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Eglise Protestante Unie de Narbonne

predications

Prédication au culte du dimanche 22 avril 2018 - Jean 10,11-18 Le bon berger

24 Avril 2018, 08:37am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Jean 10 : 11-18

 

La lecture de l’Évangile selon Jean nous a donné de réentendre les paroles fortes de Jésus aux juifs : « moi, je suis le bon berger ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis ».

Le chapitre 10 de Jean fait suite à la guérison de l’aveugle-né. Jésus se trouve à Jérusalem où il guérit un aveugle de naissance un jour de sabbat. Il a de plus contesté que la cécité de l’aveugle ait un lien immédiat avec son péché. Ce miracle irrite fortement les Pharisiens qui s’opposent de plus en plus à Jésus. Ils vont rejeter, excommunier de la synagogue l’aveugle guéri parce que cet aveugle ne veut pas condamner Jésus comme étant un pécheur, un homme possédé de l’esprit du mal: « Nous savons que cet homme est un pécheur! (Jean 9,24)., disaient les pharisiens de Jésus. Et l’aveugle réplique: Dieu n’exauce pas les pécheurs. Si un homme fait sa volonté, Dieu l’exauce. Si cet homme n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire (Jn 9,24,31.33).

La question qui est posée avec acuité est donc celle-ci : de qui Jésus tient-il sa mission: de Dieu ou du diable? Jésus va répondre par la parabole du bon berger : « Moi, je suis le berger, le bon ».

Jésus se décrit à l’aide d’une image de la vie quotidienne. Dans les villages de Palestine, chaque matin, le berger se rend à l’enclos. Son troupeau -et ceux des autres bergers- y ont passé la nuit, à l’abri des voleurs et des loups, car l’enclos est gardé par un portier. Pour voler une brebis, les voleurs devront donc escalader sans bruit la clôture.

Chaque berger, qui se présente à la porte, a un timbre de voix qui lui est propre, une façon bien à lui d’appeler ses bêtes. Les brebis qui vont sortir seront celles qui appartiennent au berger qui les appelle. Peut-être même le berger a-t-il donné un nom à chacune de ses bêtes.

Certains bergers sont propriétaires de leur troupeau; d’autres travaillent comme salariés. Dans le jour, le rôle du berger est de conduire le troupeau vers les lieux de pâturage où il pourra se nourrir.

Pourquoi Jésus choisit-il cette image du berger?

Dans la Bible, le titre de pasteur appartient d’abord à Dieu: Voici le Seigneur-Dieu: Tel un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble les agneaux, il les porte sur son sein, il conduit doucement les brebis mères (Esaïe 40,10 s).

Ceux qui -au nom de Dieu- transmettent l’enseignement divin au peuple reçoivent aussi le titre de berger. Ce sont les juges, les prêtres ou les prophètes, et surtout le roi-messie.

Dieu choisit David son serviteur, le prenant dans une bergerie. Il le fit venir de derrière ses brebis et Il en fit le berger de son peuple. Berger au cœur irréprochable, David les guida d’une main avisée (Ps 78,70-72).

Souvent, d’ailleurs, les prophètes vont fustiger les rois-messies ou les grands-prêtres parce qu’ils sont de mauvais bergers: « malheur aux bergers qui se paissent eux-mêmes! N’est-ce pas le troupeau que les bergers doivent paître? Vous n’avez pas fortifié les bêtes chétives, vous n’avez pas guéri la malade, vous n’avez pas ramené celle qui s’écartait, vous n’avez pas cherché celle qui était perdue… mais vous avez exercé votre autorité par la violence et l’oppression (Éz 34,2-4).

On songe tout naturellement aux pharisiens et à l’aveugle: ceux-ci n’ont rien fait pour la guérison de l’aveugle et de plus, ils l’ont chassé de la synagogue.

Jésus -au contraire- a guéri celui qui est malade et -comme un bon berger- il l’a ramené dans la communauté.

Selon la vision de Jésus, les pharisiens comme les scribes, spécialistes de la Tora, empêchent le croyant de vivre une vraie vie spirituelle: pour eux, l’absolu est d’être fidèle aux préceptes car il faut être correct devant Dieu. Malheureusement cette fidélité fait oublier le lien d’amour qu’on doit avoir avec Dieu. Au contraire, Jésus est celui qui fait vivre d’une vie aimante avec Dieu-Père. Il veut guider les siens vers un Dieu qui les aime et qui attend leur amour. C’est par compassion, avec miséricorde, qu’il soigne, guérit et enseigne ces foules qu’il perçoit comme des brebis sans berger. Jésus est donc le bon berger selon le cœur de Dieu.

Le bon berger fait don de sa vie à ses brebis : l’affirmation revient à trois reprises dans ce même passage.

Le mot grec utilisé pour traduire « la vie » signifie en réalité « l’être » : « Je suis le bon berger ; le bon berger se caractérise en ce qu'il pose ‘son être’ pour les brebis».

Chez Jean cette expression est d’une certaine profondeur : c'est se donner soi-même pour les brebis. Nous avons ici le thème du don : se déposer pour les autres.

Ce thème-là de poser « son être » pour les brebis ouvrirait sur la dimension paradoxale qui fait du berger le bon berger. Normalement, ce sont les brebis qui donnent leur vie et permettent au berger de vivre. Ici, c'est le berger qui se donne pour que vivent les brebis : c'est là que se trouve la véritable originalité du rôle que Jésus se donne de jouer à la différence du berger salarié, traduit dans certaine versions par « mercenaire ». « Le salarié, qui n'est pas le bon berger et dont les brebis ne sont pas les propresle salarié voit le loup venir – là, nous allons avoir une scène de carnage, c'est-à-dire de démembrement, de déchirement, et il laisse seules les brebis.. .… Parce qu'il (ce berger) est salarié et n'a pas le souci de ses brebis.», il n’est pas dans une relation de don, du don de soi, de son être à ses brebis.

Le bon berger fait don de sa vie à ses brebis. Cette affirmation trouve tout son sens en songeant à ce que dit Jésus dans l’évangile de Mathieu ou de Marc : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20, 28).

Dans la bouche de Jésus, servir et donner sa vie sont des expressions équivalentes. L’une et l’autre traduisent, non pas une modalité du don de soi parmi d’autres, mais la manière d’être du Christ sauveur et son amour infini à l’égard de la multitude des humains. À ses yeux, le propre du vrai berger est qu’il est prêt à donner sa vie. C’est bien pourquoi, le soir du Jeudi Saint, sur la route de Gethsémané, Jésus, citant le prophète Zacharie (13,7), avertit ses disciples en disant : « Tous, vous allez tomber, car il est écrit : ’Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées’. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (Mc 14,27-28. Mt 26,31).

Frères et sœurs, face au danger, Jésus ne fuira pas comme un mercenaire. Il mourra à son poste ; mais sa mort sera une victoire, et, de nouveau vivant, il rassemblera ses brebis un instant dispersées par le chagrin et le doute.

La résurrection (que nous avons célébrée il y a quelques semaines) n'est pas quelque chose qui arrive à Jésus après coup. Pas du tout, la résurrection est contenue dans son mode de mourir. C’est pour cela que Jésus affirme au verset 17 et 18 : « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne ne me l’enlève, je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre. Tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père ».

Dans cette parabole, chers frères et sœurs, Jésus nous apprend surtout la qualité du lien qui l’unit à chacun à chacune de nous. Nous sommes à lui, d’un lien spécial, singulier où et lui et nous sommes impliqués. Là chacun, chacune y est avec sa présence propre et unique... Que chacun, chacune puisse être impliqué à ce niveau unique et singulier de son être dans la relation avec le Seigneur : c’est cela la bonne nouvelle.

Ce passage de Jean remet l’être humain au centre de la mission de Jésus. Jésus est envoyé par son Père pour nous faire goûter l’amour incommensurable de Dieu et sa miséricorde. Jésus est inclusif parce qu’Il veut que tous aient la vie en abondance comme l’a voulu son Père, notre Père. Il va jusqu’au bout de l’Amour pour nous rassembler en un seul corps et un seul esprit. Jésus entre dans la logique du Père qui ne veut perdre aucun de ses enfants parce qu’il y a un seul troupeau et un seul berger. Tous ceux et celles qui reconnaissent en Jésus le Fils de Dieu et qui écoutent sa voix entrent en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit. Ceux et celles qui ont fait une expérience avec le Christ ressuscité connaissent le Père pour sa bienveillance divine et le remercient d’avoir envoyé son Fils pour nous délivrer de la mort spirituelle qui n’est autre qu’une rupture du lien d’amour qui nous unit au Père et nous unit les uns aux autres.

Marcher dans la foi, frères et sœurs, c’est tenter de vivre à ce niveau d’unicité. Notre identité ne se réduit pas à être marquée par certaines particularités, par rapport à d’autres marqués par d’autres particularité. Notre identité est autre, elle est dans cette capacité unique à répondre à Celui qui touche notre cœur.

Frères et sœurs, dans ce monde tumultueux où nous sommes sans cesse confrontés à des défis dans notre vie de tous les instants, il est si bon, si rafraîchissant de relire cet évangile de Jean ce matin. C’est si bon de relire qu’aucun loup (donc aucune épreuve, blessure, tempête ou faute) ne pourra faire peur à notre berger ! Cela nous touche que notre berger donne sa vie, son être pour nous, ses brebis si fragiles, et si limitées.

Si l’on aime ce berger, il faut le rejoindre dans le don de lui-même, frères et sœurs.

Alors, dans les moments où l’on nous arrache notre liberté, notre honneur, notre temps, aux jours où il est dur d’aimer, de pardonner et de servir, le réflexe du Bon Berger nous rend toujours la sérénité et la joie du premier jour.

Au-delà de toutes les voix qui sollicitent notre attention, arrêtons-nous en communauté et aussi individuellement, pour mieux entendre et accueillir la voix du vrai Berger afin de mieux nous imprégner de sa connaissance et de son amour. Une écoute qui change la vie, sans doute, et nous rendra plus attentifs à celles et ceux qui, dans la vie ordinaire ou dans la détresse, espèrent être connus et reconnus à la manière du bon Berger.

Si l’on suit ce berger, il faut sans cesse accueillir, sans cesse apprendre d’autres noms, chemin faisant. Amen !

Charles KLAGBA

 

 

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Prédication du Dimanche 15 Avril 2018

17 Avril 2018, 08:16am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

 

Actes 3, 13-19 ; 1 Jean, 2, 1-15 ; Luc 24, 35-48

 

 

Trois textes s’offrent à notre lecture en ce 3è dimanche de Pâques. D’abord l’Evangile de Luc, Evangile dédié à un certain Théophile, inconnu de nous. L’auteur est un historien, médecin aussi semble-t-il, il s’est très documenté avant d’écrire les évènements relatés dans l’Evangile, ce qu’il veut, c’est écrire l’histoire de Jésus, mais dans le prolongement de celle d’Israël.

 

Dans les versets qui nous sont proposés ce jour, l’histoire se passe après l’épisode d’Emmaüs, Jésus apparait au milieu des disciples, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne l’attendaient pas...Le texte des Actes du même Luc, se passe à Jérusalem également au Temple et précisément au portique de Salomon, là ou Jésus avait l’habitude d’aller…Pierre et Jean après avoir guéri un infirme haranguent la foule présente. Et enfin dans la première Epitre de Jean, l’auteur nous rappelle à notre foi et à ce qui reconnait un chrétien.

 

Dans ce texte de l’Evangile, tout juste après Emmaüs plusieurs choses ont retenu mon attention.

 

Souvenez-vous de la fin des versets de cette partie de l’Evangile : les yeux des disciples s’ouvrent à un moment bien précis, Jésus prend le pain, le rompt, prononce la bénédiction et le leur donne. A ce moment là, ils le reconnaissent…Puis ils retournent à Jérusalem tout heureux pour annoncer la bonne nouvelle…Un rituel donc, une bénédiction, mais aussi un partage simple,  du pain, un don qui peut tout changer, changer une vie…

 

A Jérusalem, L’apparition de Jésus est pour le moins, si l’on en croit l’Evangile, inattendue par les disciples…ils sont effrayés, ils croient voir un esprit…

 

Jésus les calme, leur montre son corps, un corps d’homme.  Il leur montre ses mains et ses pieds, mais contrairement à ce qu’il fera pour Thomas, il ne montre pas ses blessures…en tout cas là, l’Evangile n’en dit rien…

 

Il leur demande de quoi manger, et c’est un poisson grillé, avec, quelle douceur, un rayon de miel est-il parfois écrit, mais ceci est un ajout tardif au texte initial.…

 

Enfin il leur ouvre leur intelligence, tout comme leurs yeux se sont ouverts précédemment, pour comprendre les Ecritures…Afin qu’ils soient, eux, des témoins.

 

Comment les disciples peuvent-ils entendre parler des apparitions de Jésus à plusieurs d’entre eux et être à ce point surpris, dérangés, déplacés même en le voyant au milieu d’eux ? Deux d’entre eux l’ont portant vu il ya quelques heures à peine ! Ce n’est pas un esprit, ils peuvent le toucher, c’est bien un homme avec des mains pour prendre, et des pieds pour marcher…Un homme qui, de plus, à faim !

 

Cet homme là, c’est bien le ressuscité ! Souvenez-vous frères et sœurs, ça s’est passé il y a à peine deux semaines ! Mais deux semaines pour nous, par contre pour les disciples seulement quelques heures, puisque tous ces évènements se sont passés le premier jour de la semaine après la mort de Jésus…

 

Nous sommes donc dans le récit de l’Evangile au soir du dimanche…Et déjà ils ont peur, déjà une forme d’incrédulité, déjà ils ont besoin que par deux fois on leur ouvre leur intelligence pour comprendre les Écritures…A quoi est-elle donc fermée cette intelligence ?

