Prédication du dimanche 7 juillet 2019
Luc 10 : 1-20
Le chapitre 10 de l’évangile de Luc commence par cette phrase : « Après cela… » ou en grec : « après ces choses »…Cette phrase se rapporte à ce qui précède immédiatement à la fin du chapitre 9.
Luc nous parle de la fin du ministère de Jésus en Galilée et son départ pour Jérusalem, avec une narration bien détaillée des incidents qui ont jalonné son voyage.
A la fin de ce chapitre 9, qui était l’évangile du dimanche dernier, nous voyons que suivre Jésus n’est pas de tout repos ! Il faut vraiment le vouloir pour se mettre en route, et ensuite il faut y persévérer coûte que coûte !
Suivre Jésus, ce n’est pas accomplir une suite de rites religieux, sans investissement personnel. Suivre Jésus c’est renoncer à notre petit confort, à nos petites assurances. Suivre Jésus c’est lui donner la priorité même sur ceux que l’on aime.
Pour suivre Jésus, il faut lui donner notre cœur, notre confiance ; pour suivre Jésus, il faut faire le pari de notre vie sur lui, et lui laisser la direction de notre vie.
Jésus mentionne explicitement que le candidat sérieusement résolu à le suivre n'est pas autoritaire ou dominateur comme auraient tendance à l'être Jacques et Jean vis-à-vis des Samaritains : le monde de Dieu ne peut être accueilli qu'en toute liberté.
Il doit être capable d'évoluer sans cesse jusqu'à sa mort, à l'image de cette marche de Jésus jusqu'à Jérusalem où il mourra ; c'est une tentation de nous poser la tête dans le mouvement de notre croissance, de nous arrêter pour souffler dans notre tanière et dormir. Mais la vie comme Dieu le veut dans son monde est mouvement perpétuel. Le candidat décidé à suivre Jésus doit être est capable de déterminer les vraies priorités, autrement dit rester constamment ouvert à l’action imprévisible du Souffle de Dieu.
C’est après cet échange avec ceux qui ont voulu et sont tentés de le suivre que Jésus se décide à envoyer lui-même deux par deux, 70 disciples avec cette instruction : « allez-y ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » (verset 3)
Jésus a interdit à ces 70 envoyés d’imposer leurs idées par la force, ils sont maintenant livrés à eux-mêmes avec pour seule arme leur propre faiblesse qui leur servira de force de conviction.
« Comme des agneaux » : c’est une image très saisissante de la totale impuissance des disciples de Jésus au milieu des dangers du monde. Ils sont donc dans la nécessité absolue de se confier uniquement en lui pour leur sauvegarde.
Le missionnaire annonce la paix. Il est porteur de paix car il porte le Christ, le “Prince de la Paix”. C'est pour cela, que Jésus fait cette recommandation aux envoyés : «dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord: ‘que la paix soit sur cette maison’. Et s’il se trouve là un homme de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra sur vous» (Luc 10 : 5 et 6)
Les directives que le Seigneur donne aux soixante-dix sont semblables à celles données aux douze.
Il devait y avoir la même simplicité, la même absence de recherche de soi, la même dépendance du Seigneur pour la réponse à leurs besoins.
Ils reçoivent cependant des avertissements supplémentaires qui indiquent une opposition croissante de la part du peuple. Pourtant, même si on ne les recevait pas, ils devaient bien faire comprendre aux gens que le royaume de Dieu s’était approché d’eux.
Pour être crédible, leur attitude ne devra pas être ostentatoire. Ils n’auront donc pas besoin de bourse, ni de chaussures de rechange. Ils n’afficheront pas non plus une politesse de façade, qui les rendrait acceptables.
Il ne s’agit pas de changer la teneur de leur discours en fonction de ceux qui les écoutent.
Le discours de la vérité qu’ils doivent tenir c’est celui qu’ils ont reçu dans l’Evangile que Jésus leur a enseigné : c’est celui de l’amour du prochain, c’est celui de la justice et de la paix, la paix qui vient de Dieu et qu’il destine à tous les humains.
La paix selon Jésus consiste à entrer dans un projet qui mette les humains en harmonie avec Dieu tel que Jésus l’a enseigné. C’est avec de tels principes que se construira le Royaume que Dieu se propose d’édifier en collaboration avec les humains, avec vous et moi...
Frères et sœurs, aucun détail n’est donné de ce qui s’est passé pendant le service des soixante-dix. Quoi qu’il en soit, le récit pétille de joie et d’espérance !
