vous. ». Dès que Thomas entend cette parole, il n’a plus besoin de preuves, et c’est sur la base de cette parole de Jésus qu’il peut confesser le Ressuscité comme son Seigneur et son Dieu. Désormais, il est sur un pied d’égalité avec les autres disciples.

 

« Mon Seigneur et mon Dieu ! » Thomas dès qu’il perçoit la présence du Ressuscité proclame sa foi...

Beaucoup ont toujours pensé que l’attitude est déraisonnable et que c’est l’expression d’un manque de foi... Non ! Notre foi nous relie directement à notre Seigneur, les signes de sa présence dans nos vies sont une expérience personnelle.

Heureusement qu’il y a Thomas qui nous aide à être dans la juste position. Le Seigneur ressuscité établit avec chacun, chacune des croyants une relation personnelle, une relation d’amour.

Frères et sœurs, en réalité, nous, nous sommes dans la même situation que Thomas : nous n’avons pas vu le Ressuscité. Thomas personnifie les croyants de la génération à venir, et nous sommes les disciples de cette génération-là.

Personne parmi nous n’a vu le Ressuscité ; nous faisons partie de ceux et celles qui ne recherchent pas des preuves de la résurrection, nous faisons partie de ceux et celles qui n’ont pas vu mais qui ont cru, et comme Thomas nous sommes sur un pied d’égalité avec les premiers disciples.

Comme le Christ a pu rejoindre les disciples dans leur maison verrouillée à double-tour, il peut nous rejoindre dans tous nos enfermements.

Thomas nous montre par anticipation que si nous ne faisons pas de la résurrection une affaire personnelle, notre foi ne s’appuie pas sur de vrais fondements. La foi ne peut être que le résultat d’une expérience personnelle avec Dieu, à l’issue de laquelle nous découvrons ce qu’est vraiment la résurrection : une autre manière d’aborder la vie. C’est alors que Jésus ressuscité se manifeste à nous, qu’il nous parle et qu’il s’empare de notre vie en venant vers nous. Il se propose de partager notre vie et il nous invite à partager la sienne. C’est au cours d’une telle rencontre que nous faisons l’expérience de la résurrection et qu’elle s’impose à nous. Mais encore faut-il faire cette expérience. Celui ou celle qui désire cette rencontre avec Dieu (comme Thomas l’a fortement désiré) doit se mettre dans une situation telle qu’il sera capable de recevoir le souffle créateur et d’être transformé par lui.

Oui, nous nous rendons compte de plus en plus que ce Thomas nous ressemble vraiment beaucoup, avec nos craintes, nos doutes. Et cette ressemblance est une bonne nouvelle pour nous ! Car, absent, silencieux, Jésus a entendu celui qu'il aime. Huit jours après, il réapparaît en sa présence.

 

Oui, frères et sœurs, nos doutes, nos incrédulités ne seront jamais un obstacle pour Jésus. Ils n'empêcheront pas le Seigneur de venir vers nous. Et pour Thomas, Jésus fait quelque chose de véritablement inouï. Une à une, avec une précision étonnante, il réalise les conditions posées par Thomas: «Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois pas incrédule, mais crois!».

L’incrédule a beau se retrancher dans la forteresse de son doute, Jésus est vivant ; Jésus vient à la rencontre. Jésus fait tomber ses résistances et l'amène à ce qui a dû être la plus grande joie de la vie de Thomas qui peut enfin pousser ce cri de foi véritable, c’est-à-dire de confiance et de consécration : “Mon Seigneur et mon Dieu” (v. 28).

La foi n'est pas une question de vue, d’opinion, de perception mais une question de vie: une vie changée par la rencontre avec Jésus. Et cela n’est pas réservé à quelques initiés, cela est le fait de tout un chacun. Dieu se rend disponible à tous à toutes… Oui, il fera la même chose avec chacun, chacune de nous mais il la fera autrement. Dieu ne nous convaincra pas par des apparitions, du moins en règle générale. Il le fera en nous renvoyant au témoignage de ceux qui ont vu. Il le fera en nous renvoyant à la Parole reçue, à la Bible lue dans la communauté : “Heureux sont ceux qui croient sans m’avoir vu”, dit Jésus à Thomas reconquis, et l’évangéliste Jean ajoute : « Jésus a accompli encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres signes qui ne sont pas décrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été décrits afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. » (versets 30 et 31)

Voyez-vous, frères et sœurs, la Bible que les réformateurs ont mis au centre de la vie du chrétien et de la vie ecclésiale n'est pas un recueil de belles histoires, elle n'est pas un livre de morale. Les Ecritures sont un témoignage rendu à Jésus-Christ, le Fils de Dieu afin que nous placions notre confiance en lui. Elles nous expliquent qui il est, ce qu'il a fait pour nous afin que nous puissions renaître à une autre vie, c’est-à-dire ressusciter, nous remettre debout avec lui. Nous pouvons voir Jésus dans ce témoignage et apprendre que la volonté de Dieu c'est que « toute personne qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ».

 

Amen !

 

Pasteur Charles Klagba

 

 

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