 

Et nous rassemblés ici, que disons-nous ce matin en ce 3è dimanche de Pâques ?

 

Que disons-nous de Pâques ? Cette année c’était le premier avril…Une farce, un mythe ? Oui parfois, ici ou là, on rigole de cette idée saugrenue des chrétiens. Un homme qui s’appelait Jésus est ressuscité !

 

Et le risque existe de prendre cet évènement pour une farce, ou mieux un mythe, si nous laissons l’Evangile dans le livre bien fermé ! Pour bien comprendre, il nous faut entrer dans le livre, dans le texte, dans l’histoire.

 

Que disons-nous quand nous affirmons, il est ressuscité ? C’est à chacun évidemment de répondre, la réponse est dans le creux de nos consciences, à l‘intime de nos vies, mais ce matin je vous le propose, prenons un peu le temps de la réflexion pour essayer de lire cette histoire peut être différemment…

 

Mais sachons d’abord que lorsque Jésus parle des Ecritures dans ce texte il fait allusion à Esaïe et aux versets concernant le serviteur souffrant, et au prophète Osée qui parle du Seigneur qui « au bout de deux jours nous aura rendu la vie, et le troisième jour nous aura relevés et nous vivrons en sa présence ».

 

Dans l’Evangile, le verbe grec εγειρω a plusieurs sens : se réveiller, faire lever, dresser, ressusciter et susciter… La réflexion que je vous propose consiste à passer de s’éveiller à ressusciter...et à susciter…

 

Avons-nous l’impression de dormir ? Non, et pourtant c’est ce que peut-nous laisser penser l’Evangile avec ce verbe εγειρω  quand il nous annonce que l’un d’entre nous, le Seigneur, lui est bien réveillé!

 

Mais dans quel sommeil sommes nous plongés ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit, de sommeil ou d’illusion, une illusion qui nous empêche de voir, pire de vivre réellement, tel que Jésus par sa venue semble nous le demander et nous alerter…se réveiller pour comprendre, pour voir, pour toucher ce Jésus bien présent parmi nous, et pour entendre que nos péchés sont levés…et depuis longtemps ! Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

 

Dire cela c’est affirmer alors que malgré toutes les difficultés, nos difficultés, malgré le mal qui semble omniprésent, malgré les maladies, malgré les guerres, un espoir est donc possible.

 

La question qui nous est posée alors c’est bien de savoir quelle distance nous mettons entre ce corps d’homme et nous. Où est le ressuscité dans notre vie de tous les jours ?

 

Où vivons-nous la résurrection ? Dans le Livre que nous ouvrons plus ou moins souvent ?

Dans des séminaires, ou des rencontres de théologie ? A l’étude biblique ?

Au culte le Dimanche ? Dans nos synodes ?

 

A cette question nous sommes un peu comme Caïn répondant à Dieu, « suis-je le gardien de mon frère moi ? »

Et bien oui, nous sommes le gardien mais bras ouverts, de l’humanité du ressuscité.

Car l’avons-nous vraiment cherché dans ces séminaires, dans ces études bibliques, dans ces synodes, dans ces cultes, et si oui, l’avons-nous reconnu, si nous l’avons reconnu, quelle a été la conséquence dans notre vie ?

 

L’avons-nous reconnu dans cet homme qui tous les dimanches attend notre aumône à l’entrée du Temple, l’avons-nous reconnu dans ces milliers, voire millions, de nouveaux pauvres dans notre Europe, dans ces innombrables files de réfugiés qui frappent à ses portes… ?

 

Plus prêt de nous, dans nos vies, avons-nous reconnu le ressuscité qui se fait simple présence humble et aimante ? Ici ou là, avons-nous prêtés l’oreille dans les mots si simples des gens si simples, cette humanité qu’il aimait tant, et qui souvent partageait sa table…

 

Ces mots là nous les entendons souvent, mais les entendons-nous vraiment ? Rappelez vous les paroles de la chanson de Leo Ferré, « ne prends pas froid » « ne rentre pas trop tard »… peut être aussi dans le « je t’aime » de celle, de celui qui nous donne la main quand il fait un peu froid, quand la nuit tombe parfois si vite, quand le soir s’avance et que les enfants ne sont pas encore rentrés, quand notre fille ou notre fils nous annonce son premier amour, ou quand le grand père ou la grand-mère s’allonge sur le lit de sa chambre et que doucement, doucement, le souffle se fait rare et se tait…alors naissent des images, celles de longues tablées, des images de veillées, des images de noël qui nous reviennent et frappent à notre mémoire…Ces images sont notre vie…

 

Le ressuscité ne serait-il pas aussi ces images, cette main, ce « je t’aime », ce sourire de l’aimée au matin, le garçon ou la fille qui rentre enfin, avec les yeux qui brillent, le souvenir des échanges avec le grand père ou la grand-mère…si nous le voulons, si nous nous réveillons de nos rêves, le ressuscité peut prendre vie dans tous ces possibles, au creux de la simplicité de nos vies…

 

Mais alors le mal, la souffrance, l’orage sur les moissons, la maladie, la terre qui tremble ? Non la guerre, le mal, les tremblements de terre, ne sont pas le fait de Dieu, des enfants morts gazés en Syrie…qui peut croire que Dieu en est responsable…la terre qui nous a été confiée et qui est salie, maltraitée, souillée…Dieu responsable? Non, c’est notre seule et entière responsabilité, la maladie, ce n’est évidemment pas Dieu, les médecins nous le disent tous les jours… Non ! Quant aux catastrophes de notre terre…Elles sont nées avec elle…

 

Car ce qui nous empêche de voir le ressuscité, c’est bien un rêve, ou une illusion, celle-là je crois où nous avons échafaudé un monde qui a rendu Dieu responsable de tout.

 

Nous ne sommes pas les seuls rêveurs, ce rêve se déroule depuis des siècles, mais il est devenu un cauchemar.  

 

Il a  fait de Dieu un juge, un gardien de prison, un bourreau parfois, car trop souvent nous avons acceptés de nous soumettre, de reconnaitre des fautes, des péchés, nous culpabilisons depuis des siècles et nous avons massacré des âmes, nos âmes…au lieu de voir la vie, de la vivre et de la fleurir, en veillant sur nos semblables, nos sœurs et nos frères de tous les continents, de toutes les couleurs, nos camarades, et nous, nous-mêmes nous n’avons pas su nous aimer.  

 

Et notre culpabilité avec ce Dieu, juge et vengeur, a crée un Christ sanguinolent, envers lequel une théologie sacrificielle depuis des siècles nous a rendu débiteurs. Assassiné, Christ nous lave de nos fautes…et nous nous sommes rendus complices dans un jeu inconscient et pervers depuis des siècles, d’une théologie de la croix, qui veut qu’un Père livre son fils à la mort pour sauver le monde…

 

Puisqu’il est mort par notre faute, comment pourrions-nous croire alors à sa résurrection ? Comment pourrions-nous la vivre aux aubes naissantes de nos vies, ou dans les crépuscules de nos solitudes ?

 

Il faudra réfléchir longtemps à ces siècles où la théologie de la croix nous a été présentée comme le point de médiation entre le péché des hommes et la mort expiatoire du Fils.

 

Oui, nous devons nous réveiller et penser la crucifixion autrement, dans une énigme qui nous déplace, celle du don, du don gratuit. Le don comme ce moment absolument singulier qui met en présence le Père et l’humain que nous sommes, par le don sans échange du Fils. Il n’y a plus de dette, plus de sacrifice expiatoire, plus de culpabilité pour un péché, pour une vie, pour un instant, car nous sommes toujours déjà pardonné… !!

 

Nous sommes alors, dans cette vision nouvelle qu’exprime le théologien François Vouga, « pleinement reconnus responsable et libre, puisque participant de la « grâce divine » avec accès direct au Père, au-delà de toute économie de la « faute », et du rachat. Et dans le cadre immédiatement et universellement offert de la foi, cette confiance gratuite faite de réciprocité et de reconnaissance ». 

 

Luther s’était écarté de la théologie du « salut racheté par la souffrance volontaire du Fils de Dieu ». Pour le Réformateur La folie de la Croix est cette rencontre absolument gratuite et toujours reconduite de Dieu et de l’universalité des humains, en une présence réciproque et singulière.

 

Mais Calvin sera plus radical encore. Ce n’est pas la rédemption des péchés qui permet à l’amour divin de se répandre sur le peuple des croyants. Non, l’amour « précède et prévient le péché humain ». Sœurs et frères, j’ose vous le dire, l’amour est premier, pour Calvin l’Incarnation « n’est pas la conséquence du péché, elle est déjà présente dans l’acte de création ».

 

Ainsi se trouve renversée l’image sacrificielle de la relation au divin. Car si le Christ est bien le médiateur entre Dieu et les hommes, ce n’est point comme victime expiatoire, mais au contraire comme « Fils » se donnant librement pour nous et nous ouvrant l’accès au « Père », alors oui, il vient, revient encore, et toujours, toujours, les disciples doutent,  quand ils ne fuient pas la rencontre qui bouleverse et déplace la pensée trop facile de la faute qui fait couler le sang…mais qui rachète !!

 

Et c’est ce que nous demande l’Evangile de ce jour, ne fuyons pas, car elle est en nous son offrande, et nous devons témoigner de la réalité du Ressuscité, la réalité du Fils, de son humanité, celle d’un geste d’amour, pour l’humanité toute entière.

 

Il nous invite à partager avec lui ce pain et ce poisson grillé, avec les autres, tous les autres, avec son désir d’homme, sa réalité ressuscitée, il nous invite à dire la réalité de ce dieu qui nous vient à l’idée.

 

Il nous invite alors enfin à susciter auprès de nos sœurs et de nos frères, ce Dieu de liberté, de bonté, comme la parole des Actes, ce Dieu des heures claires, des partages… Oui Christ nous a libérés de l’erreur et nous a aussi rendus responsables de nos actes!

 

Nous sommes des femmes et des hommes libérés par l’Evangile, cet évangile qui s’ouvre à nos matins qui sont des matins de Pâques et qui nous crie « Qui dis tu que je suis ? »

 

Mais Celui qui nous crie cela il est en nous,  

 

Alors tu écris son nom

 

Et tu écris « liberté » !

 

Patrick Duprez

 

 

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Prédication du culte du dimanche 8 avril 2018

8 Avril 2018, 16:40pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

 

Lectures : Jn 20, 19-29 ; Ac 4, 32-35 ; Ps 118, 17-23

 

 

Il faut avoir bien à l’esprit que cet Evangile de Jean a été écrit 50 à 60 ans après la mort du Christ, c'est-à-dire après deux générations. A cette époque les communautés avaient pris l’habitude de se réunir le dimanche pour prier, écouter la lecture de l’Ecriture et célébrer la Cène. Le dimanche, c'est-à-dire le premier jour de la semaine. Ce faisant, ils se distinguaient des autres Juifs qui sanctifiaient le Shabbat par la prière et le repos.  Le premier jour de la semaine, pour les chrétiens, était perçu comme le jour des Temps Nouveaux  auxquels la Résurrection du Christ introduit. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire de voir une indication strictement chronologique au récit qui vient d’être lu : « Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine… Jésus vint et il se tint au milieu d’eux. »

 

On notera que, dans la suite du récit, « Jésus vient », 8 jours plus tard, alors que Thomas était présent. Plusieurs fois, dans les Actes des Apôtres il est question de ces réunions des disciples, le premier jour de la semaine. C’est ainsi que s’est mis en place, dès les temps apostoliques, le rythme dominical du rassemblement de la communauté au cours duquel on écoutait la parole et on célébrait la Cène. On avait ainsi le sentiment très vif de la présence du Seigneur.

 

En se rappelant le contexte dans lequel cet Evangile a été écrit, on comprend également que l’admonestation de Jésus à Thomas : « heureux ceux qui croient sans avoir vu »  s’adresse à ces premiers chrétiens qui, pour l’immense majorité n’avaient pas vu le Ressuscité. Ils étaient appelés à croire non pas sur le fondement d’arguments rationnels mais par la confiance, c'est-à-dire par la foi, pistis. Ce mot  grec désigne tout ensemble, la foi et la confiance.

 

Cette admonestation s’adresse aussi à nous les croyants, venus à la connaissance de l’Evangile après deux millénaires. Bien sûr, il ne nous est pas demandé de croire en faisant fi de la raison. Nous ne croyons pas de manière irraisonnable et Il y a nécessité de penser la foi et de la structurer. L’Evangile de Jean est d’ailleurs le bel exemple d’une construction littéraire qui a pour objectif de conduire à la foi en Jésus ressuscité. Mais le raisonnement seul n’entraine pas la foi. S’il y avait des preuves, pourrait-on parler de foi ?  L’erreur est de confondre ce qui est de l’ordre de la foi avec ce qui est de l’ordre du savoir. Nous savons et nous affirmons que Jésus est Seigneur, mais nous ne pourrons pas le prouver de manière rationnelle, car la foi est avant tout un engagement vis à vis de quelqu’un en qui l’on fait confiance.