Jésus s’est mis lui-même en retrait de l’exercice. Il ne les accompagne pas, mais du lieu où il se tient, il anticipe ce qu’ils vont vivre et participe à leur expérience. Il sait déjà qu’ils vont rencontrer des revers et qu’ils vont être confrontés à des obstacles auxquels ils ne s’attendent pas. Mais il sait déjà, par avance, que leur entreprise sera couronnée de succès.
Avec cet envoi, les soixante-dix se retrouvent déjà sur le terrain de l’annonce de l’Evangile, dans des conditions semblables à celles qu’ils connaîtront dans quelques temps après la fin du ministère terrestre du Seigneur.
Au verset 17, nous assistons à leur retour, à la fin de leur mission. Ils s’en reviennent avec joie, se réjouissant surtout de ce qui était le plus spectaculaire : même les démons leur sont assujettis par le nom de leur Maître !
Frères et sœurs, si telle était la mission des soixante-dix, telle est encore la mission de l’Eglise qui a pour tâche de prolonger à l’infini les enseignements de Jésus.
Malgré des déboires apparents, nous dit le texte, cela marche quand même, si bien qu’une telle attitude est porteuse d’espérance.
Aujourd’hui, dans des pays comme le nôtre, les églises ont parfois l’impression que leur impact sur la société s’affaiblit. Elles ont l’impression qu’elles ne jouent plus de rôle significatif auprès de leurs concitoyens qui trouvent, ailleurs que dans leurs rangs, les sources d’inspiration ou les justificatifs de leurs actions.
Parfois, nous sommes tentés de baisser les bras et de se réfugier dans la pratique individuelle de la foi plus facile, peut-être, pour nous à vivre.
En fait, si Jésus nous envoie vers les autres, c’est pour les aider à se libérer de ce qui les oppresse.
L’espérance consiste à engager sa vie dans un processus porteur d’avenir. Et Dieu seul connaît les clés de l’avenir et peut nous aider à l’ouvrir à tous ceux et toutes celles qui désespèrent de leur propre vie.
C’est une évidence de dire qu’aujourd’hui les hommes et les femmes sont en manque d’espérance, et c’est aujourd’hui une chose vraiment porteuse d’avenir de leur dire que l’espérance est devant eux. L’Esprit de Dieu qui n’a jamais cessé de souffler sur nos communautés tient en réserve, pour nous, des trésors d’espérance que nous devons partager avec ceux qui n’en ont plus. C’est la qualité de la vie vers laquelle notre foi nous entraîne qui est signe d’espérance.
Dieu nous donne de l’appétit pour la vie, car c’est une valeur qui lui appartient. C’est cette valeur là que nous devons partager avec les autres pour qu’ensemble nous continuions la construction d’une société où il fait bon vivre et espérer.
Frères et sœurs, avez-vous noté un petit détail dans ce texte? Jésus donne à ses disciples le pouvoir de guérir les gens….
Mais avons-nous déjà pensé que nous aussi, nous pouvons guérir des personnes?
Parfois, on n’imagine pas ce que peut faire un sourire à quelqu’un qui se sent seul. Cela peut lui redonner le goût de vivre!
Nous aussi, nous avons un super pouvoir d’amour, frères et sœurs….
Tout comme les soixante-dix disciples de l’évangile d’aujourd’hui, ne sommes-nous pas envoyés par le Seigneur pour partager la Bonne Nouvelle?
Les premiers disciples avaient le pouvoir de guérir les malades et de chasser les esprits mauvais. N’est –ce pas aussi notre mission de baptisés : nous mettre à l’écoute des grandeurs et des misères des personnes qui ont besoin d’être entendues pour être encouragées, apaisées, libérées, guéries?
Prendre conscience et prendre soin des personnes qui ont des difficultés pour leur apporter de la joie et de la paix, des individus isolés ou en exclusion sociale, parfois parmi les nôtres, ceux ou celles qui attendent, peut-être, l’appui de notre tendresse et de notre foi, voilà, frères et sœurs, le pouvoir de guérison que nous donne le Christ.
La mission est simplement l’annonce de l’amour de Dieu. Si nous en faisons autre chose, nous empêchons le monde de Dieu, c’est-à-dire le Règne de Dieu, de s’étendre….
Aujourd’hui donc, demandons, humblement au Seigneur de faire de nous de bons disciples de son amour. Et surtout demandons lui de bénir ceux et celles vers qui nous allons et qui nous reçoivent, de les combler de sa paix et de son amour en plénitude.
Amen !
Charles KLAGBA