 

A ce titre le personnage de Thomas, dans le passage de l’Evangile qui vient d’être lu, est intéressant. Il est présenté comme le type du mécréant, du sceptique un peu borné,  celui qui a besoin de voir et de toucher pour croire. Mais nous on a envie de lui dire « Merci Thomas, merci mon frère, je suis souvent comme toi. »

 

Car tout paraît un peu lisse dans ce récit où les autres disciples ont le beau rôle. Au soir de ce premier dimanche, Jésus vient, se tient au milieu d’eux qui n’ont rien demandé, qui n’ont rien fait ; il balaie tous leurs doutes et il leur donne des responsabilités comme à de bons agents en qui l’on peut faire confiance : « Recevez l’Esprit-Saint, ceux à qui vous remettrez lez pêchés, ils leur seront remis… ». Quand Thomas, qui était absent revient, le dimanche suivant (mais où était-il allé, l’insouciant qui n’était pas là au bon moment ?), ses collègues se montrent heureux et même fiers de ce qui leur est arrivé : Ils étaient là où il fallait : « Nous avons vu le Seigneur ! ». Ils fanfaronnent  gentiment, mais ils ne disent rien des portes fermées, de la frousse qui les tenaillait. Et le dimanche suivant, c’était encore la même chose : portes closes ! Manifestement, la première venue du Seigneur ne les a pas transformés d’un coup : la peur est restée. Ils n’étaient pas des courageux avant la Passion, ils ne le sont pas devenus pour autant. Ils étaient des humains, tout simplement avec leur peur, leur méfiance, leur manque de confiance, mais de cela ils n’en disent rien à Thomas. Ils ne disent rien non plus de leur manque d’initiative : Jésus s’est quasiment imposé à eux, ils ne lui ont pas spontanément fait place.

 

Ils ne disent pas davantage  que Jésus les a salués deux fois : « La paix soit avec vous », comme s’ils étaient bouchés et n’avaient rien entendu. Plus tard, seulement ils comprendront que la paix, sa paix, n’était pas un simple bonjour, qu’elle ne signifiait pas non plus la fin des conflits mais qu’elle était la paix des temps messianiques désormais accomplis.

 

Ils ne disent pas mot de la mission que le Seigneur leur a confiée : l’annonce du pardon, c'est-à-dire mettre les gens en face de leur responsabilité, les aider à comprendre qu’il faut commencer par pardonner pour recevoir soi même le pardon

 

Ils ne disent rien de tout cela ces disciples qui ont peur. Il faut les comprendre et nous les comprenons car  Il n’est pas facile d’entrer dans le renouveau annoncé par Pâques, pas facile d’y rester et d’être les envoyés de Jésus dans un monde qui fait peur. Nous en savons quelque chose nous-mêmes, par expérience.

 

Comme Thomas, nous avons besoin de comprendre sans toujours y parvenir. C’est qu’il y a des choses qui ne se comprennent pas si on ne les vit pas d’abord. Pour cela il faut du temps, de l’aide et quelques preuves aussi. Sans Thomas et ses amis, fragiles et timorés, Pâques n’aurait pas la même saveur.

 

Merci Thomas, en qui nous retrouvons notre foi fragile et notre humanité. Merci aussi à Jésus pour sa patience. Il n’a pas un seul mot de reproche pour celui qui doute, qui hésite, mais il l’encourage comme il nous encourage. Pourquoi cette concession à la faiblesse humaine ? C’est sans doute la première manifestation du pardon. L’homme ne peut recevoir la foi que parce que Dieu lui pardonne : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance ta main et enfonce la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi ». Le texte grec dit, mot à mot « ne deviens pas sans la foi, mais avec la foi » « me ginou apistos, alla pistos » « Deviens ayant la foi ». Avoir la foi exige une démarche : c’est un mouvement vers quelqu’un. Jésus n’ordonne pas, car la foi ne se commande pas. Il ne brusque pas Thomas, il l’invite à devenir homme de foi ; il le laisse avancer à son rythme.

 

Jésus a respecté Thomas dans son doute, il l’a pris au sérieux dans sa volonté de comprendre. Il fait de même avec nous, il nous rejoint dans nos doutes, nos hésitations nos peurs de prendre des responsabilités, de nous engager. Comme pour  Thomas, il nous invite à « devenir », à mettre en lui notre confiance, notre foi, et à le laisser être avec nous.

 

Il est question de doute et de foi dans ce passage de l’Evangile de Jean, mais il est aussi un autre point qui doit retenir notre attention, c’est l’envoi en mission. Notons que les disciples ne sont pas partis immédiatement, ils restent encore statiques, comme abasourdis par ce qui leur arrive. Il leur faudra du temps, encore beaucoup de temps pour qu’ils s’engagent. Il faudra la Pentecôte.

 

L’envoi des disciples se calque sur l’envoi de Jésus par le Père. « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Parce ce que Jésus s’est fait homme, des hommes, ses disciples sont envoyés vers leurs frères. C’est à eux qu’incombe la mission d’annoncer l’Evangile au monde. Cette mission est confiée non pas à des surhommes mais à des gens comme vous et moi, sujets au doute et à la crainte, à la faiblesse. Autant dire une mission impossible ! Mais rendue possible par la présence du Ressuscité, présence de l’Esprit-Saint comme puissance de vie.

 

Jésus souffle sur ses disciples comme le Créateur a soufflé symboliquement sur l’homme, à l’origine, pour lui donner la vie. Ce souffle de Jésus, au soir de la Résurrection, marque un nouveau commencement : l’annonce du pardon donné comme objet premier de la mission, car c’est du pardon, nouvelle naissance, que jaillit la foi.

 

« Jésus souffla sur eux ». Allusion à la Pentecôte très certainement. On doit noter le lien entre don de l’Esprit et mission de réconciliation. Dans la Bible l’Esprit est toujours donné en vue d’une mission. Un ordre jaillit : Allez annoncer que les pêchés sont remis, c'est-à-dire pardonnés. Les apôtres deviennent ainsi les ambassadeurs de la réconciliation universelle de Dieu avec l’humanité. Le seul pêché, c’est de ne pas croire que Dieu est amour et pardon.

 

 Cela peut nous aider à comprendre cet énigmatique verset 23 qui fait polémique : « ceux à qui vous remettrez les pêchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez ils leur seront retenus. » Ne pourrait-on le comprendre ainsi ? Les pêchés sont remis à ceux qui croient que Dieu aime et pardonne. Par contre, ils demeurent dans le pêché s’ils ignorent l’amour divin pour eux. Finalement il dépend de vous, déclare Jésus à ses disciples, que les hommes connaissent ce Dieu d’amour et de pardon.

 

De la lecture du chapitre 20, 19-29 de l’Evangile de Jean nous retiendrons deux choses. La première c’est que le doute fait partie de notre condition de croyant. Il est l’aveu de nos difficultés à comprendre, l’aveu de nos résistances. C’est dans ce doute que nous nous plaçons devant Dieu pour lui demander de faire naître et grandir en nous la Foi c’est à dire la confiance en Jésus ressuscité.

La deuxième, c’est de comprendre que Dieu nous envoie dans le monde pour témoigner de son pardon.

 

Et les deux, grâce à l’action de l’Esprit, cette respiration de Dieu, ce souffle divin qui porte l’homme et l’anime. L’Esprit-Saint : Dieu en nous. Amen.

 

André Bonnery

 

 

 

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Prédication du culte de Pâques, le dimanche 1er avril 2018

3 Avril 2018, 15:17pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Marc 16 : 1-8

 

 

 

 

« N’ayez pas peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici… »

 

Frères et sœurs, rien, absolument rien, ne peut arrêter la victoire du bien sur le mal !

Rien, absolument rien, ne peut arrêter la marche victorieuse du Christ vers le triomphe ! Le cri de victoire a retenti ! C’est la Pâques ! La vie est plus forte que la mort ! L’amour est plus fort que la haine ! La liberté est plus forte que la domination ! Rien n’est perdu ! Rien n’est irrémédiablement perdu ! Tout est sauvé car Dieu veille !

 

Pour Dieu, les événements tragiques du vendredi saint ne peuvent perdurer et ne peuvent, en aucune façon, prendre le dessus. La victoire du vendredi saint n’était que provisoire, même si, dans certains quartiers de Jérusalem, il y a eu une explosion de joie parce que des partisans de l’arbitraire avaient cru en une victoire définitive !

La nuit des souffrances peut paraître longue, mais le jour vient ; le jour vient avec la lumière rayonnante pour les balayer. La barbarie et la folie humaines n’ont jamais le dernier mot dans l’histoire de l’humanité car Dieu veille.

 

Frères et sœurs, c’est la grande nouvelle de ce jour ! C’est le cri de victoire qui retentit sur tous les cieux très tôt ce matin ! « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, Alléluia ! »

 

Quel retournement de situation !

Un retournement de situation qui bouleverse, qui étonne, qui échappe à toutes les stratégies et à tous les calculs les plus savants…Le Christ injustement arrêté par les soldats romains, brutalisé et mis à mort à la suite d’un procès fantaisiste au mépris des règles du droit (Pilate qui disait : je ne trouve aucun motif de condamnation), trois jours auparavant, est enfin ressuscité ! « Ô, mort où est ta victoire ? Ô mort où est ton pouvoir ? », s’est écrié l’apôtre Paul à ce sujet dans sa première lettre aux Corinthiens au chapitre 15.

 

Les grands acteurs, les détracteurs et les accusateurs du vendredi Saint sont restés paralysés ce grand matin de Pâques, journée de la victoire. Les cantiques de victoire fusent de partout, les trompettes résonnent sur toute la terre. « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, Alléluia 

 

Au début du chapitre 16 de l’évangile selon Marc, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et Salomé vont au tombeau pour embaumer le corps de Jésus comme un cadavre.

Au petit matin, elles étaient là, au tombeau, les femmes. Elles avaient apporté tout ce qu’il fallait pour qu’au moins leur maître ait droit à un rituel dans la dignité, poussées à la fois par le désespoir et la persévérance.

Elles veulent retrouver le corps de ce maître extraordinaire qui a su briser les tabous oppresseurs des femmes et leur a redonné de la dignité et de la valeur.

Non, ces femmes ne peuvent pas si vite et si facilement tourner la page et se contenter de la victoire injuste acquise au prix de la corruption et de la trahison (Judas), au prix de la peur, de l’intimidation et du reniement (le cas de Pierre).

 

Elles étaient là déterminées mais aussi craintives. Or elles « observent la pierre levée » et Jésus absent, nous dit Marc.

 

Vous savez, frères et sœurs, le récit de l’événement de Pâques s’achève sur un non-événement, car la résurrection est un événement qui ne se voit pas. C’est un non-événement puisque le récit est présenté comme s’il n’avait pas eu lieu. Personne n’avait rien vu. Les disciples qui se terraient dans leurs maisons n’étaient pas là, les femmes affairées dès le petit matin arrivent trop tard et ne découvrent que le tombeau vide.

Certes, dans le récit de Marc, il y a le fameux jeune homme habillé en blanc qui se contente de confirmer ce que les  femmes semblaient voir : le tombeau vide !

« Levant les yeux, elles voient que la pierre a été roulée. Entrant dans le tombeau, elles voient un jeune homme assis à droite, vêtu d’un vêtement blanc. » Les femmes se trouvent devant une présence inattendue: celle d’un jeune homme, assis à droite, vêtu de blanc. Et cette rencontre imprévue provoque chez elles un sacré émoi.

Dans le langage biblique, cette image d’un homme vêtu de blanc signifie qu’on se trouve en présence du divin. Le vêtement blanc était déjà celui de Jésus lors de la transfiguration. Ici, il symbolise probablement la victoire de Jésus sur la mort.

 

L’absence du corps se constate, mais ne se voit pas, elle est beaucoup plus troublante que sa présence.

Frères et sœurs, s’il y a quelque chose à comprendre, ce n’est pas dans ce qu’il y a à voir que cela se situe, puisqu’il n’y a rien à voir. La réalité de la résurrection s’était déjà imposée à ces femmes dans le non-événement qui constitue l’épisode du tombeau vide, car la résurrection elle aussi ne se voit pas. Bien sûr, plus tard, elles verront le ressuscité, et les disciples aussi mais ce sera trop tard.

Même une réalité aussi nécessaire à notre foi que la résurrection ne parvient pas à nous par les sens physiques. Cette réalité parvient à nous par des itinéraires intérieurs qui nous bousculent.

L’individu que nous sommes n’entre pas dans le mystère de Dieu par des moyens humains, c’est Dieu qui vient vers lui par des itinéraires divins. Et cela n’est pas réservé à quelques initiés, cela est le fait de tout un chacun. Dieu se rend disponible à tous à toutes. Mais nous ne pourrons pas comprendre Dieu si nous occultons les manifestations de son Esprit par toutes sortes d’artifices humains qui au lieu de le révéler risquent de lui barrer le chemin.

 

 

« N’ayez pas peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici… ».Le message pascal est dans le rapprochement de ces mots: le crucifié est ressuscité.

 

Les femmes "observent la pierre levée" et Jésus absent. Cet absent est, en fait, authentiquement présent… mais elles ne le trouveront que dans la foi.

Nous devons prendre en compte qu’il existe en nous une autre dimension de l’individu qui n’est pas faite de chair et de sang mais qui est faite d’esprit et de sentiments, et c’est là que Dieu se plaît à venir habiter. C’est au niveau de ce qui est insaisissable en nous que Dieu révèle à chacun, à chacune le mystère d’une vie qui nous dépasse et qui reste insaisissable par les sens physiques.

 

En ce matin de Pâques, frères et sœurs, il y a un nouveau commencement du monde. Les femmes n’ont pas tant découvert un tombeau vide qu’elles ont entendu un message venant de Dieu. La rencontre de Jésus ressuscité n’est pas au bout d’une démarche humaine, mais c’est Dieu lui-même qui intervient et qui va dépasser nos attentes. Il va bouleverser toutes nos idées humaines: il est vain maintenant de rechercher un cadavre, il n’est plus possible de s’emparer de lui pour enfermer Jésus dans la prison du passé. Nous sommes désormais en temps de résurrection.

Oui, le Seigneur est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! La lutte est enfin terminée.

Aujourd’hui, commence un jour nouveau, une nouvelle ère.

 

Ceux qui ont pensé qu’ils pouvaient, par leurs forces humaines et temporelles, étouffer la vérité, la liberté, la justice par la brutalité, la violence gratuite et des procès injustes à travers la personne de Jésus, ont définitivement échoué. Leur apparente victoire est, en réalité, le prélude d’une défaite programmée et certaine. Le Dieu de Jésus-Christ est le contraire du mal. Par conséquent, en lui et avec lui, le mal ne peut résister. A son rythme et au moment qui lui convient, il renverse toujours l’ordre des événements pour offrir sa logique qui vise avant tout le bien-être de tous et de toutes.

 

Et le tombeau était ouvert, et le tombeau était vide ! Le mort que les femmes cherchaient n’était plus là, le mort qu’elles cherchaient était vivant ! Et pourtant toutes les précautions étaient prises pour s’assurer que ce Jésus qui a dérangé des années durant, par son enseignement, ses actes et son style de vie, la tranquillité de tous ceux qui étaient hostiles au changement et à la nouveauté de vie qu’il propose ; - toutes les précautions étaient prises pour que ce Jésus-là soit définitivement banni ! Mais les soldats, le sceau, la pierre n’ont pu le garder en terre. Décidemment, même le séjour des morts n’a pas pu avoir d’emprise sur lui !

 

 

Frères et sœurs, en ce matin de Pâques, nous entrons à notre tour dans le tombeau vide.

Nous sommes, peut-être, essoufflés, désespérés comme ces femmes devant le tombeau vide de Jésus, peut-être parce que nous n’avons plus la force, ou le goût, ou le courage, de chercher vraiment le Seigneur et de courir vers la bonne nouvelle. Et pourtant, dans la pierre du tombeau, la joie de Pâques nous attend, tous et toutes, tels que nous sommes et là où nous en sommes, tous et toutes, avec la pesanteur de nos existences, avec nos lassitudes et avec la petite flamme de notre espérance.

 

Frères et sœurs, la résurrection que nous célébrons aujourd’hui, nous rappelle que même au plus profond de nos détresses, de nos souffrances, de nos angoisses, de notre désespoir, nous avons un Dieu qui est capable de proposer et de nous montrer une porte de sortie triomphante parce que lui-même, dans la personne de son Fils Jésus-Christ, a connu la pire des souffrances humaines et les a vaincues. Le maître de la vie est présent à tes côtés.

 

La foi à laquelle nous sommes appelés, en tant que chrétiens, est fondée, non sur une pensée, une philosophie ou une idéologie mais sur une vraie expérience, une expérience réelle de la souffrance et de la victoire sur cette souffrance. C’est pour cela que l’apôtre Paul, dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, ne pouvait admettre, un seul instant, la remise en cause de ce qui est au cœur de la foi chrétienne : la résurrection du Christ. « …. Si l’on  prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts ? leur écrit-il. (1Cor : 15).

 

Alors, frères et sœurs, aujourd’hui le Seigneur ressuscité, Jésus le Christ a vaincu le mal et il fait de nous les héritiers et les héritières de cette victoire. Dieu agit pour nous et avec nous dans la victoire pour transformer nos cris de souffrance en cri d’espérance.

 

« N’ayez pas peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici… »

 

Frères et sœurs, l’événement pascal que nous célébrons aujourd’hui est l’évènement qui fonde notre foi en Christ et notre engagement à son service. Il est l’élément central sans lequel l’Eglise, la communauté de chrétiens ne serait qu’une association comme n’importe quel groupe associatif dans le monde. Nous célébrons aujourd’hui celui qu’aucune puissance humaine ne peut anéantir.

 

Nous célébrons celui qui a toujours fait la différence par ses paroles et ses actes. Nous célébrons aujourd’hui celui qui ne se contente pas du statu quo, qui ne peut pas supporter les compromissions et les complaisances politiques, religieuses et relationnelles. Il est celui qui veut la liberté, le droit, la justice bref, le bien-être de chacun et de chacune de nous.

Celui que nous célébrons aujourd’hui est celui qui a lutté pour que toi et moi nous soyons libérés de l’emprise du mal qui rend ou qui peut rendre notre existence amère sur cette terre.

Celui que nous célébrons aujourd’hui est celui qui nous ouvre royalement la voie de la victoire sur toutes les forces destructrices : spirituelles, morales, physiques.

Notre Dieu, par la résurrection de son Fils, nous ouvre une voie royale, il nous ouvre à sa joie.

 

Il y a une chose fondamentale à ne pas perdre de vue dans la victoire du Christ ressuscité dont nous sommes des héritiers : il n’y a pas de perdants, jamais de perdants ! Vous savez pourquoi ? Parce que c’est la victoire de l’amour, de la liberté et de la justice qui n’exclut personne. C’est une victoire qui rend la liberté à l’opprimé ainsi qu’à l’oppresseur. C’est une victoire qui embrasse tous et toutes : hommes et femmes, riches et pauvres, puissants et faibles. En Jésus-Christ, le ressuscité, nos différences, qui sont faussement perçues comme des menaces, sont une richesse pour une vie en harmonie les uns avec les autres.

 

Frères et sœurs, la Pâques pour nous, c’est la célébration de notre propre victoire sur les obstacles de ce monde…Nous sommes interpellés à célébrer notre propre résurrection dans celle du Christ ressuscité.

La résurrection est le passage de la mort à la vie, de l’obscurité à la lumière, l’entrée dans une vie entièrement nouvelle ; nous vivons avec d’autres repères et dans une nouvelle sphère : le Règne de Dieu. C’est un processus qui se renouvelle jour après jour par la foi en Jésus. Nous avons de nouvelles valeurs, de nouveaux désirs, de nouveaux objectifs, en accord avec le Royaume de Dieu.

Alors, chers frères et sœurs, que cette fête de Pâques ne soit pas pour nous qu’un anniversaire, mais bien un tremblement de terre !

Nous avons un message à vivre et à faire partager comme le jeune homme vêtu de blanc l’a recommandé aux femmes de notre récit : « Christ est vraiment ressuscité. » ! Il ne faut même pas avoir peur de nous-mêmes, de nos faiblesses ! Il faut juste y aller, encore et toujours.

C’est dans cette mission, non pas ici mais dehors, dans la vie de tous les jours, que le Christ vivant viendra ôter lentement et sûrement en nous toute peur et toute frilosité.

 

En réalité, chaque fête de Pâques, rappelle la possibilité d’un nouveau départ, la possibilité d’un changement.

 

Tendons nos mains de paix et d’amour vers les uns et les autres et allons dire partout à tous ceux à et toutes celles que nous rencontrerons, que le Christ, le victorieux est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Et que cette victoire est aussi pour eux…

« N’ayez pas peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici… »

Amen !

 

Charles KLAGBA

 

 

 

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Prédication Jean 3, 14-21 - Dimanche 11 mars 2018

14 Mars 2018, 08:00am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Textes bibliques : Jean 3 : 14-21

 Prédication courte avant l'assemblée générale de l'association cultuelle.

 

Nous cheminons progressivement vers Pâques et l’Evangile de ce dimanche nous rejoint pour éclairer nos vies. C’est la suite de l’entretien que Nicodème, le pharisien et docteur de la Loi a initié avec Jésus à l’abri des regards, dans le secret de la nuit. Dans cet extrait, nous trouvons l’une des phrases les plus belles et les plus réconfortantes, en absolu, de la Bible :

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle ».

Pour nous parler de son amour, Dieu s’est servi des expériences d’amour que l’homme Jésus fait parmi les humains.

Dieu a tant aimé le monde : il place son plus noble sentiment et son plus grand intérêt sur la plus grande compagnie d'humains et il fait le plus beau geste que l'amour peut produire, donner librement, inconditionnellement, entièrement. Il donne, il offre le Fils: l'être le plus cher du Père, l'extension suprême de Sa personne.

L'offre est ouverte à la plus grande compagnie de gens, elle est inclusive, personne n'est écarté, tous et toutes sont invités.

Recevoir cette offre et se confier dans la personne la plus fiable et la plus aimante (c’est cela que nous appelons la foi) nous ouvre la plus merveilleuse et la plus durable possession: la vie éternelle dans la présence et l'amour de Dieu.

Éternelle ici ne fait pas référence à quelque chose que nous vivrons après la mort, il s’agit de la vie que Dieu nous donne aujourd’hui. Lorsque nous entrons en relation avec Jésus et commençons à le suivre, nous recevons la vie qui est en lui, qui est sa relation avec son Père.

Jésus est venu nous libérer de toutes les entraves et les peurs qui nous enferment, et nous ouvrir à l’amour. Il est venu nous donner la vie même de Dieu pour qu’elle puisse jaillir en nous et à travers nous.

Cette vie jaillit en nous parce que Jésus a été élevé sur la croix, qu’il est ressuscité, et qu’il a été élevé dans la gloire du Père. C’est ce à quoi Jésus fait allusion quant il fait référence à Moïse (verset 14) qui a élevé le serpent en bronze dans le désert pour que les israélites recouvrent la vie suite à des morsures de serpents.

 

Frères et sœurs, nous ouvrir chaque jour à cette offre, à cette vie nouvelle c’est comme se mettre en route, partir en pèlerinage.

Ce chemin, pèlerinage d’amour, commence et s’approfondit lorsque nous entendons Dieu murmurer au fond de notre cœur : ``Je t’aime tel que tu es. Je t’aime tellement que je suis venu te guérir de tes blessures et te donner la vie. N’aie pas peur. Ouvre ton cœur. Tu peux être toi-même. Tu n’as pas besoin d’être remarquable ou parfait. Tu es aimé tel que tu es. En découvrant combien tu es aimé, tu pourras répondre à cet amour et grandir dans l’amour.

Comme Nicodème, frères et sœurs, le Seigneur nous invite sans cesse (quelles que soient les interférences) à faire le choix de la vie qui se construit et se vit dans et par l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.

Faire ce choix, c’est vivre dans la lumière…

Amen !

Charles KLAGBA

 

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Prédication du dimanche 4/03/2018 : Jean 2, 13-22

12 Mars 2018, 18:59pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Textes : Genèse, 22, 1-18 ; Jean 2, 13-22 

 

Lors qu’on lit la Bible, certains textes nous  interrogent, tel celui de Jésus chassant les vendeurs et les changeurs du temple, d’autres nous laissent perplexes, tel celui du sacrifice manqué d’Isaac que j’ai voulu relier l’un à l’autre car ils nous parlent tous deux de sacrifice.

 

Pour sa montée au Temple, un peu avant la Pâque juive, Jésus a fait fort. Le geste vigoureux qui marque le début de son ministère (on est au chapitre 2 de Jean qui en compte 21) est repris par les quatre Evangiles. Preuve qu’il leur a semblé important. Un geste qui a dû frapper ses contemporains, car il s’attaquait à une pratique fondamentale de la religion juive, celui des sacrifices d’animaux dans le Temple.

 

Pourtant, les animaux et ceux qui les vendent n’étaient pas des intrus dans le Temple de Jérusalem. Ils avaient normalement leur place sur le parvis dit des païens pour permettre aux pèlerins venant de loin, en ce temps de Pâques,  de trouver un animal pour le sacrifice rituel.

 

Les changeurs d’argent avaient également leur place sur le parvis, afin que la monnaie romaine, le denier, ne puisse entrer dans le Temple. Il pouvait être converti en drachmes ou en sicles. Vendeurs, changeurs et animaux étaient donc indispensables au culte pour permettre aux fidèles d’accomplir la loi.

On dit parfois que Jésus a fait preuve de colère et de violence en chassant tout ce monde. En fait le terme colère n’est pas présent dans le texte et s’il utilise un fouet fait de cordes, ce n’est pas pour frapper les gens mais pour éloigner les animaux qui ne bougeraient pas si on ne faisait preuve d’un peu d’énergie. (Comme les maquignons ou les cochers qui usent du fouet sans blesser ses animaux). Certes il a  frappé les esprits en renversant les tables de change mais cela n’est pas allé plus loin. Le terme de chasser rappelle celui de « chasser les esprits impurs » pour délivrer les possédés. Jésus explique son geste : « Enlevez tout cela d’ici, ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de trafic. » Nous remarquerons que Jésus parle pour la première fois de Dieu comme son Père. Il est donc chez lui dans  le temple puisqu’il est le Fils.

 

C’est un geste prophétique qu’il pose en chassant tout ce trafic. Il veut signifier que la relation avec Dieu désormais ne doit plus être basée sur le donnant-donnant. Je donne de l’argent, je sacrifie un animal, j’obtiens ainsi les faveurs divines. J’ai accompli la loi. Nous, Protestants, nous pensons au trafic des indulgences auquel Luther s’est attaqué : moyennant argent, on pouvait faciliter sinon acheter son salut. Jésus se place sur un autre registre : la relation avec Dieu doit être basée sur l’amour, comme celui qui existe entre un père et son fils. Ce sera l’essentiel de son message dans la prédication de la Bonne-Nouvelle. Désormais, dans cette relation tous sont égaux, il n’y a pas les riches qui peuvent offrir un bœuf, les classes moyennes qui s’en tirent avec un mouton et les pauvres qui se contentent d’une colombe. Tous égaux devant Dieu.

 

Révélation « renversante » qui méritait que l’on renversât quelques tables de change et que l’on chassât des animaux. Les disciples ne s’y trompent pas qui voient dans ce geste énergique du Christ une manifestation du zèle du Messie pour la Maison de Dieu, ni les chefs religieux qui demandent un signe miraculeux pour justifier son geste. Car Jésus s’est attaqué à un élément fondamental, historique et traditionnel de la religion : le sacrifice. C’est ici que nous rejoignons le récit du sacrifice (manqué) d’Isaac.

 

Récit troublant, ce passage de la Genèse : que veut dire cette histoire d’un père s’apprêtant à tuer son fils pour plaire à Dieu. Mais, c’est contre nature ! Et en plus on veut nous faire admirer la foi d’Abraham qui, semble-t-il, n’a pas d’état d’âme devant ce que Dieu lui demande. C’est justement là qu’est tout le problème. Dieu lui a-t-il demandé ce sacrifice ? et quel dieu le lui a-t-il demandé ?

 

Malgré les progrès des connaissances, on connait mal l’époque d’Abraham et l’identité de ce personnage dont la geste est, en grande partie, mythique. Il vivait dans un milieu polythéiste et le Dieu qu’il adorait était l’une des multiples divinités vénérées dans l’Orient, au début du second millénaire avant notre ère. A cette époque, les sacrifices humains étaient couramment pratiqués. Abraham a eu une révélation. Il a compris que son dieu lui demandait de lui sacrifier son fils. Il en est si bien persuadé que, le lendemain matin, il prend du bois dont il fait un fagot qu’il lie sur le dos d’un âne, il emporte une pierre à feu, il se fait accompagner de deux serviteurs, il demande à son fils Isaac de le suivre et il se dirige vers la montagne que son dieu lui a désignée.

 

 

 Abraham et son équipage  quittent Beer-Sheva dans le Neguev et marchent vers une montagne que la tradition désigne comme le Mont-Sion où s’élèvera plus tard Jérusalem. On devine l’ambiance ! Isaac était-il au courant de ce qui l’attendait ? Mais au fait, pourquoi ce sacrifice ? Le texte de la Genèse dit que « Dieu mit Abraham à l’épreuve. » Dans quel but ? Abraham a-t-il été déloyal, a-t-il commis un pêché, de quoi était-il coupable ? Si le texte reste silencieux sur les raisons de Dieu, c’est qu’il n’y en a peut-être pas. Hier comme aujourd’hui, le croyant agit en fonction de ce qu’il comprend de la parole de Dieu, mais il est des situations qui restent sans signification, qui sont dans le non sens. Abraham a compris qu’il devait sacrifier le fils de la promesse pour être agréable à son dieu. Pourquoi ? Cela ne l’a pas choqué parce que de son temps ça se faisait.

 

 

Aujourd’hui les croyants n’ont pas des réactions tellement différentes. Ils qualifient d’épreuves qu’ils attribuent à Dieu, des situations pénibles qui traversent leur vie. Toute tentative de rechercher l’origine d’un mal qui nous arrive, d’une pratique mortifère, d’une souffrance, reste sans réponse. La tentation qui nous guette tous, c’est de mettre Dieu en cause, de croire qu’il nous envoie le malheur pour nous mettre à l’épreuve, pour voir nos réactions. En face d’épreuves douloureuses qui apparaissent comme un non sens, telle, par exemple, la mort prématurée d’un être cher. On peut se révolter et rejeter Dieu ou encore croire que sa volonté  était la perte de cet être cher, car il voulait jauger notre foi.  Dans les deux cas (révolte ou soumission), c’est la même chose : on impute à Dieu le malheur qui nous arrive. Comme Abraham, nous projetons sur lui des images ou des réalités ténébreuses du monde. Or, Dieu n’est pas ce que nous en faisons : un Dieu qui aime la mort et qui a besoin de sacrifices. L’épreuve imposée à Abraham (ou qu’il s’impose)  n’est pas un moyen pour Dieu de tester sa confiance ou sa foi (ce qui est la même chose), elle est l’irruption d’une parole de vie dans les pratiques mortifères de son temps : les sacrifices humains. Dans le récit de la Genèse nous remarquerons que c’est à la fin, juste au moment où le drame va avoir lieu, qu’Abraham entend Dieu, non pas celui en lequel il croyait : un amateur de sacrifices, mais le tout autre, le Dieu qui aime et veut la vie.

 

Il lui a fallu trois longues journées de marche, il a fallu qu’il gravisse une Montagne pour comprendre enfin. Cette autre manière de changer notre regard sur Dieu  prend du temps, beaucoup plus que les trois jours symbolique de la marche pénible d’Abraham. Il faut aux hommes beaucoup de maturation pour comprendre, lorsque survient l’épreuve. Au début, nous sommes comme Abraham, dans les ténèbres. Dieu ne peut pas se révéler  parce que nous sommes trop pleins de nos certitudes, de nos théologies. Ce n’est qu’au moment ultime que Dieu apparait et  parle, comme il a parlé à Abraham.

Ce n’est qu’en allant au bout de ce qu’il croit être la demande de sa divinité, qu’Abraham se trouve dans une impasse : la mort de son fils, la fin de la promesse …! Pour en sortir, il faut qu’il entende enfin l’appel : « Abraham, Abraham » et qu’il comprenne que Dieu est autre que ce qu’il avait imaginé. Il n’aime pas la mort et la souffrance, il ne se complait pas dans les sacrifices, mais il veut la vie. On prend souvent la foi d’Abraham comme exemple, mais si Abraham est grand par sa foi, ce n’est pas lorsqu’il part pour sacrifier son fils à un dieu amateur de sang dont il s’est fabriqué une image mortifère à l’instar de ses compatriotes. Il est grand lorsqu’il découvre enfin que Dieu, le seul, le vrai, aime la vie, et qu’il lui fait confiance : il croit enfin en la promesse d’une descendance innombrable en qui toutes les nations de la terre seront bénies. Dieu a pris Abraham tel qu’il était, avec ses préjugés  « théologiques» et il l’a fait évoluer vers la vérité.

 

Il est vrai qu’il faudra encore du temps à Abraham et au peuple né de sa descendance en Isaac, pour comprendre que la foi n’est pas liée à la mort. En effet Abraham va sacrifier un bélier à la place d’Isaac et les Juifs, on vient de le voir dans l’Evangile de ce jour, sacrifiaient des animaux, au temps de Jésus, pour plaire à Dieu ou s’acheter sa bienveillance. Avec Abraham un premier pas a été accompli : les sacrifices humains sont abolis car ils ne peuvent en rien nous justifier. Avec Jésus, le fruit ultime de la promesse, on comprend que les sacrifices d’animaux ne peuvent rien pour nous. Dieu n’en a que faire. C’est son Fils, et lui seul qui nous justifie, qui nous rend juste, par grâce. Si Abraham ne pouvait pas le comprendre clairement,  il a fait confiance au Dieu qui lui parlait de vie et c’est en cela que sa foi est grande.

Dieu ne veut pas la mort, il n’aime pas la mort. Même dans ces épreuves qu’il ne nous envoie pas pour nous éprouver, par delà ces épreuves qui sont inhérentes à notre humanité, il nous aime vivants. Pour preuve, il a pris notre humanité souffrante, il a subi la mort, il l’a vaincue et il l’a transfigurée, donnant ainsi un sens à nos existences d’hommes appelés à vivre pour toujours, comme lui est vivant.

 

En conclusion.

Abraham a découvert un Dieu qui préfère l’homme dans son état de liberté plutôt que dans celui de soumission à des traditions mortifères. Jésus nous rappelle, dans le passage de la purification du Temple, que les sacrifices d’animaux ne peuvent rien pour notre salut. Ce ne sont pas les sacrifices qui plaisent à Dieu mais le changement du cœur des hommes. Les Juifs ont déclaré à Jésus : « Quel signe nous montreras-tu pour agir de la sorte ?». Il leur donne pour preuve sa mort et sa résurrection. « Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours ». » Il parlait  du temple de son corps »,  dit Jean. Le seul sacrifice que Dieu accepte, c’est celui de son Fils, non pas qu’il ait eu besoin de son sang pour ne plus être irrité contre l’humanité, mais parce que ce sacrifice était inéluctable ; il était l’aboutissement d’une vie donnée sans concession. Jésus était venu sur terre pour s’attaquer aux racines du mal ; il ne pouvait en résulter que la mort, sa mort, mais une mort aussitôt vaincue par sa Résurrection. Et parce qu’il a pris notre nature humaine pour vaincre le mal et la mort, c’est tous les hommes qui, à sa suite, ont pour avenir la vie, sa Vie.

Les apôtres ont rendu témoignage de ce qu’ils ont vu et entendu et ils nous ont transmis cette Bonne Nouvelle libératrice. A nous de la recevoir. Souvenons nous que notre foi est mise à l’épreuve, non par Dieu, mais par les difficultés inhérentes à notre humanité, ainsi que par notre incapacité à comprendre ce que Dieu attend de nous. Parce que nous mettons notre foi en Christ, il nous appartient de témoigner que Dieu nous aime indéfectiblement, dans toutes les situations, même les plus pénibles. Il y a toujours des gens qui acceptent la souffrance comme une épreuve venue de Dieu. A nous de leur faire découvrir que Dieu est contre tout ce qui défigure l’être humain et pervertit sa relation d’amour avec l’homme. Dieu nous aime dans et malgré l’épreuve. Il est le Dieu de la vie. C’est là le cœur de cette Bonne Nouvelle qu’il nous est donné d’écouter en ce troisième dimanche de Carême.

 

Heureux ceux qui respectent la révolte, ceux qui, derrière le refus entendent le désir d’un monde meilleur.

 

Heureux ceux qui dérangent leurs habitudes, déshabillent leurs certitudes pour approcher celui qui souffre.

 

Heureux ceux qui disent bonjour, qui prennent des nouvelles,

Ceux qui osent croiser le regard douloureux.

 

Heureux ceux qui oublient de donner des conseils, d’imposer des prières apprêtées, pour entendre le doute et les questions.

 

Heureux ceux qui jamais ne disent : « tu devrais, tu pourrais »

Ceux qui viennent chercher l’autre sur la terre aride de la solitude.

 

Heureux ceux qui disent leur attention, leur affection, en étant là, simplement.

 

Heureux êtes vous quand vous affrontez votre peur,  votre gêne, pour partager juste un peu de votre vie.

 

Heureux êtes-vous parce que vous aimez.

 

André Bonnery

 

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Prédication du 18 février, premier dimanche de Carême. Marc 1, 12-15

18 Février 2018, 18:26pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 Marc  1, 12-15

 

Chers amis,

Dans la courte péricope de Marc que nous venons de lire voilà Jésus, qui, à peine sorti des eaux du Jourdain, se voit poussé  au désert par l’Esprit. Il va y vivre quarante jours et y être tenté par Satan. Marc note que Jean, ayant été livré, Jésus, en route pour la Galilée, commence à prêcher l’Evangile de Dieu, annonçant que le temps est accompli, que le royaume de Dieu est proche. Puis il recommande de se convertir et de croire à la bonne nouvelle.

Il y a  un mois, en préambule de sa méditation sur Marc 1, 14-20, nous avons entendu le prédicateur nous rappeler la tentation au désert, je n’y reviendrai donc pas en détail.

Pour cette entrée en Carême, je préfère m’attacher à méditer avec vous  le verset15 qui m’a toujours questionné et qui, de mon point de vue, conditionne notre vie de chrétien.

En effet, pour nous aujourd’hui, que peuvent bien signifier, que peuvent impliquer les paroles de Jésus: « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. », « Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle »?

Ce verset peut nous aider à entrer dans ce temps de Carême.

Je vais vous livrer ma réflexion en trois points.

Un, le royaume est proche, deux : le temps de la repentance. Enfin troisièmement : le temps de la foi : croire en la Bonne nouvelle.

Vous l’avez compris, ce que je veux partager avec vous c’est d’abord comprendre ce qu’est le royaume puis ce qu’il requiert de notre part comme réponse, comme orientation dans notre vie.

I - Le royaume des cieux ou de Dieu

L’expression  royaume de Dieu se retrouve plutôt chez Marc et Luc que chez Matthieu qui cite plus souvent royaume des cieux.

Si je voulais faire un peu d’humour, je commencerais par vous dire qu’aujourd’hui, parler et désirer le royaume dans une société républicaine semble pour le moins bizarre. Et ce l’est encore plus pour le rejeton que je suis,  issu  d’une vieille caste  en coma profond, sinon en disparition ; rejeton, qui,  par ailleurs est  lui-même républicain, oui « bizarre autant qu’étrange!» disait mon père.

Non, je redeviens sérieux et  je reviens au royaume celui dont parle Jésus. Que veut- il dire exactement ? Jésus parle du royaume de Dieu. Son Père règne. Son Père est au-dessus de tout, de toute la création et, Jésus lui aussi, est au-dessus de tout, cependant, nous le verrons  qu’il est aussi avec nous, ici, dans nos vie de femmes et d’hommes.

D’abord Jésus dit que le temps est accompli. Ici, le temps c’est le « Kairos » . En grec, cela signifie le moment opportun, le temps favorable. Ainsi donc c’est le moment du royaume de Dieu. Le temps favorable pour qu’il advienne.

Jésus n’a pas changé le monde de son temps; il n’a pas transformé le monde de la Palestine, de même, il n’a pas guéri tout le monde pas plus qu’il n’a renouvelé la vie politique de son temps. Pourtant, les juifs attendaient un Messie, un libérateur avec un pouvoir temporel, un guide, un résistant face à l’occupation romaine. Et pourtant…pourtant Jésus dira plus tard  en Jean  au chapitre 18,36: « mon royaume n’est pas de ce monde », signifiant ainsi que le royaume était tout autre.

Alors ce royaume de Dieu, quel est-il?

On peut répondre rapidement qu’il vient par Jésus-Christ, qu’il est ne victoire sur le mal, qu’il est la suppression des conséquences du péché du monde ou encore qu’il est la création d’un monde nouveau de justice et de paix.

Pour ma part et pour expliquer le royaume de Dieu, je vais avoir recours à Paul dans sa lettre aux Romains au chapitre 14, verset 17, il écrit ceci pour le qualifier:

« le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint Esprit.»

Ainsi, nous voilà au cœur du sujet : la justice, la paix, la joie.

Jésus inaugure un autre temps, marqué par un regard nouveau  tourné vers Dieu,  Dieu de justice, de paix de joie et vers le prochain :

Car en effet sans justice, il n’y a ni paix ni joie, et donc il ne peut y avoir d’amour. Or nous le verrons plus loin, il s’agit d’un royaume d’amour.

 

Deuxième temps la repentance.

Plongeant les pécheurs dans l’eau du Jourdain, Jean prêchait un baptême de repentance pour le pardon des péchés. Jésus reprends les paroles de son cousin.

Esaïe écrit au chapitre 56,  verset 1 : « Observez ce qui est droit, pratiquez ce qui est juste, car mon salut ne tardera pas à venir, et ma justice à se manifester »

Pour que le royaume advienne, il faut se repentir, se retourner, se convertir. Se repentir, ce n’est pas demander pardon pour les manquements, les fautes, les souffrances que l’on peut créer à son prochain, non, ce n’est pas que cela, c’est aussi une dynamique, un changement radical de vie, une conversion.

C’est inventer des signes de libération pour aujourd’hui, ici et maintenant, pour soi-même mais aussi pour les autres ; c’est combattre pour la justice, c’est accueillir et partager.

Nous ne sommes pas appelés à transformer le monde, à créer une société  parfaite, un monde idéal. Non. Nous appelés à nous changer nous-mêmes, à nous dépouiller de ce qui nous sépare radicalement du Père, à résister aux tentations du monde, quelles qu’elles soient.

Adam a chuté. L’homme a chuté. Au désert, Jésus, a résisté à la tentation de l’avoir, de l’orgueil, du pouvoir. Jésus a montré que l’homme peut vaincre le péché. Lui a vaincu Satan par amour pour nous, pour nous sauver, pour venir accomplir la loi, pour nous montrer comment faire advenir le royaume de Dieu.

Le signe de ce qu’est le royaume de Dieu se trouve dans cette parole de Jésus à ses disciples,  dans Jean au chapitre 13 verset 35:

«A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Le salut de Dieu offert par Christ nous permet la conversion  qui est la résultante d’une grâce, d’un don gratuit de Dieu. La conversion c’est la possibilité vivre cette grâce. C’est accepter de se laisser déposséder des sécurités, des peurs inutiles, des images toutes faites. C’est trouver la joie dans l’humilité, c’est avoir la soif de justice et la pauvreté de cœur. C’est être libérés, être déchargés des fardeaux. C’est croire en l’amour.

Ce savoir libérés, sauvés  nous permet de nous tourner vers nos frères et sœurs, leur  tendre la main, élargir nos cœur, accueillir et partager.

 

Enfin  troisième temps de ma méditation :Le temps de la foi : « Croyez à la bonne nouvelle ».

Se convertir c’est aussi croire. Croire en  la bonne nouvelle. Faire confiance, croire à la bonne nouvelle du salut, au royaume de Dieu qui est proche et qui préfigure le royaume de la fin des temps, celui des temps eschatologiques.

Voilà la dernière parole du verset 15 : « Croyez en la bonne nouvelle. » Le royaume de Dieu est bien là. Nous sommes sauvés ici et maintenant. Nous sommes  sauvés, aimés de Dieu.

Oui, notre foi se situe exactement à ce moment favorable du royaume. Nous pouvons croire au message du salut, à l’amour total de Dieu pour nous.

Evidemment, cette foi est exigeante qui nous conduit à aimer comme Jésus, de façon inconditionnelle.

C’est marcher avec Jésus pour accueillir la grâce, la libération, l’amour et la communion avec nos frères et sœurs ; c’est aussi et d’abord être les témoins d’une autre économie, celle du royaume de Dieu, comme l’écrit le pasteur Antoine Nouis dans  son catéchisme protestant..

Le royaume de Dieu, croire en la bonne nouvelle, c’est croire en l’amour total, ce n’est plus un commandement, c’est une habitation.

Mais la vie du royaume n’est ni héroïque, ni solitude, elle est route partagée avec les sœurs et frères et avec le Fils qui est avec nous, qui chemine avec nous. Alors la vie dans le royaume de Dieu est justice, joie et paix.

 

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Chers amis, il n’est pas de meilleure introduction pour entrer dans ce Carême qui nous conduira à Pâques

Matthieu écrit au chapitre 5,3 dans les Béatitudes : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux. »

Le royaume de Dieu est une réalité qui nous est offerte gratuitement.

Nous pouvons l’accepter simplement, pauvrement; en changeant de vie, en nous convertissant, en croyant humblement avec sincérité à la bonne nouvelle du salut.

Que notre Carême soit conversion et affermissement de notre foi au message de Jésus Christ.

Oui croyons à la bonne nouvelle !

En ce temps de Carême, purifions nos cœurs car il est dit en Matthieu 5, 8 : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.

Laissons le Saint Esprit agir en nous comme l’écrit Calvin  dans l’Institution chrétienne, au livre II , chapitre III, 6 qui rappelle les paroles d’Ezéchiel 36,26 : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. »

Cyrille de Jérusalem écrit « Celui qui se garde pur dans ses actions ses pensées et ses paroles, peut dire à Dieu : « Que ton règne vienne. »

Oui, Seigneur purifie nous, affermis nos conversions de cœur que nous puissions dire dans une attente sincère : « Que ton règne vienne » !

Amen !

Georges d’Humières

 

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Prédication du dimanche 4 février 2018 Marc 1, 29-39

6 Février 2018, 10:19am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

                                 

Marc 1 : 29-39

 

 

 

« Vers le matin, alors qu’il faisait encore très sombre, il (Jésus) se leva et sortit pour aller dans un endroit désert où il pria. » Verset 35

 

L’épisode de l’évangile que nous venons de lire nous propose la fin de journée de Jésus qui s’est poursuivie tard dans la nuit et le début d’une nouvelle journée.

 

C’est un récit des activités de Jésus que Marc nous raconte ici comme s’il avait été journaliste prenant des notes : Jésus va à la synagogue, (n’oublions pas que ce récit est la suite de l’évangile entendu dimanche dernier et nous sommes encore le jour du sabbat), il rentre à la maison de Simon Pierre et guérit sa belle mère qui est malade. Le soir venu, la foule est à la porte. Jésus fait de nombreuses guérisons.

 

Les gens cherchent un guérisseur. Mais le Dieu fait homme nous révèle qu’il est venu pour annoncer la bonne nouvelle.

Il est urgent que cette bonne nouvelle soit proclamée à tous les désespérés du monde. Jésus se présente comme le bon berger qui part à la recherche de la brebis perdue. Son grand désir c’est de rassembler tous les humains dans son Royaume.

 

L’Evangile que Jésus veut annoncer, cette bonne nouvelle, c’est une invitation à se tourner, à se re-tourner vers Dieu. Jésus n’est pas seulement venu pour guérir les maladies physiques de tous ceux qui le voient. Il est venu pour redonner souffle à tous ceux qui peinent, guérir nos maladies de cœur et d’âme.

C’est comme un condensé des activités de Jésus. C’est l’illustration de ce que le mot évangile veut dire. Celui-ci est d’abord un message de bonheur. Il vient de Dieu, il parle de Dieu. Il n’est pas d’abord une doctrine ou une idéologie mais une libération. L'Évangile apporte un message de paix, d'amour, et de restauration de l'être par la foi en Jésus. L'Évangile contribue à la guérison des cœurs blessés. Il contribue au rapprochement des cœurs grâce au renversement des barrières sociales. Il contribue à donner des valeurs sociales, familiales et spirituelles sûres à qui ne sait plus où se trouvent ces repères.

Jésus enseigne aussi bien par ses actes que par ses paroles. Il libère les hommes et les femmes de ce qui les enchaîne, il leur rend leur dignité. Il les invite à le suivre et à trouver le bonheur de servir.

Jésus est un homme d'action qui a généré une force transformatrice, mais jamais son action n'a visé sa propre promotion ou une vision préconçue du monde. S'il agit, c'est qu'on l'appelle, c'est qu'on le lui demande; il n'a pas besoin de s'activer comme un activiste qui a besoin de sentir qu'il est important. Il agit, parce que des gens mettent leur espoir en lui, mais en même temps il refuse que cette action, non seulement le fige dans un rôle, mais aussi le conduise sur le piédestal de la messianité. Demeurant à l'écoute de tous ces cris qu'on n'entend que dans le silence du cœur, il va ailleurs, dans les villages voisins. On le sent toujours en mouvement, toujours à l'écoute, toujours en recherche.

Tout ce que fait Jésus dans la journée est tourné vers les autres : il enseigne, il guérit, il est attentif. La bonne nouvelle c’est que Jésus nous aime et nous attend.

 

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, sœurs et frères, l’action de Jésus est issue de sa prière….

 

Marc nous montre que l'évolution de la démarche spirituelle de Jésus commence dès le début de l'évangile. Jésus nous indique ainsi le chemin à suivre : marcher lentement mais sûrement sur les pas de Dieu et accepter de croître graduellement dans son amour sans brûler les étapes.

Ouvrir nos cœurs à la puissance rénovatrice de la Parole. C'est cela qui importe.

 

C’est une journée épuisante mais excitante ! Et la renommée de Jésus s’est vite répandue.

Le Christ aurait pu profiter de son succès ! Au lieu de cela, il se retire dans un lieu désert pour prier.

« Bien avant l’aube », nous dit Marc, Jésus se lève et s’éloigne pour prier son Père. Les disciples le retrouvent et lui reproche presque d’être là, de s’être isolé : « Tout le monde te cherche !».

Et puis Marc reprend un ton plus général : « [Jésus] parcourut toute la Galilée proclamant l’Évangile dans les synagogues, et expulsant les démons »

 

 

Sœurs et frères, après cette journée harassante, d’ailleurs on ne parle ni de repas ni de repos, Jésus a besoin de prier son Père. Et ses disciples n’ont pas encore compris que pour vivre, Jésus a besoin de l’amour partagé avec son Père et vécu dans l’Esprit Saint. Pour le jour nouveau qui va bientôt recommencer avec sa pression, ses attentes..., Jésus sort de la ville, va au désert, pour parler, échanger avec Dieu. Il vit cette pulsation secrète à l’intime de sa conscience. Cela lui donne de ne pas subir cette pression, ces contraintes externes. Il mène sa vie, sans l’enfermer sur le déjà là. Il ne se perd ni ne s’enferme dans la réalisation. Il est libre de continuer ou de laisser. Il sait que tout est dans les mains du Père, que lui ne pourra achever, réussir la moindre chose car aucun homme ne le peut. Ce qui compte c’est de vivre cette disponibilité, de laisser sa vie prendre forme selon les desseins du Père.

 

Jésus fut, sans aucun doute, une personne extrêmement occupée et cependant, il trouvait toujours un moment pour prier. Il devait, dans la suite, commencer un voyage au cours duquel il allait parcourir tous les villages de Galilée. Mais avant sa rencontre avec les foules, il voulait être d'abord avec le Père. Et cela est la raison pour laquelle son ministère publique avait un impact dans les cœurs des gens: à cause du temps qu'il passait dans la présence de Dieu. Nous pouvons dire que c'était là son secret spirituel pour le succès ; et en vérité, il n'y n'a pas d'autre. Même en ce moment où sa renommée se répandait partout, il ne se laissait pas séduire par cela et il ne cessait jamais de chercher la communion avec le Père.

 

Quelqu'un fait remarquer une fois et à juste titre que ceux qui sont plus occupés en publique sont ceux qui ont le plus besoin de passer plus de temps seuls avec Dieu.

 

Dans sa condition de Fils, Jésus était toujours "dans le sein du Père"; mais comme serviteur, il éveillait son oreille pour écouter comme celui qui apprend.

 

Sœurs et frères, il nous est bon de voir l’homme Jésus prier. Il s’autorise des moments de solitude, des moments à lui, pour se « retrouver », pour se « recentrer », pour ouvrir un espace de réflexion, de contemplation. C’est un besoin, c’est un droit, c’est une nécessité vitale pour lui…et pour nous aussi….

 

Une activité harassante, au service des malades et des possédés, puis une longue prière en solitude. C’est le rythme du Fils de Dieu. C’est ainsi qu’il vit intensément son union avec le Père qui l’envoie et sa solidarité avec les humains qu’il vient sauver. Authentiquement humain lorsqu’il est seul devant Dieu ; réellement Fils de Dieu lorsqu’il est perdu dans la foule des humains.

C’est le Jésus de Nazareth qui se retire, très tôt le matin, dans un lieu désert, pour éveiller l’aurore, pour accueillir, tourné vers Dieu, la lumière du nouveau jour, et qui élargit chaque jour le champ de sa mission et de son témoignage : « Allons ailleurs, pour que là aussi j’annonce le message ! »

C’est parce qu’il se livre totalement au Père, dans sa prière silencieuse, que Jésus se laisse prendre par tous ceux et toutes celles qui le réclament. C’est parce qu’il vit dans le Père qu’il peut, sans lassitude, s’en aller ailleurs chaque jour.

 

Sœurs et frères, dans la mesure où grandit notre union de vie avec le Christ vivant, il remodèle notre vie et notre cœur selon cette double communion qui était pour lui l’expression spontanée de son être de médiateur : la communion avec le Père et la communion avec les frères et les sœurs.

 

Chaque jour Jésus nous montre le Père et nous manifeste son nom, et à sa suite nous entrons dans une vraie prière filiale, les mains ouvertes et le cœur libre. Chaque jour aussi Jésus nous éveille à l’universel, à son propre souci de libération des humains.

Dans la paix de Dieu, dans le tumulte du monde, notre solitude, comme celle du Christ, est « solitude sonore », toute en écho du silence de Dieu, toute en résonance de la présence divine.

 

L’enjeu pour nous, sœurs et frères, est de savoir aller de la société avec ses obligations, ses attentes, obligations et attentes qui nous tiennent et peut-être nous maintiennent debout, vers le silence qui régénère, qui renouvelle car, fondamentalement, tout est à recevoir et à offrir...

 

 

Alors que faisons-nous de notre quotidien?

 

Vivre une journée pleine d’activités, de partage de solidarité, et c’est très bien. Mais en regardant une journée de l’agenda de Jésus, nous voyons qu’il commence par prier son Père dans le calme et le secret. Rappelez-vous Marthe et Marie, l’une qui s’inquiète et l’autre qui adore son Seigneur.

Jésus nous invite à prier, à chercher ces moments d’intimité avec Dieu avant d’agir car la seule énergie qu’il nous donne c’est l’Amour de son Père.

 

Le jour avant avait été très long et fatiguant…pour Jésus. Cependant, quand il faisait encore très sombre, Jésus se leva et sortit de la maison de Simon à la recherche d'un lieu désert où il pouvait avoir un temps d'intimité en prière avec le Père.

 

Dans ce cas et comme tous les autres, Jésus est un exemple pour nous, sœurs et frères…

Sans ces moments d’intimité avec le Seigneur (que certains tentent de minimiser), il nous arrive, sans que l’on s’en rende compte, d’être tout à coup, en porte à faux dans nos actions.

Non pas que nos actions ne soient pas bonnes. Mais leur motivation et leur orientation peuvent être biaisées.

Au cœur d'une même action, il y a toute la différence du monde entre, d'une part, chercher à être bien vu, chercher de l'avancement, chercher des avantages personnels, ou même encore chercher à régler ses comptes, et d'autre part, répondre à des demandes ou des appels pressants, donner parce qu'on a le sentiment d'avoir beaucoup reçu, agir parce que l'amour nous interpelle, intervenir parce qu'on porte le rêve d'un monde beau et grand.

 

Dans toute d’activité sans coupure, sans recherche d’intimité personnelle et silencieuse avec son Dieu, il y a plutôt le risque de tomber dans l'idolâtrie : quand ma perspective est mon avancement ou mes comptes à régler, je sclérose à la fois ma personne et ma perception de la réalité, qui deviennent comme ces statues de plâtre, où la vie ne passe plus.

 

Comme un avertissement, Jésus disait un jour à ses disciples: « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans le ciel » (Luc 10, 20), i.e. réjouissez-vous avant tout de ce que l'Esprit de Dieu a su se révéler à travers vous.

 

Alors, sœurs et frères, si ce mouvement de va et vient de Jésus nous interpellent ce matin nous pouvons formuler cette prière dans nos cœurs : Seigneur Jésus, nous avons tant à faire ! Nous sommes pressés de toutes parts : à notre travail, à la maison, à nos différents espaces de vie…Nous voulons faire ta volonté mais parfois nous n’y voyons plus clair. Garde -nous en ta présence pour mieux t’écouter. Fais que nos actions soient, ni plus, ni moins que la concrétisation de ta volonté dans notre vie.

Amen !

 

Charles KLAGBA

 

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Prédication du dimanche 28 janvier 2018: Marc 1, 21-28

6 Février 2018, 10:11am

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

Marc 1, 21-28

 

Nous sommes au début du ministère public de Jésus selon l’Evangile de Marc. Jésus vient tout juste de choisir ses quatre premiers disciples au bord de ce que nous appelons aujourd'hui le lac de Tibériade : Simon et André son frère, d'abord, puis Jacques et Jean, les fils de Zébédée. C’était l’épisode de l’évangile du dimanche dernier.

Avec eux, Jésus « arrive à Capernaüm ». Une fois dans cette ville, Jésus entre dans la synagogue : rien de plus normal pour un Juif….C'est le jour du sabbat, septième jour de la semaine, jour saint car exclusivement consacré à Dieu. Marc note ici l'enracinement de Jésus dans le monde juif, dans la tradition de son peuple.

 

La synagogue est un lieu de rassemblement pour prier et écouter la lecture et l'explication des Écritures. A la suite de la lecture de la Loi et des prophètes, il y avait une instruction. Marc semble affirmer que Jésus intervenait dans cette période d’instruction. Jésus prend alors la parole et se met à enseigner et instruire l'assemblée. Ce qui montre qu'il connaît bien les Écritures.

 

L’évangéliste Marc fait de l’acte d’enseigner la principale activité de Jésus en plus de celle de guérison, en particulier les exorcismes. C’est ainsi que par rapport aux quatre évangélistes, il est celui qui utilise le mot « enseigner » le plus souvent.

 

Marc ne nous dit pas ce que raconte Jésus dans la synagogue. Mais cet enseignement, on peut le deviner, on peut le supposer à cause des versets qui précèdent : « Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché, convertissez-vous, croyez à l'Évangile. ». (verset 15).

 

Ce que nous dit l'Évangile c'est que l'enseignement que Jésus prononce dans la synagogue étonne, bouscule, choque même. Et les gens rassemblés là sont frappés par cet enseignement.

Il enseigne d'une manière si particulière que ses auditeurs en sont stupéfaits.

Le texte grec au verset 22 nous dit que : «Les gens étaient renversés (ekplēssō) ». Marc aime beaucoup cette expression qui signifie : être frappé, être étonné; il est même celui qui l’utilise le plus.

Ainsi, non seulement l’enseignement est l’activité régulière de Jésus, mais son enseignement a un immense impact et se détache des autres. Cet enseignement amène les gens à se questionner sur son identité. Ces derniers comparent son enseignement avec celui donné habituellement par les scribes. La différence entre les deux se résume en un mot : l'autorité. (exousia). Ici, il est utilisé pour affirmer que Jésus est l’auteur de ce qu’il dit : en d’autres mots, il ne répète pas ce que les autres ont dit, ou ne se contente pas de commenter sur ce que les autres ont dit.

Les scribes étaient des savants religieux, théologiens, parfaitement instruits sur la Loi de Moïse et ses préceptes. Leur autorité s'appuyait sur la connaissance exacte des Écritures.

A l'opposé, Jésus s'appuie certes, aussi sur les Écritures, mais il en fait ressortir un message radicalement différent.

Contrairement aux scribes, ce n'est pas une autorité basée exclusivement sur les Écritures. Ce n'est pas non plus une autorité basée sur la tradition, ni sur la stricte observance des préceptes de la Loi de Moïse. Non, l'autorité de Jésus est tout autre, car il l'a reçue de Dieu. Son message est imprégné de l'autorité divine.

Les Évangiles nous décrivent un message d'amour, de paix, d'espérance, de consolation, de compassion. Il y a donc quelque chose d’original et de nouveau chez lui. Et cela va un peu plus loin : l’enseignement de Jésus est une action transformatrice et libératrice.

Jésus adresse ce message à toutes les personnes qu'il rencontre, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur des synagogues.

 

Le récit de l'enseignement de Jésus que nous présente Marc dans la synagogue de Capernaüm est brusquement interrompu par la présence d'un homme qui avait un esprit impur et qui a commencé à crier.

Dans la synagogue, tout le monde est suspendu aux paroles de Jésus…Ils sont étonnés et surpris de l’autorité qui émane de lui. quand, dans la foule, quelqu’un se met à vociférer : «Jésus de Nazareth, es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu ! ».

Tout est confus pour ces gens en quête de vérité ! Une voix en rajoute à la confusion et s’élève pour lui demander quel rôle il joue et s’il n’a pas partie liée avec le démon. De qui cherche-il la perte ?

À en juger par la manière avec laquelle l'homme possédé par l'esprit s'est manifesté, on en déduit qu'il n'y était pas allé pour recevoir une instruction de la Parole de Dieu, mais plutôt pour entraver l'œuvre du Seigneur. Il nous semble donc que jusqu'à l'arrivée de Jésus à la synagogue et jusqu'à ce qu'il commence son enseignement, l'homme avait été calme. C'est donc la présence de Jésus et l'exposition de la Parole qui ont provoquées la réaction du démon.

Normalement, on ne rentre pas dans la synagogue si on est impur ! L'impureté doit rester à l'extérieur. Le monde extérieur est impur, les païens sont impurs. Les juifs doivent être purs, et la synagogue est le lieu de la pureté. Moins on est pur, plus on reste à l'extérieur. Mais là, l'impureté n'est pas à l'extérieur, elle est au centre de la synagogue !

 

Le texte grec dit « qu’il y avait dans la synagogue un homme à l'esprit dérangé (akathartos). On traduit habituellement par : impur, sale, souillé. L’adjectif a à la fois un sens cultuel (impropre au culte) et moral (immoral). Dans les deux cas, le mot veux décrire une personne qui ne cadre pas avec les règles, ce  qui peut avoir un sens social.

Derrière ce cri, il faut voir beaucoup plus que la lucidité d’un malade mental, impressionné par la personne de Jésus. Car l’homme dit « nous » :« Que »nous« veux-tu ? qu’avons- « nous » à faire avec toi ? ». Et ce « nous » renvoie, non pas aux braves gens qui écoutent Jésus, mais à toutes les forces du refus que l’Ennemi voudrait mobiliser.

La présence et la parole de Jésus sont tellement impressionnantes que les forces du mal elles -mêmes sont contraintes de crier la vérité : « Tu es le Saint de Dieu », et tu es saint d’une sainteté qui vient de Dieu et qui révèle Dieu.

Ce qui transparaît ainsi à travers Jésus, c’est bien, en effet : une sainteté - majesté, cette autorité de Jésus qui frappe les auditeurs, et qui vient de l’intérieur de lui-même, une emprise sacrée sur le cœur des humains, tellement forte et immédiate qu’elles chasse l’esprit mauvais, une plénitude de vie qui émane de Jésus et qui s’offre aux humains, comme une amitié toute gratuite, cette amitié qui fait si peur aux dérangés et qu’ils refusent frénétiquement : « Es-tu venu pour nous perdre ? »

 

"Qu'il y a-t-il entre nous ? (littéralement : quoi à nous et à toi) ». Il s’agit d’une expression typiquement sémitique pour repousser une relation : nous n’avons rien en commun, pourquoi devrions-nous avoir une relation.

Cet homme a un esprit qui s'oppose à la volonté de Dieu, il a un esprit qui l'oppose à la parole de Dieu. « Qu'y a-t-il entre toi et moi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu nous perdre. ». Cet homme a bien senti tout ce qu'il y avait de révolutionnaire, tout ce qu'il y avait de dangereux pour lui, pour les fidèles de la synagogue, dans la prédication de Jésus. Cet homme, agité d'un esprit dérangé, impur, hors règle, ne peut pas accepter la parole prononcée par Jésus, la prédication, l'enseignement. Il ne peut surtout pas entendre cet Évangile qui annonce l'irruption de Dieu parmi son peuple. Il ne peut pas comprendre, admettre, l'avènement de ce royaume, parce que cela bouleverse sa vision du monde et sa relation à Dieu.

 

L'Évangile prononcé par Jésus est un Évangile qui dérange ceux qui l'entendent parce qu'il remet trop de choses en cause ; il remet trop d'enseignements convenus en cause, il bouscule trop de lectures de cette parole de Dieu ; des lectures qui finalement n'engagent pas la personne qui les fait, qui tout juste donnent des recettes de cuisine pour vivre au jour le jour une vie sociale terne.

L'esprit dérangé, impur, hors règle ne peut pas accepter une parole neuve, une prédication neuve. Et il se lève pour contester. Ainsi, la question de l’homme dérangé entend dire clairement à Jésus qu’il n’est pas le bienvenu, que sa présence sera funeste.

Sous la plume de Marc, on comprend bien que l’évangéliste affirme l’incompatibilité entre l’action de Jésus et celle de l’esprit dérangé, et qu’une guerre à finir est présente.

 

Marc décrit l'expulsion du démon, ce que nous appellerions aujourd'hui un « exorcisme ».

Ce qui veut dire que pour Marc les deux facettes de l'œuvre de Jésus (enseignement et exorcisme) vont ensemble ; ou même que le meilleur des enseignements est l'action, la vraie, celle qui libère l'humain de toute forme de mal.

 

Sœurs et frères, pour nous, ce message est une parole de vérité, de vie et de liberté. Comme pour les auditeurs de la synagogue, Jésus nous adresse une parole qui à chaque fois, nous surprend, nous émerveille, nous interpelle et nous change.

 

D'ailleurs, dans notre récit, Jésus va, par sa parole d'autorité, changer cet homme qui est possédé par un esprit impur, un démon, qui prend à partie Jésus, à l'intérieur même de la synagogue. C'est une confrontation très inattendue dans ce lieu de prière et de méditation.

 

L'homme possédé est prisonnier, il est victime. A l'époque de Jésus, une personne ayant un comportement étrange était considérée comme malade, possédée par un esprit impur ou un démon. Mais contrairement aux apparences, cet homme ne s'avère pas malade. D'ailleurs, Jésus fait bien la distinction entre l'homme possédé et le démon, l’esprit qui le possède. Jésus ne se laisse pas impressionner par le démon. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Il le menace : « Tais-toi, sors de cet homme. » Et l'esprit impur, dit l'évangile de Marc, secoue l'homme avec violence et sort en poussant un grand cri. Tous sont saisis, nous dit l'évangile, tous sont saisis par cette manière d'agir de la part de Jésus. Jésus ne s'adresse qu'au démon. Et par sa parole d'autorité, il le chasse et le fait sortir de l'homme possédé. Ainsi, il délivre l'homme du démon, il l'exorcise.

 

Ce miracle émerveille une seconde fois l'assemblée de la synagogue. Elle découvre en effet, que l'autorité de Jésus s'exprime à la fois dans son enseignement et dans ses actions. C'est une autorité en parole et en acte.

Jésus se présente comme le témoin de la puissance de vie qui habite chaque individu, il s’acharne à la restaurer quand elle est déficiente, menacée ou détruite. Jésus ne détient pas d’autre puissance apparente de la part de Dieu que celle de susciter la vie là où elle est en difficulté.

 

Sœurs et frères, au premier abord, un tel miracle, un tel signe, semble plutôt éloigné des préoccupations de notre société d'aujourd'hui. Pourtant, il peut nous concerner. Sans aller jusqu'à voir des esprits impurs partout, nous pouvons simplement constater que nous sommes aussi, dans une certaine mesure, possédés par des sortes de démons, bien différents de celui du texte de Marc. J’allais dire, c’est la situation normale de l’être humain en ce monde, de tout humain. Nous sommes, chacune, chacun de nous, tourmentés par un esprit qui sommeille dans la maîtrise qu’il a de notre existence. Il nous tient le plus souvent par pas grand-chose. Que quelqu’un ou quelque chose de plus fort vienne et le combat renaît tout aussitôt.

D'une part, nous pouvons être habités par nos propres démons, comme le désespoir, la culpabilité, la jalousie, la haine, l'orgueil... D'autre part, nous pouvons subir les démons de notre société, comme l'intolérance, le matérialisme, l'égoïsme, l'indifférence, le mépris...

Tous ces démons nous calomnient et nous divisent, ils nous font faire fausse route, nous désorientent, nous déstabilisent.

 

Nous ne sommes pas des possédés à la manière de cet homme de notre récit, et aucun d’entre nous ne s’est mis à crier. Et pourtant, ne sommes-nous pas visités, à certaines heures, par l’esprit du refus ? par une certaine peur de la lumière ? Nous sentons bien, parfois, que l’Évangile de Jésus voudrait bousculer nos réflexes de fermeture, d’autosuffisance, que la parole vivante et puissante de Jésus voudrait pénétrer, comme le glaive de l’Esprit, à la jointure de notre cœur, là où se décident l’accueil ou l’imperméabilité, le dialogue ou le mutisme, la docilité ou le raidissement, la transparence ou la dissimulation, le découragement ou l’espérance.

 

Ici, dans notre passage, la défense de l’esprit mauvais consiste à faire du bruit, à inquiéter.

En revanche, l’attaque du Seigneur consiste à rendre la personne à elle-même, à lui redonner de pouvoir agir à partir de sa propre liberté. Le Seigneur pourra alors s’adresser à cette liberté nouvellement libérée... pour une union véritable.

Dans un cas, la réaction à l’attaque est instantanée et momentanée, dans l’autre, retrouver la liberté pleine demande du temps, un cheminement... Car la liberté, pour être guérie vraiment et capable de s’offrir, doit accéder à la reconnaissance à travers un vrai cheminement. Celui auquel nous convie l’Evangile en son entier.

 

A l'image de l'homme possédé, sœurs et frères, nous avons besoin que Jésus-Christ nous parle, qu'il s'adresse à nous avec une parole d'autorité en distinguant notre personne de nos démons. Face à tous les faux repères imposés par notre société, Jésus-Christ nous offre un repère indéfectible : lui-même. Non seulement Jésus-Christ constitue un repère solide dans notre existence, mais il donne aussi un réel sens à notre vie. Par sa parole d'autorité, Jésus-Christ nous aide à retrouver le bon chemin, à espérer malgré notre désespoir, à avancer malgré nos difficultés, à remettre en ordre ce qui ne l'est plus, à rendre clair ce qui est confus. Bref, par son autorité en parole et en acte, Jésus-Christ nous donne sa paix, afin que nous soyons en paix avec nous-mêmes et avec les autres.

 

Sœurs et frères, que l’Evangile de ce jour soit pour nous la rencontre du Fils de Dieu qui rend libre, et l’accueil de sa nouveauté, toujours imprévisible.

Que l’Esprit nous donne force et lumière pour redire au Christ vainqueur :"Je sais qui tu es, le Saint de Dieu, et que tu viens pour me sauver, pour nous sauver.

Amen.

 

Charles KLAGBA

 

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Luc 2, 22 - 40 - Prédication du dimanche 31 décembre 2017

1 Janvier 2018, 17:39pm

Publié par egliseprotestanteunienarbonne@gmail.com

 

 

Lectures bibliques: Hébreux 11, 9 - 18; Luc 2, 22 - 40

 D’après la revue Lire et Dire numéro 63

 

 

Introduction :

Dernier dimanche de l’année, dernier jour de ce que nous appelons l’année… alors, que faisons-nous ? est-ce que nous nous penchons sur les 365 jours écoulés pour en faire des regrets ou des félicitations ? Ou regardons-nous vers les 36 jours qui s’annoncent avec tant de bonnes résolutions qui finiront aux catacombes du temps qui passe ? un bilan définitif ? ou un bilan prévisionnel ? ah ! la retraite n’a pas éteint en moi la flamme de la comptable !

Mais c’est là où le bat blesse car avec notre texte, nous entrons dans un temps qui nous remet les pendules à l’heure : notre temps, n’est ni celui d’hier, ni celui de demain, tout juste, peut-être celui d’aujourd'hui ou plutôt de maintenant, déjà passé d’ailleurs, en tout cas pas un « temps qui passe » ou « un temps dans lequel nous passons » ; mais un temps de marche sur un chemin où l’important c’est, (mais non ce n’est pas la rose !), l’important c’est la main de Dieu qui tient la nôtre, c’est un amour intemporel, qui nous fait vivre, les deux pieds bien ancrés dans notre monde, des réalités où nous sommes les sujets d’une espérance toujours nouvelle, toujours là mais pas encore…

Nous parlerons des personnages de notre récit, présentés en 3 péricopes qui nous conduirons au constat que le Temple est arrivé au terme de sa mission ; le Messie prend le relais et pour tous les acteurs, les choses changent. 2017 ? 2018 ? ou… C’est à voir…

 

1) Marie et Joseph

 

Joseph et Marie viennent pour présenter leur enfant au Seigneur. La Torah, cet ensemble de prescriptions que les juifs s’efforcent de vivre au quotidien, est, à l’époque où comme une porte qui, si on la passe, permet d’entrer dans un monde de justice aux yeux de Dieu. Joseph et Marie donc sont des juifs pieux, et pauvres aussi ; c’est pourquoi leur offrande, une paire de volatiles, purs, cela va de soi, est modique mais acceptable.

C’est un couple, quand même très spécial, si l’on se souvient des évènements qui ont précédé la naissance de leur fils.

Joseph, un homme intègre et droit a pris pour femme, en toute connaissance de cause, et en se mettant hors la Loi, une jeune fille enceinte et pas de lui !

Sa compagne, elle, a pris un risque vital, aux yeux de la Loi, en disant un « oui » inouï, stupéfiant, renversant, à une proposition qui pouvait la conduire à la lapidation !

 

Deux personnages hors du commun, et quelque part, hors la Loi pour leur temps… nous les retrouvons ici, tranquilous, si j’ose le dire ainsi, après toutes les péripéties qu’ils viennent de vivre, une paire de tourterelles dans leur panier, comme si de rien n’était.

 

Mais le Seigneur a décidé de ne pas les laisser s’endormir sur leurs lauriers et met en embuscade, sur leur chemin, deux vieux « paroissiens », tant pis j’ose l’anachronisme, deux vieux « paroissiens » donc, au bout de leur temps, si l’on compte le temps des hommes. Ils vont remettre au gout du jour l'histoire amorcée quelques mois plus tôt ; un peu comme si le Seigneur leur disait « ce n’était pas une blague ; la preuve par deux, par Siméon et par Anne. Ce que vous avez commencé à vivre avec moi perdure. Même les bergers, les anges, le bœuf, l’âne et tout le tralala… joyeusement saupoudrés dans quelques apocryphes, je les assume !  Je persiste et Je signe. »

Nous pourrions ici entamer une méditation sur le choix singulier de ces deux juifs hors normes opéré par Dieu au milieu d’un peuple plein de « juifs pieux ». Apparemment, Lui, Il ne « voit » pas la piété comme eux. Bonne nouvelle pour tous les « hors normes » !

 

 

2) Siméon et Anne

 

- Pour Siméon, repu d’années, lui aussi, « juste et pieux » la vie ne se compte pas en jours ou en mois sur ses doigts ou dans son « agenda » (oui, bon, et en même temps, c’est moi qui écrit le texte), la vie se compte  dans ses yeux puisque son regard est fixé sur « la consolation d’Israël ». Du coup, l’Esprit saint le conduit vers l’objet de son attente et lui offre le plus beau des cadeaux, celui que Siméon attendait depuis toujours : « « mes yeux ont vu ton salut, celui que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations et gloire de ton peuple Israël ».

Et voilà que « l’Esprit saint s’en mêle. Il vient à la rencontre de la Loi pour proclamer son accomplissement. Ce n’est pas une coïncidence, mais la marque propre du « Christ du Seigneur ». Et « c’est maintenant que tout se joue ». L’enfant Jésus est présenté comme l’évènement charnière entre passé et avenir, promesse et accomplissement. Il concentre toutes les bénédictions de Dieu. Pourtant, ce que voit Siméon n’est qu’une tout jeune pousse d’humanité qui mettra trente ans pour déployer sa pleine stature. Il investit l’intégralité de sa joie et de sa tendresse pour des jours qui ne seront plus les siens. Ainsi, par le don de l'Esprit, la foi concentre dans une attente comblée le souvenir du passé et une sorte de « mémoire de l’avenir. Ce qui n’était encore que promesse pour Abraham (…) devient certitude décisive ».

Pour Siméon, donc, pas d’année passée ou d’année à venir, mais un parcours que l’on peut résumer en une phrase : vivre dans la lumière et mourir en paix[1]. Bonne nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui comptent avec les yeux !

 

- et Anne ? Une femme pieuse, qui, dans le temple, prenait part au culte jour et nuit, par des jeûnes et des prières. « Aucun autre personnage de l'évangile ne jouit d’une carte d’identité aussi complète. Peut-être pour dire l’exceptionnel de sa situation. Et les chiffres ne sont pas anodins : 7 ans de mariage comme pour sanctionner la plénitude de cette union ; 84 ans d’âge : 7 fois douze (la globalité de la création cumulée avec l’élection des tribus, nous dit la revue Lire et dire). A elle seule, Anne, figure de la grâce de Dieu, représente l’attente de tout un peuple qui se relaie dans le Temple pour y rencontrer le Seigneur. Bonne nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui attendent !

 

- et les deux vieux « paroissiens » deviennent tout à coup si actuels, si présents dans le temps du Messie enfin venu, qu’on en oublie les âges, et les cheveux blancs. Siméon et Anne, pour s’être inscrit depuis si longtemps dans le sillage de la grâce, accèdent enfin à la lumière. Avec eux, les aîné(e)s peuvent relever la tête et se fondre dans le rôle de veilleurs habités par l'Esprit qui éclairent la scène du monde et de l’histoire. Bonne nouvelle pour tous les aîné(e)s !

 

3) 2017 ? 2018 ? ou…

 

Nos personnages sont l’illustration lumineuse de ce qu’écrit Paul dans l’épitre aux Hébreux : l’attente de la foi n’est jamais vaine. Dans ce glissement hors de notre temps, de la promesse jusqu’à son accomplissement, nos personnages ont marché dans l’obéissance pour les uns, dans la persévérance pour les autres, et pour tous, dans la certitude d’une espérance qui ne peut que connaitre la joie de la réalisation.

C’est la confondante assurance que nous sommes hors de notre définition du temps, dans la présence éternelle d’un amour que rien ne dément.

 

Conclusion :

En conclusion, écoutez cette petite histoire :

« Un sage avait l’habitude de dire à ses disciples qu’on pouvait tirer un enseignement spirituel de tous les évènements de la vie.

Un disciple lui a demandé quel enseignement on pouvait recevoir d’un train. Le sage a répondu : il t’enseigne qu’il faut faire les choses en leur temps car pour une seule petite minute de retard, tu peux rater ton train et gâcher ton voyage sur cette terre »[2].

 

Mais cette histoire, bien entendu, malgré la présence du train, c’était AVANT celles dont nous venons de parler. Un enfant est né, il nous a été donné et toutes les perspectives de l’humanité se sont déplacées de l’attente à la reconnaissance du don parfait. Rater le train c’est ennuyeux, j’en sais quelque chose puisque pour cause de déraillements d’horaires dans les gares parisiennes, la nôtre, la parisienne vient fêter Noël mardi prochain, 2 janvier ! Oui, rater le train c’est ennuyeux, mais la fête aura quand même lieu !

Car même si nous prenions, à l’impromptu, sans crier gare, un chemin de traverse, n’imaginez pas UN SEUL INSTANT que cela prendra le Seigneur au dépourvu et que la grâce que vous aviez en vue disparaitra dans l’horizon de votre dos.

 

Jacques Ellul écrit : « je pense que, comme un joueur d’échecs porté à l’infini, Dieu prévoit tous les possibles de toutes les décisions, de tous les choix éventuels de l'homme, et, à l’égard de chacun de ces possibles, Dieu prépare à l’avance  Sa réponse et Sa révélation particulières »[3].

 

Quelle bonne nouvelle pour nous toutes et tous  ! Qu’elle soit, dans vos vies, le ferment fécond des jours à venir. Amen !

 

Joëlle Alméras

 

 

[1] Lire et dire p. 20 à 24

[2] Antoine Nouis  « Un catéchiosme protestant » page 452

[3] Jacques Ellul Ce Dieu injuste…  p. 92

 

 

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